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samedi 7 janvier 2012

Les Blue Montains



Je suis toujours ric-rac, à arriver à la dernière minute. Ce matin je n'ai pas dérogé à la règle. Le point de rendez vous était à l'angle du Mac Donald's de Circular Quay, à 5 minutes de l'auberge aussi je prenais mon temps. C'est toujours quand on se dit qu'on y sera vite qu'on trainouille le plus et où finit à la fin par courir. Je n'en suis pas venu jusque là mais au moment où j'atteignais le point de rendez-vous, le minibus est arrivé. Je n'ai pas eu à l'attendre, à peine arrivé, aussitôt enfourné ! Ça, c'est du rendez vous efficace. Notre guide, Jim, a tout de suite sympathisé avec moi, dès qu'il a vu que je voyageais seul et que je faisais le tour du monde. Il m'a offert la place à côté de lui, avec vue panoramique sur la route. La meilleure place. C'est un rigolo le Jim, un bonhomme plus tout jeune qui a toujours le mot pour rire, tournant les choses en dérision ou les poussant vers l'absurde. Ça me rappelait le guide de Nouvelle-Zélande sur le lac glaciaire.
On a commencé par faire le tour des hôtels pour grappiller tout le monde, surtout des indiens. Je ne savais pas qu'ils aimaient Sydney. Ceux que j'ai vus ont passé la journée à s'acheter des cochonneries dès qu'on s'arrêtait quelque part, un pochon de chips par là, des barres chocolatées par là, de la malbouffe en veux tu en voilà. Je ne sais pas comment ils font, ils n'ont pas cessé de grignoter non stop, dans des bruits de plastique aluminisé qui se froisse exaspérants. A côté, sur les conseils de Jim, j'ai trouvé un fruit shop où j'ai fais le plein de tranches d'ananas, de pastèque et de bananes, en prévision de notre pique nique.
Jim nous a fait le guide et connaît bien la région. Il nous a expliqué qu'il y a 200 ans seulement les Blue Montains était inconnues de tous. Ce n'est que parce que Sydney mourrait de faim en ces temps là que des explorateurs sont partis chercher des terres où cultiver quelque chose. Chemin faisant ils ont trouvé les Blue Montains, qu'ils ne sont pas arrivés à franchir. Il leur a fallu 20 ans pour trouver un chemin et ce sont des prisonniers qui ont construits la route actuelle, à la main. Avec un éclairage historique, les choses paraissent toujours différentes et ce qui semble banal et normal prend une autre tournure. D'ordinaire je n'aime pas l'Histoire, ça me m'ennuie profondément, mais quand c'est appliqué à des endroits où je suis, ça m'intéresse tout de suite davantage.

The Tree Sisters, sur la gauche

Ça vous rappelle pas quelque chose?
Les Blue Montains sont en fait un massif qui forme un plateau à 1000 mètres au dessus de la mer. Contrairement aux montagnes dont on voit d’ordinaire les sommets depuis la vallée, ici c'est le contraire. La route monte en haut du plateau et il y a ensuite des belvédères qui plongent vers les canyons. C'est un peu comme dans le Colorado. C'est le grand Canyon australien. D'ailleurs l'endroit est très connu et fréquenté, et le Lonely Planet l'a choisi pour la couverture de son guide. C'est un parc national, classé depuis l'an 2000 au patrimoine mondial de l'Unesco, mon premier parc national australien. Je suis dans mon élément ! Je ne pensais pas trouver de tels paysages étonnants et sauvages si près de Sydney, à 1h30 de voiture. Par le train c'est d'ailleurs plus rapide et il y a de belles villas avec des jardins touffus tout le long, pour ceux qui veulent profiter des avantages d'une ville sans en subir les inconvénients. Jim nous a expliqué qu'ils travaillent tous sur Sydney et que ces villages ont vu tout un tas de services se développer pour faciliter la vie des habitants (écoles, crèches...).
J'ai bien fait de faire l'excursion aujourd'hui, il fait très beau, contrairement à hier où ils n'ont rien vu. Tout était drapé dans les nuages et il n'y avait aucune visibilité, on ne voyait pas le fond des gorges. Dès qu'on a posé le pied à notre premier arrêt, l'enchantement a été immédiat : de la forêt à perte de vue. Le haut du plateau est couvert exclusivement de forêts d'eucalyptus, tandis que les pentes et le fond des gorges, plus humides et plus abrité du soleil, sont recouvertes par la forêt primaire qui couvrait jadis tout le territoire australien, il y a 45 millions d'années, et qui se cantonne désormais à quelques zones de l'est et à la Tasmanie. Raison de plus pour aller voir la Tasmanie ! Jim qui me posait tout un tas de question sur les endroits que j'allais visiter a tendu son pouce en l'air quand je lui ai dit que je me rendais en Tasmanie, pour signifier que j'avais fait un bon choix. 
Il m'a conseillé d'y rester au moins deux semaines car il y a des coins où j'aimerai forcément rester plusieurs jours. Il m'a aussi donné quelques conseils sur Ayers Rock. J'avais lu qu'il était possible de monter en haut du rocher de Uluru, le monolithe, par un chemin assez ardu mais qui se fait. Je sais que c'est pourtant un endroit sacré pour les aborigènes, qui signifie beaucoup pour eux et qu'ils ne gravissent pas. Je ne sais pas pour quelle raison. Jim sans vouloir m'influencer, m'a conseillé de me rendre au centre des visiteurs, de me renseigner sur le site et la relation avec les aborigènes pour ensuite faire mon choix. Je vais suivre son conseil.

L'une des Three Sisters


Les aborigènes y voient là la tête d'une divinité
Pour revenir aux Blue Montains, il y a donc plein d'eucalyptus mais pas un koala en vue ! Monsieur n'aime pas grignoter l'espèce d'eucalyptus qui pousse là, c'est que c'est gourmet en plus ! J'aimerais bien pourtant en voir dans leur milieu naturel. Mais je ne sais pas où on les trouve. Si vous avez une idée, dites moi ! La roche qui forme les parois des gorges est en fait du sable compressé. Jim nous a dit que le sable que l'on trouve sur Fraser Island, au nord de Brisbane, la plus grande île sableuse au monde, provient des Blue Montains. Ça me surprend, c'est à plusieurs milliers de kilomètres d'ici. L'attraction majeure des Blue Montains, ce sont les Three Sisters, trois rochers qui émergent au dessus du canyon, prêts à tomber. L'endroit est noir de monde, ça arrive par bus entiers pour se prendre en photo devant le panorama. Des gens qui ne respectent rien, des détritus par terre, des chiottes avec de la merde sur le couvercle... 
Bref, ce n'est pas la meilleure période pour venir, c'est samedi et surtout ce sont les vacances d'été ici, aussi il y a du monde partout. Je n'avais pas réalisé, mais ça ne va pas être facile pour les réservations. J'attends la réponse pour le campervan en Tasmanie, je n'ai trouvé qu'une seule compagnie avec des tarifs pas trop élevés et en s'y prenant une semaine avant j'ai peur de devoir essuyer un « c'est complet ! ». Je serais bien dans la mouise. Attendons de voir...
On peut approcher les Three Sisters de plus près, il y a un sentier qui part du parking et mène en 15 minutes à la base d'un de ces rochers. Il y a de nombreuses marches étroites à descendre pour y parvenir et comme on ne peut pas se croiser, il y a embouteillage. Sans compter les gens qui bloquent tout pour se prendre en photo avec le rocher juste derrière. 
C'est dommage, ça gâche le plaisir. Être dans un si bel endroit avec autant de monde, ça m'enlève toute connexion possible avec la nature. Impossible de m'imprégner de l'endroit. Ça cahute, ça crie, des groupes à la con qui n'arrêtent pas de gueuler pour tester l'écho. Il y a 7 semaines, un débile a mis le feu à la forêt et vu que l'eucalyptus brûle bien, le feu a pris rapidement et gagné du terrain vers les maisons en haut du plateau. Toute la zone a dû être évacuée. Heureusement ils ont vite maîtrisé le feu mais il y a toute une partie, vers les cascades, complètement cramée qui dénature le paysage. Ça me rend malade qu'on s'attaque à un tel endroit, saccageant ce que la nature a mis des millions d'années à construire. Par contre l'eucalyptus a des capacités de régénération et même si les troncs sont brûlés, de jeunes pousses apparaissent déjà. Idem pour la végétation de sous bois qui reverdit. Il y a de nombreuses fougères à gros troncs qui sont tout noirs mais où l'on voit déjà de belles crosses vert tendre à leur sommet. Ça fait plaisir de voir que tout n'est pas saccagé et que d'ici peu la nature se sera régénérée.
Après la visite des Three Sisters, nous avons fait une pause déjeuner à Katoomba, un village minier tout à côté reconverti depuis en zone touristique bordée d'hôtels, de pubs et de restaurants. A l'origine, quand la zone a été découverte, on extrayait le charbon dans le canyon. Il y a encore des vestiges des mines et des rails qui permettaient de remonter la cargaison. C'est aussi dans les gorges que finissaient les voitures, les eaux usées... A l'époque on voyait ça comme un puits sans fond.
On est descendu au fond des gorges, par un sentier qui traverse une épaisse forêt avec des fougères arborescentes comme en Nouvelle-Zélande. Jim nous a dit que ces fougères sont l'une des plus vieilles plantes sur Terre et qui existaient déjà à l'époque des dinosaures, leur servant de nourriture. Quand on y songe, on se sent soudain bien petit, comme marchant dans un musée d'histoire naturelle à ciel ouvert. Les pentes sont aussi recouvertes de cascades à plusieurs niveaux, on a l'impression d'être dans un autre monde, où la civilisation n'existe plus. J'ai préféré cette partie du circuit ; les gens, le plus souvent incapables de faire trois pas, préférant rester en haut à regarder le truc depuis les belvédère plutôt que d'essayer d'en voir plus en descendant plus bas. Tant mieux !Pour remonter on a le choix entre un funiculaire et une télécabine un peu plus bas.
The Three Sisters
Il était aux alentours de 18 heures quand nous somme revenus sur Sydney. Je ne regrette pas ma journée, même s'il y avait du monde, j'ai vus de grands espaces sauvages, à la porte de Sydney et cela m'a fait du bien. Les Blue Montains sont très vastes, la partie que l'on a vue, sans doute la plus spectaculaire, est la plus fréquentée mais on peut y rester des semaines si on veut en voir plus et sans croiser un chat. C'est un paradis pour les randonneurs. Jim nous a laissé au niveau de Darling Harbour car il ne voulait ps s'emmancher plus dans le centre. En effet aujourd'hui démarre un festival avec des concerts gratuits un peu partout. C’est donc le bazar, avec des rues barrées et des bouchons, d'autant plus que les répétitions ont déjà commencé. Ce soir Manu Chao se produit ici. J'avais l'intention d'aller le voir mais je me suis ravisé, les foules je n'aime pas beaucoup. Et puis j'ai tourné pas mal autour de l'auberge dans la soirée à la recherche d'un restaurant pas très cher.
C'est mission impossible, le moins cher que j'ai trouvé c'est 17 dollars l'entrée, 29 le plat. Avec le taux de change en vigueur vous pouvez vous dire que c'est quasiment l'euro. Tout est à ce prix là, pizzerias, chinois, japonais. Impossible d'y échapper sauf à finir dans les fast-foods. A ce sujet, Burger King porte ici un autre nom : Happy Jack's. Jim m'a expliqué pourquoi : quand ils ont voulu s'implanter en Australie, il y avait déjà une chaîne qui portait le nom de Burger King, qui a fait faillite depuis. Ils ont donc été contraints de changer leur nom.
Après avoir tourné en rond pendant des heures, je me suis rappelé la cuisine à l'hôtel et j'ai donc acheter des victuailles dans un supermarché. Ce qui m'énerve un peu ici c'est que dans les épiceries, ils n'affichent pas les prix dans les rayons ni sur les produits, c'est toujours la surprise en caisse. Pour un plat tout fait sous vide style Fleury Michon, un yaourt, une salade de fruits en coupelle et une petite bouteille d'eau gazeuse je suis ressorti de là délesté de 29 dollars. Tout est comme ça. Tout le monde se plaint des prix exorbitants de la nourriture à Sydney, à l'auberge ils mangent tous des pâtes ou du porridge à toute heure avec une pomme. Je comprends maintenant pourquoi tous les australiens que j'avais rencontrés auparavant n'aiment pas Sydney. Ils ne peuvent pas y vivre. C'est bien dommage ! Et pour tous ceux qui rêvent de venir s'installer à Sydney, c'est un rêve qui s'effondre. Une ville en train de devenir un point de rencontre pour touristes, comme un peu partout ailleurs dans le monde...

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