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lundi 30 avril 2012

Le dernier voyage


23:20
En salle d'embarquement, j'attends de monter dans l'avion. Pour un peu il faudrait me pousser. Chaque pas que je fais vers ce maudit avion est une épreuve qui m'arrache à tout ce que j'ai vécu. C'est dur à expliquer, c'est comme couper le cordon. Tous les gens autour de moi parlent français, du temps qu'il fait à Paris, de leurs petites vies et de ce qu'ils vont faire en rentrant. Paris... C’est ce qui est marqué sur mon ticket. C'est bien une destination qui est aux antipodes de ce que j'ai vu. Où sont les cocotiers, la mer, les singes, la jungle, les lagons et les petits poissons ? Et les couleurs, pourquoi va-t-on me retirer les couleurs ? Quand je pense Paris, c’est déjà un ciel plombé qui s'étend devant moi, des trottoirs oscillant entre noir et gris foncé, luisants, avec des merdes de chiens en travers et des gens pressés dessus, des appartements étriqués faits pour des gens étriqués. Bon, j'arrête là, il faut que j'y monte !

7:35
De l'heure de Singapour. Je ne changerai d'heure qu'au dernier moment, contraint et forcé ! Je me suis acheté un oreiller pour dormir, avec le derrière de la tête plat pour éviter d'avoir un boudin qui rentre dans les cervicales. Ça ne m'a pas trop aidé. J'ai dû dormir peut être 3 ou 4 heures, c'est mieux que rien. J'essaierai peut être de me rendormir plus tard car il reste encore 6 heures de vol mais pour l'instant je n'ai plus sommeil. Je vais sans doute regarder un nouveau film. Le choix n'est pas énorme pour essayer d'avoir un film en français. On en trouve bien plus en allemand, espagnol, russe ou italien. C'est très curieux. Tout à l'heure j'ai regardé « Carnage » de Roman Polanski avec Jodie Foster et Kate Winslet. Comme j'aime bien Jodie Foster j'ai été gâté. C'est une bonne comédie jubilatoire qui se passe en huis clos. Ça pourrait presque être une pièce de théâtre. L'histoire est toute con : deux familles de parents qui se réunissent suite à l'agression d'un de leur fils par celui de l'autre famille. Les choses vont alors crescendo et le jeu de Jodie Foster et surtout de Kate Winsket que je trouvais jusqu'alors aussi expressive qu'une vache en bord de voie ferrée est excellent. Si vous pouvez mettre la main sur ce film, vous ne regretterez pas.
Sinon, l'A380 est vraiment un bel avion. On n'entend presque rien. Au moment du décollage on voyait le paysage défiler comme si on était dans un TGV. Il est très bien insonorisé. Ils ont prévenu à plusieurs reprises de turbulences, je n'ai rien senti. C'est la première fois que je monte dans un tel avion. Et il est complet. Sans doute la faute au premier mai.

10:23
-62 degrés dehors par 11582 mètres d'altitude. Brrr... Nous survolons l'Ukraine, au dessus d'Odessa à 882 km/h. Espérons qu'ils ne sont pas en train de faire des essais de missiles...Il y a une photo satellite, ça n'a pas l'air très vert, ça ressemble à un patchwork de dégradés beige-orangés. Des champs sans doute. Il reste 2367 kilomètres... Voilà le journal du bord.

12:37, ou 6:37
Cette fois on est au dessus du Luxembourg à 12194 mètres et on arrive dans 40 minutes. Que de kilomètres parcourus depuis le début. Je vais revenir avec 10 degrés, il faisait meilleur le 1er octobre ! Comment se réhabituer à ce pays où les températures tournent dans les 10 degrés pendant 7 mois par an ? La vie est courte, c'est du temps perdu pour rien, je ne suis pas une marmotte ! Il va vite falloir que je reparte.

dimanche 29 avril 2012

Retour à Singapour


Aujourd'hui j'ai erré sans but dans les rues noires de monde de Singapour, comme une âme en peine. Je n'avais pas étudié les endroits à voir, pensant sans doute que le hasard me mènerait au bon endroit. Ça commençait bien, au moment de prendre le métro pour aller dans le centre, le guichetier m'a demandé où j'allais. Je lui ai répondu : « j'en sais rien » ! Je pensais qu'il m'aiderait sur les endroits incontournables mais il n'en avait rien à foutre. C'est ça les grandes villes, les gens sont tout de suite moins sympas. Et puis c'est quoi ce système où l'on paye à la station ? Ce n'est pas un ticket qui permet d'aller où l'on veut, si on descend à la mauvaise station, catastrophe, le tourniquet doit rester bloqué et la sécurité doit débarquer pour vous menotter. Car ici ils n'ont pas l'air de rigoler avec ça ; il y a des vigiles un peu partout, discrets mais qui scrutent les écrans des caméras à la recherche de resquilleurs.
Oui c'est un aéroport, pas une salle d'exposition!
L'aéroport est un modèle de modernité pensé pour les voyageurs. Rien à voir avec Roissy qui doit faire à peine mieux qu'un aéroport africain. C'est vaste, on ne se rendre pas dedans, il n'y a pas de couloirs glauques et interminables et ils ont même un métro aérien pour passer d'un terminal à l'autre alors qu'on peut les relier aisément à pied. Et exit les heures d'ouverture d'enregistrement riquiqui, je me suis présenté au guichet de Singapore Airlines à 10h30, plus de 12 heures avant le vol et ils ont enregistré mes bagages. Je n'en revenais pas ! Je comptais les laisser en consigne, nul besoin. Du coup j'ai tout enregistré. Si un bagage se perd, ce n’est plus grave et comme ça je ne risque pas de me faire de tour de reins. A signaler que de ce côté là je n'ai eu aucun souci. C'est un peu ce qui me faisait peur dans ce périple, de me coincer le dos avec toutes ces allées et venues. Rien de la sorte. Je devrais faire des tours du monde plus souvent !
C'est donc débarrassé d'un poids que j'ai pris le métro. Ils vendent des pass touristiques pour une journée à des tarifs intéressants mais ces idiots ne les vendent que dans un espace dédié qui n'ouvre que quelques heures par jour. Prochaine ouverture : midi ! Ça doit être fait exprès pour dissuader les gens de choisir cette formule moins rentable. Comme il fallait choisir une destination, j'ai regardé le Petit Futé, retenant quelques noms de lieux incontournables : Orchard pour le shopping, Little India, pittoresque et juste à côté et Raffles, pour boire un coup ou manger, tout ça à peu près dans le même secteur. Ils ont aussi un jardin botanique remarquable avec plein d'orchidées mais je n'ai pas réussi à savoir comment on y allait, aucune des stations du métro ne portant un nom comme « botanical garden ». Le métro est très agréable, spacieux, large, aérien quand il peut, avec les sièges qui se font face dans une voiture unique. Les portes ont une double sécurité, avec une porte également sur le quai, pour éviter les suicides. Un métro bien pensé, quoi ! Il y a des annonces sonores, des bandeaux lumineux qui annoncent la station courante, la prochaine et qui souhaitent la bienvenue. Toutes les annonces se font en anglais. Il semblerait que ce soit la langue officielle de Singapour. Qu'on m'excuse mais je ne me suis pas du tout renseigné sur ce pays, je ne connais donc rien, si ce n'est que la population est d'origine chinoise à plus de 90%. Je m'attendais donc plus à voir des choses écrites en chinois. Y a un truc un peu moins bien en revanche, c’est que je dépasse tout le monde allègrement. La moyenne nationale doit être d'1m50. Et alors me dira-ton ? Eh bien je me cogne à toutes les portes, voilà ! Et puis je ne sais pas ce qu'ils ont avec la climatisation, elle est à fond partout, quand on passe devant un magasin on a l'impression d'ouvrir la porte d'un congélateur de chez Picard. Ils sont dans un pays chaud et cherchent à avoir froid. Quelle ironie !
Le métro était agréable au début, ça ne l'est pas resté longtemps. J'avais une place assise mais les gens rentraient là dedans en se montant dessus, créant des débordements sur mes genoux ou mes pieds, qui sont rappelons-le, nus. Je refuse toute chaussure ! J'ai des chaussettes au cas où, que je mettrai avec des tongs si le froid sibérien est toujours de mise quand j'arriverai. Il a fallu aussi que je me farcisse des haleines fétides et des gens qui puent, comme celui face à moi qui avait l'air au bord du malaise et dont je craignais qu'il ne me vomisse dessus. Bienvenue à la ville !
En descendant à Orchard, je me suis demandé ce que je faisais là. Des temples dédiées au dieu consommation, avec des boutiques de luxe mégalo à la devanture haute comme un immeuble parisien. Dior, Yves Saint-Laurent, Prada, Armani, Gucci... ils y sont tous. Et c’est plein de midinettes qui se la pètent avec l'oreille rivée au téléphone. Je cherchais un truc où manger, j'aurais plus aisément trouvé des diamants. 
Ça s'est terminé dans un Mac Do sur-climatisé à manger un hamburger pourri. Ensuite j'ai voulu quitter toute cette foire aux vanités, qui se remplissait de plus en plus de monde à mesure que l'heure du déjeuner était dépassée. J'aurais mieux fait de rester à l'aéroport. Que de stress, de bruit et d'agitation ! La jungle n'est pas où l'on croit. Mes impressions pas folichonnes de la dernière fois ne sont pas meilleures aujourd'hui. Mais je crois qu'après avoir vécu tout ce que j'ai vu et en plus un jour de retour alors que le cœur n'y est pas, aucune ville ne trouverait grâce à mes yeux. Je suis mieux dans la jungle avec mes singes. A Koh Tarutao, tiens ! Tandis que je prenais ce qui me semblait la direction de Raffles, à la seule observation du soleil, j'ai dû me farcir des trottoirs de gens qui piétinaient. Je commençais à étouffer sérieusement et je jouais des coudes en pensant « qu'on me sorte de là, au secours ! ». Tout ça pour revenir à Orchard par un autre chemin, bravo mon sens de l'orientation ! C’est la première fois qu'il me joue des tours. Il faut dire dans une ville avec des grattes ciels et en plein midi, difficile de savoir où est le sud. J'ai donc repris le métro, complètement engorgé. C’est bien la peine qu'on vienne me chercher pour m'épargner le RER, j'ai droit un peu à ça ici. Ça reste quand même plus supportable, je suis à l'étranger et beaucoup rêveraient de visiter Singapour. Moi pas. Ça m'inquiète un peu. Déjà qu'avant je n'aimais pas beaucoup la ville, j'ai l'impression que c'est pire maintenant après cette pause de 7 mois au grand air. Il faudra que je sois courageux, je n'ai pas le choix. En partant on me disait que j'avais du courage. C'est pour le retour plutôt qu'il faut en avoir du courage.
En arrivant à Raffles je me sentais entre deux eaux, là sans être présent, perdu dans le cosmos intersidéral. Je marchais comme un automate et j'ai échoué sur une vague pelouse le long de Singapore River. Je suis peut être devenu un orang-outan, « l'homme de la jungle ». En tout cas j'ai fait un petit somme qui m'a un peu requinqué et m'a permis de finir l'après midi de façon plus optimiste. Le coin de Raffles est ce que j'ai vu de plus joli jusqu'à présent à Singapour. Ça ressemble un peu à Sydney, avec les grattes ciels qui se reflètent dans la rivière qui ressemble à un des ces bras de mer de Sydney. Tout le long c'est une suite ininterrompue de restaurants et de bars en terrasses avec des serveurs qui harponnent le client. Je voulais y manger ce soir, j'ai plus l'impression que c’est un truc attrape touristes avec des menus longs comme le bras inscrits sur des cartes en plastique peu avenantes. Il y a aussi tout un tas de pubs anglais ou irlandais qui débordent d'anglo-saxons bavards. Étrange qu'il se retrouvent tous là. Le mal du pays ? J’aurais un truc français, je le fuirais en vitesse, tu parles d'un dépaysement !
Adieu frisottis infâmes, place à l'homme moderne!
Tandis que je marchais j'ai trouvé un salon de coiffure à l'étage d'un de ces restaurants. La belle affaire ! Comme j’avais du temps devant moi, c'était l'occasion rêvée. Je crois que j'ai dû tomber dans un truc un peu chic, où l'on m'a servi du thé pendant que la coiffeuse faisait le bilan du désastre en soulevant les mèches du bout des doigts d'un air dégoûté à peine caché. Je faisais vraiment pouilleux, avec mon sac à dos en bout de vie et troué, à la couleur douteuse. D’ailleurs, alors que j'avais été installé d'office sur le siège de travail, j'ai été invité à descendre de là pour passer au shampoing... Quoi, qu’est ce qu'ils ont mes cheveux ? Ils ont l'air dégueulasses, filasses et tout ce qu'on veut mais je les lave tous les jours, ils sont propres, il ne faut pas se fier aux apparences. Finalement, elle a fait un bon boulot, tout au ciseau, contrairement à l'autre de Sydney. Je lui ai dit que la dernière fois remontait à il y a trois mois et elle a marqué un temps d’arrêt, interloquée, avant de rajouter que le coiffeur c'est tous les deux mois maxi. Qu'on se le dise ! J’aimerais la voir dans la jungle, elle ferait comment ? Elle s'est bien appliquée et m'a même coupé les poils des oreilles (avec l'âge j'ai du poil fou qui pousse, il reste translucide mais fait des poireaux inesthétiques!). Quand enfin elle a obtenu un résultat qui lui semblait satisfaisant, elle m'a dit : «before it was a mess, now you're handsome ! ». C’est vrai que je ne me reconnais pas, ou plutôt si ! Je me retrouve, l'homme des bois quitte ses apparats. Signe d'une nouvelle ère et d'une page qui se tourne... De toute façon je suis obligé de la tourner cette putain de page !
J'ai usé l'appareil photo. J'ai voulu sortir le flash pour prendre ma nouvelle tête en photo et depuis il ne prend plus de photo, j'ai un message d'erreur qui dit que le flash n’est pas disponible. Sauf qu'il sort automatiquement et empêche de prendre la photo. Je dois donc utiliser un autre mode. Je pense que c’est la pluie d'hier qui n'a pas dû l'arranger des masses. Il n'aurait pas fallu que mon tour du monde dure un jour de plus ! Pour le moment il est 20:16 et je vais poster ce message avant d'aller manger. J'ai faim ! Avec un Mac Do' dans le ventre, ça ne nourrit pas la bête...

samedi 28 avril 2012

Un comité d'adieux


Croquignolet, n'est ce pas?
J'ai été privé de parachute ascensionnel aujourd'hui. La faute à la météo. Je suis donc allé squatter au Mutiara où j'ai été consolé par des singes, et pas n'importe lesquels, des créatures que je n'avais encore jamais croisées. Tandis que j'attendais qu'une averse passe, assis dans le lobby face à la piscine, j'ai vu qu'ils vendaient des peluches Dusky Leaf Monkey au profit d'une œuvre de charité. Elles sont adorables et j'étais à deux doigts de m'en acheter une. Mais j’aurais préféré en voir en vrai. Ils sont velus avec le pourtour des yeux et de la bouche cerné de blanc. Je n'en ai encore jamais vu. C'est comme si j’avais fait un vœu, immédiatement exaucé. J'ai été alerté par du remue ménage, par une fille en train d'en caresser un juché sur un poteau, tout en lui donnant des pommes. Ce n'est pas faute qu'il y ait à l'entrée un panneau « please do not feed the monkey ». Je ne l'avais pas vu moi non plus auparavant sinon cela m'aurait alerté sur la présence possible de ces bestioles. 
La fille m'a laissé la bestiole libre le temps qu'elle retourne à son bungalow chercher des provisions supplémentaires. Le changement de personnage lui a déplu. Quand j'ai approché une main pour le caresser il s’est mis à vouloir me donner des baffes en grondant. J'ai réussi à me le mettre dans la poche en lui donnant des restes de pancakes et de pommes qu'il avait laissés tomber par terre. Je les avais mis dans le creux de ma main que je lui ai tendue. Il a avancé la sienne tout doucement, s'emparant de ce que j'avais, délicatement., sans m'arracher un doigt ! C'était presque comme une caresse. Il avait la peau des doigts toute soyeuse. Ça me rappelait mes petits gris. Ils doivent être cousins, car déjà le nom s’en rapproche, entre Silver Leaf et Dusky Leaf, il n'y a qu'un pas. Et puis ils sentent la bouse de vache tout pareil. Les macaques aussi du reste, de sorte que je sais identifier la présence de singes dorénavant à leur odeur. Par contre j'ai évité de le toucher, il me tournait souvent le dos aussi je craignais un revirement de situation toutes dents dehors. On ne sait jamais comment ça va réagir.
La pluie a fait rapprocher ces singes que je n’avais pas vus les autres jours. Ils cherchent à ce qu'on leur donne à manger, la recherche de nourriture par eux mêmes devant être pénible sous la pluie. Il y en avait plusieurs dans les arbres, une vraie colonie, recroquevillés sur eux mêmes, faisant le dos rond pour que la pluie les mouille le minimum. La fille a fini par réapparaître et a semblé dépitée de me voir avec son jouet. Elle m'a demandé si je voulais une photo et quand elle m'a redonné l'appareil elle en a profité pour prendre la place vacante. Je l'ai donc laissée seule avec son ami et son sac de pommes, cherchant ceux qui étaient dans les arbres et qui donneraient des clichés un peu plus sauvages. Malheureusement une nouvelle averse est arrivée, m’obligeant à tout interrompre. Au bout d'un moment, alors qu'il pleuvait toujours j'y suis retourné, armé de papier essuie tout piqué dans les toilettes. 
Je n'allais pas risquer de les voir partir sans les avoir vus davantage. Car ils pouvaient bien repartir comme ils étaient arrivés, d'une minute à l'autre sous l'impulsion de leur leader. C'est mon dernier jour, si je dois casser l'appareil photo eh bien tant pis ! Je prenais soin tout de même de bien l'essuyer dès qu'il était un peu trop mouillé.
C'est un beau cadeau que me font là mes petits singes, c'était comme s'ils s'étaient déchaînés pour me dire au revoir. Pourquoi le dernier jour ? Quelle étrange coïncidence ! Je voulais terminer mon dernier jour en beauté en faisant quelque chose d'exceptionnel, voilà que le sensationnel c'est eux ! Je tiens là les meilleurs clichés que je n'ai jamais faits, avec des bouilles rigolotes. J’en avais les yeux humides de joie. Je les ai bien observés, on dirait des peluches qu'on a envie de caresser. Ils ont un zizi comme nous, en miniature, sauf qu'il est tout gris et ridé façon trompe d'éléphant. Ils ont aussi des tétons. 
Je sens qu'on est de la même famille, c’est presque comme s'ils étaient des frères. C'est ce qui est fascinant avec les singes. Ça reste un animal sauvage et pourtant l'homme ne semble pas lui faire plus peur que ça, comme si lui aussi sentait des affinités. J'ai passé la matinée à les traquer ainsi, d'arbre en arbre. Ils ne restent jamais au même endroit très longtemps. Il y avait des hornbills dans les branches en train se se sécher les ailes en les déployant entre deux averses, je les ai regardés un moment avant de revenir aux singes. L'attrait de la nouveauté... Cela m'a conduit à me faufiler entre les bungalows, limite à monter sur leur terrasse pour avoir un meilleur angle d’observation. Rien ne m’arrêtait. Je me suis retrouvé ainsi nez à nez avec une bande des ces nouveaux petits gris, assis en rangs d’oignons sur la rambarde d'un bungalow, celui d'allemandes occupées à les nourrir. 
C'est dur d'être sous la pluie
Elles avaient sorti le grand jeu : quartiers d'orange, crackers, cacahuètes, bananes. Elles n’arrêtaient pas de rentrer dans le bungalow pour en ressortir avec de nouveaux trucs prêts à ravir les singes. Elles avaient un magasin derrière ou quoi ? Dans cette agitation, de nouveaux venus surgissant en sautant d'arbre en arbre jetaient un coup d’œil par dessous le toit. Les deux allemandes sont vite devenues des porte-singes. Ils leur sautaient sur les épaules, sur l'avant bras, d'autres se mettaient debout, tirant un pan de jupe pour signifier leur présence. Dans ce ballet de singe, j'ai eu mon ticket d'entrée. Les allemandes m'ont donné une petite boîte de raisins secs pour que je joue aussi avec eux. J’avais un peu moins de succès qu'elles, les singes avaient bien compris qu'il y avait plus à obtenir avec elles. Malgré tout ils venaient se saisir des raisins, tirant un peu ma main à eux pour éviter d'avoir à trop se déplacer. Fainéants en plus ! Ce ne sont pas des morfales qui engloutiraient tout en même temps. 
Au lieu de cela devant une main pleine de raisins, ils en saisissent un qu'ils prennent le temps de déguster avant de passer à l'autre. Il y avait aussi une mère avec son petit, tout orange lui aussi comme pour les petits gris, qui piaillait car il n'arrivait pas à téter avec tout ce remue ménage. J'ai cru que la mère s'était pris les pieds dans une corde, jusqu'à ce que je comprenne que ce long machin gris c'était le cordon ombilical qui pendait de son bébé. Pour qu'il ne soit pas encore sec et tombé, ça prouve que la naissance ne devait pas remonter à très longtemps.
Après ce feeding inattendu, les dusky leaf sont retournés s'éparpiller dans la jungle du Mutiara et j'en ai profité pur me rendre sur la plage prendre un bain avant d'aller me rassasier un peu. Il ne pleuvait plus, c'est déjà ça. En tout cas ce n'est pas aujourd'hui que je m'enverrai en l'air ! Du coup, j'ai demandé le cocktail du jour pour accompagner un menu végétarien que je venais de commander, un truc typiquement indien plein de légumes en sauce tantôt rougeâtre, tantôt verdâtre. Ça n'a pas l'air très appétissant comme ça mais c’est très bon ! Le cocktail aussi. Comme c'était 14 heures, il avaient une formule «buy one, one free ». Au bout du premier je me sentais déjà parti. Et pas pour Paris ! Au second je vous dirai où je suis, si je m'en souviens. 
Mais je prends des notes, je triche ! Je ne sais pas ce qu'était le cocktail du jour mais il est bon, j'ai pris ça les yeux fermés. Je verrai la composition en retournant à la chaise longue, c'est affiché à l'entrée du restaurant en plein air. C'est mon dernier jour, qu'on me pardonne ! Je suis contre les paradis artificiels mais je crois que je prendrai du vin dans l'avion, plus que de raison. J'aurai besoin de ça pour oublier que je suis de retour. Les mets indiens, c’est bon, mais ils tachent bien une belle nappe épaisse et immaculée ! Avec un cocktail du jour dans le nez, ça n'aide pas. J'essayais de cacher les tâches sous les assiettes ou les dessous de verre mais à la fin j'ai dû renoncer : trop de tâches ! Les allemandes du bungalow ont débarqué pour déjeuner à 14h30. Elles sont détraquées, pour des allemandes ! Je suis un vrai concierge, rien ne m'échappe avec mon calepin qui doit donner l'impression que je vais dresser un procès verbal... Au fait, en partant, j'ai jeté un coup d’œil aux ingrédient du cocktail, j'ai honte de l'écrire : gin, liqueur de banane, blue curaçao, vodka, jus de citron vert, jus d'ananas et jus d'orange. Tu m'étonnes que ça tape ! Je n'aurais jamais pris ça ailleurs mais là en face de la mer et au pied des montagnes pour un dernier jour de plage d'un tour du monde de 7 mois, l'occasion fait le larron !
Au revoir mon ami. Ne fais pas cette tête là...
J'ai bien eu raison d'avoir bien profité du premier jour à Langkawi pour explorer un maximum. C'était le seul jour où il a fait grand beau. Avec cette mousson qui ne dit pas son nom, je m'en doutais un peu. Le scooter ne m'a été d'aucune utilité aujourd'hui, pour faire le Géopark - le Mutiara, j'aurais très bien pu le faire à pied. Ça se fait facilement, j’avais déjà essayé un soir. J'ai passé le reste de l'après midi sur la plage, à me baigner et à essayer de profiter des derniers instants qui me sont donnés. Un moment j'ai eu envie de reprendre le scooter, question d'en profiter un peu en retournant à la cascade de Seven Wells, mais pris dans une torpeur paralysante, j'ai préféré rester là à faire un peu la sieste et à prendre un dernier bain. L'ultime d'une longue série qui a commencé dans le Pacifique Est, à Los Angeles pour se terminer ici à 18h15 dans la mer d'Andaman. 
A présent j'ai l'impression qu'on m'arrache un peu de là. J'ai aussi dû rendre le scooter. Signe que la récréation est finie. J'essaie de ne pas déprimer mais j'avoue que j'ai eu du mal à m'endormir et que j'ai eu une nuit très agitée. A la veille d'une longue nuit dans un avion ce n'est pas l'idéal. Au fait, pour l'avion de retour, c'est arrangé. J'ai pu avoir un siège côté couloir lors de l'enregistrement en ligne. Il était ouvert alors que je dormais, aussi j'avais demandé à mon père de le faire pour moi. C'est mon assistant personnel et il fait ça très bien. J'ai besoin de quelqu'un de confiance qui puisse gérer des trucs depuis la France et que je ne peux pas faire ici, comme la consultation de comptes et le transfert d'argent. Il m'aide bien.
Ce soir j'ai pris un dernier repas au Mutiara. C'est le jour des dernières fois. Mais aussi des premières avec les singes, c'est ça que j'aime bien. 
Tous les soirs au restaurant de la plage il y a un groupe qui reprend des succès internationaux. C’est surtout la fille qui chante mais parfois le guitariste s'y met. Ils chantent très bien, ils pourraient remporter ces télé-crochets à la con haut la main. Je regardais la chanteuse, elle triche un peu. Elle a devant elle une tablette qui doit lui donner les paroles car elle est souvent à faire glisser son doigt dessus l'air de rien, sans doute à la recherche de la prochaine chanson. Pendant ce temps, la femme de ménage essuyait la scène de devant à l'aide d'un balais serpillière, au rythme des chansons. C’est la danse de l'été, tous à vos balais ! Le groupe me fait un peu de peine, personne ne les regarde ni ne les applaudit. La chanteuse m'a sourit car elle a vu que je regardais son spectacle. Je n'allais pas pour autant applaudir, quand on est seul à le faire ça ressemble un peu à grand moment de solitude. Je me souviens d'une performance remarquable qu'elle avait faite il y a quelques jours, en reprenant ce morceau insupportable d'Adèle, « Rolling into deep », le truc qui a raflé toutes les récompenses de la musique aux USA et qu'on ne peut pas ne pas avoir entendu, étant désormais devenu un classique dans les supermarchés. Eh bien, mis à sa sauce, en version rock et débarrassée de ses airs jazzy et de ses minauderies, ça donne très bien. Et elle envoyait bien le refrain, on aurait dit du Pat Benatar bien pêchu. Elle m'a fait aimer la chanson, c’est peu dire !
Saturday Night Fever
Après on a eu un show 70's avec danses à moulinets et perruques afro et fluo comme il se doit. La chorégraphie était bien léchée, il n'y avait pas de faux pas. Ils avaient bien dû répéter. Pour un petit truc d'un restaurant au bord de l'eau, c'était la fièvre du samedi soir ! Ils m'ont fait passer un bon moment et pris dans la fête j'ai craqué et ramené à l'hôtel un adorable Dusky Leaf Monkey en peluche ! Il a une bouille trop rigolote. Qu'est ce que je vais en faire, c’est une autre histoire. Il me servira de souvenir, c'est mieux que l'assiette en plastique ! Et puis j'ai fait une bonne action, l'argent ira à une association qui s'occupe d'orphelins. Et pour 30 ringgits, je m'en remettrai. Je suis rentré à pied, les laissant s'amuser aux rythmes de « All night long » de Lionel Ritchie repris par le groupe. Je serais bien resté plus longtemps mais j'ai les bagages à préparer et surtout je ne veux pas rentrer à l'hôtel trop tard, il m reste encore le taxi à réserver pour demain matin avant que tout le monde ne soit couché. Je dois rejoindre Singapour et c’est le seul vol de la journée à y aller. Pas question de le rater...

vendredi 27 avril 2012

Les macaques car wash


Miroir, mon beau miroir...
Je suis parti ce matin vers Pantai Cenang dans le but non dissimulé de louer un kayak pour me rendre dans les îles ou bien de faire du parasailing si le temps le permettait. Hélas pour l'heure ça ne valait pas le coup. En attendant le retour du soleil, je me suis mis en quête de trouver un coiffeur. Mince affaire ! J'ai arpenté au pas la route principale qui traverse Pantai Cenang, en vain. C'est une suite ininterrompue de restaurants et de boutiques de souvenirs sans aucune place pour une autre fantaisie. En plus, à force de tourner en rond de la sorte, je me suis trouvé à court d'essence et aussi étrange que cela puisse paraître je n'ai pas trouvé de station service dans ce lieu pourtant très animé où les scooters se louent comme des petits pains et qu'il faut donc bien remplir. Je suis même allé demander à un de ces loueurs s'il pouvait m'indiquer la station la plus proche. A la place il m'a vendu une bouteille pleine d'un liquide jaune comme de l'huile d'olive qu'il a déversée dans le réservoir. 
Retour au Frangipani
Je n'avais pas d'autre choix que de lui faire confiance. Je ne savais pas que l'essence avait cette couleur, il me semblait que dans le passé elle était rouge. Ça a dû changer. Excepté en France où à mon avis on va encore écoper du nabot. 10 ans avec ça ! J'ai regardé le résultat des élections, ça ne donne pas envie de rentrer. Avec le score du FN dont l’électorat ira voter le nain au lieu du gros, l'affaire est cousue de fil blanc. Et puis la gauche n'est pas crédible, une fois de plus. Cette fois ils se sentent tellement peu sûrs d'eux qu'ils ont refusé un débat avec l'agité à plusieurs reprises. C’est un signe. Que tout le monde interprète comme moi. Il y a un truc que je n'aime pas dans les élections, c'est qu'au second tour on vote pour quelqu'un parce qu'on ne veut pas de l'autre. Tu parles d'un système ! Ce que je retiens c'est que le nabot ne plaît qu'à 23% des gens mais que ça ne l’empêchera pas de se gargariser au second tout en se disant qu'il est aimé puisque réélu. 
Pong-Pong
Il ne devrait y avoir qu'un seul tour avec pour gagnant celui qui a obtenu le plus de voix, et en prenant compte les votes blancs. Si c'est le vote blanc qui remporte ça veut dire que personne ne convient et qu'ils doivent trouver quelqu'un d'autre ! Ou alors ils devraient faire un second tour avec les cinq qui ont fait le plus gros score, avec pour gagnant celui qui remportera le plus de voix. Ça laisserait plus de choix et permettrait peut être d'élire quelqu'un qui convient à peu près. C'est ma vision d'un petit monde utopiste...
Moi qui voulait avoir une tête décente pour rentrer, je me suis offert à la place de nouvelles tongs, les autres ayant fini dans une poubelle en arrivant à Langkawi depuis les îles Perhentian. Elles étaient devenues une infection ambulante trimbalant derrière elles un sillage du pire fromage qui puisse exister. Ce n'était pas la faute à mes pieds mais celle de Kelly Slater. Son modèle a été mal pensé. Pourtant surfeur, il aurait dû penser qu'on a souvent les pieds humides ou qu'on marche dans l'eau. 
Avec la semelle absorbante, elle n'a pas fait qu'absorber les chocs mais aussi toute l'eau qui passait dessus, sans jamais arriver à sécher. Ce qui les a achevées c'est une nuit où je les avais mises à sécher dehors aux îles Perhentian et qu'à la place elles avaient pris l'orage. Le modèle que j'ai désormais, c'est un truc avec le Che dessus, payées 15 ringgits ! Ça durera ce que ça durera....
Avec tout ça il était déjà midi, étant parti ce matin un peu trop tard de l'hôtel et je suis donc retourné au Frangipani. Cette fois je n'ai pas fait dans le bio, me contentant d'une tortilla avocat/bœuf teriyaki et d'un verre de bon vin rouge australien dont je ne suis jamais tombé sur une piquette. Après, j'ai fait un tour dans la propriété, question d’observer les nombreuses essences d'arbres et d'arbustes qui ornementent le jardin. Dessous chaque espèce il y a un petit panneau informatif ainsi que le nom et le pays de provenance des personnes qui ont adopté la plante et l'année correspondante. J'en ai déduit que des gens avaient dû acquérir des plantes ici que le resort a ensuite entretenu pour eux. L'idée est bonne mais le jardin risque vite d'être envahi de plantes ! J'ai vu un nouvel arbuste que je ne connaissais pas, le Pong-Pong, un truc qui possède des fleurs qui ressemblent un peu au frangipanier avec une douce odeur délicate. Par contre il est écrit que les fruits sont poisons.
Les ciels d'orage vous devez finir par vous lasser. Moi pas!
Je suis allé ensuite me mettre sur la plage, à l'endroit où il n'y a plus d'hôtel derrière, juste à côté du spot où a lieu le départ en parasailing. Au passage ils m'ont demandé si je voulais venir faire un tour mais je leur ai dit pas aujourd'hui. Il ne faisait pas assez beau pour s'envoyer en l'air. Il y avait tout un groupe de gilets rouges qui attendait son tour pour passer. Je les ai observés de dessous mon yucca qui me procurait un peu d'ombre dont je n'avais pas besoin. La balade ne dure pas longtemps. 2 minutes 30 tout au plus. Ils vont au bout de la plage, vers les rochers, puis reviennent. Mais je crois qu'à l’Île aux Cerfs cela n'avait pas duré plus de temps. J'espère pouvoir en faire demain, c'est mon dernier jour où j'irai à la plage avant mon retour. Je croyais pouvoir dégoter un kayak pour cet après midi mais je n'en ai pas trouvé. A la place je pouvais faire du banana boat, cet espèce de truc gonflable tracté par un bateau où l'on est à califourchon ou bien demander à être déposé en bateau sur l'île de mon choix. 
Mais étant seul et les tarifs non affichés je craignais qu'ils en profitent. Et puis comme je disais, le temps est devenu de plus en plus maussade, le tonnerre grondant à nouveau. Moi qui pensais que cette partie de Langkawi était plus épargnée que le reste, que nenni ! Ce qu'il y a de bien, c’est que sur cette partie de la plage, le sable blond est plus grossier et la plage tombe à pic dans la mer. J'aime bien quand on n'a pas à marcher des kilomètres pour ne plus avoir pied. Comme l'orage devenait inévitable, j'ai voulu prendre une photo de ces fameux ciels noirs (oui, encore!) mais en fouillant dans le sac à dos j'ai constaté que l'appareil n'y était plus. J'ai eu un coup d'angoisse. Le seul endroit où j’avais pu le laisser c’est dans la poche du scooter, sous le guidon. C'est en effet là que je le mets quand je conduis pour l'avoir toujours à porter de main au cas où. Cela faisait bien une heure que j'étais sur la plage et le scooter était garé sur un parking avec plein d'allées et venues vers des gargotes situées juste à côté. 
Je m'étais fait à l'idée qu'on me l'aurait piqué aussi j'ai été fort surpris de constater qu'il était toujours là. J'ai eu beaucoup de chance. A moins que les malaisiens ne soient pas des piqueurs car tout le monde laisse son casque sur le scooter, sans l'attacher, sauf moi qui n'ose pas.
Comme le temps ne cessait de se dégrader, ça ne servait à rien que je reste là, où je commençais à m'ennuyer de ne rien faire, allongé comme j'étais sur la plage. C'est quelque chose que je ne peux plus faire, il me faut de l'action. J'ai donc décidé de retourner à l'hôtel pour me saisir de l'ordinateur et de partir au Mutiara où je pourrais continuer l'après midi dans un autre cadre. En attendant ça me faisait une balade. Au passage je me suis arrêté au niveau d'un bas côté à flanc de montagne où des gens avaient garé voiture et scooter pour prendre un chemin qui allait en contrebas. 
Avec ça la voiture est bien gardée!
Il faudra que j'aille explorer ça demain, peut être y a-t-il une plage en bas ou bien une zone de pêche. En tout cas, il faudra que je prenne le casque avec moi. Car la zone est une aire de récréation pour macaques qui adorent les voitures et se postent sur le toit ou le capot en train de jouer ou de s'épouiller. On avait l'impression qu'ils faisaient car wash. Certains essayaient d'ouvrir le coffre, d'autres mordillaient l'antenne ou essayaient de croquer les rétroviseurs et même les gicleurs pour nettoyer les vitres. Ceux sur le toit s'amusaient à faire trampoline. Vu le poids de certains de ces bestiaux, les gros mâles, à mon avis les voitures devaient être pleines de bosses suite à ça. Les macaques, ça vous pourrit tout. Pourtant quand on les voit on leur donnerait le bon Dieu sans confession. Les scooters ne sont pas plus épargnés. Les poignées sont grignotées tandis que d'autres s'agitent sur le rétroviseur en essayant soit de l'arracher, soit de faire vaciller l'engin sur le côté. 
Et le casque, alors?
Les scènes étaient comiques à voir et une bonne partie de ceux qui passaient s’arrêtaient un peu plus loin, sans oser descendre de leur véhicule. Pour une fois ils m'ont laissé tranquille. J'avais coupé le contact et ne bougeait pas, aussi ils voyaient que je n'allais rien leur faire.
Au Mutiara, le soleil est un peu ressorti, me permettant d'aller me baigner. C’est vraiment là que c'est le plus joli pour se baigner, avec les montagnes juste en face. Un peu comme à la plage du Datai que je voulais voir et qui est située juste derrière la montagne mais renseignement pris cette plage ne se visite pas. Elle est propriété exclusive du Datai et si l'on n’est pas client on ne peut pas y pénétrer. Dommage, car le guide dit pourtant que c’est la plus belle de tout Langkawi, avant de rajouter qu'on ne peut pas la visiter. Pourquoi donc en parler ? Pour frustrer les lecteurs comme moi ? J'ai trouvé un coin dans l'eau que je n'ai plus quitté, où curieusement l'eau était plus chaude au fond qu'en surface. Je suis donc resté ainsi entre deux eaux, pensant qu'après 7 mois passés dans des eaux qui m'ont ramolli la peau, je crains d'être foutu pour l'Atlantique ! Il y a une fille, la trentaine qui est venue se baigner, les cheveux attachés en un ridicule palmier maigrelet et les bras garnis de deux flotteurs en plastique jaune. Elle avait l'air maligne en criant en plus au passage de chaque vaguelette. Celle là, c'est pas la peine qu'elle s'inscrive à Koh Lanta ! 
C'est l'antenniste! Il vous règle les stations...ou dérègle!
Je regardais aussi la clientèle de l'hôtel. Même si la majeure partie est constituée d'occidentaux qui font ventouse à leurs chaises longues, je suis étonné par le nombre de couples aux femmes invisibles. De voir ça c'est toujours un choc pour moi et je n'arrive pas à comprendre qu'une idéologie puise priver à ce point un individu de sa totale liberté. Des fantômes noirs comme s'il en pleuvait, affublées en plus de larges lunettes de soleil, c'est le pompon, il n'y a plus rien d'humain. Comment font elles en pleine chaleur ? Elles ont un ventilateur caché dessous ou quoi ? Je te mettrais ça sur une île déserte à devoir vivre en Robinson, elles auraient tôt fait de perdre leurs étoffes. Ça leur sert à quoi ? A se protéger de quoi ? Des regards des autres pour satisfaire l’ego de leurs maris machos ? On va me dire qu'ils font bien ce qu'ils veulent mais de voir un être humain contraint à ce point, c'est ce qui me révolte. Au passage, comment font-ils pour reconnaître leur épouse et comment sont-ils arrivés à en choisir une ? 
Une burqa noire est une burqa noire, qu'importe le pantin dessous. Dans le resort il y a aussi beaucoup d'indiens. Je suis fort étonné d'en voir autant. Moi même je ne peux pas me payer une nuit au Mutiara (125 euros le bungalow le moins cher). Où tous ces gens puisent ils leur argent ? Ce sont des jeunes en plus et qui n'ont pas l'air si riches que ça quand on regarde leur style. Si ça continue, en France on va devenir le nouveau Tiers Monde. On en prend bien la direction...
Je sais désormais parfaitement quel jour on est, comme je sais que je rentre un dimanche et que le compte à rebours est enclenché. C'est triste. Ce qui va me manquer, ce sont les petits bruits la nuit, ceux des grenouilles et des geckos. C'était mes compagnons tout au long de mon périple, je m’étais habitué à leur présence et leur bruit m’aidait à m'endormir. Demain c’est le dernier jour de plage déjà. 
Dîner au Mutiara
Je ne vais pas m'en plaindre pour autant, j'en ai bien profité. En m'endormant je pensais qu'avant je rêvais le soir dans la cuisine devant cette planisphère centrée sur le Pacifique pour ne plus voir la France au milieu de la Terre et me faire paraître ces îles lointaines plus proches. Je passais mon doigt dessus, rêvant d'y aller. Maintenant que c'est fait, quels rêves me restera-t-il ? Peut être que le plus beau des voyages c'est celui qui reste imaginaire. On a besoin de rêves pour vivre et faire paraître la réalité moins lourde.

jeudi 26 avril 2012

Un clin d’œil à Koh Tarutao


C'est bien Tarutao au fond!
Hier an allant sur internet, j'ai vu qu'il faisait 7 degrés à Paris. On s'est bien gardé de m'en parler ! C'est quoi ce temps ? J'ai fait exprès de rentrer fin avril pour échapper à cette déprime de plus, alors que tout le monde me disait que j'aurais pu rentrer plus tôt car en avril le temps est censé être clément. Tu parles ! Suis-je vraiment obligé de rentrer ? En plus j'ai essayé de choisir mon siège sur le vol de retour de Singapour mais n'y arrivant pas j'ai contacté Star Alliance, ceux qui ont émis mon billet tour du monde pour qu'ils le fassent pour moi. J'ai demandé un siège allée. C'est ce qui me convient le mieux comme ça je peux vaquer librement et surtout mettre mes guibolles dans l'allée et faire des croches-pattes aux hôtesses. Eh bien, vous savez quoi ? L'avion est complet, ils n'ont trouvé qu'un siège au milieu de libre. Les pires ! Je ne me vois absolument pas passer 13h30 dans un avion entre deux gros qui m'enverront leurs coups de coude dans les côtes à chaque changement de position. Et je ne tiens pas à être étriqué dans mes mouvements à manger comme un écureuil et rester les deux bras devants et les épaules tassés tout ce temps là. 
C'est un Airbus A380. Je devrais me réjouir de monter là dedans mais voilà ce qui arrive avec la modernité, qui dit plus de capacité dit plus de sièges du milieu ! Ils sont configurés 3-4-3, au lieu du traditionnel 2-4-2. Je ne sais plus quoi faire. J'ai demandé le code de réservation correspondant sur Singapore Airlines à Star Alliance et sur leur site je peux choisir mon siège à l'avance. Mais c'est pareil. Il reste deux sièges du milieu ! Je peux malgré tout indiquer mes préférences et ne pas demander d'assignation de siège mais mon choix sera-t-il respecté lors du check-in ? Mon dernier recours c'est peut être de pouvoir choisir mon siège lors de l'enregistrement sur internet. Il commence demain à 23h35. C'est une heure à laquelle je dors. Si ce n'était qu'un vol de quelques heures je m'en moquerais mais là, 13h30 et en vol de nuit, c'est juste pas possible. Pour un peu je préférerais être par terre. J'avais fait ça il y a très longtemps et les hôtesses m’avaient laissé faire. Mais c'était en 1996. Depuis je n'ai jamais pu recommencer. Si on ne me donner pas un siège allée ou au pire fenêtre, je sens que je vais faire une crise de nerfs au point qu'il faudra qu'ils m'attachent de force au siège du milieu.


Ce matin j'ai pris le scooter direction le nord-est de l'île dont le guide de l'aéroport dit que c'est un endroit qui offre des vues remarquables avec plein d'îlots tout autour. Le seul hic, c'est qu'il y a deux hôtels de luxe dans le secteur qui interdisent le passage sur leur plage et ont même étendu leurs limites d'une zone dé sécurité. Dans ce secteur il y a également une plage de sable noire mais je ne l'ai pas trouvée. Je l'ai vue de loin, avec une cimenterie en arrière plan, ça ne donnait pas envie de m'y déplacer pour prendre des photos à la noix. Juste avant le Four Season Resort, il y a une plage de sable blond sur laquelle je me suis avancé. Rapidement j'ai été intercepté par trois gardes qui m'ont gentiment souhaité la bienvenue au Four Season tout en m'indiquant que le domaine public s'arrêtait à un cocotier qu'ils m'ont désigné. Fallait le savoir ! Je me suis donc contenté de prendre des photos de trois petits îlets juste en face avec Koh Tarutao derrière, toute près. Ça m'a fait très plaisir de revoir cette île. Elle semble si proche. Il y a pourtant 25 kilomètres mais avec ses sommets montagneux elle semble moins loin.
J'ai repris le scooter pour aller au bout de la route. Rapidement, je me suis retrouvé nez à nez avec une barrière, un garde et un sens interdit. J'ai joué à l'ingénu, demandant malgré tout s'il y avait un moyen de rejoindre la côte pour prendre quelques photos. Il m'a fait remplir un formulaire avec numéro de passeport et nom de mon hôtel puis il m'a dit que je pouvais y aller, précisant qu'il y avait une plage et une mangrove au bout. Sympa ! En arrivant au bout je me suis rendu compte que la barrière n'était qu'un moyen de contrôler qui rentre mais pas de barrer l'accès. C'était plein de touristes locaux déversés par des minibus ou des taxis en train de prendre des tickets pour des excursions dans la mangrove avec la visite d'une grotte et un feeding d'aigles au passage. Ils m'ont intercepté pour me demander de m'inscrire mais ça ne me disait rien. En plus, depuis que j'avais quitté l'hôtel ce matin, je roulais vite ayant une énorme masse de nuages noirs que j’avais vus se diriger sur Langkawi au loin. Je disposais donc de peu de temps pour explorer.
Tarutao a l'air toute proche
Dans ce coin, on est quasiment sur une presqu’île avec une belle plage de sable blanc partagée avec le Tanjung Rhu Resort qui a mis une clôture en plein milieu. Mais on peut partir de l'autre côté et faire le tour de ce cap. C'est très joli. L'endroit est entouré d'îles et quelques barques de pêcheurs viennent passer par là, laissant derrière eux un sillage de poisson pourri. La plage laisse ensuite la place à une mangrove pleine de circonvolutions qui font faire de longs détours. J'ai bien cru que je n'arriverais jamais à l'endroit de départ des excursions. Je pensais pouvoir prendre quelques clichés sympas avec tous les petits bateaux amarrés sur des ponts flottants mais j'ai eu le soleil en face. Pas l'idéal. A la place je suis donc repassé côté plage pour aller me baigner un moment. Je barbotais en jouant à mon jeu favori : le sablier. Je prends du sable dans une main que je referme puis je laisse couler le sable dans ma main du dessous serrée de la même façon. Et après j'alterne. J'aime bien sentir le contact du sable s'écouler entre mes doigts. Parfois je me saisis d'autre chose que du sable, de petits crabes translucides aussi effrayés que moi ! A ce petit jeu, l'orage a fini par me rattraper. Tout est devenu subitement noir avec le tonnerre qui grondait de part et d'autre. J'étais prêt à me mettre à l'abri dans une gargote aux premières gouttes venues mais j'étais comme épargné, juste à la limite du nuage qui semblait être repoussé. Il y avait les nuages noirs qui avançaient dans une direction tandis que de petits nuages blancs allaient dans l'autre. J'ai attendu de voir qui gagnerait mais le match est resté nul. J'ai donc décidé de reprendre le scooter à la recherche d'un restaurant plutôt que d'un snack ambulant à l'hygiène douteuse. Et je n'en ai pas trouvé.
Voilà que ça recommence!
Comme j'avais quitté le micro climat du bout du cap, la pluie est arrivée. Juste le temps de revêtir le poncho que déjà j'étais dans un déluge. J'ai traversé Langkawi ainsi, slalomant entres les éclairs, la tête penchée en avant pour protéger mes yeux d'une pluie cinglante, avec un poncho qui avait fini par laisser passer l'eau sous la pression, sans doute à travers de minis trous. En plus je croisais des camions qui prenaient un malin plaisir à foncer dans des flaques d'eau, m'envoyant des trombes dessus comme si j'étais passé au karcher ! J'avais dans l'idée de me rendre à Pantai Cenang, souvent épargné par les orages car situé à une extrémité de l'île. Mais une fois parvenu de l'autre côté de Langkawi j'ai pu constater que le temps était uniformément bouché et que c'était sans doute parti pour durer tout l'après midi. Inutile donc de faire plus de route, je suis rentré à l'hôtel, où j'ai pris une longue douche bien chaude en me débarrassant de tous ces vêtements trempés. J'ai ensuite demandé la navette pour le Mutiara où je serais mieux pour passer l'après midi avec la possibilité d'aller à la plage si jamais le temps s'améliorait. Ce qu'il a fini par faire sur les coups de 15 heures. Chose qui ne me ressemble pas, je suis resté sur une chaise longue jusqu'à ce que le soleil disparaisse derrière les montagnes. Je suis ensuite allé siroter un cocktail sur un bar au dessus de l'eau, pensant contempler le coucher du soleil mais je n'ai eu droit qu'à un ciel qui s'est chargé à nouveau de gros nuages gris. J'ai pensé que j'allais rentrer sous la pluie mais il n'en a rien été. Ouf, j'ai échappée à une deuxième saucée !

mercredi 25 avril 2012

Entre jungle et cascades


Seven Wells
J'aime le scooter. On le pose où l'on veut, il va partout, il n'y a pas à tourner en rond pour se garer, pas de portière à ouvrir, on le pose et on est déjà en train de marcher ! Et puis c'est économique. Tous les jours je mets pour 3 ringgits d'essence. Ça ne vas pas me ruiner ! Si ce n'était le trafic et le fait que je n'ai pas de garage, j'en aurais un à Paris. Mais je ne suis pas suicidaire alors le scooter à Paris, il vaut mieux éviter. J'ai déjà raconté ce qui était arrivé à quelqu'un que je connais...
Ce matin, tandis que je prenais un petit déjeuner au pied de l'hôtel, je regardais le Cable Car avec son rideau baissé devant. Il était déjà plus de 9 heures passées, aussi je suis allé voir de plus près ce qui se passait, afin de connaître les heures d'ouverture pour le jour où j'irai. Pas aujourd'hui car le sommet est dans les nuages. Pas les suivants non plus car il est fermé du 17 au 30 avril, pour maintenance. C'est malin ! C'est pourtant l'attraction phare de Langkawi avec plein de trucs à faire en haut. 
Le téléphérique est fermé, c'est ballot!
Dommage pour moi, le point de vue de là bas étant à tomber. Il paraît qu'on domine tout Langkawi et les îles de Thaïlande au loin. J'irai me consoler avec le parasailing pour avoir une belle vue. Maintenant je comprends pourquoi il n'y a que quelques badauds dans le parc. Ils viennent faire les boutiques, voir des cerfs dans un enclos juste en face de l’hôtel, mangent une glace pendant que les gamins s'amusent sur des toboggans puis s'en vont. Il n'y a rien d'autre à faire. L'avantage est que je bénéficie d'un calme royal, y compris la journée. Même si la journée je n'y suis pas.
Pendant que je prenais le petit déjeuner, je me demandais de quel côté j'allais aller aujourd'hui. J'avais bien envie de traverser l’île pour aller voir la mer de l'autre côté de cette montagne mais avant, il y a une cascade qui se trouve tout près de l'hôtel, Seven Wells, la plus belle de l'île, où l'on peut se baigner à sa base. 
J'ai un petit guide gratuit donné quand j’étais arrivé à l'aéroport, écrit par des malaisiens qui connaissent bien leur île avec tout ce qu'il faut voir sur Langkawi avec des avis et un système de notes. C'est très complet, plus détaillé que le Lonely Planet. Je l'emmène partout avec moi, il est en papier journal aussi je le plis et le mets dans la poche à gants du scooter. Il n'y a pas beaucoup à marcher pour arriver à la cascade. Des marches ont été taillées pour soit disant faciliter la visite mais je n'aime pas les marches. Je trouve cela plus fatiguant qu'un sentier qui serpente. En général les paliers sont toujours trop espacés ou trop rapprochés par rapport à ma vitesse, aussi je dois marcher à une cadence qui n'est pas la mienne. La cascade émerge d'un rocher très abrupt. Elle est large et a beaucoup de débit qui rend la photo délicate en raison des embruns qui n'ont de cesse de se poser sur l'objectif. Je suis allé me baigner dessous. 
Ça fait d'abord un petit bassin puis en 3 ou 4 brasses on se retrouve sous un des embranchements de la cascade. On ne peut pas aller sous la vraie, de toute façon avec ce qui tombe ce serait la mort assurée. J'ai trouvé un coin avec une pierre plate sur laquelle prendre appui, de sorte qu'on peut se plaquer à la roche et se faire masser par la cascade. C'est mieux qu'un jacuzzi ! L'eau n'est pas froide, j'y suis resté très longtemps. J'y ai fait la connaissance de trois français, un couple parti faire le tour de la Thaïlande, qui va se rendre à Koh Lipe et Koh Tarutao (je leur ai avoué ma nette préférence pour Tarutao), et une jeune fille au lycée français de Kuala Lumpur. Étant très intéressés par mon périple, je leur ai donné l'adresse de mon blog. Ça tombe bien car le couple envisage de faire la Nouvelle-Zélande en camping-car un de ces jours. Je suis sûr qu'il trouveront plein d'idées où aller avec le blog.
Tandis que je me baignais, un grain est arrivé, de sorte que je recevais de l'eau de toute part. Mais comme c'était déjà le cas sous la cascade, je n'ai pas trop vu la différence ! Et puis il faisait plus chaud sous la cascade que dehors à attendre que la pluie passe. Par contre je guettais an amont pour éviter une crue subite qui aurait pu m'emporter. Une fois la pluie terminée, j'ai repris mon sac pour me rendre en haut de la cascade en reprenant le chemin plein de marches. Étant à présent plus avancé dans la matinée, il y avait un peu plus de monde que quand j'étais arrivé à la cascade, où j'étais le premier à part un groupe de jeunes thaïs qui faisait les cons sous la cascade. En haut, il y a des barrières pour interdire de s'approcher du bord. Mais j'ai vite fait de braver l'interdit. Je n’étais pas monté là pour rien. Car la tour d'observation qui permet d'avoir un point de vue est elle aussi fermée pour maintenance. Voilà ce qui arrive en voyageant en basse saison. 
Du haut de Seven Wells
Du bord de la cascade on ne voit pas le bout de la chute car des câbles empêchent de s'aventurer au delà. C’est une deuxième protection. De toute façon je ne suis pas fou, avec les embruns les rochers sont tout glissants. En tout cas, la vue depuis cet endroit est spectaculaire, embrassant la jungle, la montagne sur la droite, pour finir dans la mer en contrebas. Mer, montagne, jungle, cascade, tout y est ! Je ne crois pas connaître d'autre endroit où l'on puisse voir ça en même temps.
Le sentier ne s'arrête pas là pour autant. Il continue en fait jusqu'au sommet que l'on ne parvient pas à apercevoir car il est plongé dans les nuages, donnant une impression de bout du monde. Ce doit être un chemin alternatif pour grimper là où le téléphérique est censé amener. Comme il est en panne, j'ai décidé de poursuivre un peu pour essayer de voir le sommet le plus près possible. Je n'avais pas pour idée pour autant d'arriver en haut ; sur le plan, ça a l'air très loin et je suis sûr que la balade demande d'y consacrer la journée. Et avec le temps passé sous la cascade, il était déjà près de midi. 
Le sentier s'enfourne dans la jungle où sur le plan ils ont dessiné des scorpions. Je ne tiens pas trop à en voir. Pas plus que des cobras ou autres charmantes créatures qui peuplent dit-on la jungle. Le parcours est enchanteur, il suit un des bras de la cascade et avec la pluie tout est trempé, les arbres s’égouttent, les mousses luisent et les feuillent brillent comme si on les avait cirées. Et comme le soleil est de retour, avec les rayons de soleil qui passent à travers les branches les gouttes d'eau brillent comme autant de diamants. Et quelques nappes de brume dues à l'évaporation envahissent la jungle. J'ai marché ainsi un bon quart d'heure jusqu'à un abri, un chapiteau sous lequel on peut camper. Il y en a plusieurs jusqu'au sommet, pour trouver refuge en cas de besoin. Comme le sentier continuait à grimper dans cet espèce de vallon envahi par la jungle, j'ai réalisé que je n’aurais aucun point de vue si je continuais, à moins d'aller très loin. 
Jamais vu une fleur pareille auparavant...
Je connais ces chemins qui montent dans la jungle. On croit toujours qu'on va arriver à un faux plat d'où l'on aurait une belle vue mais la jungle est si dense qu'on ne peut rien voir. J'ai donc décidé de faire demi tour.
Au niveau du parking il y a tout un tas de boutique de souvenirs qui vendent des T-shirts, sacs et autres serviettes de plage à l'effigie de Langkawi. J'ai été hélé par une dame très gentille qui me proposait de venir déguster une noix de coco. Cela tombait bien, il était presque 14 heures et j’avais aussi faim que soif. Avec la noix de coco fraîche, ça fait les deux ! Malgré ses habits de musulmane qui la couvrait complètement, elles est arrivée à ouvrir la noix de quelques coups de machette, les doigts dans le nez. Ça me sidère toujours quand je vois la rapidité à laquelle ils ouvrent une noix sans se couper un doigt. Mais là avec une femme, c'est encore plus surprenant. En un éclair la noix de coco était transformée en réceptacle avec une paille au fond et une cuillère pour manger la chair ensuite. A Langkawi, les gens sont très musulmans, un peu comme aux îles Perhentian. Je ne croise aucune personne tête nue, à part évidemment les touristes, dont certaines sont même seins nus sur les plages. Ça doit leur faire drôle de voir ça. Pourtant il est conseillé de rester pudique.
Pendant que je dégustais ma noix de coco, j'ai senti un truc froid et gluant sur ma cheville. Une sangsue ! Je l'ai chassée très vite au loin avant qu'elle ne s'ancre. C'est un truc horrible qui ressemble à un ver de terre avec un pied gluant et une tête chercheuse attirée par la chaleur. Elles attendent ainsi, dressées sur leur pied comme un champignon, à attendre une pauvre victime. Dès qu'elles sentent de la chaleur, elles se mettent en mouvement, la tête tournant dans tous les sens comme un radar pour localiser l'endroit à sucer. Puis après ça se déplace vite. Elles jettent leur tête par terre, s'en servant comme appui pour libérer le pied qui se déplace au niveau de la tête et ainsi de suite. Ça avance par grandes enjambées.
La noix de coco a fait mon repas, j'ai tout mangé cette fois de l'intérieur, raclant jusqu'à ce qu'il ne reste plus que du bois. Et je n'avais plus faim après. Elle m'a rendu euphorique, je suis allé m'acheter un T-shirt Langkawi dans la boutique. 
Pouvez-vous me dire combien il y en a?
Total de la facture : 4 ringgits la noix et 10 le T-shirt. Aboule le fric ! En France peut on manger, boire et s'habiller pour 3,5 euros ? J'aime beaucoup Langkawi. C’est un bon compromis entre aventure, jungle et facilités liées à la civilisation. On peut passer d'un univers à l'autre d'un coup de scooter, c'est pratique. Après ça, j'avais toujours envie d'aller voir de l'autre côté, vers la baie du Datai (un hôtel de luxe), malgré le fait que la montagne soit dans les nuages et qu'il pleuve quelques gouttes sur ses flancs alors qu'il fait beau plus loin, là où j'étais hier. En chemin j'ai croisé une famille de macaques rassemblés devant ce qui ressemblait à un déjeuner sur l'herbe. Ils étaient tous agglutinés, offrant de beaux portraits de famille et j'ai réussi à dégainer l'appareil avant qu'ils ne s'enfuient. Ils débordaient du cadre tellement il y en avait !
Une fois arrivé sur la côte nord, le temps était affreux. Tout était noir, il faisait très frais et le ciel était bouché jusqu'à l'horizon. Il ne faisait pas beau en Thaïlande. Aussi ça ne servait à rien que je poursuive encore au delà pour arriver au terminus du Datai, pour prendre des clichés gris et pourris. Je me suis donc arrêté au niveau d'une nouvelle cascade, celle de Termurun. Elle est moins belle et moins haute que Seven Wells mais c’est toujours agréable d’être au pied d'une cascade. En revanche je n’avais pas suffisamment chaud pour aller me baigner et surtout le coin était infesté de macaques occupés à défaire les nœuds des T-shirts que les gens avaient faits autour de la balustrade pendant qu'ils se baignaient. Les macaques, c’est pire que les gosses, ils sont de tous les coups foireux ! Je ne tenais pas à ce que mon sac disparaisse à nouveau. J'ai lu tous les panneaux informatifs le long du sentier, ceux que personne ne lit jamais. 
Termurun Falls
Il sont souvent très instructifs et plein de poésie. J'ai noté ce que l'un d'entre eux disait : « When you feel tired walking up to this station, take a deep breath and enjoy the sound of nature. You may hear the wind ripple through the trees, a wide variety of natural ambient sounds of wild birds, mammals, insects, reptiles and amphibians and gently bubbling streams. It sounds like a musical score where each animal has its own niche, its own acoustic territory, much like instruments in an orchestra. As in humans, animals use sound to communicate. Sounds in the forest can also help to determine how habitat destruction alters species populations. An area which had been logged will have a drastic drop in species diversity revealed by the lack of audio diversity. What do you hear now ? Perhaps they all plead to you in harmony - 'Please Help to Conserve Our Natural Symphony'».

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