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mardi 24 janvier 2012

Southwest National Park


Et un de plus! Un nouveau parc national, la Tasmanie ou la tournée des parcs nationaux. Et ce n'est pas fini, il n'y a que ça ! J'ai bien eu raison de venir ici, je suis bien mieux que sous la flotte dans le Queensland. Il fait grand beau depuis maintenant 7 jours, ça ne m'était encore jamais arrivé autant de jours de beau temps à la suite depuis que j'ai commencé le voyage. J'aime les climats secs et chauds, ici je suis servi. Certes je tombe pendant la meilleure saison, c'est pour ça. Et il y a beaucoup plus de choses à voir que sur une île tropicale où sorti du lagon et quelques rochers pittoresques, il n'y a pas grand chose d'autre à voir. Mon prochain tour du monde sera plus axé grands espaces, avec le tour des Amériques, je pense être servi. Finalement les emmerdes ont eu un effet bénéfique, j'ai réussi à bien rebondir. Au début je me faisais du souci car je n'arrivais pas à louer un campervan, eh bien je n'en ai pas besoin, la tente fait largement l'affaire et ma petite voiture consomme bien moins que ces monstres au gosier toujours sec.
Ce matin, puisque j'étais à côté des grottes de Junee, j'y ai fait un saut. Il y a une petite balade d'une dizaine de minutes pour y arriver à travers un circuit enchanté constitué d'univers moussu et rempli de fougères arborescentes autour desquelles le sentier serpente. On se sent lilliputien. J'ai croisé des gens avec un drôle d'accoutrement, des hommes grenouilles, des bouteilles, des espèces de rampes autour d'un casque avec des torches et des caméras au bout. La fin du sentier était plein de sacs à dos et de bouteilles d'air comprimé laissés sur le côté. La grotte vue comme ça n'a rien de très exceptionnel, c'est une colline percée d'où s'échappe un ruisseau. On peut pénétrer à l'intérieur en marchant dans le ruisseau. Je me suis avancé au maximum que j'ai pu en en escaladant les rochers. Je pouvais voir plus loin des torches dessiner des raies de lumière sur les parois. En fait la grotte est la porte d'entrée à un réseau souterrain de 30 kilomètres de long, constitué de grottes intérieures (il y en a plus de 300!), de lacs et rivières souterraines. D'où les hommes grenouilles... J'ai en revanche oublié d'apporter ma bouteille d'eau comme conseillé par le guide, du fait que l'eau qui sort d'ici est très pure et même embouteillée à un niveau. Tant pis!
Après avoir pris de l'essence je me suis lancé sur la route qui pénètre dans le parc national. Juste quelques kilomètres après Maydena, j'ai pris sur la droite une piste caillouteuse qui mène à Styx Valley, endroit conseillé par mon guide. Le chemin est assez long, il faut conduire 14 kilomètres mais ça ne m'effraie plus, quand on a fait la Western Explorer, on n'est plus à ça près! A un moment il y avait sur le sol comme une lanière de pneu éclaté. Alors que j'allais rouler dessus j'ai réalisé que c'était un long et gros serpent. Je me suis arrêté et j'ai constaté qu'il n'était pas écrasé, il prenait juste un bain de soleil sur les cailloux de la piste. Tandis que j'essayais de m'approcher un peu plus près pour avoir une photo en gros plan, il s'est détourné et a filé dans les herbes du bas côté en ondulant. Quand on y pense, vous êtes vous jamais demandé comment un serpent pouvait avancer en ondulant ? Essayez par terre de faire des contorsions de droite et de gauche, vous verrez si ça avance!
A un moment de la Styx Valley, il y a un sentier qui part vers la Big Tree Reserve en un court sentier qui tient plus de la promenade de santé. On y rencontre des eucalyptus multi centenaires dont 2 spécimens battent tous les records : l'un culmine à 86 mètres tandis que l'autre le bat d'un mètre de plus. Les troncs font 19 mètres de circonférence et sont si hauts que la lumière a du mal à passer et éclaire le sous bois de fins rayons de soleil qui illuminent les fougères arborescentes en un vert tendre. La vallée est en cours de classement pour former un nouveau parc national : Valley of the Giants. Mais elle se heurte à l'opposition de l'économie locale qui vit de l'exploitation forestière. Leur argument est que la zone est déjà incluse à un quart dans le Southwet National Park et qu'ils ne coupent que 1% de la forêt de la Styx Valley chaque année. Cela fait 10 ans que la guerre fait rage et anime les débats à chaque élection. 
Greenpeace s'en est même mêlé en 2004 et plus loin sur la route il y a un camp façon hippie avec des tentures aux motifs hindou et un abri où sont exposées des coupures de journal et des plaquettes d'information et de protestation. Juste à côté il y a une grande tente au slogan « Ecology justice » avec des gens chevelus et barbus qui y vivent, dernier bastion de protestataires qui invitent à laisser une pièce dans un tronc pour continuer le combat.
A côté du sentier de la Big Tree Reserve, il y en a un autre qui descend jusqu'à la rivière, très sauvage et remplie de troncs morts qui forment des barrages derrières lesquels se trouvent de petites piscines. L'eau est toujours couleur thé et cela est dû aux tanins qui sont imprégnés dans la couche d'humus qui provient de la dégradation des feuilles d'eucalyptus. Une sorte de tisane d'eucalyptus, quoi! L'endroit est merveilleux, plein de hautes fougères et de mousses. 
Je n'aimerais pas m'y promener par un hiver pluvieux. Il tombe ici 190 cm d'eau par an. C'est toutefois 3 fois moins que dans le Fjordland de Nouvelle-Zélande. Je parle souvent de la Nouvelle-Zélande car c'est vrai que je retrouve des paysages similaires, les forêts notamment, avec les mêmes sous bois humides, à la différence qu'ici l'arbre roi est l'eucalyptus. Et toujours cette nature sauvage omniprésente.
Je voulais voir le lac Pedder, dans le Southwest National Park mais j'ai appris hier soir en lisant le guide que c'est désormais un lac artificiel. Il y avait bien là un lac avant, qui comptait parmi les plus beaux de la planète, avec des plages de sable blanc sans fin mais en 1972 un barrage a été construit, engloutissant tout. 
Depuis c'est la guerre des écologistes qui veulent qu'on revienne au lac d'origine mais qui se battent face à une centrale qui produit 27 fois plus d'électricité que celle qui est dans le port de Sydney. Ils sont même venus filmer sous le lac, les plages de sable blanc sont toujours là, rien n'a changé et on voit même les traces de pneu des ULM qui venaient se poser. Ils disent qu'en 30 ans le lac retrouverait sa configuration d'origine. Sachant cela, le lac m'intéressait bien moins et ne méritait plus les 70 kilomètres que je voulais lui consacrer pour en atteindre l'extrémité. J'ai rebroussé chemin dès que je l'ai vu. Au passage, je me suis arrêté à une aire de pique nique au pied du mont Wedge qui domine tout le coin de ses hautes parois verticales. J'en ai profité pour asperger la voiture avec de l'eau qui coulait d'un robinet et que j'ai remplie dans un bidon de 5 litres d'une vieille bonbonne d'eau minérale que je me trimbalais. Elle a retrouvé un peu de son éclat mais une couche de poussière est toujours visible et ne veut pas partir, il faudrait que je frotte, mais avec quoi, je n'ai que du papier cul! 

Lac Pedder

Sur le chemin du retour je me suis arrêté au niveau d'une jonction d'où part une piste qui rejoint un sentier de randonnée insensé. C'est le South Coast Track, qui fait 155 kilomètres et permet de rejoindre l'extrémité sud de la Tasmanie où se trouve une route qui rejoint Hobart. C'est l'expérience ultime à faire en Tasmanie, traversant des paysages de l'origine des temps, totalement vierges, un truc à réserver à de doux dingues. Des agences de voyage sont spécialisées dans le convoi des randonneurs jusqu'à ce point et leur récupération à la fin, 10 à 13 jours plus tard (dans quel état?). Pour ma part, je me suis contenté d'un sentier aménagé pour les gosses, le Creepy Crawly Nature Trail qui passe dans un sous bois maléfique constitué d'un enchevêtrement de troncs et de branches moussues et couvertes de lichens pendouillant à travers desquels il faut se frayer un chemin, en enjambant les obstacles. 
C'est un truc qu'adorent les mômes pour se faire peur. A voir de préférence par une journée bien humide et dans la brume, quand tout ça est gorgé d'eau - aujourd'hui la mousse crisse entre les doigts comme des chips. Cela me rappelait tout à fait la Gomera dans les Canaries.
Ce soir je suis retourné manger à la même adresse qu'hier, dans le but non dissimulé d'aller voir des platypus qui sévissent dans la mare du grand jardin de la propriété. Hier je les avais ratés et je n'avais vu à la place qu'un pademelon effrayé venu boire un coup. Après avoir guetté un bon moment, j'ai fini par en voir un. Mais qu'est ce donc qu'un platypus? C'est une espèce de créature inclassable, de la même famille que l'echidna, qui pond des œufs et allaite et dont le mâle possède des sacs le long des pattes arrières gorgés d'un liquide venimeux qui peut tuer un chien! 
Ça a la taille d'une loutre et un long museau en forme de bec de canard. Ça passe sont temps le nez dans l'eau avec juste deux yeux qui sortent comme les crocodiles, quand ce n'est pas en train de plonger. J'en ai repéré un grâce à son sillage, qui se déplaçait sans bruit. J'ai essayé de l'avoir à photo mais c'est impossible à avoir. Il était trop enfoui sous l'eau pour avoir un résultat digne de ce nom.
Sur le chemin qui me conduisait à Junee Cave, j'ai encore cru apercevoir un diable de Tasmanie. C'est la deuxième fois que je vois ça : une bestiole noire de la taille d'un caniche qui s'enfuit en courant comme un chien, avec le jabot blanc. J'ai regardé des photos de diable de Tasmanie, ça correspond. Mais quand on voit juste une ombre, c'est un peu difficile à affirmer. Mais qu'est ce que cela pourrait il être d'autre ? Dans un endroit où il n'y a pas âme qui vive, ce ne peut pas être un chien, qui plus est un caniche à sa mémère! 

Mount Wedge

1 commentaire:

  1. Poésie Nature! Il est charmant comme site. Les photos sont formidables, et tous ces récits culturels me fascinent. Compliments, et que l'aventure continue jusqu'au bout.

    JM.

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