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mercredi 30 novembre 2011

La revanche des Marlborough Sounds


J'ai cru qu'il allait donner un coup de bec dans l'objectif!
Alors que j'étais bien lové sous ma couette ce matin à écrire mes mémoires, un camion est monté sur la plate-forme. De là en est descendu un type qui est venu cogner au carreau direct. Il était 7h. Il m'a dit que j'étais sur une propriété privée, que je n'avais pas le droit d'être là, que le camping sauvage n'était pas autorisé en Nouvelle Zélande. Je me suis défendu, disant qu'il n'y avait rien de marqué et que je pensais être en forêt, que je ne savais pas, que j'étais désolé et que j'allais partir. De là il est redescendu comme il était venu. Je ne sais pas qui l'a alerté, je suis bien caché et personne n'est passé dans la nuit, à moins qu'il fasse sa ronde d'inspection tous les matins pour chasser les resquilleurs comme moi. Y en a marre de ces gens qui achètent des forêts et font leur loi. Ça devrait être interdit. Je ne vois pas en quoi je gênais, d'abord je ne faisais pas du camping, je stationnais, nuance. Au pire aura t il des traces de pneu dans la boue de son terrain, pas de quoi en faire un drame !
Je suis allé sans un autre coin des Marlborough Sounds, à leur tout début quand on vient de Nelson. 39 kilomètres de route en lacets et tournants pour arriver à Elaine Bay. J'y ai pris mon déjeuner, au bord de la mer qui ressemble plus à un lac que jamais, sur un pré aménagé pour les campings cars avec tables de pique nique et fontaines d'eau. Il y en avait un énorme, de camping car, avec antenne parabolique, auvent de la taille d'un bus et panneaux solaires. En est sorti un vieux qui partait pécher sur le ponton juste en face. A mon avis, il est là pour plusieurs jours ! Avec son engin je ne serais pas étonné que ce soit sa résidence principale. Il faut dire que le lieu est paradisiaque, paisible et loin de tout. Le soleil tape dur, on se croirait aux tropiques !
J'étais tellement bien que je fonctionnais au ralenti jusqu'à ce que je réalise qu'il était 14h et que je devais être à Nelson pour 16h pour rendre le van. J'ai conduit comme un fou, prenant les virages à 40. Heureusement il n'y avait personne devant moi. J'ai fait les 39 kilomètres dans l'autre sens en 1 heure. Un exploit ! Cela peut paraître lent mais c'est un record que d'arriver à faire du 40 à l'heure dans les Marlborough Sounds. Allez y et vous verrez ! Bien entendu il n'était plus question que je m'arrête pour prendre des photos. C'était bien dommage car la route qui mène à Nelson traverse des collines couvertes de forêts de sapins. Ça sentait bon et on se serait crû au Canada. Je regrette d'avoir traversé cette forêt en trombe, regardant à peine le paysage, tout affairé que j'étais à ne pas quitter la route en serrant mes virages.

Elaine Bay

 Mes premières impressions sur Nelson sont confirmées : c'est une ville très agréable où l'on se sent en vacances. Tout est tranquille, propre, ordonné, fleuri et joli. Par contre je m'y suis perdu alors que je cherchais l'aéroport. Il n'y avait plus rien de fléché et toutes les rues se ressemblent de sorte qu'on ne sait pas laquelle prendre. Comme d'habitude je me suis fié au soleil, me souvenant aussi que l'aéroport était au bord de la mer. Je suis arrivé en haut d'une colline avec une vue magnifique sur toute la ville, me permettant de distinguer l'aéroport. Je savais désormais par où aller. Enfin, à vol d'oiseau ! Car par la route je tournais un peu en rond, allant de culs de sac en culs de sac. Malgré tout je suis arrivé 3 minutes avant l'heure limite. C'était bien la peine de me presser, le propriétaire du van est arrivé avec 15 minutes de retard. La remise des clefs a été aussi simple qu'en prenant le van, il y avait juste à répondre oui à deux questions : est ce que ça a été et est ce que le plein est fait !
Pour l'avion c'est pareil, les vols intérieurs se prennent comme le bus. Les gens trimbalent tout et n'importe quoi. Comme en Polynésie, pas de contrôle de sécurité, pas de rayons X : on embarque en marchant à même la piste avec personne pour nous guider. Il n'y a personne non plus pour s'enregistrer : il y a des bornes, on rentre son numéro de réservation et le nombre de bagages qu'on veut mettre en soute et la machine délivre le ticket et l'étiquette à coller sur le bagage, qu'on laisse ensuite sur un tapis roulant. En 2 minutes c'est fait . Ah si tous les aéroports pouvaient être aussi simples ! En salle d'embarquement, il y a un seul hall et une hôtesse qui scanne les billets à un tourniquet. Mais on peut aussi le faire soi même. L'embarquement se fait 15 minutes avant mais en général c'est plutôt 5 minutes avant, ça va très vite. Je me rappelle à Auckland, alors que l'embarquement n'avait pas encore commencé, j'en avais profité pour aller aux toilettes. En à peine quelques minutes, ça a été branle bas de combat en entendant mon nom suivi du fameux « Last call » !



J'ai eu la plus courte correspondance de mon existence : 15 minutes à Christchurch. Quand la compagnie m'avait délivré le ticket je m'étais fait beaucoup de souci à savoir si je n'allais pas rater la correspondance. Air New Zealand m'avait dit que c'était bon, sinon ils ne m'auraient pas proposé l'horaire. Par contre je n'avais pas trop confiance sur la capacité du bagage à suivre avec une escale si courte. Eh bien figurez vous que ma tente est le premier bagage à être arrivé sur le tapis roulant à Queenstown ! Ils sont très bien ces gens de Air New Zealand ! On retrouve le plaisir à prendre l'avion, d'ordinaire c'est plutôt une corvée assortie d'un parcours du combattant.
J'avais pris une siège côté hublot pour bien apercevoir les Alpes, malheureusement l'avion n'est pas passé au dessus comme je le pensais, il a plus longé la côte le long de Christchurch avant de traverser un peu vers la fin. J'ai vu les Alpes, mais plutôt de loin, et de là impossible d'identifier le Mont Cook. J'aurai plus de chance avec mon vol Queenstown-Auckland. Celui là est direct et passe forcément au dessus des Alpes, il ne peut pas faire autrement.
A Queenstown, comme je voulais du no-stress, j'avais envoyé un mail à l'hôtel pour savoir s'ils pouvaient me mettre à disposition un taxi depuis l'aéroport, l'hôtel étant situé en dehors de la ville. Je leur avais donné les détails du vol, on s'était mis d'accord sur le tarif de la course et ils se sont chargés de tout. 
A l'arrivée j'ai été accueilli comme un ministre avec mon nom en grand sur une ardoise ! Le chauffeur m'a accompagné jusqu'au tapis et m'a porté les bagages. Ici, contrairement à la France, pendant ce temps là le compteur ne tournait pas. Quand je suis monté dans son taxi green-cab - un taxi écolo - il y avait marqué sur son écran la destination, mon nom, les détails du vol et le prix. Pourquoi ne fait on pas pareil en France, à payer un prix forfaitaire selon l'endroit où l'on va ? Pourquoi payer s'il y a des bouchons pour lesquels on n'est pas responsable ou si le chauffeur décide de prendre un itinéraire à rallonge ? En France, question services, il y a encore du progrès à faire et ces exemples sont justes quelques pistes pleines de bon sens qu'on aurait tort de ne pas copier.
Ce soir à l'hôtel j'ai réalisé en voulant recharger mon téléphone que je n'avais plus le chargeur. Je l'ai perdu, laissé quelque part. C'était juste un cordon USB à la con pour ne pas m'encombrer, et trop petit, il a dû tomber quelque part la dernière fois que je m'en suis servi. Pourtant je vérifie à chaque fois, plutôt deux fois qu'une. Ça m'emmerde car c'est un cordon propriétaire - évidemment, pourquoi ne pas faire une prise mini USB classique ? -, ce qui veut dire qu'il est désormais inutilisable. Va trouver une boutique de pièces détachées Samsung ici ! Il va donc falloir que je m'en achète un autre, un truc basique à deux balles, si je trouve. Mais va falloir qu'il soit quadribande, sinon je vais avoir des problèmes dans les autres pays, et en plus qu'il se recharge par USB. Car je ne veux pas d'un truc avec chargeur. Comment ferai je ultérieurement avec un chargeur pour prise néo-zélandaise ?
Pour me consoler, j'ai réservé une excursion par bus pour Millford Sound, assortie d'une croisière, pour après demain. C'est l'endroit le plus spectaculaire de Nouvelle Zélande, paraît il. J'aurais pu choisir de m'y rendre avec le van mais c'est 600 km aller et retour de routes de montagne. Je préfère encore passer 9 heures dans un bus et me laisser conduire que de prendre la route. Après les Marlborough Sounds, j'en ai un peu marre de conduire dans les sounds, je veux du repos !

mardi 29 novembre 2011

Les Marlborough Sounds

Conduire dans les Marlborough Sounds n'est pas chose aisée, je plains ceux qui habitent ici. Car c'est immense, sur la carte ça a l'air tout rabougri mais avec tous les virages, une fois qu'on déplie tout on a dû mal à y croire. Il m'aura fallu des heures pour arriver à un prétendu point de vue, au dessus d'Endeavour Inlet, qui a dû exister en son temps mais qui depuis est envahi par la végétation. J'ai fait des kilomètres de pistes caillouteuses pour rien. 
Mahau Sound
Car la végétation est si dense qu'il n'y a pas de trouée permettant de voir les bras de mer. Par moment je pensais avoir une vue à travers les branches et j'arrêtais le van. Et c'est dépité que je constatais qu'il n'y avait aucune trouée. A force je ne m'arrêtais plus, j'ai compris le truc. En conduisant, si on scrute à travers les rideaux d'arbres, le cerveau assemble les différentes parties du fond qui se dévoilent au fur et à mesure qu'on avance, formant une image dont il a supprimé les arbres devant. C'est étonnant mais cette image est une illusion d'optique. Faites l'essai en voiture (mieux vaut être côté passager!), scrutez à travers des arbres tout autour, vous finirez par voir à travers ! J'ai fait une dizaine de kilomètres ainsi, 20 si on compte le retour, sans croiser personne et sans couverture pour le téléphone. J'étais un peu inconscient sur ce coup là. Que se serait il passé si j'avais crevé ? Je ne sais même pas s'il y a une roue de secours. En plus la voiture n'arrêtait pas de sentir le plastique brûlé. Ça sort du moteur mais je ne sais pas ce que c'est, il n'y a aucun voyant d'allumé.
Kenepuru Sound
Le temps aujourd'hui est comme hier, la pluie en moins. Pas de soleil, donc des photos ternes que j'ai peine à montrer. Je suis sûr que cette région est magnifique sous le soleil. Le long de la route il y avait quelques maisons à vendre et ils affichaient pour aguicher des photos prises du jardin avec la maison surplombant la baie. Photos évidemment prises sous un soleil radieux. Eh bien ça n'a rien à voir. Ils n'en vendraient aucune de maison avec un temps pareil ! Il me reste encore demain matin en séance de rattrapage, avant de prendre l'avion pour Queenstown. Il y a de l'espoir !
Quand on se balade de baie en baie, on a du mal à réaliser que c'est la mer. On se croirait en montagne, au bord d'un lac. C'est tellement gigantesque ! 
J'ai mis une photo d'une carte d'orientation pour les randonneurs pour que vous réalisiez à quel point cette région est incroyable. En parlant de randonneurs, j'en ai croisé quelques uns, des fous, avec leur matériel de camping sur le dos. Le fameux sentier Queen Charlotte fait 71 kilomètres de long, juste l'aller, et finit en cul de sac. Ce qui veut dire qu'il faut se farcir le retour, à moins d'avoir négocié avec quelqu'un pour être récupéré en bateau (peut être que des excursionnistes font ça). Pour ma part, j'ai fait les trois quarts de ce parcours en voiture, par une route qui suit le sentier en parallèle mais en contrebas, le sentier restant surtout sur les crêtes. J'ai pris une portion du sentier, pour voir, après le déjeuner. Il y a de grands panneaux très bien faits qui expliquent l'itinéraire et les consignes à suivre sous forme de charte de bonne conduite qui m'a beaucoup émue. Je partage à 100% ce qui est écrit et cela fait du bien de le voir écrit et livré en conseil aux visiteurs. Je vous en livre quelques passages :
Ces têtes!
« Protect plant ad animals. Treat New Zealand's forests and birds with care and respect. They are unique and often rare. Consider others. People visit the back country and rural areas for many reasons. Be considerate of other visitors who also have a right to enjoy the natural environment. Respect our cultural heritage. Many places in New Zealand have a spiritual and historical signifiance. Treat these places with consideration and respect. Enjoy your visit. Enjoy your outdoor experience. Take a last look before leaving an area ; will the next visitor know that you have been there ? Protect the environment for your own sake, for the sake of those who come after you, and for the environment itself. Toitu te whenua (leave the land undistrubed). » Voilà qui est joliment dit !

Kenepuru Sound

Sur le sentier Queen Charlotte
Le sentier est le résultat de négociations avec les propriétaires terriens, pas mal d'endroits étant privés. Des portions du sentier traversent donc des propriété privées, sans qu'on le sache, rien ne les différencie du reste. Sauf que pour avoir le droit d'y pénétrer, il faut avoir en sa possession un pass qui s'achète à différents endroits des Sounds. Évidemment le bout de chemin que j'ai fait était payant. C'est bien la première fois que je voyais un sentier en plein milieu de nulle part, perdu dans la nature devenir payant. Il y avait des bornes indiquant qu'au delà de ce point il fallait avoir acheté un pass, qu'on entrait en propriété privée. Ça m'a stoppé un temps avant que je continue plus loin, bravant une fois de plus l'interdit, à la recherche d'un point de vue. De toute façon, il n'y a personne aujourd'hui, la probabilité que je tombe sur un garde est faible. Et au cas où, j'aurais fait l'innocent, celui qui vient d'arriver et cherche un point de vue, qui est garé juste en bas et qui ne compte pas faire la randonnée, ce qui est totalement vrai. De toute façon au bout de vingt minutes, j'ai abandonné, le sentier monte mais n'offre jamais aucune vue sur la mer.
Endeavour Inlet
Ce soir, en dépit de nombreux camps disponibles pour camper, à moitié vides ; j'ai préféré me mettre dans une zone où des engins de chantier étaient venus faire du débardage, au niveau d'une plate-forme surplombant la route. Au moins j'allais être tranquille ! J'ai fini la bouteille de vin et lu l'étiquette derrière. Elle dit exactement la même chose que je pensais lors de la dégustation : « The vines planted in an old riverbed have their lower bunches of fruit ripened by the reflected sun during the day, and grow in a warm microclimate at night as the stones discharge their heat. The soil is poor which makes the vines struggle for survival, a situation that is actually beneficial to winemaking since the vine produces fruit with incredibly intense flavour. This fragrant Pinot Noir, from the premium Marlborough wine growing region of New Zealand, exhibits a rich, open-knit bouquet of raspberry fruit interlinked with soft silky tannings which lead into a fresh, balanced finish ». Voilà, maintenant je peux balancer la bouteille !
Alors que j'étais dans le lit prêt à dormir, j'ai songé à ce voyage. Dans l'effervescence des découvertes, j'en oublie presque la chance d'être là, comme si tout était normal et avait toujours été ainsi. Chaque jour est différent, chaque jour est nouveau, chaque jour est une première fois et parfois j'en oublie que je ne vis que des premières fois. En tout cas ce que j'ai bien oublié c'est la notion des jours de la semaine. Normal c'est ce qui régit un travailleur : du lundi au vendredi c'est pour l’État et la société, le reste c'est pour nous. La seule chose que je sais encore c'est la date. Je suis bien obligé sinon j'aurais des problèmes avec les avions. Mais parfois je m'en souviens avec peine, je dois remonter au dernier vol que j'ai pris et retracer ce que j'ai fait jour par jour pour en déduire la date du jour. C'est jouissif, plus de date, plus de jour de la semaine, plus que des jours nouveaux qui s'ouvrent sur des jours formidables ! Et qu'il pleuve ou qu'il fasse beau, chaque jour je remercie le ciel de pouvoir vivre ça, en étant en bonne santé et avec toutes mes facultés. Je sais que c'est une expérience extraordinaire et un cadeau incroyable.

lundi 28 novembre 2011

Il pleut des cordes...

Sur la route, vers Murchison
...aussi j'en ai profité pour faire de la route. Un peu trop même. Ce sont des trombes d'eau qui se sont abattues sur l'île du Sud ce matin, même avec les essuies glaces en position maximum on n'y voit rien ! C'est un temps à écraser tout ce qui me passe devant. Hier j'avais dans l'intention de me rendre à Kaikoura, au dessus de Christchurch, endroit prisé par les otaries mais mon tableau des distances m'en a dissuadé : 369km et 6h35 annoncés. Entre temps j'ai enfin trouvé sur la carte la presqu'île d'Otago dont Corinne me parlait. C'est le nom d'une région, c'est pour cela que je ne trouvais pas. C'est à Owaka que ça se passe en fait, en face du phare de Nugget Point où je vois marqué au menu : penguins, sea lions, elephant seals, fur seals. Bref, que du beau monde ! Je n'avais pas prévu de m'y rendre mais avec ce que je vois, ces maudites bestioles auront raison des 300 km à parcourir depuis Queenstown ! Et je peux oublier Kaikoura avec « seulement » ses otaries, baleines et dauphins. Tant pis pour les baleines !
C'est bluffant ce buffle!
Place donc à Nelson ! Seulement voilà, à 90 km de Nelson, je suis arrivé à une intersection fléchée Picton. Picton est le point de départ des Marlborough Sounds où je compte me rendre. On peut y pénétrer par Nelson ou Picton mais cette dernière est plus près. Rejoindre Picton me permettrait donc d'y être plus vite. Mais là où je comptais faire une escale déjeuner à Nelson, en prenant la route de Picton ce n'est pas possible, la route étant d'une traite sans aucun village. J'aurai fait Hotitika-Picton d'un bloc, ne m’arrêtant que 5 minutes le temps de prendre de l'essence. Je suis arrivé dans un état de boule de nerfs, je n'en pouvais plus après ces 6 heures de route.
Le temps était toujours aussi pluvieux, si la météo ne se trompe pas, c'est parti comme ça pour plusieurs jours. C'est bien dommage car les Marlborough Sounds ont l'air fantastiques.
Picton
La route qui part de Picton - et rejoint Nelson - est une horreur à trouver, elle n'est pas indiquée ! Il n'y en a que pour les terminaux de ferry qui vont à Wellington sur l'île du Nord. C'est en regardant un plan détaillé de Picton que j'ai vu qu'il fallait prendre Queen Charlotte Drive. Pourquoi ne flèchent ils pas Nelson ou Marlborough Sounds ? On ne doit pas dépasser 50 km/h sur la route, ils sont optimistes, pour moi au dessus de 30 je sors de la route ! Je n'ai jamais vu une route comme ça, ce sont des virages secs tous les 50 mètres, j'en avais le tournis. Sur la carte on voit un trait tout droit, c'est mensonger ! Il faut dire que les Marlborough Sounds sont des îles et presqu'îles tellement déchiquetées qu'on a l'impression de voir une région qui aurait été soudainement envahie par les eaux.
Queen Charlotte Sound
Un peu avant Havelock j'ai pris la petite route qui pénètre au centre des Sounds et qui s'arrête au très populaire sentier de randonnée Queen Charlotte qui offre des panoramas à tomber. C'est ce que j'ai prévu pour demain, enfin s'il ne pleut pas ! Pour l'heure il est temps de dîner. N'ayant pas trouvé un camp du DOC où m'arrêter, je me suis garé sur un monticule de terre à l'extrémité d'une route qui ne mène qu'à des habitations. Car là, comme à Bay of Islands, ce ne sont que des propriétés privées perdues dans la forêt, surplombant les baies et empêchant d'avoir un accès à la mer. Aucun chemin qui parte dans la forêt sur lequel j'aurais pu dormir. Mais ce n'est pas grave, là où je suis ça a l'air tranquille, il ne devrait pas y avoir trop de passage, j'ai l'impression que ce sont surtout des résidences secondaires. Il faut dire que l'accès n'est pas aisé et qu'il vaut mieux ne rien avoir oublié au supermarché ! Alors de là à faire la route tous les jours pour aller travailler à Nelson...
Queen Charlotte Sound, vers Momorangi
Rectification au sujet des kiwis hier, ce n'est pas 80 œufs par femelle et par an, c'est un œuf par femelle. Et il n'en reste que 80 à travers toute la Nouvelle Zélande alors qu'ils étaient plusieurs millions il y a 200 ans. Le kiwi dont il est question est le plus rare de tous : le rowi. Il vit uniquement dans les forêts autour du glacier de Franz Josef.
Au dîner c'est festin, j'ai amélioré l'ordinaire sur les conseils de Chantal. Je me suis dégoté une bouteille de Pinot Noir, Stoneburn 2009, que j'ai choisie car elle a remporté la médaille d'argent à la sélection de Air New Zealand. Devant la ribambelle de pinots noirs, il était dur de faire un choix, j'ai donc opté pour celui là qui avait un prix. Ils ne s'y sont pas trompés ! En plus il est des Marlborough, on ne peut plus local. Il est très bon, je me suis sifflé la moitié de la bouteille pour ne pas gâcher, le reste c'est pour demain. Il se boit comme du petit lait, il est léger et très fruité, pas du tout râpeux. Mais il cogne, 13,5 degrés au thermomètre ! Heureusement je n'ai pas à aller très loin, la voiture est à 50 cm et j'ai juste à m'enfourner au lit par la porte coulissante ! Merci Chantal pour le conseil.
Un dîner presque parfait...
J'avais commencé à faire la vaisselle quand j'ai réalisé que j'avais oublié de manger les fraises. C'eut été un crime. Elle sont délicieuses ! Eh oui c'est le mois de mai ici, qui dit mois de mai dit fraises. J'ai de la chance, pas besoin d'attendre mai prochain. Aux amateurs de fraises je dis : venez à l'automne en Nouvelle Zélande, comme ça vous aurez 2 saisons des fraises dans l'année ! J'ai appris aussi à faire la vaisselle dans très peu d'eau, 50 cl à peine, eau de rinçage comprise ! J'ai ma technique, tout un art dont l'éponge et le torchon font en fait tout le travail. C'est eux que je vais devoir nettoyer souvent. La prochaine fois, je suis bon pour un trek dans le Sahel !

dimanche 27 novembre 2011

Glacier Country


Lac Mapourika et Southern Alps
En me levant, de larges parts de ciel bleu étaient visibles, je me suis donc engouffré à l'avant du van, avant que tout ça ne se couvre. Le mauvais temps est attendu pour l'après midi, déjà hier soir en arrivant on ne voyait rien, tout était dans les nuages. Cette région est l'un des plus pluvieuses qui existe : il y pleut 5100 mm par an quand à Londres par exemple ce n'est que 611. C'est pour dire comme les chances sont minces pour apercevoir les sommets enneigés. Mais ce matin j'ai de la chance, dès la route l'enchantement est là : on voit les sommets, entre deux nappes de nuages gris un peu plus loin qui ne vont pas tarder à gagner les hauteurs dès que le soleil va monter ! Je connais le temps en montagne, la nuit les nuages descendent dans la vallée et remontent vers les sommets quand il fait plus chaud. Il ne fallait donc pas que je traîne, j'ai rejoint Franz Josef sur les chapeaux de roue.
Franz Josef Glacier
Mon but de la matinée est de dégoter un guide pour m'emmener sur le glacier. Tout le monde fait ça. Direction donc le bureau de Franz Josef Glacier Guides. Je ne suis pas le premier, des hordes de bus sont déjà garées devant. C'est une vraie ruche là dedans, ça sent les pieds, les gens se changent... Je me dirige vers l'accueil pour demander un tour sur le glacier. Ça tombe bien : il y en a un qui part dans 15 minutes. La conseillère me demande si j'ai réservé et fait la mou devant ma réponse. Puis après avoir farfouillé dans son ordinateur, le verdict tombe : c'est complet pour les 2 sorties de ce matin, il reste de la place pour cet après midi, à 12h30 pour un retour vers 17h. Ça ne me convient pas, le temps de cet après midi est moche, c'est même écrit sur le bulletin météo qui est affiché sur son bureau ! Je décline donc l'offre et me décide d'y aller par mes propres moyens. Tant pis je ne marcherai pas sur le glacier mais au moins aurai je une chance de le voir !
Le glacier n'est qu'à quelques kilomètres de là mais la route possède de nombreux ralentisseurs obligeant à rouler à 10 ! Ils ont disposé des doubles rangées de pierres pointues scellées dans le bitume. Quelle idée ! Moi je les ai pris à 30 et à chaque fois ça faisait un bruit comme si j'allais y laissé un essieu et toute la vaisselles valdinguait dans le coffre. Faites moi place, je veux voir le glacier ! Seules quelques voitures sont sur le parking, normal il n'est que 8 heures et des brouettes et je suis là avant tous les tours organisés. Il y a un sentier qui rejoint le glacier en 1h30 aller retour. Parfait ! Mais en chemin, dilemme : un autre chemin part sur la gauche montant au sommet d'une colline avec la mention prometteuse de vue panoramique sur le glacier. Je n'y résiste pas ! Pour ne pas perdre trop de temps, je prends le chemin en courant, c'est plein de lacets, rapidement je n'ai plus de souffle. C'est la gorge brûlante que je suis arrivé en haut où un groupe de russes prenait toute la place du belvédère et ne me laissait pas le passage. Je leur suis rentré dans le lard !
La vue est magnifique, en contrebas se dessine une vallée, faite d'alluvions et au fond le glacier est là, qui serpente, avec le sommet du Mont Roon qui surplombe tout ça de ses 2231 mètres. C'est encore un endroit qui apparaît dans le film « Le seigneur des anneaux », sous le nom « Lighting of the Beacons ». A mon retour il faudra que je le regarde à nouveau pour voir si je reconnais des paysages.
Pas le temps de traîner, je dois à présent me rendre au centre de l'action. Je re-bouscule les russes qui avaient aussi commencé à redescendre. Je suis quasiment seul dans la vallée. Sur sa droite de nombreuses cascades déboulent le long de parois à 90 degrés. Le glacier arrive bien bas, comme promis, jusqu'à un niveau approximatif de 250 mètres au dessus du niveau de la mer. Je ne vous raconte pas dans quel état il est en bas ! 
Il est tout dégueulasse, gris, plein de sables et de pierres qu'il a amassés tout le long de son parcours. La rivière sort par une caverne qui marque la fin du glacier. Les rochers tout autour sont tout lisses et incurvés. On voit bien les mouvements abrasifs du glacier qui ont dessiné des stries le long de la roche. Le sentier s'arrête là, à la base du glacier. Des barrières de corde empêchent le passage, de nombreux écriteaux avec de faux gardes grandeur nature indiquent de ne pas aller au delà, qu'il y a risque de mort, avec à l'appui des photos de coupures de journaux faisant la une sur des touristes ensevelis. C'est frustrant de ne pas pouvoir aller plus loin. Pourtant, un groupe est passé par dessus et part à l'assaut d'une colline grise, par un petit sentier qui part en lacets et ne semble pas avoir de difficultés majeures. S'ils sont passés, je peux le faire ! 
J'ai donc enjambé les trois cordes et leur ai emboîté le pas. Il n'y a rien de bien compliqué, certes le sentier est étroit avec des passages un peu raides et des graviers qui roulent sous les pieds mais j'ai fait bien pire. En fait, rapidement je comprends que le groupe d'une dizaine de personnes a un guide, ce ne sont pas des gens comme moi qui ont bravé l'interdit. Du coup, je ralentis la cadence pour ne pas me retrouver en confrontation avec. Je ne voudrais pas que le guide m'engueule ou me colle une prune. Au cas où, j'avais prévu une réponse, comme quoi je montais juste en haut de cette colline qui masquait le glacier et m'arrêterais en haut. Mais un sommet en montagne en cache un autre et il a fallu que je continue à marcher un peu jusqu'à un col où ils se sont tous arrêtés pour chausser crampons et piolets. J'avais tort de m'en faire, j'ai eu droit à un « Hello » avec un grand sourire. 



J'ai grimpé en haut d'un rocher et suis resté longtemps à admirer ce paysage féerique. Le glacier forme des pics et canyons bleutés dans un labyrinthe à se demander par où passent les gens. Pour ma part, je ne pouvais pas aller plus loin, plus loin c'est la glace avec des crevasses, des précipices et des cailloux qui roulent. Je ne suis pas inconscient au point d'aller là dedans. De toute façon je n'avais pas besoin de plus, ce que je voyais me régalait les yeux bien suffisamment. Sur le chemin qui continuait des gars du parc étaient là, armés de pioches et de pelles pour entretenir le chemin, consolider la glace et éviter les éboulis. Ils travaillaient d'arrache-pied, en T shirt, s'essuyant le front régulièrement. J'étais le premier à arriver là avec le petit groupe a côté de moi. 
Remarquez comme les gens ont l'air petit!
Finalement j'avais pu me débrouiller tout seul sans guide, et avant tout le monde ! J'avais ce spectacle en avant première pour moi tout seul, sans cri, sans japonais bavards ! La seule différence avec l'excursion est que je n'avais pas eu la marche d'une heure sur le glacier. Mais en y regardant de plus près, j'y étais sur le glacier ! Je suis allé sur le sommet d'une crête de cette colline grise sur laquelle je me trouvais. L'autre côté de la crête tombait en à pic et formait comme une coupe de la colline. Et c'est avec un peu d'effroi que j'ai réalisé que j'étais sur la glacier. Ce qui ressemblait à une colline de pierres était en fait une montagne de glace enrobée de caillasses, à la façon d'un cône glacé ! Et le cône fondait pas mal et partait en éboulis. Toutes les 10 secondes j'entendais un craquement suivi d'une partie qui se décrochait. Je ne me suis donc pas éternisé, avant que ce ne soit mon tour. Je n'aurais pas voulu être retrouvé dans 3000 ans, conservé intact ou presque dans les glaces pendant que les gens penseraient : « Oh, un ancêtre » !
En redescendant les hordes de groupes de 8h45 sont arrivées comme des caravanes de bédouins. Ils étaient médusés de me voir redescendre en Crocs, et tout seul ! Ils devaient avoir les boules d'avoir payé 80 euros alors que je m'étais débrouillé de mes propres moyens. Je tenais ma revanche : « alors c'était complet ce matin ? Voyez je l'ai fait tout seul! ». Les guides ne semblaient pas m'en vouloir pour autant même si j'ai zappé leurs services. Ils me souriaient et me disaient bonjour. Personne ne m'a rien dit sur le fait que j'étais passé par dessus la barrière. Les touristes marchaient à la queue leu leu avec un numéro autour du cou comme les vaches dans un pré. Qu'est ce que j'étais content d'y être arrivé avant eux ! Il a par contre fallu que je leur laisse le passage, le sentier étant trop étroit pur permettre deux personnes de se croiser. Pendant ce temps j'attendais perché sur un rocher à faire le gué comme une marmotte ! Quand je suis retourné à la barrière il y avait un comité d'accueil. J'avais peur que ce soit des gens du parc en train de m'attendre avec un carnet de contraventions à la main - ou des menottes!- , ce n'était en fait qu'un autre groupe qui était briefé avant de s'avancer sur le glacier. Ouf !
Fox Glacier
J'ai rejoint le van vers 11 heures dans l'idée d'aller à l'autre glacier, Fox Glacier, situé à une vingtaine de kilomètres de là. Fox Glacier est moins impressionnant à ce que disent les guides... On verra bien ! Avant d'arriver à Fox Glacier (c'est aussi le nom du village tout comme Franz Josef), j'ai fait un crochet par le lac Matheson qui est sur toutes les cartes postales avec le mont Cook au fond. Malheureusement la carte postale n'était pas au rendez vous, on ne voyait que la base de la montagne, ça ressemblait à un lac comme n'importe lequel. Je ne me suis donc pas éternisé, peut être était il encore temps de voir le glacier. Car à Franz Josef quand j'en suis parti les nuages avaient commencé à envahir le début de la vallée mais n'avaient pas encore atteint le glacier. C'est la même chose qui se passait à Fox Glacier. Quand j'ai pénétré dans la vallée on voyait encore le Mont Cook, j'ai pensé à le photographier au retour mais j'ai regretté car en partant on ne voyait plus rien. Tant pis, je le verrai ce foutu mont de l'autre côté, quand je serai à Queenstown, et sûrement plus dégagé car les nuages franchissent rarement ce côté des Alpes, c'est ce qui écrit sur tous les livres !


Finalement je l'ai vu le glacier, mais un peu de loin, car arrivé à sa base le temps était tout couvert et le glacier tout moche. Ça aura été vraiment une course contre la montre avec la météo, mais j'ai pu voir tout ce que je voulais dans la matinée ! Je plaignais le groupe de midi, auquel j'aurais dû appartenir, qui verra un glacier tout terne et peut être même pas le sommet !
Comme les excursions étaient terminées pour moi pour la journée, j'en ai profité pour aller au restaurant à Fox Glacier où j'ai commandé un burger de poulet Cajun (c'est quoi?). Puis dans l'après midi je me suis rendu à un centre de réhabilitation de kiwis. C'est plein d'affiches et de films qui expliquent tout très bien. Leur mission est de récolter les œufs directement dans la tanière de la mère kiwi. Pour ce faire ils ont bagué des kiwis et les repèrent dans la nature avec une antenne râteau. Quand un individu ne bouge plus, ça veut dire qu'il couve. Ils arrivent alors et prélèvent les œufs. La pauvre femelle ne se retrouve alors sans rien, elle doit se demander ce qui lui arrive ! Ils font ça car le kiwi est menacé d'extinction. La faute à un prédateur qui a été introduit en Nouvelle Zélande à une époque pour contrôler les populations de rats. Mais il s'est avéré qu'il préférait les œufs de kiwis et leurs poussins. Voilà ce qui arrive quand on ne fait pas confiance à un écosystème dans sa capacité à s'auto-réguler. 
Comme le kiwi n'a aucune défense, c'est une hécatombe. Sur 80 œufs pondus par une femelle chaque année, la moitié ne donne rien. Sur les 40 restants, 28 sont mangés par les prédateurs et 8 poussins meurent de maladie. Ça ne laisse que 4 poussins encore vivants à 6 mois dont seulement 2 arriveront à l'âge adulte. On comprend mieux pourquoi le kiwi est en voie d'extinction et pourquoi on récolte les œufs pour élever les poussins qu'on relâche dans la nature une fois qu'ils ont atteint le poids d'1,2 kg.
Les kiwis sont de gros oiseaux ronds et dodus, sans aile, avec un bec très allongé. Ce sont des oiseaux nocturnes, omnivores, qui se nourrissent de vers de terre et de fruits. Leurs œufs sont énormes et doivent faire près de la moitié d'un adulte, il y a une vidéo où en voit un en train de pondre et ça a l'air d'être la torture, le volatile fermant les yeux régulièrement sans doute de douleur.
On dirait des peluches et leur plumage ressemble à une fourrure. On a du mal à réaliser que c'est un oiseau, je ne savais même pas qu'il pouvait exister un oiseau sans un semblant d'aile. Là y a vraiment rien, il est tout rond ! Je le sais car j'en ai vu ! Je n'ai pas pu prendre de photo car ils sont dans l'obscurité et sont très craintifs. Il ne faut faire aucun bruit et alors on peut les voir vivre leur vie. Les jeunes kiwis évoluent dans un parc à kiwi, avec fougères, rochers, et même des posters de montagne et des chants d'oiseaux de la forêt ! Tout pour qu'ils se sentent chez eux quand ils seront relâchés. Ils passent leur temps à crapahuter, font un des ces raffuts, on dirait des rats. Ils se déplacent très vite et fourrent tout le temps leur bec dans la terre à la recherche d'insectes qu'il n'y a pas, par instinct. Même si j'ai vu des kiwis dans le noir, éclairés par de seules lampes rouges, dans ce qui ressemble à un zoo, au moins en aurai je vu. De toute façon c'est impossible de les voir dans la nature, sauf à se balader dans les forêts avec une torche la nuit !
Lac Mahinapua
Après la ferme aux kiwis, je suis allé me prélasser dans des Hot Pools. Pas du tout comme dans l'île du Nord, ici il n'y a rien de volcanique, ce sont juste des piscines d'eau chlorée et chauffées. On est par contre dehors, dans un beau jardin luxuriant plein de fougères et d'arbres de toutes sortes. Il y a des piscines de 36, 38 ou 40 degrés, pour tous les goûts. Les piscines ont des formes irrégulières, offrant un peu d'intimité. Je suis resté un bon moment à me prélasser. Et ça a été aussi un bon moyen de prendre une douche. C'est propre comme un sou neuf et requinqué que j'ai pris la route un peu vers 18 heures pour retourner vers Nelson, en m'avançant le plus possible. Je me suis arrêté au lac Mahinapua, un peu avant Hokitika. L'endroit est magnifique et après le dîner, alors que le temps se dégageait j'ai eu droit à un coucher de soleil sur le lac, avec des nuages roses encerclant des montagnes enneigées. Une pure merveille !

samedi 26 novembre 2011

Parc National d'Arthur's Pass



Et un de plus ! Avec moi je vous fais découvrir les parcs nationaux de Nouvelle Zélande. Pas tous car il y en a trop ! Grâce à mon avancée de hier soir, j'ai pu être à Arthur's Pass avant midi. Non sans quelques frayeurs : j'ai pris un raccourci en passant par le lac Brunner alors que ma jauge d'essence avait commencé à s'allumer. Mais une station service était fléchée, et comme le lac est au bord d'un bled de 3 maisons, Moana, je pouvais peut être espérer y en trouver une. Je n'aurais pas pu faire 10 kilomètres de plus. Dans l'île du Sud, les espaces sont immenses, on ne croise guère de monde sur les routes, et les villages se résument à quelques bicoques en bois desquelles sortent des gens en salopettes et bottes de fermier quand ce n'est pas pieds nus ! Il vaut mieux donc être prévoyant avec l'essence, je saurai dorénavant, je ferai le plein dès que j'arrive à la moitié !
La rivière qui coule d'Arthur's Pass, la Turamakau, est d'un bleu comme le lac de la vallée volcanique à Rotorua. C'est sans doute les sédiments en suspension qui doivent lui donner cette couleur si particulière. La première fois que je l'ai traversée, je n'ai pas pu résister à m'arrêter en plein milieu du pont. Vous savez, ces ponts à une file... Évidemment, c'est alors que j'étais rendu à l'autre bout du pont à pied qu'une voiture s'est pointée et attendait à la sortie. Il a fallu que je radine au van dare-dare !
Le vent continue à souffler fort et il fait un froid polaire dans cette vallée. J'ai mis la capuche et des chaussettes plus un deuxième T-shirt. Tant que je n'ai pas besoin d'un polaire, je résiste. Car ça m'ennuie un peu d'en acheter un pour 10 jours et de le jeter après. Mais à attendre trop, si ça se trouve je vais en acheter un deux jours avant de partir ! Les gants ne seraient pas non plus de refus. 
Il faut dire qu'on est en pleine montagne. Arthur's Pass est un col à 1000 mètres d'altitude entouré de montagnes culminant à plus de 2000 mètres. Mon veau a eu bien du mal à y monter et sentait le plastique brûlé arrivé au col. C'est un paysage austère et vierge, quelques forêts d'un drôle de résineux au tronc blanc qui pèle comme le bouleau, couvert de mousses et au feuillage vert foncé, des steppes, des lits de rivière larges comme des terrains de football... Une ambiance de bout du monde envoûtante. Un chemin de fer passe par là, reliant la côte ouest à Christchurch, qui n'est qu'à 150 km d'Arthur's Pass.
Il y a un train touristique, le transalpin, avec des vieux wagons en bois bleu qui ont des balcons à l'avant et à l'arrière des voitures. Je l'ai croisé alors que je conduisais, aussi je n'ai pas pu le prendre en photo. On aurait dit un train électrique de collection. Sur les balcons, on pouvait distinguer des gens en train de prendre des photos. 
Sur le Petit Futé ils conseillent de prendre le train, que les sites traversés sont magnifiques. J'y avais songé un temps mais vu que Greymouth est distante de Christchurch de 256 km et que le train ne va pas bien vite, ça m'ennuyait un peu de passer une journée complète à faire l'aller et retour. J'ai aussi croisé un train de marchandises aux locomotives rigolotes sur lesquelles étaient inscrit « Kiwi Train ». Le temps que j'allume l'appareil et fasse la mise au point, il avait déjà disparu dans un virage.
Mais la plus grande curiosité reste le kea. Kezako le kea ? Eh bien il y avait des panneaux marqués « do not feed the keas » et cela m'intriguait autant que vous jusqu'à ce que j'en voie un, et même plusieurs. En fait ils pullulent ! 
Ce sont de gros perroquets verts kaki au dessous d'aile orange qui ne vivent que dans les montagnes. Ils ne sont absolument pas farouches. La première fois que j'en ai vu, je venais de prendre une photo et c'est en me retournant qu'il y en avait un debout à mes pieds, qui levait sa tête vers moi et semblait attendre comme un gosse qui tirerait mon pantalon. Ça m'a surpris, j'ai sursauté ! Une autre voiture à côté avec des enfants en transe s'amusaient à en prendre en photo jusqu'à ce qu'ils s'éloignent un peu. Le kea en a profité pour prendre son élan, et s'est engouffré dans leur van en sautillant en passant par la porte coulissante du côté. C'est culotté et chapardeur. J'en ai fait les frais quand je me suis rendu au centre des visiteurs. En revenant j'en avais trois sur le capot, en train de dépecer le auvent roulé sur le coté. Le rouleau est maintenant plein de trous, on voit les fibres du tissu qui dépassent. Faudrait pas que ça me coûte la caution, ce n'est pas ma faute quand même ! 
J'ai pris une photo de la dégradation avec les foutus volatiles en flagrant délit. Je la montrerai s'il y a un problème. Une fois à l'intérieur, ils ne se sont pas échappés pour autant. Ils étaient rivés à la bâche, se faisant le bec dessus et ne voulant pas la lâcher comme un os qu'on voudrait enlever de le gueule d'un chien ! Je les entendais aller et venir sur le toit, faisant un de ces raffuts ! De temps en temps ils jetaient un œil par le toit ouvrant et quand ils me voyaient ils donnaient un coup de bec sur le verre. Ils ont fini par déguerpir quand j'ai démarré mais ils m'ont bien amusé.
J'ai pris mon déjeuner à la jonction de deux rivières, sous ces pins qui ressemblent aux bouleaux, entouré des hauts sommets encore couverts de neige. 
Je baignais dans un paysage de carte postale, de ceux qui constituent ces images types de la Nouvelle Zélande et qui sont dans l'imaginaire de chacun quand on pense à ce pays. J'aime beaucoup la Nouvelle Zélande, c'est un pays sauvage avec des paysages uniques, où règne une ambiance mystérieuse. On ne peut qu'en revenir enchanté, je comprends maintenant pourquoi tout le monde parle de ce pays avec exaltation. Ma mère me disait l'autre fois au téléphone qu'à ma place elle ne serait pas allée en Nouvelle Zélande. Mais qu'est ce un peu de froid de temps en temps à côté de tous ces paysages magnifiques et diversifiés ? Et je n'ai pas encore tout vu ! Pour ceux qui souhaiteraient venir, pour l'île du Nord je conseille d'aller direct à Rotorua et Taupo. Je suis resté 5 jours dans le secteur et c'est ce que j'ai préféré. Pour le bilan de l'île du Sud, attendez que j'ai fini, ça vient juste de commencer !
Comme Arthur's Pass est sur le chemin des glaciers de Franz Josef, moyennant un petit détour, j'ai quitté le parc après le déjeuner pour espérer arriver aux glaciers pour la fin d'après midi. Au final j'aurai passé 7 heures dans la journée à conduire et parcouru 530 km. Un truc de fou mais quand on a la motivation pour voir les glaciers... C'est le retour sur Nelson qui sera plus rude.
Je suis arrivé à Franz Josef un peu avant 18 heures. Comme le I-Site était ouvert, j'y ai fait un saut mais ils m'en ont chassé au bout de 5 minutes car ils fermaient, me laissant avec un pauvre plan photocopié, trop sombre, où l'on ne voit rien ! Le village de Franz Josef ressemble à une station de ski minuscule, on dirait qu'il n'y a que des hébergements et des chalets de bois. 
Les gens, emmitouflés sous des anoraks bien épais, sont attablés à des terrasses de pubs, dehors. Ça grouille. Il faut dire que l'endroit ne désemplit jamais. La faute à deux glaciers environnants, classés patrimoine mondial de l'Unesco, qui offrent la particularité de descendre quasiment jusqu'au niveau de la mer. Il n'y a que deux pays au monde où l'on peut voir ça, l'autre étant l'Argentine. Il me tarde de les voir demain. J'espère que le temps sera dégagé, j'ai vu à la météo à Arthur's Pass que demain est la dernière journée de beau temps avant une dépression qui va amener de la pluie pour plusieurs jours. C’est pour ça que je me suis dépêché d'arriver à Franz Joef, avant qu'il ne soit trop tard. Mais le beau temps dans les montagnes est très aléatoire. Il fait beau partout sauf au pied des montagnes. 
Les nuages de la perturbation d'avant restent bloqués contre les flancs : derrière le glacier on a des sommets à 3000 mètres, et encore un peu plus derrière le Mont Cook qui culmine à 3754 mètres. C'est le plus haut sommet d’Océanie. Les glaciers constituent un parc national, le Westland Tai Poutini. Tout un programme ! Mais je n'en dévoile pas plus, rendez vous demain pour le découvrir. Je suis tout excité !
Pour camper ce soir, dur dur ! C'est le retour des panneaux partout, comme à Abel Tasman. Seul repli possible, le lac Mapourika, à une dizaine de kilomètres de Franz Josef. Évidemment tous les campervan du secteur qui ne veulent pas finir en camping s'y retrouvent. Quand je m'y suis garé j'avais trouvé un coin un peu tranquille en bordure de rivière. 
Mon petit coin pour la nuit... ou presque!
Alors que je faisais ma popote, un camping car est arrivé avec une famille à l'intérieur qui a décidé d'aller pêcher. Et ils passaient tous à côté vu que j'étais garé sur le chemin d'accès pour la rivière. Du coup j'ai déguerpi avec la casserole sur le feu, j'ai réalisé que ça allait être un défilé permanent, entre les gamins qui jouent et les balades digestives... Le coin de substitution que j'ai trouvé n'était pas mieux, à 10 mètres il y avait un autre van avec 4 jeunes qui chahutaient, la musique à fond sortant de l'auto radio. Cette fois, je suis allé voir sur un autre chemin que je n'avais pas exploré. Il menait à un parking au bord duquel des jeunes avaient planté la tente. Mais il y avait un petit renfoncement à 50 mètres, c'est là où je me suis installé, barrant le passage derrière moi avec des branches (vous vous souvenez des cons qui s'étaient garés à touche touche en pleine nuit à Coromandel?). 
Rapidement ça a été un festival de portières qui claquent et de lourdes portes coulissantes qui roulent. Après le repas, j'ai donc tourné la voiture dans l'autre sens, de sorte de tourner le dos au parking. Avec mon van je suis devenu un vrai sauvage. Je ne supporte que les bruits de la nature. Avant je pensais que c'était à cause du stress de Paris, que j'avais besoin de me retrouver au calme. Mais ici, entouré de toute cette sauvagerie, ça ne s'arrange pas. Les bruits des autres m'énervent et je ne vois pas pourquoi je devrais les supporter. Je ne sais pas comment les gens sont organisés, une porte claque toute les 30 secondes ! Moi c'est pour rentrer dans le van et en sortir pour pisser, c'est tout ! Je devrais écrire un livre « Manuel du savoir vivre en camping ou comment ne pas embêter ses voisins »...


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