Je suis toujours ric-rac,
à arriver à la dernière minute. Ce matin je n'ai pas dérogé à
la règle. Le point de rendez vous était à l'angle du Mac Donald's
de Circular Quay, à 5 minutes de l'auberge aussi je prenais mon
temps. C'est toujours quand on se dit qu'on y sera vite qu'on
trainouille le plus et où finit à la fin par courir. Je n'en suis
pas venu jusque là mais au moment où j'atteignais le point de
rendez-vous, le minibus est arrivé. Je n'ai pas eu à l'attendre, à
peine arrivé, aussitôt enfourné ! Ça, c'est du rendez vous
efficace. Notre guide, Jim, a tout de suite sympathisé avec moi, dès
qu'il a vu que je voyageais seul et que je faisais le tour du monde.
Il m'a offert la place à côté de lui, avec vue panoramique sur la
route. La meilleure place. C'est un rigolo le Jim, un bonhomme plus
tout jeune qui a toujours le mot pour rire, tournant les choses en
dérision ou les poussant vers l'absurde. Ça me rappelait le guide
de Nouvelle-Zélande sur le lac glaciaire.
On a commencé par faire
le tour des hôtels pour grappiller tout le monde, surtout des
indiens. Je ne savais pas qu'ils aimaient Sydney. Ceux que j'ai vus
ont passé la journée à s'acheter des cochonneries dès qu'on
s'arrêtait quelque part, un pochon de chips par là, des barres
chocolatées par là, de la malbouffe en veux tu en voilà. Je ne
sais pas comment ils font, ils n'ont pas cessé de grignoter non
stop, dans des bruits de plastique aluminisé qui se froisse
exaspérants. A côté, sur les conseils de Jim, j'ai trouvé un
fruit shop où j'ai fais le plein de tranches d'ananas, de pastèque
et de bananes, en prévision de notre pique nique.
Jim nous a fait le guide
et connaît bien la région. Il nous a expliqué qu'il y a 200 ans
seulement les Blue Montains était inconnues de tous. Ce n'est que
parce que Sydney mourrait de faim en ces temps là que des
explorateurs sont partis chercher des terres où cultiver quelque
chose. Chemin faisant ils ont trouvé les Blue Montains, qu'ils ne
sont pas arrivés à franchir. Il leur a fallu 20 ans pour trouver un
chemin et ce sont des prisonniers qui ont construits la route
actuelle, à la main. Avec un éclairage historique, les choses
paraissent toujours différentes et ce qui semble banal et normal
prend une autre tournure. D'ordinaire je n'aime pas l'Histoire, ça
me m'ennuie profondément, mais quand c'est appliqué à des endroits
où je suis, ça m'intéresse tout de suite davantage.
The Tree Sisters, sur la gauche |
Ça vous rappelle pas quelque chose? |
Les Blue Montains sont en
fait un massif qui forme un plateau à 1000 mètres au dessus de la
mer. Contrairement aux montagnes dont on voit d’ordinaire les
sommets depuis la vallée, ici c'est le contraire. La route monte en
haut du plateau et il y a ensuite des belvédères qui plongent vers
les canyons. C'est un peu comme dans le Colorado. C'est le grand
Canyon australien. D'ailleurs l'endroit est très connu et fréquenté,
et le Lonely Planet l'a choisi pour la couverture de son guide. C'est
un parc national, classé depuis l'an 2000 au patrimoine mondial de
l'Unesco, mon premier parc national australien. Je suis dans mon
élément ! Je ne pensais pas trouver de tels paysages étonnants
et sauvages si près de Sydney, à 1h30 de voiture. Par le train
c'est d'ailleurs plus rapide et il y a de belles villas avec des
jardins touffus tout le long, pour ceux qui veulent profiter des
avantages d'une ville sans en subir les inconvénients. Jim nous a
expliqué qu'ils travaillent tous sur Sydney et que ces villages ont
vu tout un tas de services se développer pour faciliter la vie des
habitants (écoles, crèches...).
J'ai bien fait de faire
l'excursion aujourd'hui, il fait très beau, contrairement à hier où
ils n'ont rien vu. Tout était drapé dans les nuages et il n'y avait
aucune visibilité, on ne voyait pas le fond des gorges. Dès qu'on a
posé le pied à notre premier arrêt, l'enchantement a été
immédiat : de la forêt à perte de vue. Le haut du plateau est
couvert exclusivement de forêts d'eucalyptus, tandis que les pentes
et le fond des gorges, plus humides et plus abrité du soleil, sont
recouvertes par la forêt primaire qui couvrait jadis tout le
territoire australien, il y a 45 millions d'années, et qui se
cantonne désormais à quelques zones de l'est et à la Tasmanie.
Raison de plus pour aller voir la Tasmanie ! Jim qui me posait
tout un tas de question sur les endroits que j'allais visiter a tendu
son pouce en l'air quand je lui ai dit que je me rendais en Tasmanie,
pour signifier que j'avais fait un bon choix.
Il m'a conseillé d'y
rester au moins deux semaines car il y a des coins où j'aimerai
forcément rester plusieurs jours. Il m'a aussi donné quelques
conseils sur Ayers Rock. J'avais lu qu'il était possible de monter
en haut du rocher de Uluru, le monolithe, par un chemin assez ardu
mais qui se fait. Je sais que c'est pourtant un endroit sacré pour
les aborigènes, qui signifie beaucoup pour eux et qu'ils ne
gravissent pas. Je ne sais pas pour quelle raison. Jim sans vouloir
m'influencer, m'a conseillé de me rendre au centre des visiteurs, de
me renseigner sur le site et la relation avec les aborigènes pour
ensuite faire mon choix. Je vais suivre son conseil.
L'une des Three Sisters |
Les aborigènes y voient là la tête d'une divinité |
Pour revenir aux Blue
Montains, il y a donc plein d'eucalyptus mais pas un koala en vue !
Monsieur n'aime pas grignoter l'espèce d'eucalyptus qui pousse là,
c'est que c'est gourmet en plus ! J'aimerais bien pourtant en
voir dans leur milieu naturel. Mais je ne sais pas où on les trouve.
Si vous avez une idée, dites moi ! La roche qui forme les
parois des gorges est en fait du sable compressé. Jim nous a dit que
le sable que l'on trouve sur Fraser Island, au nord de Brisbane, la
plus grande île sableuse au monde, provient des Blue Montains. Ça
me surprend, c'est à plusieurs milliers de kilomètres d'ici.
L'attraction majeure des Blue Montains, ce sont les Three Sisters,
trois rochers qui émergent au dessus du canyon, prêts à tomber.
L'endroit est noir de monde, ça arrive par bus entiers pour se
prendre en photo devant le panorama. Des gens qui ne respectent rien,
des détritus par terre, des chiottes avec de la merde sur le
couvercle...
Bref, ce n'est pas la meilleure période pour venir,
c'est samedi et surtout ce sont les vacances d'été ici, aussi il y
a du monde partout. Je n'avais pas réalisé, mais ça ne va pas être
facile pour les réservations. J'attends la réponse pour le
campervan en Tasmanie, je n'ai trouvé qu'une seule compagnie avec
des tarifs pas trop élevés et en s'y prenant une semaine avant j'ai
peur de devoir essuyer un « c'est complet ! ». Je
serais bien dans la mouise. Attendons de voir...
On peut approcher les
Three Sisters de plus près, il y a un sentier qui part du parking et
mène en 15 minutes à la base d'un de ces rochers. Il y a de
nombreuses marches étroites à descendre pour y parvenir et comme on
ne peut pas se croiser, il y a embouteillage. Sans compter les gens
qui bloquent tout pour se prendre en photo avec le rocher juste
derrière.
C'est dommage, ça gâche le plaisir. Être dans un si bel
endroit avec autant de monde, ça m'enlève toute connexion possible
avec la nature. Impossible de m'imprégner de l'endroit. Ça cahute,
ça crie, des groupes à la con qui n'arrêtent pas de gueuler pour
tester l'écho. Il y a 7 semaines, un débile a mis le feu à la
forêt et vu que l'eucalyptus brûle bien, le feu a pris rapidement
et gagné du terrain vers les maisons en haut du plateau. Toute la
zone a dû être évacuée. Heureusement ils ont vite maîtrisé le
feu mais il y a toute une partie, vers les cascades, complètement
cramée qui dénature le paysage. Ça me rend malade qu'on s'attaque
à un tel endroit, saccageant ce que la nature a mis des millions
d'années à construire. Par contre l'eucalyptus a des capacités de
régénération et même si les troncs sont brûlés, de jeunes
pousses apparaissent déjà. Idem pour la végétation de sous bois
qui reverdit. Il y a de nombreuses fougères à gros troncs qui sont
tout noirs mais où l'on voit déjà de belles crosses vert tendre à
leur sommet. Ça fait plaisir de voir que tout n'est pas saccagé et
que d'ici peu la nature se sera régénérée.
Après la visite des
Three Sisters, nous avons fait une pause déjeuner à Katoomba, un
village minier tout à côté reconverti depuis en zone touristique
bordée d'hôtels, de pubs et de restaurants. A l'origine, quand la
zone a été découverte, on extrayait le charbon dans le canyon. Il
y a encore des vestiges des mines et des rails qui permettaient de
remonter la cargaison. C'est aussi dans les gorges que finissaient
les voitures, les eaux usées... A l'époque on voyait ça comme un
puits sans fond.
On est descendu au fond
des gorges, par un sentier qui traverse une épaisse forêt avec des
fougères arborescentes comme en Nouvelle-Zélande. Jim nous a dit
que ces fougères sont l'une des plus vieilles plantes sur Terre et
qui existaient déjà à l'époque des dinosaures, leur servant de
nourriture. Quand on y songe, on se sent soudain bien petit, comme
marchant dans un musée d'histoire naturelle à ciel ouvert. Les
pentes sont aussi recouvertes de cascades à plusieurs niveaux, on a
l'impression d'être dans un autre monde, où la civilisation
n'existe plus. J'ai préféré cette partie du circuit ; les
gens, le plus souvent incapables de faire trois pas, préférant
rester en haut à regarder le truc depuis les belvédère plutôt que
d'essayer d'en voir plus en descendant plus bas. Tant mieux !Pour
remonter on a le choix entre un funiculaire et une télécabine un
peu plus bas.
The Three Sisters |
Il était aux alentours
de 18 heures quand nous somme revenus sur Sydney. Je ne regrette pas
ma journée, même s'il y avait du monde, j'ai vus de grands espaces
sauvages, à la porte de Sydney et cela m'a fait du bien. Les Blue
Montains sont très vastes, la partie que l'on a vue, sans doute la
plus spectaculaire, est la plus fréquentée mais on peut y rester
des semaines si on veut en voir plus et sans croiser un chat. C'est
un paradis pour les randonneurs. Jim nous a laissé au niveau de
Darling Harbour car il ne voulait ps s'emmancher plus dans le centre.
En effet aujourd'hui démarre un festival avec des concerts gratuits
un peu partout. C’est donc le bazar, avec des rues barrées et des
bouchons, d'autant plus que les répétitions ont déjà commencé.
Ce soir Manu Chao se produit ici. J'avais l'intention d'aller le voir
mais je me suis ravisé, les foules je n'aime pas beaucoup. Et puis
j'ai tourné pas mal autour de l'auberge dans la soirée à la
recherche d'un restaurant pas très cher.
C'est mission impossible, le moins cher que j'ai trouvé c'est 17 dollars l'entrée, 29 le plat. Avec le taux de change en vigueur vous pouvez vous dire que c'est quasiment l'euro. Tout est à ce prix là, pizzerias, chinois, japonais. Impossible d'y échapper sauf à finir dans les fast-foods. A ce sujet, Burger King porte ici un autre nom : Happy Jack's. Jim m'a expliqué pourquoi : quand ils ont voulu s'implanter en Australie, il y avait déjà une chaîne qui portait le nom de Burger King, qui a fait faillite depuis. Ils ont donc été contraints de changer leur nom.
C'est mission impossible, le moins cher que j'ai trouvé c'est 17 dollars l'entrée, 29 le plat. Avec le taux de change en vigueur vous pouvez vous dire que c'est quasiment l'euro. Tout est à ce prix là, pizzerias, chinois, japonais. Impossible d'y échapper sauf à finir dans les fast-foods. A ce sujet, Burger King porte ici un autre nom : Happy Jack's. Jim m'a expliqué pourquoi : quand ils ont voulu s'implanter en Australie, il y avait déjà une chaîne qui portait le nom de Burger King, qui a fait faillite depuis. Ils ont donc été contraints de changer leur nom.
Après avoir tourné en
rond pendant des heures, je me suis rappelé la cuisine à l'hôtel
et j'ai donc acheter des victuailles dans un supermarché. Ce qui
m'énerve un peu ici c'est que dans les épiceries, ils n'affichent
pas les prix dans les rayons ni sur les produits, c'est toujours la
surprise en caisse. Pour un plat tout fait sous vide style Fleury
Michon, un yaourt, une salade de fruits en coupelle et une petite
bouteille d'eau gazeuse je suis ressorti de là délesté de 29
dollars. Tout est comme ça. Tout le monde se plaint des prix
exorbitants de la nourriture à Sydney, à l'auberge ils mangent tous
des pâtes ou du porridge à toute heure avec une pomme. Je comprends
maintenant pourquoi tous les australiens que j'avais rencontrés
auparavant n'aiment pas Sydney. Ils ne peuvent pas y vivre. C'est
bien dommage ! Et pour tous ceux qui rêvent de venir
s'installer à Sydney, c'est un rêve qui s'effondre. Une ville en
train de devenir un point de rencontre pour touristes, comme un peu
partout ailleurs dans le monde...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.