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dimanche 8 janvier 2012

Ayers Rock



Ayers Rock est à un peu plus de 3 heures de vol de Sydney. Je n'avais pas réalisé car sur le papier le vol ne durait que deux heures. Mais il y a un fuseau horaire. C'est à peu près la distance de Paris à la Crète, c'est pour dire. Des gens m'ont même dit que l'Europe rentrerait dans l'Australie. Dans l'avion j'étais positionné à gauche, j'avais une chance sur deux et cette fois ça a été la bonne pour admirer Uluru, le fameux rocher. Seulement le temps était très couvert et la photo ne donne rien. On va m'appeler la grenouille, où que je passe le temps se détraque. Je suis arrivé en pleine pluie, il y avait de grosses flaques d'eau partout. Il faut le faire pour ce qui est censé être un désert. Ce qui frappe d'emblée, dès l'avion, c’est la couleur du sol, rouge orange. On se croirait à Roland Garros. La terre battue des terrains proviendrait elle de là bas ? Et ce n'est pas réellement un désert, il y a des arbres, du maquis, des herbes folles plus ou moins jaunes. Cela ressemble plus à une savane.
La destination est prisée, chez Hertz il y avait un grand panneau indiquant qu'ils n'avaient plus de véhicules. J'ai été aussi briefé sur le fait qu'il ne fallait en aucun cas que je roule de nuit, que c'était trop dangereux. Des panneaux informatifs dans l'aéroport mentionnent aussi la présence de dingos, ces chiens sauvages très agressifs. Ils indiquent la conduite à tenir en cas de rencontre fortuite : rester calme, bouger lentement, reculer en restant toujours face à eux et appeler à l'aide. C'est très rassurant ! Il y a aussi un autre panneau qui décrit tout ce qu'on peut trouver comme petites bestioles, avec la dénomination : a world of ants. Bref, vous l'aurez compris, j'ai renoncé à faire du camping sauvage. Je ne tiens pas à être dévoré dans la nuit pas des chiens sauvages ou à avoir des insectes qui grattent toute la nuit. 
De toute façon je n'aurais pas pu en faire, il y a une route et c'est tout, pas de ramification, donc nulle part où dormir, à moins d'être bien visible sur le bas côté de la route. Du coup je me suis rabattu sur le camping au sein de Ayers Rock Resort, un complexe touristique d'hôtels situé au milieu de nulle part, dernier bastion de civilisation au milieu du désert. Je redoutais que ce soit bondé, au lieu de cela il n'y a personne, 4 ou 5 tentes tout au plus. Et dans l'avion je n'ai vu personne avec une tente. Remarque, ça se comprend, d'ordinaire il fait 35 degrés, trop chaud pour beaucoup de personnes pour dormir dehors. Ils sont tous avec la climatisation à fond, dans l'avion on se les gelait, dans l'aéroport idem. Toutes les voitures que je vois sont toutes vitres fermées. A la sortie de l'avion les gens s'exclamaient « it's pretty hot ! ». Certes. Mais j'aime bien, je ne m'en plains pas, la chaleur ne m'effraie pas et je la supporte bien. Le T-Shirt moins. J'étais dans la voiture torse nu et les 4 vitres complètement baissées.
Au camping j'avais le choix entre plusieurs emplacements, je me suis dirigé d'office vers celui tout au fond où il faut marcher un peu plus depuis le dernier parking. Seulement il y a une centrale de je ne sais quoi avec un bruit de pompage permanent. J'ai trouvé un coin derrière un talus rouge où quand je mets l'oreille vers le sol, on entend beaucoup moins. Je me suis mis là. Il y a tout un tas de faune peu farouche pour nous accueillir. Des perroquets à foison qui font un vacarme terrible. Ils sont blancs avec le dessous des ailes et du corps rose. Leur tête est aussi rose et blanche et ils ont une espèce de crête sur la tête qu'ils hérissent quand on s'approche de trop. Ils sont occupés dans les eucalyptus à couper des branches et à manger ensuite les feuilles ou bien par terre en train de brouter.
Après cette installation rapide, j'ai pris la route en direction de Uluru, à une vingtaine de kilomètres de Ayers Rock. Seulement j'ai un peu hésité à aller au bout car je suis limité à 100 kilomètres par jour. Avec ça je ne vais pas aller très loin. Je pensais que les voitures de location de nos jours étaient en kilométrage illimité, surtout chez Hertz. Je déteste ce système, on est toujours à regarder son compteur et à se sentir stressé. 
Et comme le temps n'était pas génial, je me suis arrêté un peu après la sortie de Ayers Rock où j'ai aperçu un talus avec un chemin pour y monter. J'ai saisi mon sac de courses que je venais d'acheter au supermarché, décidé à pique niquer là haut. Le chemin qui y mène rejoint en fait un autre formé de dalles de grillage comme à la montagne sur les plates-formes des téléphériques. Ça mène à un autre camp, celui des bus et circuits organisés, les safaris sur plusieurs jours comme ils les appellent. En guise de safaris, ce sont des minibus tout terrains. Au début c'est ce que je voulais faire mais je préfère bien mieux ma liberté. Je les ai observés, il faut suivre le mouvement, c'est chronométré, ils sortent tous de là comme un seul homme. Certes avec leurs engins ils verront peut être plus de choses que moi en empruntant les routes non goudronnées auxquelles je n'ai pas droit mais je suis bien plus tranquille comme ça.
Tandis que je mangeais à l'ombre d'un pauvre arbuste dégarni afin d'avoir un peu moins chaud, le soleil s'est montré progressivement entre les nuages, éclairant le paysage d'une lumière nouvelle. J'ai supprimé toutes les photos que j'avais prises de la savane jusque là pour en prendre à nouveau. Je suis étonné par la quantité de fourmis que l'on trouve partout. Je ne sais pas ce qu'elle mangent mais dès qu'on met un pied à terre elles nous grimpent dessus vaillament. J'ai jeté les pépins du melon pour voir ce qu'elles allaient en faire. En quelques minutes ce n'était plus qu'une boule de fourmis. Comme les coins de ciel bleu étaient de plus en plus nombreux, j'ai repris la voiture vers Uluru, pour m'en approcher le plus possible. Rapidement on entre dans le parc national de Uluru - Kata Tjuta avec une cabine où l'on doit s'acquitter de l'entrée. 
Étant donné qu'il était 16 heures et que le temps n'était pas folichon, j'ai fait demi-tour, pas très convaincu tout de même. Je me suis arrêté pour réfléchir : retourner au camping pour finir à la piscine ou aller dans le parc pour s'approcher plus près? J'ai alors ouvert mon livre sur Uluru et découvert que l'entrée ouvrait le droit de venir autant de fois qu'on le souhaitais pendant 3 jours. Si c'est valable si longtemps, alors pas d'hésitation, j'y vais, je pourrai toujours revenir faire des photos meilleures lorsque le temps sera mieux.
Plus je m'approchais d'Uluru, plus je me sentais hypnotisé. C'est comme si je m'approchais d'un aimant. La route finit par longer le monolithe, à quelques dizaines de mètres seulement. Je m'arrêtais tous les mètres. C'est impossible d'avancer, chaque mètre que l'on fait découvre de nouvelles perspectives et on a l'impression de ne plus être devant le même paysage. 
Je n'ai jamais rien vu de tel. C'est d'une beauté divine, le rocher haut de 348 mètres et large de 9 kilomètres de circonférence est complètement poli, il n'y a aucune aspérité et sa surface semble être faite d'écailles. Tout comme un iceberg, on n'en voit en fait qu'un dixième. Il est vieux de 600 millions d'années. Je crois que ce site est ce qu'il y a de plus beau sur Terre, de tout ce que j'ai vu. Dire que j'ai failli passer à côté de ça ! Je suis tombé amoureux d'un caillou, c'est malheureux ! Comment un truc pareil peut se retrouver comme ça, au milieu du désert ? J'étais comme foudroyé, incapable d'avancer, je n'arrêtais pas de chialer au point que j'ai dû m'asseoir par terre et méditer. J'ai pensé aux aborigènes à qui on a volé leur terre et leur caillou chéri. Je comprends que ce site soit sacré pour eux. Il est tout simplement surnaturel. Il y a un panneau au niveau du parking, d'où part un sentier qui monte au sommet. Le panneau invite les touristes à ne pas monter et à respecter les lois des aborigènes. Par respect pour eux et pour ce qu'on leur a fait, j'ai pris la décision de ne pas monter. Je comprend que ce soit un sacrilège pour eux. Cet endroit n'est pas le mien, c'est le leur.
On peut faire le tour du rocher, cela prend deux heures. Il y a comme des grottes par ci par là, à la base de la montagne, avec des peintures ancestrales. A d'autres endroits il est interdit de prendre des photos, comme à Mala Puta. Le nom m'a bien fait rire car ça veut dire quelque chose d'autre en espagnol. Pas sûr qu'ils le sachent ! Je n'ai pas très bien compris le panneau qui disait de ne pas prendre de photo sur la gauche. Je n'ai donc pris des photos que de la partie droite du sentier. En fait j'ai compris au retour, il ne fallait pas prendre de photos entre les deux panneaux. Je ne montrerai donc pas ce que j'ai pris. Devrais je supprimer la photo du reste ? Pour les aborigènes l'endroit interdit en photo l'est car les formes du rocher que l'on y voit permettent la lecture d'un message qui ne doit être lu que lorsqu'on s'y trouve et en aucun cas depuis un autre endroit. C'est un endroit de légende raconté de générations en générations.
Il paraît que Uluru est aussi beau à visiter sous la pluie car celle ci forme alors des torrents instantanés qui dévalent les pentes. On voit d'ailleurs les chemins suivis par l'eau, qui laissent des empreintes noires sur la roche. Plus loin il y a un petit étang, oasis dans le désert, formé sous l'une de ces chutes d'eau éphémères. On peut y voir tout un tas de bestioles, des grenouilles, des oiseaux. A part les arbres rachitiques que l'on trouve un peu partout, il y a aussi des fleurs et un arbuste qui donne des fleurs jaunes qui embaument toute la savane. C'est une vrai féerie que de se promener le long de Uluru. Pour le coup, je vais rester dans le secteur jusqu'à expiration de la validité du pass. Je sais que je ne me lasserai pas, je peux y retourner mille fois, je suis sûr que je verrai à chaque fois quelque chose de nouveau. Et puis dans la parc, il n'y a pas que Uluru, il y a aussi Kate Tjuta, un autre site étonnant, à 50 kilomètres de Uluru.
J'ai bien fait d'avoir installé ma tente au camping de Ayers Rock, je vais pouvoir ainsi rayonner un moment, sans avoir le souci de chercher un endroit où poser la tente chaque nuit, avec le confort de pouvoir prendre des douches et recharger mes appareils électroniques. Ce soir, autour de la tente, j'avais plein de lapins occupés à brouter l'herbe verte qui était sortie ces derniers jours. Cela peut surprendre de voir des lapins dans le désert mais ils semblent adorer. Il y en a plein, si je me réfère au crottes que l'on peut voir partout. On ne les voit qu'en début de soirée jusqu'au petit matin, le reste du temps ils doivent être dans leur terrier pour s'abriter de la chaleur. Hormis les dingos je ne sais pas s'ils ont beaucoup de prédateurs car ils ne sont pas très farouches. Je les regardais grattouiller, creuser, tirer des racines avec leur dents, se lécher une oreille saisie entre deux pattes, courir le nez au vent pour faire des volte face inopinés. Des lapins voltigeurs ! Ils font ça quand ils sont heureux. Moi aussi je le suis !

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