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mercredi 18 janvier 2012

Randonnée à Freycinet


Le parc national a parait il le nom d'une marque de champagne. Rien de bien étonnant car le secteur a plein de noms français, en raison de l'explorateur Nicolas Baudin qui a atterri ici en 1802 avec les frères Freycinet, Henri et Louis. Ils ont laissé leur empreinte à de nombreux endroits, surtout des caps qui portent des noms français : Cap Forestier, Cap Tourville, Pointe Fleurieu... Il y a même un mont Freycinet et un mont Baudin. Faites moi penser la prochaine fois que je vais quelque part à donner mon nom à un endroit !
La nuit dernière il y a eu un orage terrible qui m'a réveillé sur les coups de trois heures du matin, avec des pluies torrentielles qui faisaient un vacarme sur la toile de la tente. Je me suis redressé un peu sur mon matelas, pour tendre l’œil et l'oreille vis à vis de la foudre. Car je déteste ça quand je fais du camping. On ne sait jamais où la foudre peut tomber et dans ma tente si je ne meurs pas foudroyé je mourrai la peau brûlée par le nylon incrusté dans les chairs. 
Bref, dès que l'orage gronde la peur s'installe. Un moment il y a eu 3 secondes entre un éclair qui aurait éclairé Las Vegas et le tonnerre. D'après mes connaissances dans la vitesse du son, ça fait le point d'impact à moins d'un kilomètre. Je n'ai donc pas traîné, prenant l'oreiller et le sac de couchage, direction la voiture. Je me souviens toujours de la phrase de mon père qui nous disait à mon frère et moi quand on était petits qu'en cas d'orage il fallait se mettre dans une voiture, que ça faisait cage de Faraday. C'est donc devenu un instinct. Une peur pour rien car dès que je suis rentré dans la voiture, la pluie a cessé et l'orage aussi. Et comme ma voiture japonaise n'a pas le siège qui se rabat complètement (spécificité aux nouvelles voitures, je ne vois pas en quoi ça coûte plus cher d'équiper avec un siège qui descend à l'horizontal, faudra qu'on m'explique), j'ai fait une transhumance vers la tente. En parlant de la voiture, elle est vraiment japonaise et je pense faite pour les femmes. Car les pédales sont si rapprochées et étudiées pour des petits pieds de japonaises que souvent en appuyant sur la pédale de frein j'appuie aussi sur l'accélérateur. C'est fâcheux...
A 7 heures du matin, je suis allé faire un tour vers la plage, pour regarder si des kangourous sautillaient dans les dunes. Rien, pas un marsupial. Je suis donc retourné à la voiture, écrire mon blog sur le siège passager, comme ce que je fais tous les matins. Mon attention a été rapidement détournée par des ombres furtives que je sentais passer dans les angles de mon champ de vision. Des kangourous ! Pas besoin de les chercher, ils viennent à moi. Ils sortaient de derrière les fourrés, il y en avait de toutes les tailles et de deux races. Une gris anthracite à oreilles de souris et l'autre avec un museau et des oreilles noires, plus gris clair que l'autre. Je n'ai même pas eu à sortir de la voiture, juste une petite contorsion pour appuyer sur le lève-vitre électrique et j'ai dégainé mon appareil comme j'aurais pu dégainer une arme. Ils ne sont pas très farouches ces kangourous quand même ! 
Heureusement qu'ils sont dans un parc national sinon ce serait très facile à chasser. Quand je pense que j'étais désespéré de ne pas en voir dans l'Outback, visiblement ils préfèrent les endroits plus tempérés. Quand on y songe, je me demande d'ailleurs comment ils ont atterri sur cette île qu'est la Tasmanie. Avez vous déjà vu des kangourous volants ? D'ailleurs je ne sais pas si c’est des kangourous, j'appelle kangourou tout ce qui se déplace sur ressort et met ses pattes avant sur son torse comme s'il avait fait une bêtise. Mais j'ai lu qu'il y avait également des wallabys. Le nom me dit quelque chose mais je ne sais pas à quoi ça ressemble. Je crois que ce sont aussi des marsupiaux.
Alors que j'avais fini d'écrire, j'ai vu qu'un pan de ciel bleu allait arriver, chose que je n'attendais pas. Branle bas de combat, j'ai démarré en trombe. Comme on ne sait jamais combien de temps ça va durer il faut profiter du moindre répit. Et j'ai tout fait en quatrième vitesse : passer au bureau des visiteurs acheter un passe, acheter un casse croûte, préparer mon sac, remplir la bouteille d'eau... Belinda l'hôtesse n'aurait pas fait mieux ! Car plus au loin, on voyait déjà des nuages s'avancer. Je ne disposais donc que d'une petite fenêtre de tir pour me rendre au clou de Freycinet qui est Wineglass Bay. Voilà, le nom est dit ! Tapez ça sur Google vous verrez ! 



Une des plus belles plages au monde, enchâssée entre des montagnes et formant une baie à la courbe parfaite. Les parcs nationaux en Australie sont payants et les tarifs un peu exagérés : 24 dollars l'entrée pour 24 heures seulement. L'information n'est donnée sur aucun guide, aussi je la donne. Vu le nombre de parcs nationaux que je compte faire en Tasmanie, ça va vite chiffrer et je n'avais pas prévu ce poste de dépenses das mon budget. Mais quand on aime on ne compte pas. Les parcs, c'est ce que je préfère !
Au parking, j'ai laissé la voiture pour emprunter le sentier qui mène au point de vue en 40 minutes. Pas le temps de monter au sommet du Mont Amos qui offre par une randonnée de 3 heures aller/retour une vue à tomber du haut de ses 454 mètres. C'est au pas de course que je suis arrivé au point de vue, haletant et en sueur car ça ne fait que grimper, en ayant doublé tout le monde qui devait me prendre pour un fou. 
Mais j'ai eu ce que je voulais sous le soleil. Un exceptionnel panorama sur Wineglass Bay qui attendait en contrebas. Ce parc national est une vraie merveille. Par certains côtés on a l'impression d'être dans la Méditerranée, avec ces roches granitiques qui émergent de la végétation. Sauf qu'ici cette dernière est surtout constituée d'eucalyptus, de bruyères arborescentes et d'autres essences que je n'ai jamais vues auparavant. Je n'ai pas pu rester aussi longtemps que je l'aurais voulu, mon plaisir étant un peu gâché par tous les touristes qui étaient arrêtés là, des familles aux gosses survoltés et des japonais juchés sur des rochers qui se prenaient en photo pendant des heures, gâchant le paysage. Pour avoir une vue à moi tout seul, j'ai d'ailleurs escaladé un rocher qui était juste derrière des japonais en train de poser. Rien à foutre, ils n'ont qu'à dégager, je ne serais pas obligé de crapahuter de la sorte!
Comme j'avais pu voir le clou du truc avant que tout ne soit plongé dans les nuages, j'ai pu retrouver mon calme et marcher normalement, tout le reste était désormais bonus. J'ai donc pris le chemin qui descend vers Wineglass Bay en 1h30. Au moins je devrais être plus tranquille, je ne vois pas tout ce monde marcher si longtemps. Et en effet j'ai eu une belle randonnée à l'ombre des bruyères. Vers la fin, j'entendais les vagues de plus en plus et apercevait la plage à travers les rideaux d'arbres, prêt à en prendre plein les yeux. Quelle plage ! Du sable blanc pas trop fin qui ne colle pas, une courbe infinie, avec des sommets des deux côtés et des rouleaux. Irrésistible ! D'ailleurs je n'ai pas résisté longtemps avant d'aller me baigner. Hier en arrivant j'avais marché dans l'eau et à ma grande surprise elle n'est pas si froide. Certes après les Tropiques cela n'a rien à voir mais ça change des lagons. J'adore quand il y a des vagues. 
La température de l'eau devait être je dirais à 21 degrés, comme dans le Sud-Ouest au mois d’Août. Avec ces vagues je m'y serais crû. Sauf qu'on est mi janvier ! Ça fait toute la différence. Au début j'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, plus par peur des méduses que par la température de l'eau. Car dans toute l'Australie sévit une méduse tellement transparente qu'elle en est invisible, la Box Jellyfish, dont le contact est mortel. A tel point qu'ils ont construit des filets autour des plages pour les empêcher de passer et qu'on est invité à se baigner en combinaison d'homme grenouille. C’est pas rassurant du tout ! A Airlie Beach notamment, dans le Queensland, ils sont même allés à construire un lagon artificiel en forme de U pour mieux en boucher la sortie. Comme il y avait d'autres personnes un peu plus loin qui se baignaient, au début de la plage quand on arrive, je me suis dit que ce devait être sûr et je me suis lancé. 
Je me suis retrouvé petit gamin à m'amuser dans les vagues, enivré par l'écume et les remous. C'est une drogue qui fait tourner la tête mais que plaisir ! Je faisais quand même attention à ne pas dépasser les vagues, elles étaient très puissantes et je sais qu'en Tasmanie la baignade est dangereuse en raison de forts courants marins. J’avais l'océan pour moi tout seul, à l'endroit de la plage où les vagues sont les plus grosses, vers le milieu de l'anse. Comme je n'avais pas prévu de maillot de bain, c'est en slip que je me suis baigné et comme je me retrouvais déculotté après chaque vague, j'ai carrément tout enlevé. D'ailleurs je n'étais pas le seul, un peu avant il y en avait deux qui se baignaient à poil. J'étais suffisamment loin du chemin d'accès pour qu'ils ne puissent rien voir. Quand je parle d'océan, je devrais plutôt dire de mer car je suis dans la mer de Tasman, qui sépare l'Australie de la Nouvelle Zélande.



Hazards Beach
J'ai bien dû rester plus d'une heure sur cette plage, n'arrivant pas à m'en défaire et à éteindre l'appareil photo. Les nuages descendaient des sommets alentours, en nappes, comme à la montagne. De gros nuages gris arrivaient en formant un cercle autour de la baie mais il y avait comme un micro climat sur Wineglass Bay qui nous laissait le soleil. Sauf qu'à un moment la température est descendue soudainement de 10 degrés sans raison. J'en ai profité pour lever le camp, prenant un circuit qui passe de l'autre côté de la presqu'île et rejoint le parking en 3 heures de marche (8 kilomètres). En fait le parc de Freycinet est sur une presqu'île et vu que Wineglass Bay est à tomber, il y a des chances pour que sa sœur de l'autre côté, Promise Bay, le soit tout autant. Pour la rejoindre on traverse un isthme plein de marécages et d'étangs avec des chants d'oiseaux inédits. La plage de Promise Bay, Hazards Beach, est moins jolie car elle est rectiligne et le sable est plus doré que blanc. 
De plus elle a des algues. Mais elle offre un paysage dramatique avec le mont Freycinet dans les nuages au fond et un ciel complètement noir tout autour.
J'ai bien vite compris que ces nuages étaient pour moi aussi j'ai à nouveau pressé le pas. 3 heures de randonnée avec ce qui s'annonce, ça risque de ne pas être la joie, avec en plus mon sac à dos qui contient l'ordinateur et le portefeuille. Je n'ai pas emporté le poncho, j'aurais dû. Car on dit ironiquement que la Tasmanie connaît quatre saisons en un jour, la faute à un temps imprévisible qui change tout le temps dans la journée. Dans les guides ils disent de toujours amener des vêtements chauds et imperméables, même s'il fait beau et qu'il n'y a pas un nuage. J'ai été inconscient, surtout qu'en partant du parking j'avais bien vu de gros nuages arriver au loin. Et je l'ai payé ! 
Des trombes d'eau se sont abattues, m'obligeant à enlever le T-Shirt pour le garder au sec dans le sac. Enfin presque, car le sac s'est rapidement retrouvé aussi mouillé qu'une serpillière. Quand enfin je suis arrivé au parking, j'étais trempé comme une loutre, j'ai mis des habits tout propres sortis du sac et j'ai mis le portefeuille à sécher sur le tableau de bord. Le reste avait résisté. J'ai bien tracé, j'ai mis 2 heures au lieu des 3 prévues, prenant mon déjeuner tout en marchant pour ne pas perdre de temps. Sur le parking il y avait deux jeunes français avec un van chargé de milles affaires en désordre. Des tour-du-mondistes très probablement. L'un des deux a dit à l'autre : « le défi du jour : il faut que tu me trouves une poubelle ». Comme je l'ai dit c’est un vrai problème que je ne suis arrivé à résoudre qu'en me rendant à Coles Bay, le village à l'entrée du Parc de Freycinet, et en squattant la poubelle d'un pauvre habitant. C'est sidérant qu'il n'y ait pas poubelles publiques dan ce pays !
L'arbre perruque!
J'ai occupé le reste de l'après midi à me balader en voiture au phare de Cap Tourville qui offre une belle vue sur toute la presqu'île, vue embrumée qui ferait penser à la Bretagne. Après j'ai pris un poulet à un restaurant avant de m'enfourner dans le parc national, en direction de Friendly Beaches mais en tournant sur la droite par un chemin non fléché, après le le panneau d'information. Il était trop tard pour espérer trouver un endroit libre où mettre ma tente, alors j'ai dormi en pleine forêt sous les eucalyptus qui ont embaumé l'air pendant mon sommeil.



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