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dimanche 15 janvier 2012

Giles Track


C'est une tente trempée que j'ai dû plier ce matin. Il s'est mis à pleuvoir dru à partir de la deuxième partie de la nuit. Je déteste plier les affaires sous la pluie, après la tente prend une odeur. J’avais laissé ma serviette dehors à sécher, ça s'est terminé comme en rentrant de l’Île des Pins par une séance sèche mains aux toilettes ! Pour ce qui est du cabot qui aboie toutes les nuits, je l'ai signalé à la réception, tout le monde s'en fout, il fait partie de la communauté. Les gens le caressent la journée, moi il m'évite depuis qu'il me regardait faire en train de laver le linge et que je lui ai lancé de l'eau à la gueule entre le creux de mes mains. De toute façon je m'en fous aussi, là où je me mets la nuit, je ne l'entends plus. A noter que les dingos n'aboient pas, je ne les ai jamais entendus. Ils sont moins dégénérés.
Je suis retourné à Kings Canyon, armé du fameux poncho jaune poussin. Au cas où... Le but de la matinée est de tenter une randonnée sur Giles Track, le fameux sentier de randonnée qui relie en 22 kilomètres Kings Canyon à Kathleen Springs. Mais je l'ai déjà dit. Il y a un point de vue, à 1h30 de marche de Kings Canyon, duquel on embrase toute la plaine, depuis le bord du plateau, jusqu'à 80 kilomètres au loin. Ce sentier porte le nom de l'explorateur Ernest Giles qui a visité l'endroit pour la première fois en 1872, dans ses tentatives pour rejoindre le parc de Watarrka à l'Australie de l'ouest. Il campait ici jusqu'à que ce qu'en 1876 il parvienne à ses fins au bout de la troisième tentative. Tout le long du parcours je pensais à cette histoire d'une jeune touriste française qui s'est perdue en 2007 et qu'on a retrouvé deux jours plus tard grâce à des signaux qu'elle avait dessiné sur le sol et que les hélicoptères ont pu voir. 
En plus elle avait prévenu les rangers de son parcours, ce qui n'est pas mon cas. Mais il faut un peu le faire pour se perdre car le chemin est balisé d'une flèche rouge. Certes pas tout le temps et souvent on se pose la question par ou passer. Comme quand la flèche indique d'aller à gauche et qu'à gauche c'est un dôme à escalader, se demandant si ce n'est pas un petit malin qui a tourné le panneau. Car il n'y a pas de sentier. On évolue tout le temps sur des dalles rocheuses et rien ne permet de savoir par où passer, sauf à rester très vigilant et à revenir sur ses pas quand on ne voit plus de bornes comme ce qu'il devrait.
Il y a des moments où il faut sauter par dessus une faille, d'autres où une gorge transformée en marre aux têtards demande à passer sur les bords abrupts tel un dahu. 
J'avais commencé la randonnée avec un sweat-shirt et le poncho accroché à la bretelle du sac, j'ai vite rangé tout ça dans le sac car même si le ciel était couvert, on sentait le soleil pas loin et manifestement il ne risquait plus de pleuvoir. J'avais chaud et je regardais ma petite bouteille d'eau. Pour un aller retour de 3 heures cela devrait suffire, j'ai pris ce matin un petit déjeuner avec beaucoup de boissons en prévision et j'ai encore bu à la fontaine avant de commencer. Je n'ai croisé personne sur le sentier, tout le monde fait la boucle du canyon par les crêtes comme ce que j'avais fait il y a trois jours. S'il m'arrive quelque chose, mon compte est bon !



Ca c'est du camouflage!
Le point de vue sur le parc national et la savane à perte de vue vaut le voyage, j'ai eu une bonne intuition en venant ici. Le panorama est différent que celui depuis Kings Canyon car on a une vue non bouchée jusqu'à l'horizon, que j'ai scruté ardemment tentant d'apercevoir Uluru, en vain. Sur le chemin du retour je me suis perdu. Je ne savais pas si je devais retourner sur mes pas, pendant combien de temps et surtout par où car en rebroussant tout se ressemble, c'est une succession de dômes étagés comme des soucoupes. Je ne reconnaissais rien, une gorge s'avançait vers moi alors que je me souvenais avoir franchi cette gorge à un niveau bas, passant à gué un petit ruisseau qui alimentait la mare aux têtards. En fait j'ai réalisé que j'étais allé trop loin, j'aurais dû tourner sur ma gauche bien avant. C'est bizarre que je n'ai pas vu la borne fléchée au moment où il fallait.
Sans doute est-ce parce que j'étais perdu dans mes pensées. J'ai réalisé qu'on est le 15 janvier et que je suis pile au milieu de mon voyage. Et bizarrement c'est long et court à la fois. Je n'ai pas l'impression d'être parti depuis 3 mois et demi et que je ne travaille plus depuis tout ce temps. En même temps je visualise tout ce que j'ai visité et quand je me remémore les bons moments, en les additionnant tous, je vois qu'il m'a fallu du temps pour les vivre. Pour ce qui est des Fidji, le seul souvenir que j'en ai c'est celui terrible de la fin, à Mana. J'y ai eu quand même quelques bons moments mais il reste le goût amer des emmerdes et de la crasse. Un peu comme en Nouvelle-Calédonie. Je ne saurais dire si c'est bien ou pas, je suppose que vu différemment et dans une autre saison ça peut être bien. Par rapport à mon expérience ce sont les deux endroits que j'aurais pu éviter.
Ici tout coule de source. Il y a deux choses magiques dans notre monde moderne : l'avion et internet. Avec l'avion, tout est presque à portée de main. On n'est limité que par son imagination. On peut passer de climats à un autre, de culture à une différente et de paysages à tout autre. En 3 heures de vol je suis passé de la pluie de Nouméa à la paisible Sydney et de la ville au désert rouge, là où d'autres mettraient des jours en voiture ou en bateau. Pour internet c'est la même chose, le monde entier est à portée de clic. Après ma randonnée à Giles Track, je me suis rendu à Kings Creek Station, à l'entré du parc, pour me rassasier un peu et j'ai constaté qu'ils avaient internet en libre accès. J'en ai profité pour organiser mes étapes prochaines. Billets d'avion pour Adélaïde puis Sydney, voiture de location... Tout est possible, immédiatement. Internet est mon assistant personnel sans qui je n'aurais pas pu faire ce voyage. 
Cela aurait été beaucoup plus compliqué d'un autre temps. Je bénis celui qui a inventé internet. Ça a l'air con à dire mais moi qui ai connu la vie avant sans (je sais, je suis une vieille peau!), je peux dire qu'avec ça simplifie bien la vie.
Kings Creek Station est un endroit plein de backpackers bruyants qui y font une halte au cours des excursions organisées dans l'Outback sur 3 jours depuis Alice Springs. J'avais failli prendre ça, c'est vrai que c'est pratique si on ne veut pas se prendre le chou mais je préfère payer plus cher et avoir mon indépendance et surtout personne sur le dos. Il y a aussi je ne sais combien de clebs qui appartiennent aux propriétaires, de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de tous les aboiements ! Si on ajoute à ça le fait que j'étais assis par terre devant le distributeur de coca - seul endroit où j'avais trouvé une prise de courant - et à côté d'une porte stop mouches qui n'arrêtait pas de battre chaque fois que quelqu'un pénétrait dans la cafétéria, tout cela commençait à me taper sur les nerfs et j'aurais aimé avoir une baguette magique pour figer tout ce monde le temps que je finisse mes réservations. Il m'aura fallu quand même deux heures pour tout ficeler au cours desquelles les chiens venaient me renifler et que les gosses aborigènes s'amusaient à agacer en criant pour les faire aboyer. Un grand n'importe quoi façon Mana Island.
Je me suis retrouvé à prendre la route à 17 heures pour me rapprocher d'Uluru, où je dois prendre l'avion pour la Tasmanie demain en milieu de journée. J'avais repéré en venant, à une centaine kilomètres avant le parc de Watarrka une aire de pique-nique où il était autorisé de passer la nuit. Ainsi cela ne me laissera pour le lendemain que 200 kilomètres à parcourir. Au bout de 15 minutes de route j'ai commencé à sentir cette torpeur qui me prend quand je conduis. Je m'en suis extrait quand j'ai aperçu un dingo en travers de la route, immobile qui me regardait venir de profil sans réagir. Je me suis donc arrêté et il s'est déplacé juste un peu dans les herbes, à 2 mètres de moi, vaquant normalement comme n'importe quel clebs. Pas très farouche comme bestiole. Bon je sais, ils sont tout en haut de la chaîne alimentaire ici, ils sont donc tranquilles. Ils se nourrissent de lapins te de kangourous. Saletés ! En tout cas sauvage ou pas, un dingo c'est un clebs, je ne vois pas la différence et vu que je ne les aime pas, je vous ai mis son portrait à titre informatif !
A l'air de repos, je pensais être le seul, eh bien non ! Il y avait déjà deux voitures dont deux jeunes qui avaient installé leur camp avec toutes les commodités, chaises longues, abri anti-pluie et qui n'arrêtaient pas de parler et rire grassement en buvant de la bière. J'ai tout de suite repéré le style et je me suis enfui avec mes affaires derrière une dune de sable où j'ai trouvé un peu plus loin un endroit où mettre la tente, à l'ombre de ces arbres qui meublent la brousse, des sortes de filaos aux feuilles vert lichen en forme de ficelles qui pendouillent au gré du vent. Deux voitures nous ont rejoint bien après la tombée de la nuit, rajoutant aux éclats de voix une symphonie de portières qui claquent. J'ai été emmerdé au milieu de la nuit par des fourmis qui me grimpaient le long des jambes. 
Quand j'ai allumé ma torche j'ai constaté que l'intérieur de la tente était noir de fourmis, arrivant en escadrons entiers par la moustiquaire. J'ai dû me mettre dans mon sac à viande (c'est le nom, c'est un drap de soie en forme de sac de couchage) pour me protéger, priant pour que dans leur progression elles ne parviennent pas jusqu'à mon visage. Des fourmis, il n'y a que ça ici, je ne sais pas ce qu'elles mangent. A l'aéroport de Ayers Rock, à côté du « bienvenu » traditionnel, il y a avait écrit « A world of ants ». Je comprends bien pourquoi. Ça et les mouches ! Elles sont toutes petites et tenaces, me tournant autour, se posant quelques secondes avant de repartir comme si elles s'en allaient pour mieux ré-attaquer, visant toujours les trous d'oreille, les yeux ou la bouche. C’est très pénible ! J'ai lu dans mon guide que les mouches seraient peut être l'animal que je verrais le plus dans l'Outback. J'aurais préféré que ce soit le kangourou !

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