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mercredi 11 janvier 2012

Kata Tjuta



Hier soir les australiens m'ont posé un lapin. J'ai attendu presque une demie-heure à la réception de leur hôtel mais ils ne sont pas venus. Ce n'est pas grave, j'avais déjà mangé aussi j'ai passé le temps qui s'offrait à moi à regarder un film sur l'ordinateur, depuis la voiture que j'avais garée le long d'une borne de courant d'un site pour caravanes afin d'alimenter l'ordinateur par la fenêtre entrouverte. Il fait si froid dehors que je préfère rester dans la voiture. En parlant de lapins, tous les soirs je manque marcher sur l'un d'eux en allant à la tente. Ça détale tout autour de moi, ne voyant dans l'obscurité que leur pompon blanc. Ce n'est pas très malin d'avoir un pompon blanc qui bouge quand ils se déplacent comme un phare, lançant un signal aux dingos : « mangez-moi, mangez-moi ! ».
Walpa Gorge
Pour ne pas changer, j'ai grelotté la nuit dernière, ne parvenant plus à fermer l’œil à partir de 4 heures du matin. Pourtant j'avais rajouté un T-shirt, j'avais trois couches de vêtements qui m'engonçaient, un truc autour du cou et des chaussettes avec le pantalon rentré dedans afin d'éviter les ponts thermiques. Cela n'aura pas suffit, pas même le fait d'avoir mis le paréo sur la moustiquaire à l'entrée afin d'empêcher l'air de rentrer. Il faut le faire, j'avais moins froid dans le sud de la Nouvelle-Zélande. J'ai donc couru aujourd'hui au petit supermarché du coin où j'avais vu les autres jours un rayon camping et j'ai trouvé un sac de couchage qui tient jusqu'à 10 degrés. C'est parfait !
Quitte à être levé, j'ai décidé d'aller voir le lever du soleil sur Uluru. Car le rocher devient encore plus spectaculaire au lever ou au coucher du soleil, semblant alors s'embraser. La nuit dernière je regardais le ciel et on voyait de belles trouées avec des étoiles ce qui était prometteur. Ce matin c'est un peu plus couvert mais cela devrait quand même le faire. Le parc national ouvrant à 5 heures du matin, je suis resté garé devant la barrière du péage et en ai profité pour roupiller un peu pendant le quart d'heure qu'il me restait avant l'ouverture. Je n'étais pas le seul, il y avait d'autres voitures et des bus qui étaient déjà là. Quand ça a ouvert, le ciel devenait de plus en plus chargé à mesure que je m'avançais du rocher. Bientôt je n'ai plus vu aucune étoile. Quand le jour a commencé à pointer son nez, j'étais déjà arrivé au point de vue dédié aux levers de soleil et c'était complètement bouché, à part tout au bout de l'horizon, vers là où le soleil allait se lever, qui était encore épargné par la nouvelle perturbation qui venait d'arriver. Il y avait donc de l'espoir. Mais pour combien de temps ? 
Je me suis rendu sur un talus, différent de celui où tout le monde était agglutiné. Les gens commençaient à prendre des photos, les flashs perçant l'obscurité comme autant d'éclairs. Je n'ai pas vu le soleil se lever. Un moment l'horizon est devenu tout rose, puis rouge puis violet et après plus rien. Il avait mis trop de temps pour se lever, les nuages ayant continué leur progression laminante. Les gens sont restés là, attendant encore, pour voir. Pour voir quoi ? Mois j'ai détalé comme un lapin, un peu furieux d'avoir manqué ma dernière occasion de pouvoir assister à l'embrasement d'Uluru.
Pour me consoler je me suis rendu au centre des visiteurs qui n'ouvrait qu'à 7 heures. J'ai donc repiqué un somme dans la voiture. De toute manière, je n'ai pas à me forcer, ça vient tout seul. 
Je voulais prendre mon petit déjeuner là bas mais ils n'avaient que du bacon et une espèce de viennoiserie avec de la viande dedans (quel mélange!). Je suis donc retourné me coucher dans la voiture, dépité et pas pressé de me rendre à Kata Tjuta où je disposais de toute la journée pour l'explorer sous un temps couvert. Quand j'ai ouvert un œil, la luminosité était plus forte, la couverture nuageuse moins épaisse et des ombres se dessinaient sur le sol. Plus loin on pouvait voir quelques trouées de ciel bleu. J'ai repris du poil de la bête et ai démarré en trombe. Peut être que cette embellie allait parvenir jusqu'à Kata Tjuta, il ne fallait donc pas traîner.


Kata Tjuta est situé dans le même parc national qu'Uluru mais à plus de 50 kilomètres à l'ouest. C'est un ensemble constitué d'une trentaine de dômes dodus et rouges qui semblent émerger de la savane comme autant de têtes. Kata Tjuta signifie d'ailleurs « beaucoup de têtes » en anangu. On pense qu'il s'agissait à l'origine d'une même montagne, bien plus grande qu'Uluru, qui se serait scindée en plusieurs fragments sous l'effet de l'érosion. C'est le plus ancien massif montagneux au monde qui culmine à 546 mètres, soit 200 de plus qu'Uluru. On le voit dès l'entrée du parc, dessinant un chapelet de dômes au loin, comme les os de la colonne vertébrale.
Je vous ai mis le symbole du parc d'Uluru, dessiné par les Anangu. Ça vous montre déjà un peu en quoi consiste l'art aborigène et l'effet de mosaïque dont je parlais l'autre jour. Le rond rouge au centre symbolise Uluru, veillé par 12 personnes qui gèrent le parc et représentées par 12 sièges qui ressemblent à des fers à cheval. Les rouges sont les 8 sièges des aborigènes, comme on peut le voir avec les traces de pied que l'on voit à l'une des entrées, tandis que les sièges des blancs sont représentés en blanc avec leur traces de passage marquées par des chaussures car ils marchent toujours en chaussure, par opposition aux aborigènes qui marchent toujours pieds nus.
Quand je suis arrivé au premier arrêt de Kata Tjuta, à la gorge de Walpa, il faisait beau et c'est avec une joie non dissimulée que je me suis rendu dans le canyon. Il s'agit en fait d'un passage en épingle à cheveu entre deux dômes, au fond duquel coule un petit ruisseau qui forme par endroits des bassins avec tout un tas d'arbres et d'arbustes, principalement des eucalyptus mais aussi des espèces de saules. Avec ce qu'il a plu les derniers jours, la savane reverdit et on voit de hautes herbes prêtes à fleurir. Cet endroit rafraîchissant baigne dans un silence unique troublé que par les chants d'oiseaux qui gazouillent à n'en plus finir et viennent batifoler dans les flaques d'eau. Je les ai regardés faire. Ils agitent leurs ailes de gauche à droite pour les imprégner d'eau puis après ils s'ébrouent. Vient ensuite la toilette, où ils lèvent une aile après l'autre, en picorant dessous. Les oiseaux d'ici sont très jolis. Ils ont un bec rouge courbé et il me semble en avoir déjà vu en cage. Tout à l'heure en venant, j'ai failli écraser un autre oiseau, tout rouge avec le nombril blanc si j'ose dire, qui fonçait sur la voiture. Heureusement au dernier moment il a bifurqué. Je n'en ai jamais revu un de la sorte.
En bestiole il y a aussi tout un tas de criquets de différentes couleurs et il suffit d'ouvrir un peu l’œil pour en voir des peinturlurés comme une toile aborigène ! Peu avant d'arriver dans le canyon, il y a un panneau de signalisation indiquant la proximité de kangourous. J'ai donc roulé au pas, scrutant dans les herbes folles si je ne voyais pas un truc sautiller, surtout que j'étais l'un des premiers à me rendre ici. Mais je n'ai rien vu. Je suppose qu'ils se sentent libres d'aller où ils veulent et de traverser ailleurs que devant un panneau qui indique qu'ils sont là ! De plus, j'ai lu qu'on a plus de chances de les apercevoir peu après le lever du soleil ou en fin de journée, passant le reste de leur temps à dormir à l'ombre pour se protéger de la chaleur. Oui mais vu qu'il ne fait pas chaud, ils pourraient un peu changer leurs habitudes ! J'espère que j'aurai l'occasion d'en voir ailleurs, il paraît qu'ils pullulent et puis venir en Australie et ne pas en voir, c'est un peu comme être dans un désert sous la pluie...
Je n'ai pu photographier la gorge que dans un sens, l'autre étant complètement à contre jour, le soleil étant pile entre les deux flancs de la montagne. Je me suis promis de revenir en fin d'après midi, une fois que le soleil aura tourné, si jamais il est encore là ! 
Car c'est impossible de prévoir le temps qu'il va faire. Quand je regarde le ciel, je peux voir à un même endroit des nuages venir de la gauche et d'autres de la droite. C'est comme si j'étais à un point névralgique où tout converge. Un jour le vent souffle de l'est, le lendemain de l'ouest.
En continuant quelques kilomètres plus loin, on arrive à Valley of the Winds, qui mérite bien son nom ! Du parking part un sentier qui suit un parcours entre les dômes, enjambant des cols et offrants des panoramas magnifiques sur la savane et les les montagnes. Au niveau des cols souffle un vent terrible qui vaut le nom conféré à cet endroit. Le sentier est fermé à un niveau quand il fait plus de 36 degrés, pour éviter les malaises. Ce n'est pas aujourd'hui qu'il risque d'être fermé mais ce n'est pas plus mal qu'il ne fasse pas si chaud. Il fait suffisamment bon pour être en T-shirt mais pas trop pour ne pas trop transpirer. Le long du sentier on trouve des endroits où l'on peut s'approvisionner en eau. Partout des pancartes nous martèlent au sujet de la déshydratation, qu'il faut boire toutes les 15 minutes et que si on a soif c'est qu'on est déjà déshydraté. Je me demande s'ils n'exagèrent pas un peu trop. 


Il y a plusieurs parcours pour explorer la vallée, le circuit complet fait 7,4 kilomètres, demande 4 heures et est classé niveau 4, difficile, car le sentier est très pentu et il y a des passages d'escalade. Je n'ai rien vu de la sorte à part un sentier de montagne classique. Et j'ai bien mis 4 heures, mais en marchant comme un escargot, m'arrêtant longtemps parfois le temps qu'un nuage soit passé pour prendre une photo ou encore pour observer des oiseaux ou juste pour contempler le paysage.
Je suppose que le niveau et le temps mentionné sont pour décourager les vieux qui débarquent ici en bus organisé, afin d'éviter des évacuations de corps inanimés par hélicoptère ! Pour moi, fingers in the nose, et en plus en tong ! Oui j'ai des tongs, que j'ai achetées à Sydney. 
J'en avais marre des Crocs, qui ne sont pas assez ouvertes quand il fait chaud et laissent une odeur à l'intérieur. Je les ai foutues en l'air. Après 3 mois elles avaient bien vécu. De toute façon j'en ai une autre paire nouvelle que je me trimbale dans le sac de la tente depuis que je suis parti. Ça me déleste un peu. Et puis le modèle de tong que j'ai acheté est très bien, la semelle est renforcée et le dessus rembourré pour amortir les chocs et offrir un meilleur confort. De plus c'est du tissu qui passe entre les orteils au lieu du traditionnel morceau de plastique qui blesse les pieds quand on marche. Une tong de randonnée et de luxe en quelque sorte. C'est Quicksilver qui fait ça, modèle griffé « Kelly Slater » s'il vous plaît !
La marche dans la vallée est un pur bonheur. On est dans un jardin d’Éden, plein de senteurs et de chants d'oiseaux différents. Ce n’est pas si aride que cela, c'est plein de petits étangs, la végétation est assez dense. J'ai été accompagné tout le long de la marche par cette odeur que j'attribue à un mélange de pierres chaudes et de saules. La même odeur que celle que j'ai plaisir à sentir en Crète quand je fais de la randonnée. Le paysage n’est d'ailleurs pas si différent que cela. Ça me rappelle un peu les gorges d'Aradena, avec leurs roches rouge, en plus spectaculaire ici. Et quel spectacle ! Tout comme à Uluru, chaque pas dévoile un nouveau paysage. A certains endroits on a des panoramas époustouflants sur la savane. On s'attendrait à voir un lion à l'ombre d'un arbre aux feuilles miniatures et dont les branches forment une ombrelle. 
On se croirait en Afrique, au Kenya, selon l'idée que j'en ai. J'ai la chance d'avoir pu voir ça sous le soleil. Pour un temps. Car vers 13 heures une nouvelle dépression est arrivée, nappe de nuage grise qui a éteint toutes les couleurs, peu avant que je termine la randonnée. Il y a dépression sur dépression dans ce pays, si ça continue ça va être mon tour d'en faire une ! En tout cas pas aujourd'hui, avec l'éclaircie que j'ai eue j'ai pu voir ce que je voulais et prendre des photos à loisir. Je suis rassasié pour la journée. Le ventre moins, car avec l'histoire du lever de soleil raté, j'ai quitté le camp avant que le supermarché n'ouvre, ce qui fait que j'ai eu un déjeuner à base de restes : chips, barre aux céréales et pain d'épices. C'est toujours mieux que rien. 


Tandis que je mangeais sur une aire de pique nique du parking, j'observais les gens qui arrivaient. C’est fou le nombre de français qu'il peut y avoir. En marchant c'était pareil, à un moment je n'y faisais même plus attention, j''ai même cru que j'étais en France, jusqu'à ce que je réalise que j'étais bien en Australie. Ça me gâche un peu le plaisir d'être si loin et d’entendre parler français. Pourquoi aiment ils autant l'Australie ? Je ne les avais quasiment jamais croisés auparavant. Quand je les croise je leur parle en anglais, je préfère. Et quand je suis d'humeur plus disposée comme à l'auberge à Sydney, quand ils commencent à me parler en anglais je leur répond en français. Mais pas ici. Dans un parc naturel, dans un désert, au centre de l'Australie, je veux sentir son cœur battre et non entendre parler français ! 
Je dirais qu'en proportion de touristes, ils arrivent juste derrière les allemands, que je n'ai pas arrêtés de croiser partout dans les autres pays aussi je n'y fais plus trop attention. Je me demande juste s'il reste des allemands en Allemagne !
Sur la route du retour, alors que j'avais Uluru face à moi, je pensais que je quittais le parc national, que je ne reviendrai peut être plus jamais. Ça me déchire chaque fois le cœur de quitter un endroit que j'ai aimé. Aussi j'évite de trop me dire « c'était la dernière fois » ou « je ne reverrai sans doute plus cet endroit le reste de ma vie ». C’est déprimant de se dire ça, même si c’est vrai. Mais un tour du monde c'est fait de découvertes, d'endroits qu'on aime et qu'on laisse et d'autres qu'on n'aime pas et qu'on est content de quitter. J'aurai d'autres sites incroyables à découvrir pour me consoler. Je garde juste l’empreinte de ce que j'ai vu dans mon cœur. J'espère en conserver le souvenir longtemps et j'espère que ce blog me permettre de revivre cette formidable aventure longtemps.
Perdu dans ces pensées, c'est au dernier moment que j'ai vu une voiture arrêtée de l'autre côté, sur le bas côté avec des feux de détresse, avec des gens tout appareil photo dehors. J'ai pilé. Quelque chose devait se tramer, certainement un kangourou ou un truc du style. J'ai regardé dans leur direction, c'était tout autre chose. Un troupeau de chameaux occupés à brouter et qui nous regardait l'air de sourire, avec Uluru en toile de fond. Une carte postale parfaite. Je ne m'attendais pas à voir des chameaux en Australie mais ils y sont bel et bien. En liberté, à l'état sauvage. Et ils ont un brame qui ressemble à un pet triomphant! C'est ma première bestiole de mon safari animalier australien, à épingler à mon tableau de chasse. Un gros morceau ! A qui le tour ? 


6 commentaires:

  1. C pas trop tot le retour des betes a quand les kangouroux? Tet b

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  2. Le petit oiseau en photo c'est un diamant mandarin, effectivement on en trouve partout en animalerie.

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  3. Les dromadaires ont été introduit dans les années 1840 pour aider à l'exploration de l'intérieur du pays. Ces derniers sont maintenant considérés comme nuisibles, ils risquent malheureusement l’éradication...

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  4. Je savais qu'ils n'étaient pas endémiques et amenés avec l'exploration. Qui parle? Wikipedia?

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  5. J'avais vu un reportage sur la faune Australienne signé National Geographic me semble t'il. Attention à vous car c'est aussi le pays/continent le plus "venimeux" de la planète !

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