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jeudi 19 janvier 2012

Bay of Fires




J'éviterai de dormir à l'avenir dans une forêt sous des eucalyptus. C'est trop humide et j'ai eu froid dans la tente. Un jour j'ai chaud, un jour j'ai froid, il y a de ces fluctuations thermiques ici, c'est fou. Du coup en prenant la route le long de la côte est, j'ai eu dans l'idée de m'arrêter quelque part acheter des fringues discount dans le but d'y débusquer un polaire. Je suis entré dans un de ces bazars qui vendent tout mais rien, que des conneries. J'en suis ressorti pour jeter mon dévolu sur un magasin de fringues qui se disait discount, tenu par un vieux monsieur ayant dépassé allègrement l'âge de la retraite. Son truc était à son image : poussiéreux. Et avec que des horreurs à 30 euros pour la moins chère. Pour la peine, je me suis abstenu et je l'ai laissé dans son fourbi aux petites culottes de grand-mère.
Après ça a été la croix la bannière pour trouver un signal internet. J'ai fait des allées et venues dans la ville de Saint Helens, l'ordinateur ouvert sur les genoux, à regarder les spots WIFI disponibles, comme un chercheur d'or. Non seulement c'est dangereux car je regarde mes genoux mais en plus je suis obligé de rouler à vitesse d'escargot si je ne veux pas en rater un. En Nouvelle-Zélande c'était plus simple, j'avais pris un accès chez Zenbu et j'avais les adresses de leurs sites dans tout le pays, ce qui était pratique. Ici rien de la sorte. J'ai donc fini dans un centre Internet, en amenant mon ordinateur. C'est ce qui reste encore de plus pratique. J'en ai profité aussi pour réserver une excursion pour après demain sur Arthur River, dans le nord ouest de la Tasmanie. Je n'en dis pas plus. Oui je sais, c'est à l'opposé de là où je me trouve. Mais j'ai encore demain pour relier les deux points.
Avec toutes ces affaires qui prennent du temps, trop de temps, il était midi et je n'avais encore rien fait. J'ai pris un sandwich et j'ai quitté cette ville de Saint Helens pour me rendre à Bay of Fires, à une vingtaine de kilomètres de là. C'est une suggestion de mon guide sur la Tasmanie qui m'a amené là, alléché par le fait que ça figure dans les 21 choses à ne pas manquer. Voici ce qu'ils en disent : « With dazzling white sands and aquamarine seas, there's a touch of the tropical about these pristine beaches. Empty powder beaches and clear turquoise seas are guaranteed in front of the most idyllic bushcamps on the coast ». On est obligé d'aller y jeter un œil quand on lit ça !



Bay of Fires est un paradis pour les campeurs. Des caravanes, principalement, qui viennent sans doute passer tout l'été ici. Les gens ont recréé un chez eux, avec un coin salon abrité par une bâche, des paravents, des blocs de cuisson comme une vraie cuisine, des transats... Bref tout le confort avec la vie en plein air. L'idéal. Toute la côte est pleine de campeurs comme ça mais comme c'est boisé, on ne les voit pas, ou alors ils sont derrière la dune donc ils ne dénaturent pas le paysage. Je comprend bien pourquoi ils sont là, la côte est comme sur la brochure : des plages de sable blanc et de l'eau turquoise comme aux tropiques, des criques aux eaux translucides entourées de rochers dodus qui pourraient faire penser qu'on est quelque part dans la méditerranée, des lagunes aux eaux oranges, des pins, des eucalyptus, il y en a pour tous les goûts. La route se termine en cul de sac au niveau de The Gardens, en haut d'une colline. Il y a là une dizaine de privilégiés dont leur maison d'architectes ouvertes sur la mer bouchent la vue. Malgré tout, j'ai réussi à me frayer un chemin vers la plage, en longeant une clôture de fils barbelés, mais je n'ai pas eu la vue d'oiseau qu'ils ont. Voleurs de vue !
The finger!
Quand je suis rentré de la balade, le propriétaire m'attendait en tong et bermuda, une tasse de thé à la main. Je ne sais pas si c'était un hasard, s'il se baladait dans son jardin ou s'il était là car il avait entendu du bruit, car il a été gentil avec moi. Il m'a juste demandé si j'étais en vacances, m'a dit que c'était une belle journée et d'aller voir aussi un peu plus loin, au niveau d'une lagune où l'eau est chaude et parfaite pour se baigner. Je ne sais pas si c'était une manière détournée de me demander de ficher le camp alors je l'ai remercié et je suis allé voir.
C'est perché en haut d'un rocher occupé à prendre des photos que je l'ai vu arriver avec sa serviette et il a piqué une tête dans un eau saumâtre qui ne me disait rien. En ayant de l'eau à la cheville on ne voit déjà plus ses pieds. J'ai essayé de me baigner dans une crique que j'ai dénichée un peu plus tard, Sloop Reef, mais il y avait un fort courant et plein de méduses sur la plage. 
Pas de box jellyfish, des normales, comme en Atlantique, des tas flasques et rosés à certains endroits. Quand j'ai barboté un moment j'en ai vu aussi entre deux eaux. Cela n'empêchait en tout cas pas deux gamins sans combinaison de passer l'heure où j'y étais à s'amuser dans les vagues avec leurs planches. A la place j'ai préféré faire une sieste. Cette fois j’avais prévu toute la panoplie de plage, paréo et tutti quanti. Les rochers que l'on voit un peu partout sont couverts d'un lichen orange, ça donne de belles couleurs au paysage, tranchant avec le bleu sublime de la mer.
J'aurais pu y rester longtemps, ça fait partie de ces paysages où le temps semble s'être arrêté, où l'on se sent hors du monde et où rien ne peut nous atteindre. Quand j'ai émergé il était 16h30, déjà bien tard vis à vis de mon programme de demain qui consiste à me rendre au parc de Craddle Mountain, dans le nord-ouest. Aussi j'ai de la route à faire car c'est loin. J'avais envisagé de dormir à quelques 200 kilomètres de là. Un programme ambitieux mais jouable, vu qu'il fait nuit à 21 heures. Je n'avais juste pas prévu que la route est un lacé non stop, ça monte, ça descend, ça passe à travers des forêts magnifiques et épaisses, pleines de fougères arborescentes. Et je conduisais là dedans comme un dératé, m'en voulant de ne pas avoir le temps pour profiter du paysage comme il se doit. 



La route était jonchée d'opossums et de kangourous écrasés, les petits à oreille de souris. Quel désastre ! J'ai même cru déceler des diables de Tasmanie dans l'hécatombe, des bestioles toutes noires et moins grosses qu'un opossum. Les villages que je traversais sont figés des siècles en arrière, des vieilles guimbardes rondes en guise de pick-up, des maisons de bois vermoulues et couvertes de lichens qui pendent du toit, avec des fenêtres guillotine entourées d'un jardin plein d'immondices, de trucs rouillés et de caravanes qui n'ont pas dû rouler depuis bien longtemps si l'on en juge les roues crevées. Un paysage de chercheur d'or. Vue la vitesse à laquelle j'avançais j'ai bien pu observer. En chemin j'ai traversé une ville plus importante, quelque milliers d'âmes probablement, Scottsdale, que j'ai rejoint en 1h30 depuis Saint Helens. 100 kilomètres en 1h30, c'est une catastrophe. En fait il y a deux routes pour aller à Launceston et je pense avoir pris la pire. Sans doute la plus jolie mais sûrement pas la plus rapide. D'ailleurs je n'ai croisé pour ainsi dire personne, à part un ou deux camping-cars de ci de là.
Du coup j'en ai profité pour m'arrêter à un supermarché rutilent, grand avec plein de trucs, même un rayon alimentation biologique. J'ai fait des courses pour pique niquer ce soir car Launceston est une assez grande ville dans laquelle je ne veux pas m'emmancher. Seulement, même en voulant faire rapide, je suis ressorti de là une demie heure plus tard. Il était presque 19 heures, cela me semblait être de moins en moins faisable mon truc, d'autant plus que les routes de montagne ont recommencé partant à l'assaut de collines et de forêts. Il y avait plein de pistes en gravier qui en partaient. Jugeant que l'endroit était l'idéal pour passer la nuit, je me suis arrêté là. Inutile de poursuivre plus loin où je risquais de tourner des heures dans des plaines clôturées à chercher un endroit où me rabattre. Il y avait plein de kangourous qui traversaient la piste, effrayés par le bruit du moteur. Ils sortaient des fourrés comme un gag, en sautillant allègrement. Ils pullulent par ici, je crois bien que le kangourou est le lapin australien !


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