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mardi 31 janvier 2012

Départ de Kangaroo Island


Pour le déjeuner, je suis retourné à la plage de Pennington que j'avais tant aimée mais l'ambiance était complètement différente en raison de la météo. D'une atmosphère de joie on était passé à un paysage de désolation, la mer si bleue était devenue grise avec des rouleaux encore plus impressionnants, les falaises elles mêmes semblaient avoir changé et les surfeurs avaient fait place aux mouettes. J'étais le seul là dedans, à manger dans la voiture, face au grand large, incapable d'ouvrir la portière. Les bourrasques de vent faisaient tanguer la voiture et elles auraient bien pu la projeter en bas de la falaise.
Alors que je m'apprêtais à gagner le port de Penneshaw, j'ai tourné sur une piste pour tenter d’apercevoir à nouveau des koalas. Comme le ciel est complètement bouché aujourd'hui, c'est la meilleure chose que je puisse faire. Je n'en ai pas trouvé mais cela m'a mené à une jonction où était fléchée une plage.
J'ai regardé sur mon guide pour voir si cela valait le coup de poursuivre et à la place je suis tombé sur un article parlant de Red Banks, comme étant l'endroit tenu le plus secret de toute l'île. Je l'avais aussi vu auparavant en photo sur un livre quelque part. Sur la carte, cela n'était pas très loin, à une trentaine de kilomètres, mais cela m'obligeait à revenir en arrière et il ne me restait plus qu'une heure de temps libre avant le bateau. Qu'à cela ne tienne, j'ai foncé au delà du raisonnable, allant jusqu'à faire des pointes de 100 à l'heure sur une piste caillouteuse. Évidemment je me suis perdu à deux reprises, dépassant allègrement les croisements où j'aurais dû tourner. Le lieu n'est pas indiqué et c'est plein de fourches qui laissent perplexe quant à la direction à suivre. J'avais bien besoin de ça ! Finalement je suis resté à peine dix minutes sur la plage, le temps de prendre quelques photos à la faveur d'une éclaircie subite.
Une fois sur le bateau, le temps est devenu très ensoleillé, c'est comme si les nuages étaient restés sur Kangaroo Island. J'en ai profité pour explorer un peu la péninsule de Fleurieu qui regorge de baies au milieu de blondes prairies. Je cherchais aussi un endroit où planter la tente. Ce n'est guère évident, comme toujours ce sont des ranchs et tout est propriété privée et grillagé. On se demande par où passent les kangourous. De loin on a l'illusion d'être dans de grands espaces mais en fait on est sur une route que l'on ne peut pas quitter. C’est très pénible. Même les forêts en haut des collines sont inaccessibles, les domaines couvrant des kilomètres carrés. On a quand même la chance en France d'avoir beaucoup de terrains qui appartiennent à l'état et dans lesquels on peut se balader librement.
Finalement, j'ai été obligé de dormir dans les dunes, dans une banlieue résidentielle au sud d'Adélaïde, seul endroit que j'ai trouvé et encore en enjambant un grillage pour empêcher de marcher dans les dunes. Seulement j'ai été emmerdé par un clebs que les propriétaires avaient mis dehors pour la nuit alors que j'étais déjà dans la tente. J'ai dû tout déplacer sur la plage, au pied d'une falaise, dans un renfoncement où je ne l'entendais plus. Par contre j'étais exposé au vent et la tente a claqué toute la nuit, secouant toute la structure et j'ai dû dormir en position fœtale pour éviter de toucher quoi que ce soit. Mais je préfère encore ça au fait d'être soumis aux humeurs d'un clebs à la con !
Aujourd'hui je pensais à mon retour. Je ne devrais pas mais parfois cela me prend. Je ne sais pas comment je vais réagir une fois rentré, avec une vie plan-plan, après avoir goûté à toute cette aventure. J'ai peur que l'envie d'explorer de nouveaux horizons ne me manque. Je sais que j'aurai d'autres voyages mais aussi loin et aussi dépaysant ? Il me faudrait 3 mois par an pour découvrir le monde. Ce serait un bon compromis. 7 mois c'est un peu long et ça n'aurait pas été plus mal de le faire en deux fois. D'un autre côté de partir si longtemps, je ne sais même plus comment était ma vie d'avant. La France me semble si loin, je ne me sens plus aucune attache avec - déjà que je n'en avais pas beaucoup. Quand je tombe sur Yahoo sur des news de Sarkozy ou autres, ça me donne la nausée, comme ce matin où j'ai vu qu'il faisait 2 degrés à Paris, avec la grisaille tout naturellement. Se réhabituer à tout ça? Souvenez vous des jours avant que je parte, où j'écrivais que je souriais dans le RER à l'idée que j'allais quitter toute cette merde. En y retournant que pourrai je me dire pour relativiser ? Si j'avais une petite maison dans le sud, pas trop loin de la ville pour en avoir les avantages mais suffisamment loin pour être tranquille, tout serait parfait. Je devrais peut être m’acheter quelque chose sur Nice, même si je n'y travaille pour l'instant pas. Cela me déciderait peut être. Et quand bien même en attendant ce serait un investissement. Peut être est-ce la crise de la quarantaine mais j'ai envie de vivre différemment et bien, sans emmerdes, tranquille.

lundi 30 janvier 2012

Flinders Chase National Park


Ce qu'il y a de bien en Australie c'est qu'on peut passer de la Grèce à l'Irlande en restant au même endroit ! Le temps s'est détraqué dans la nuit, un vent de fou s'est mis à souffler, venant de l'Antarctique et amenant avec lui nuages, pluies éparses mais surtout une chute vertigineuse des températures. Je n'ai pas quitté mon sweat-shirt de la journée.
Ce matin, je suis retourné à Seal Bay. Je ne pouvais pas manquer ça, cette colonie de 300 lions de mer australiens affalés sur le sable. Les lions de mer australiens sont différents de ceux que j'avais vus en Nouvelle-Zélande, ils sont marrons/beige et les femelles tirent vers le crème. C'est la saison des naissances, les femelles ne vont pas tarder à accoucher et des mâles fiers veillent sur leur harem et montrent des dents dès qu'un autre passe près de son domaine réservé.
Pas commodes les bonhommes, ils pourchassent, grognent et donnent de vifs coups de tête en avant pour mordre. En général l'assaillant a tôt fait de déguerpir.
J'étais le premier à arriver au parc, ils étaient juste en train d'ôter le cadenas à la barrière. On a le choix entre deux formules : soit un tour avec un guide qui nous amène au plus près des animaux, sur la plage, soit un tour par soi même, où l'on ne peut contempler les mammifères que depuis une plate-forme un peu en retrait. J'ai eu une jeune guide pour moi tout seul qui m'a raconté les secrets de ces animaux que visiblement elle ne se lasse pas d'admirer. Elle n'arrêtait pas de rire de leurs mimiques alors qu'elle enchaîne les tours tout au long de la journée. On voit qu'elle aime son boulot. 
Ce qui devait être un travail saisonnier pour l'été se prolonge, elle a décidé de rester plus longtemps. Tu m'étonnes, si je commençais à travailler dans un parc national, je ne crois pas que j'aurais envie de retourner à la vie normale. En plus en ayant tous les jours l'occasion de voir des lions de mer. Elle me montrait où regarder, elle avait l’œil, ici un lion de mer en train de sortir de l'eau, là un autre qui allaitait, ailleurs une femelle prête à mettre bas, plus loin deux mâles en train de se battre... Il y a une vie incroyable, où que l'on regarde les scènes sont différentes. Il faut dire qu'il y a tellement d'individus ! Il y en a un qui m'a bien fait rire : il revenait de la pêche au large et a débarqué sur la plage après avoir fait du surf ! Il y a de gros rouleaux mais ils ont l'air d'avoir l'habitude. Dès qu'une vague se présente ils plongent et resurgissent tout de suite après. 
Les remous, les courants, rien ne les arrête. L'eau est leur élément. Ils filent là dedans comme un dauphin et le contraste est saisissant avec leur démarche lourde quand ils sont à terre.
La garde m'a dit qu'ils vivaient jusqu'à 25 ans et qu'en général ils partent se nourrir à quelques 70 kilomètres au large pendant 3 jours puis reviennent ici se reposer et digérer pendant 3 autres jours. Pour se sécher ils se roulent dans le sable et s'il vient à faire trop chaud, ils filent dans les dunes se mettre à l'ombre de buissons. Elle m'a raconté aussi que les déchets marins étaient un vrai problème pour eux car les bestioles avalent les sacs plastiques, les prenant pour des poissons, ce qui leur cause un blocage du transit puis la mort, faute de pouvoir s'alimenter. Un autre fléau ce sont les cordages et autres bouts de caoutchouc circulaires. 
Ils s'empêtrent dedans, causant des étranglements et quand ils arrivent à s'en sortir c'est avec de profondes plaies qui s'infectent et causent une lente agonie. Elle m'a demandé de bien garder mes déchets et de ne rien jeter dans la nature. Pas besoin qu'elle se donne ce mal, c'est tout naturel pour moi. Je ne comprends pas comment les gens peuvent jeter des trucs à la mer. Mais j'avais vu une émission, beaucoup de ces pollutions viennent d'autres pays moins sensibilisés où les décharges en plein air pullulent, bien souvent en bord de mer, et dont les vents emportent tout sur leur passage.
Après Seal Bay, j'ai pris la direction du parc national de Flinders Chase où j'ai grignoté un bout à la cafétéria. J'ai aussi discuté avec un couple hollandais qui est parti pour trois mois avec leur jeune fils et on a échangé plein d'infos et de tuyaux. 
Comme ils allaient en Nouvelle-Zélande, je leur ai donné les adresses des loueurs de campervan car la formule les séduit, ils en ont un peu marre de chercher des motels, bien que cela devienne maintenant plus facile. Ils m'ont appris que les vacances scolaires étaient terminées, ce qui explique pourquoi Kangaroo Island est si déserte. L'avantage c'est que je vais pouvoir bien profiter de mes deux dernières semaines en Australie. Enfin, pas si sûr car ils m'ont raconté leur périple en voiture de Sydney à Brisbane. Peu avant Brisbane, ils ont vu les gens qui faisaient demi tour sur l'autoroute alors que c'est interdit. Intrigués, ils ont poursuivi et ont constaté que l'autoroute était sous les flots. Ils ont poursuivi un peu par une autre route et sont restés à un endroit sur la Gold Coast, en dessous Brisbane, où ils sont allés se promener en forêt un jour de pluie puis sont restés enfermés dans leur motel les jours suivants, avant de se décider à retourner dans le sud. 
Ils voulaient monter dans le nord du Queensland mais avec le temps qu'ils avaient alors qu'ils n'en n'étaient qu'à la frontière, ils ont abandonné, se gardant ce périple pour un autre voyage, à faire en juin-juillet mais pas en cette saison. Pour ma part je garde toujours l'espoir, prêt à prendre un avion à la première embellie mais elle ne vient jamais.
J'ai trouvé un fabuleux guide de 1,7 kg au format grand livre, plein de photos d'un photographe australien réputé, se présentant sous forme de fiche par secteur indiquant ce qu'il faut voir. Le guide idéal pour moi : illustré abondamment, ne présentant que les sites naturels, sans aucune référence aux hôtels ou aux restaurants. On peut ainsi choisir d'aller quelque part en fonction d'une photo qui a l'air prometteuse. J'hésite à l'acheter ici car cela va beaucoup m'encombrer et il ne me reste plus que deux semaines. 
D'un autre côté l'achat sur le net puis l’expédition en France coûte le prix du livre. En tout cas je l'ai feuilleté et j'ai un plan B après Sydney qui se dessine. C'est un itinéraire qui était suggéré par mon guide et qui, avec les photos, se révèle être un très bon choix : aller à Melbourne puis louer une voiture pour faire un beau parcours le long de la côté qui mène à Adélaïde, célèbre pour ses hautes falaises et gagner l'arrière pays pour aller visiter le parc national des Grampians. Cela peut se faire en une semaine, c’est le temps dont je disposerai et après il ne me resterait plus qu'à prendre un vol Melbourne-Cairns. A étudier...


Dans le parc Flinders Chase, je me suis rendu en premier à Remarquable Rocks, à 15 kilomètres du centre des visiteurs par une route limitée à 60 à l'heure, célèbre pour ses rochers...remarquables, polis par les vents, aux couleurs orangées qui forment de vraies sculptures. Le site est en revanche très dangereux car situé en haut d'une falaise et des vents violents balayent la zone, ce qui rend la promenade délicate. Bien souvent j'ai été obligé d'avancer le dos plaqué aux rochers ; si je m'exposais au vent je m'envolais littéralement. C'est impressionnant, je n'avais jamais encore vu une telle puissance. Des panneaux indiquent aussi des risques de vagues qui peuvent venir tout balayer et la présence d'algues qui par temps humide peuvent faire déraper et précipiter notre chute vers une mort certaine. C’est pour cela que la partie des rochers la plus près de l'océan est interdite à la visite. Rien n'empêche toutefois d'y aller et les familles sont tenues de surveiller leurs enfants de près.
Non loin de Remarquable Rocks se trouve Admirals Arch et sa colonie de phoques à fourrure de Nouvelle-Zélande. Rien à voir avec ceux de Seal Bay, ceux là ne sont que des phoques, gris et identiques à ceux que j'avais vus auparavant. Normal, ce sont les mêmes comme leur nom l'indique ! Ils sont tous regroupés dans le même secteur, au bout d'une pointe aux lames impressionnantes qui viennent parfois déloger des phoques en train de faire la sieste et qui se retrouvent subitement à l'eau. Quand ça arrive c'est la panique, ils se mettent à pousser des cris, ça s'agite mais il n'y a pas de pertes à déplorer. Ils arrivent rapidement à regagner les rochers. C'est étudié pour. Je les regardais aller et venir dans l'eau. Je ne sais pas comment ils font pour ne pas être déchiquetés par les vagues et pour pouvoir poser la première patte sur un rocher. 
Les abords sont noyés dans une écume et des remous qui provoqueraient la noyade de quiconque, eux sortent de là comme on sortirait d'un lagon. Il y en a même qui s'y amusent, faisant des figures, nageant sur le côté ou encore faisant le poirier, laissant émergé quelques instants leurs deux pattes arrière en forme de palmier. C'est un spectacle dont on ne se lasse pas, j'y suis resté des heures.
On y trouve aussi des bébés, patauds, des espèces de peluches qui s'amusent à taquiner tous les individus qui dorment autour et qui finissent pas les chasser en leur soufflant dessus. Il y en a d'autres qui se grattent avec leurs pattes palmées. Une fois qu'on a commencé à les regarder, on n'arrête plus de rigoler. Pour voir tout ça il faut tout de même se farcir leur odeur acre qui prend à la gorge et qu'on sent des lieues à la ronde. Comment se fait ils qu'ils puent autant alors qu'ils sont tout le temps dans l'eau ?
Je voulais explorer les plages du nord de l'île mais elles ne sont accessibles que par des pistes interminables et j'en ai un peu marre de conduire là dessus avec l'angoisse permanente de la crevaison. Et puis avec le vent de fou qu'il y a et des températures automnales, ça ne donne pas très envie d'aller voir une plage sans pouvoir s'y baigner. En plus avec cet épisode des phoques, il était déjà 17 heures et donc le temps de rentrer. Lorsque je regarde la carte de Kangaroo Island, je trouve que sa forme rappelle Menorca. J'ai l'impression de lire la carte que je regardais il y a encore quelques mois.
J'ai passé la soirée à Kingscote, que j'ai surnommée Biscotte (je donne toujours des surnoms à la con comme Vivonne Bay que j'ai rébaptisée Vovonne Bay). 
C'est le plus grand village de l'île et j'ai bien mangé à l'hôtel Aurora, dans une salle toute en baie vitrée face à la mer. Le temps a encore empiré et la pluie s'est mise à tomber. J'ai regagné la voiture en courant, ne parvenant même pas à fermer la portière derrière moi. Alors que je cherchais un endroit en sortant de la ville où me garer pour dormir dans la voiture (impossible de dormir dehors par un vent pareil), j'ai trouvé une piste qui mène à North Cape. Tout de suite après un stade se trouvait un bosquet dans lequel on ne sentait plus le vent. Finalement j'ai pu planter la tente là et passer une bonne nuit, couvert chaudement tout de même.




dimanche 29 janvier 2012

Kangaroo Island


Pennington Bay
Aujourd'hui mon objectif était de rencontrer un koala. Objectif réussi ! Je suis venu tout spécialement pour le voir. Il y a aussi plein de kangourous, d'où le nom de l'île, mais ils m'intéressent moins par rapport au koala que je n'ai pas encore réussi à voir.
Auparavant, j'ai pris ce matin la route vers l'ouest de l'île, sans savoir vraiment où aller. Il y a des attractions phare situées dans des parcs nationaux mais c'est à l'autre bout et j'ai tout le temps, contrairement aux excursions qui viennent ici pour la journée depuis Adélaïde. Une folie vu le temps pour venir et rentrer, plus le bateau et la traversée de l'île de plus de 150 kilomètres. Cela devrait être interdit, ce n'est pas comme ça qu'on soigne le réchauffement climatique. Bon, je suis mal placé pour donner des leçons, avec mon tour du monde je sais que j'ai explosé les quotas. Un aller/retour Paris-Los Angeles rejète autant de CO2 qu'une année de voiture. Mais bon il y a un moment où il faut bien faire des sacrifices, sinon on ne sort plus de chez soi. Et puis que je prenne l'avion ou non, il continue à voler, avec ou sans moi. C'est ce que je me dis pour me donner bonne conscience.
[NDLR : J'ai dû interrompre la rédaction de ce blog presque une demie heure depuis la ligne précédente, pour cause de kangourous dans les prés autour de ma tente. Sales bêtes pour qui l'appel de l'appareil photo est plus fort ! Du coup je suis tout déconcentré... Je continuerai demain matin, je ne sais plus ce que je voulais dire...]
Non loin de Penneshaw se trouve une piste sur la gauche indiquée Pennington Bay qui aboutit rapidement sur une superbe baie ourlée de rouleaux. Sur le parking il y avait quelques voitures et des picks-ups de surfeurs, ayant laissé la housse à même le sol, portières de voiture ouvertes et clefs sur le contact. C'est ainsi que ça se passe sur Kangaroo. Mon guide disait : « The island belongs to another age - a folksy, friendly, less sophisticated time when you'd leave your car unlocked and knew everyone by name ». Bien vu, ce n'est pas une de ces formules pour attirer le touriste. 
Une pensée pour Pau...
Où que j'aille j'ai de larges sourires, des gens aimables qui plaisantent avec moi, des vendeurs qui me demandent comment je vais et me souhaitent « a lovely day », des conducteurs de pick-ups détendus qui me font un petit signe de la main quand je les croise, une voiture qui s'est arrêtée alors que je croyais avoir crevé sur une piste (j'y reviendrai)... Bref on se sent chez soi, ça change de l'ambiance mélanésienne et je me demande pourquoi je ne suis pas venu en Australie avant. Ça donne envie de venir tous les hivers pour fuir la grisaille et la morosité. Je crois d'ailleurs que je ne vais pas tarder à revenir rapidement en Australie. J'ai découvert un pays immense et merveilleux très nature et avec tellement de choses différentes à voir. Pour l'instant si je ne devais pas rentrer, c'est en Australie que je resterais. Ce n'est pas si isolé du monde qu'on veut bien nous le faire croire. Le Pacifique est à quelques heures de vol, tout comme l'Asie, l'Océan Indien et même l'Amérique. Il y a moyen de voyager ailleurs sans aller à l'autre bout de la Terre. J'écrivais au début de mon voyage que je cherchais s'il y avait un endroit où la vie serait plus douce. Peut être que cet endroit c'est l'Australie... 


Je suis resté quelques heures sur la plage, le temps de batifoler plusieurs fois dans les vagues, de faire un château de sable et de m'imprégner du paysage. Il faut faire attention car la baignade est dangereuse, je sentais de forts courants me tirer les jambes vers le large et alors que j'étais désarçonné par une vague, j'ai été entraîné au loin ayant du mal à arrêter la course avec les pieds. Et pourtant j'avais de l'eau au nombril. Juste à côté de la plage se trouve ce qui ressemble à une haute colline que l'on peut gravir et qui est en fait une vieille dune de sable consolidée par toute la végétation qui y a pris racine. L'endroit se nomme Prospect Hill, baptisé ainsi par Matthew Flinders qui s'y est rendu en 1802, et permet d'avoir une vue à 360 degrés sur une très grande partie de l'île. C'était un explorateur britannique dont on retrouve le nom à de nombreux endroits : un parc national sur Kangaroo Island, le nom d'une île en Tasmanie... 
L'histoire géologique de l'île remonte quant à elle à quelques 550 millions d'années et a connu entre temps une période de glaciation, au cours de laquelle l’Australie était toute proche du pôle, formant des rochers polis par les glaciers que l'on peut voir un peu partout. La configuration actuelle de l'île remonte seulement 17000 ans en arrière.
Il y a un autre endroit à voir sur la côte nord, Emu Bay pour sa belle et longue plage bien abritée avec une dune dans son dos sur laquelle quelques maisons bien dissimulées ont pris pied. Pas de vague à attendre de ce côté là. A la place, des couleurs de lagon et une irrépressible envie d'aller se baigner. Je n'étais pas le seul à en avoir eu l'idée, quelques voitures étaient sur la plage (comme en Nouvelle-Zélande, les plages sont ouvertes à la circulation). Pendant que je me baignais, une jeune fille pas très loin s'est mise à me parler me faisant de grands signes pour que je regarde au large. 
Lac de sel
Je n'ai pas saisi ce qu'elle voulait me dire. Quoi, une méduse géante ? Eh bien non, à la place j'ai eu droit à un dauphin qui patrouillait à 10 mètres de moi ! J'entendais sa respiration chaque fois qu'il remontait à la surface pour reprendre son souffle. Si j'avais eu un masque, j'aurais pu le voir sous l'eau. Il faudra absolument que je pense à en acheter un sur Sydney avant de reprendre le cours de mes activités tropicales.
Après la baignade avec un dauphin et un pique nique à l'ombre des pins et des eucalyptus accompagné du chant des cigales, j'ai repris la route direction Seal Bay, endroit stratégique où des phoques et des lions de mer ont pris possession de la plage. Pour le coup ils en ont fait une aire protégée qui ressemble plus à un parc d'attraction car il faut payer un droit d'entrée, tout étant barricadé. Une chose que je reproche à l’Australie c'est la marchandisation de leurs sites naturels. Ça gâche un peu le plaisir. 

Emu Bay

Un peu avant j'ai trouvé une piste fléchée vers D'Estrees Bay, d'une taille importante sur la carte et dotée de trois campings et de nombreuses criques. Comme il n'était pas si tard que cela, les mammifères marins attendront, d'autant plus que je pense qu'ils doivent être plus vivaces en fin de journée quand il fait moins chaud. On se demande ce que foutent des phoques dehors par 40 à l'ombre ! La piste jusqu'à la baie fait plus de 20 kilomètres de long. Tout le long il n'y a que des eucalyptus et une terre rouge très poussiéreuse. Je guettais les branches à la recherche d'un koala. Cela devient vite très fatiguant de voir défiler des troncs et des branches sans fin et surtout c'est assez dangereux avec la piste que je quittais un peu régulièrement. J'ai donc abandonné la partie, reportant la recherche pour quand je serai dans le parc National de Flinders Chase qui doit en regorger, vu que c'est un parc national. 
Juste au moment où j'avais abandonné, j'ai distingué une silhouette floue dans mon champ de vision au moment où je passais sous une branche. J'ai levé les yeux et là j'ai vu une petite boule grise installée dans la fourche. J'ai pilé instantanément. Et je suis allé voir mon premier koala en liberté !
C'était trop drôle de le voir enroulé autour du tronc. J'ai eu de la chance, ma présence l'a réveillé et il était très intrigué d'avoir de la visite. Il n’arrêtait pas de me fixer du regard. Quand je passais de l'autre côté, il levait la tête par dessus la branche pour continuer à me voir. Bouger la tête c'est tout ce qu'il sait faire. On ne peut pas dire que ce soit une bestiole très agitée. Pour avoir une photo floue de l'animal, il faut y mettre beaucoup de mauvaise volonté ! Un koala ça a une grosse tête large avec des oreilles surdimensionnées et très poilues que les rayons du soleil auréolaient comme une apparition divine ! Ça a aussi des pieds comme un singe. Depuis le temps que j'en cherchais un de koala, je l'ai eu. Je l'ai photographié sous toutes les coutures. Vu sa vivacité, c'est à se demander comment il est arrivé là haut. En tout cas je comprends mieux pourquoi il n'existe pas de panneau indiquant une traversée imminente de koalas ! Je recherchais un de ces panneaux de signalisation comiques pour compléter ma collection, il faudra que je fasse sans la famille koala.
En continuant la route vers la baie, le chemin s’est fait de plus en plus difficile, il y avait des ces empreintes qui font comme si des chenilles de char d'assaut étaient passées par là. Plein de petites bosses comme des vaguelettes. J'ai réduit la vitesse et je comprendrai plus tard que je n’aurais pas dû. La faible vitesse amplifie le phénomène et au son que faisait la voiture, j'ai cru nettement qu'un pneu avait éclaté. Je me suis arrêté vérifier chacune des roues, la boule au ventre. Au même moment est arrivée une voiture derrière moi qui s'est arrêtée pour me venir en aide. Heureusement je n'avais pas crevé et j'ai fait signe que tout allait bien. J'ai continué à vitesse d'escargot jusqu'à la baie, pour rien car il n'y a rien à voir, que des rochers et des algues. Pour les criques, il faut encore 10 autres kilomètres. Ma patience ayant des limites, j'ai fait demi tour, en allant cette fois plus vite et j'ai alors compris qu'en roulant vite on ne sent pas ces bosses qui font comme des coups de mitraillette, les roues n'ont pas le temps de les sentir. 
En revanche, sorti de là j'avais la voiture dans un des ces états ! Comme je suis toujours avec une location Europcar (ils ont des tarifs imbattables avec le code donné par les auberges de jeunesse), les conditions de location n'ont pas changé et j'ai donc dû la nettoyer une fois rendu sur la route, la poussière rouge s'étant incrustée partout, même dans les joints de portière et surtout là où c'est impossible à nettoyer.
Quand je suis arrivé à Seal Bay, c'était trop tard, ils fermaient 20 minutes plus tard à 17 heures. Quelle idée ! Alors que le soleil se couche à 20h30, c’est bien tôt. Ils m'ont demandé de revenir demain. Je ne sais pas si je reviendrai, des lions de mer j'en ai déjà vus. A la place je me suis dirigé vers Vivonne Bay, dernier village où je pourrais me rassasier et dormir car il dispose d'un terrain de camping. 
Il peut toujours rêver pour rentrer dans la poche!
Sauf que je n'ai pas trouvé le dit terrain, c'était encore une piste cabossée sans fin pour y parvenir. Par contre sur le chemin j'ai trouvé un terrain de golf artisanal aux prairies brûlées par le soleil. C'est là que j'ai mis la tente, derrière un fourré, parmi les kangourous qui sont tous venus en famille manger par là à la tombée de la nuit. Vivonne Bay ne mérite pas de figurer comme un point sur la carte, je n'ai jamais vu un village comme ça. C'est un general store qui fait tout : essence, restauration, librairie, point de retrait d'argent... Il n'y a rien d'autre ! Et la cuisine fermant à 18h30, j'ai pris le dîner à 6 heures du soir. A 7 heures ils avaient fermé boutique ! Je suis vraiment tombé dans un truc de bout du monde. C’est ce que j'aime, il y avait d'autres personnes comme moi, des routards, avec des voitures poussiéreuses bien chargées, des campervans, pas mal de français curieusement. Peut être des gens qui viennent visiter en indépendant comme je le fais. Les bus à la journée c'est pour les japonais, j'en ai vu plein qui jacassaient comme des pies et qui sont partis avec le soleil...


samedi 28 janvier 2012

En route pour Adelaïde


7 Miles Beach, où j'ai dormi dans les pins...
L'avion c'est magique...quand ça vole ! Ce matin, annonce du commandement de bord dans ce Boing 737 qui semble sur-dimensionné pour 1 heure de vol : il y a un problème électrique et ils regardent comment ils peuvent le résoudre. Rien de bien rassurant tout ça. 20 minutes plus tard, nouvelle annonce : c'est plus grave que pensé, ils ne sont pas arrivés à régler le dysfonctionnement, du coup ils doivent appeler un ingénieur de Melbourne qui va prendre un avion pour venir voir ce qui se passe en Tasmanie. On est tous invités à descendre de l'appareil car cela risque de prendre du temps. Tu m'étonnes, un samedi matin à 6 heures, le temps que le type sorte du lit, s'habille, aille à l'aéroport et prenne l'avion pour Hobart, on n'est pas sorti de l'auberge ! Je suis donc allé demander à Virgin quels étaient leurs vols pour Adelaïde. Il y en a un qui part dans la matinée. Auparavant je dois faire la queue devant tous les autres mécontents qui sont arrivés en salle d'enregistrement car je veux savoir si Qantas va me rembourser et me rendre la tente qui est dans la soute. Finalement Qantas m'a positionné sur le prochain vol Melbourne-Adelaïde, sauf qu'on n'est toujours pas parti d'Hobart.
3 heures plus tard, ils ont fini par réparer l'avion et on a pu enfin décoller. Cela ne m'affectait même pas. Je suis zen et j'ai le luxe d'avoir le temps pour moi. En temps normal, si cela m'était arrivé un week-end j'aurais été vert de rage. 3 heures dans plus de 200 jours, qu'est ce que c'est ? Dans l'avion j'évitais de trop cogiter, quand je les voyais essayer les volets des ailes pour voir si ça répondait. On ne sait jamais le type a peut être réparé avec un truc du style un morceau de chewing-gum qui pourrait bien lâcher à la première turbulence en plein vol. Car le Boeing a bien vécu. Il y a des traces d'usure partout, y compris sur les écrans qui sortent du plafond et les hôtesses aussi ont bien vécu. Je préfère le matériel flambant neuf de Virgin Australia. Mais si je vous écris c’est que je suis vivant !
Pendant le vol, je regardais la Tasmanie s'éloigner et j'avais le bourdon. Certains disent que c'est le plus bel état de l’Australie, je n'ai pas trop vu les autres mais en tout cas je pense que c'est le plus diversifié en terme de paysages.
Et j'ai eu une incroyable aventure où je me sentais l'âme d'un explorateur, plus encore qu'en Nouvelle-Zélande. L'île est encore mieux que je le pensais. Je songeais aussi à tous ces animaux que j'ai vus, avec lesquels j'ai ressenti quelque chose et qui sont restés là bas, derrière moi, vivant leur vie. Comme j'avais le cœur gros j'ai acheté deux beaux livres pour emporter avec moi un coin de la Tasmanie. Le regret que j'ai également c'est d'avoir tout fait en coup de vent pour en voir le maximum. J'aurai réussi à en faire le tour mais sans temps mort pour souffler et profiter. Je pense que pour y aller tranquillement il faut y consacrer 3 semaines.
Adelaïde (prononcez Ade-leille), est une ville tentaculaire qu'il m'aura fallu plus d'une heure pour m'en extraire, le long d'une voie censée être express limitée à 60 à l'heure et avec des feux tous les 500 mètres. Je comptais visiter un peu la ville mais entre le retard de l'avion et les conditions de circulation, cap direct sur Cap Jervis, point de départ pour le ferry de Kangaroo Island, à 91 kilomètres d'Adelaïde (prévoir deux heures de route). 
Dès qu'on sort de l'agglomération j'ai été étonné par les paysages, de prés brûlés par le soleil avec des oliveraies et des vignes. Un côté très méditerranéen conformément à ce qu'il en est dépeint. En plus avec la lumière qu'il y a et la chaleur, on s'y croirait vraiment. Je ne sais pas quelle température il fait mais facile plus de 30 degrés, dès qu'on met un pied dehors on a l'impression d'ouvrir la porte du four. J'avais la climatisation à fond et pourtant j'avais le bras droit qui cuisait.
En arrivant pour le ferry, l'impression se renforce, j'avais comme le sentiment de prendre un bateau pour les îles grecques. Comme pour Bruny Island, je suis arrivé juste un quart d'heure avant le prochain départ de 16 heures. La traversée avec une voiture n'est pas donnée. Au guichet elle m'a demandé où je logeais, mon numéro de téléphone, tous ces trucs pour être suivi à la trace. 
Arrivée sur Kangaroo Island. Le bonheur!
Comme j'ai dit que je ne savais pas encore, que j'allais camper, elle m'a forcé à acheter un package avec une nuit de camping pour ce soir dans un holiday park, un truc de « great value », censé me faire payer moins cher que si je ne réservais pas de nuit sur place. Vue l'heure tardive et le fait que je n'ai pas eu de douche depuis 11 jours, je me suis laissé convaincre. Avec mes toilettes de chat dans des lavabos de toilettes publiques où il ne coulait le plus souvent qu'un filet d'eau, m'obligeant à m'asperger avec un flacon vide de savon de 100 ml qu'il me restait, une bonne douche ne serait pas du luxe. Elle a rajouté que je n'étais pas obligé de rester dans le camping si ça ne me plaisait pas et que je pourrais malgré tout prendre une douche. Un message caché ? Je trimbale un sillage ? Pourtant je vérifie bien de ce côté là, je ne sens pas. Enfin, il me semble... En tout cas, calcul fait après coup, le truc de « great value », c'était pour elle, pour sa commission, car j'ai payé plus cher que les prestations prises séparément. 
A 200 euros la traversée de 45 minutes, plus la location de voiture et le billet pas donné pour Adelaïde, ça explique pourquoi le bateau est vide à 95%. Et ce sont les vacances scolaires. Mais ce n'est pas plus mal, j'aurai plus de bêtes pour moi tout seul. Car rappelons le, je vais à Kangaroo Island pour un safari animalier.
En arrivant j'ai été très surpris, je ne m'attendais pas à ce que ce soit si joli. L'île qui fait malgré tout 155 kilomètres de long mais ne compte que 4600 habitants, est entourée de belles plages de sable fin, de collines et d'eau turquoise. J'ai immédiatement été transposé sur une île grecque. Il ne manquait plus qu'une chapelle blanche avec un dôme bleu et j'y étais ! Monument que je n'ai du reste pas tardé à trouver, un peu similaire, au bout de la plage. Du coup comme tout cela invitait à la baignade, j'ai planté la tente et pris direct la direction de la plage, ne résistant pas à l'envie de tâter l'eau. Et elle est bonne, comme en Méditerranée l'été ! 
Je m'y croirais et je regrette déjà de ne rester là que 3 jours. Il y a une ambiance et une décontraction sans précédent. On se sent porté, flottant au dessus du monde et de ses tracas. Je voulais des doigts de pied en éventail, je les ai ! J'ai pris deux bains, y restant longtemps à chaque fois. Pas de méduse en plus. La compagnie des bateaux m'a remis un guide avec tout ce qu'il y a à voir sur l'île et les photos font envie : des plages désertes aux eaux couleur lagon. Moi qui pensais ne trouver que des animaux. Du coup mon safari va être amputé par de nombreuses poses baignade, je ne peux pas passer à côté de ça. Il n'y a que l'été de vrai, c'est la saison qui me convient le mieux. Se baigner un 28 janvier dans des paysages grecs, que demander de mieux ! Pourquoi aller au Queensland où il fait moins chaud et un temps pourri ?
Cet air d'île grec s'est encore renforcé en fin d'après midi, quand un vent fort, chaud et sec s'est mis à souffler venant du nord est, du continent, comme le meltémi. Du coup ce soir je suis allé me coucher plus tard que d'habitude, bien que levé très tôt ce matin, goûtant à une bière en terrasse face au coucher de soleil. Il y a de ces moments dont on ne peut s'extraire....

vendredi 27 janvier 2012

Tasman Peninsula


La péninsule Tasman est seulement à quelques dizaines de kilomètres d'Hobart. L'accès est donc facile et assez fréquenté. Mais les gens y vont tous pour voir Port Arthur, une espèce de ruine de prison qui attire des bus entiers venus de tout le pays. J'y ai fait un saut, j'ai vu de loin des façades, des gens qui marchaient autour au milieu d'un gazon bien tondu et je suis reparti. Des ruines quoi ! Je suis bien plus intéressé par les curiosités naturelles que pour voir des tas de cailloux censés raconter une histoire.
Quand on arrive sur la péninsule, on ne réalise pas vraiment. On circule autour de champs à vaches aux herbes folles jaunies avec des bras de mer qui passent de temps en temps. Une certaine idée de la Bretagne, le temps en mieux. Les choses deviennent plus intéressantes dès que l'on arrive à Eagleye Neck, un goulot d'étranglement qui dessine une belle baie, Pirates Bay, cerclée de forêts d'eucalyptus que l'on traverse après des panneaux indiquant des traversées de diables de Tasmanie. 
La côte au delà devient très escarpée et modelée par de hautes falaises qui atteignent 200 mètres, les plus hautes d’Australie. Pour aller admirer cet endroit, il en coûte 5 heures de randonnée. Comme je n'avais pas le courage - je crois que ma randonnée au lac Saint Clair a annihilé toute ma volonté - je me suis contenté de deux curiosités que l'on rejoint en 10 minutes de marche, Tasmans Arch, un trou dans la falaise, bien clôturé pour qu'on ne tombe pas dedans, relié à la mer par une trouée qui forme une arche ; et Devil's kitchen, une faille dans laquelle pénètrent les vagues avec fougue et écume. Devil's kitchen est plus impressionnant, quand on se penche en avant on ne peut qu'avoir le vertige. Ces deux endroits ont la même origine : des grottes marines, qui se sont élargies. L’érosion progressant, le travail de sape a provoqué la chute d'une partie du toit de la grotte pour Tasmans Arch, tandis que pour Devil's kitchen, tout le plafond s'est effondré. 
Le phénomène remonte à l'âge du Permien, c'est à dire il y a très longtemps. La côte à partir de Tasmans Arch est incluse dans le Tasman National Park. On peut explorer plus loin, soit par la randonnée de plusieurs heures, soit au moyen d'un bateau des nombreuses excursions proposées au départ de Pirates Bay.
En continuant la route en direction de Port Arthur, je suis passé devant un centre d'observation de diables de Tasmanie avec en photo de devanture un adorable bébé galopant dans les prés pour attirer le chaland. J'ai tracé ma route, je ne suis pas fan des zoos où tout est servi sur un plateau d'argent sans que l'on ait besoin de chercher par soi même. Je préfère prendre le temps de débusquer les bestioles ou de tomber dessus nez à nez par le plus grand des hasards. D'un autre côté c'est mon dernier jour en Tasmanie et ce serait bête de manquer cette ultime occasion d'en voir un, puisqu'il est très rare d'en voir dans la nature. Du coup j'ai fait demi tour.
Le zoo se veut un non zoo et en ce sens il a bien réussi son pari. Il n'y a pas que des diables de Tasmanie, on y rencontre aussi des kangourous, des écureuils mouchetés qui dorment en tas au creux d'un tronc mort, des espèces de loirs, des wallabys... Tout est contenu au sein d'un grand domaine à cheval entre prairies et forêts, en bordure d'un bras de mer. En fait le concept c'est que les animaux sont en liberté dans ces espaces et on pénètre à l'intérieur par un sas qui évite aux animaux de s'échapper. Il n'y a que les diables qui sont contenus dans un espace cerclé de murets de pierre. Et il vaut mieux car la bête n'a rien d'un ange ! On peut le voir de plus près dans un autre enclos où l'on pénètre dans une bulle dans laquelle on peut se tenir debout, par un tunnel souterrain où l'on rampe à quatre pattes et qui mène au centre de leur réserve. L'entrée est désignée par un ironique panneau « Enter at your own peril ». 
Quand j'y ai pénétré, je me suis retrouvé nez nez avec le diable, mais il roupillait ! J'avais beau taper sur la vitre en plexiglas de ma bulle, ça le laissait de marbre. Je l'ai donc laissé à la sieste pour retourner à l'autre enclos où c'était l'heure du feeding.
Il y avait trois diables, un plus gros et deux jeunots qui passaient leur temps à se pourchasser à vive allure, ventre à terre en grognant. Ce n'est pas commode comme bestiole, ça montre les dents le plus souvent, ça bave, ça ne supporte rien et c'est très trapu, leur donnant un air pataud qui arrive à les rendre aimables. Quand le garde est arrivé avec une boîte en polystyrène, ils sont devenus hystériques. Le diable de Tasmanie est un marsupial carnivore de la taille d'un caniche, comme ce que j'avais crû apercevoir, qui vivait auparavant dans toute l'Australie et qui ne survit plus qu'en Tasmanie, comme son nom l'indique. 
Il est en voie de disparition, d'autant plus qu'il est victime depuis quelques années d'une tumeur cancéreuse de la face, transmissible par contact (entre eux j'espère) qui a décimé 60% de la population. Les scientifiques du monde entier se penchent sur la question pour savoir quel est l'agent qui provoque ces cancers et réfléchissant au moyen de les soigner. Le diable ne vit que 5 ans alors que les kangourous vont jusqu'à 15 ans, ce qui est très peu. La gestation ne dure que 19 jours et la femelle peut mettre bas 24 embryons en même temps mais seuls les 4 plus rapides survivront car dans leur poche il n'y a de la place que pour 4. Sans doute une sélection naturelle pour être sûr d'avoir à la fin des petits bien vigoureux. Les bébés restent ensuite dans la poche 8 mois, ce qui fait beaucoup dans une vie de diable !
Quand le garde à ouvert la boîte il nous a toute de suite prévenu qu'après cela on ne les trouverait plus jamais mignons. Il en a extrait une cuisse de kangourou, pauvre bestiole sacrifiée pour nourrir des monstres minuscules à côté. Les diables faisaient des bonds pour essayer de saisir le cuissot en grognant de plus belle. Au moment où le garde a tout lâché, ils se sont jetés dessus dans une frénésie folle, comme des piranhas dans un film d'horreur. Ils étaient tous les trois à tirer dessus, voulant garder le morceau entier pour eux-mêmes, dépeçant les chairs à la force de leurs mâchoires, en tirant dessus. L'un d'entre eux a même réussi en tirant à scalper la peau de la bête et s'est régalé en l'engloutissant, fourrure comprise. Ils ne font pas de chichis et bouffent tout, que ça soit roulé dans la terre, traîné, souillé, ils s'en moquent. Un autre avait réussi à garder la meilleure partie du jambon et a tout mangé, brisant les os à la force de ses dents que l'on entendait craquer. 
Ils n'ont rien laissé, après même pas dix minutes il ne restait plus une miette, que des gros ventres bien repus. En fait le diable de Tasmanie est un charognard mais je n'aimerais pas me retrouver nez à nez avec dans la nature, il a l'air d'avoir un appétit très vorace.
A côté, les kangourous sont bien plus paisibles, avec leur faux air de chameau, on dirait qu'il sourient tout le temps. Sans doute habitués à ce que les gens s'en approchent, j'ai pu venir au contact de l'un d'entre eux sans que ça le gêne le moins du monde. Pourtant s'il avait voulu, il aurait pu m'en coller une aisément, avec ses pattes avant garnies de griffes très acérées. Je l'ai caressé entre les oreilles, ça a la fourrure rêche comme un paillasson ! Et je ne saurais dire s'il a apprécié ou non. 
Il y avait aussi un couple allongé à l'ombre avec un petit devenu trop grand pour rester dans sa poche, qui faisait des contorsions pour y rester, tout panards dehors. Je suis resté plus de deux heures dans le zoo mais pendant ce temps l'heure tournait et j'avais encore le tour de la péninsule à poursuivre. Je n'étais pas venu pour voir des bestiaux.
Aussi le déjeuner s'est résumé à un vague arrêt dans une aire de jeu pour mômes pendant que je m'agaçais à devoir perdre du temps à manger. Avant je le faisais dans la voiture, tout en conduisant mais j'ai lu les conditions générales de location et il y a tout un chapitre illustré avec ce qui est acceptable de ce qui ne l'est pas et apparemment rien n'a l'air acceptable. En gros il faut rendre le véhicule dans l'état où on l'a eu ! Dure tâche sachant qu'il était quasiment neuf. Seulement, 1800 kilomètres plus tard, avec la Western Explorer et 10 jours à vivre dedans, l'état laisse à désirer. 
Il a donc fallu que je la nettoie un peu, à l'aide d'essuie-mains en papier pris dans les toilettes publiques et d'un peu d'eau que j'avais remplie dans un bidon. J'y ai passé plus d'une heure pour effacer toute trace de poussière car à la lecture du contrat il est également stipulé qu'on n'a pas le droit de conduire sur des chemins non goudronnés. Et comme la Tasmanie est pleine de ces pistes, à mon avis c'est la première chose qu'ils vérifieront.
Mon arrêt d'après c'était White Beach, qui vaut bien son nom, protégée au fond d'une crique, à l'abri du vent et donc très peuplée de familles, d'autant plus qu'on est samedi. J'y suis juste resté le temps d'une photo. Ensuite, à Port Arthur j'ai voulu monter en haut d'un point de vie mais il était fermé. Je suis donc retourné à Pirates Bay, espérant avoir une heure de répit sur la plage avant de rentrer, car il était déjà près de 17 heures. 
J'ai des journées bien remplies, debout entre 5 et 6 heures, coucher après 21 heures, en n'arrêtant pas de crapahuter entre les deux. A force une certaine fatigue s'installe mais qui s'éclipse devant l'excitation de la découverte. A Pirates Bay, le vent soufflait de côté mais j''ai quand même pu faire une petite sieste d'une demi heure avant d'être réveillé par le froid. J'ai donc quitté la péninsule pour me rapprocher de l'aéroport.
Juste à côté de l'aéroport il y a une belle plage, 7 Miles Beach, bordée de dunes et de pins. J'ai facilement trouvé un endroit où planter la tente, sous les pins. Mais le long de la piste que j'avais emprunté il n'arrêtait pas d'y avoir du passage de pick-ups qui allaient Dieu sait où et qui revenaient ensuite. En plus je devais être juste à côté d'un héliport car cela faisait plus d'une heure qu'un hélicoptère faisait des tours de piste sans jamais vouloir s'en aller. Pire qu'un taon qui tourne en rond ! 
Ça m'a rappelé quand j'avais dormi en Nouvelle-Zélande au sud de Ninety Mile Beach et que j'avais été réveillé par un hélicoptère qui faisait mumuse. Comme je ne voulais pas renouveler l'expérience, je me suis arraché de là, surtout que je disposais de peu de temps pour dormir ce soir. Mon vol demain pour Adelaïde est à 6h05 et je dois être à l'aéroport ¾ d'heure plus tôt, quelle idée ! J'ai donc dû mettre le réveil en route.












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