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mardi 8 novembre 2011

L'île aux oiseaux




Sur le bateau, les pieds au dessus du lagon!
Il y a un gamin à la pension, le petit fils de Justine, qui vient tout le temps me parler. C'est charmant au demeurant mais il s'incruste toujours quand je suis sur l'ordinateur, il regarde ce que j'écris ou pire, regarde et commente les photos que je suis en train de trier. Je voudrais le chasser comme une mouche mais ça ne se fait pas. Ce matin je me suis donc exilé sur un banc, un peu caché sous les arbres, dans la pension voisine ! J'ai mes provisions que je me coltine d'île en île dans le frigo de Justine. Il est plein de trucs, de poissons...et de mouches, il n'a pas l'air très bien réglé ! Et pour la cuisine il faudrait que je me serve de celle de Justine, après qu'elle ait fini de cuisiner pour les pensionnaires. Bref, j'ai laissé tomber et opté pour la demi pension. En plus à Tikehau il n'y a pas grand chose vu qu'il n'y a que 400 habitants, alors pour trouver du ravitaillement ce serait galère.
Il est pas bleu, c'est le reflet du lagon!
Du coup je mange du poisson à tous les repas, moi qui voulais m'abstenir en raison de la ciguatera qui sévit un peu partout dans les atolls. C'est une maladie qui s'attaque aux nerfs et qui se contracte en consommant des poissons coralliens. En fait, si le corail est stressé par une tempête ou n'importe quoi, ils se débarrasse de son algue symbiotique, c'est ce qu'on appelle le blanchissement du corail. Cette phase peut être réversible, si la situation s'améliore le corail peut réincorporer l'algue. Mais si ce n'est pas le cas, une autre algue, toxique mais pas pour les poissons, se fixe sur le corail que les poissons viennent grignoter. C'est en consommant ces poissons qu'on tombe malade, il y a des cas graves avec des séquelles irréversibles et même des morts. Bien sûr, il n'y a aucun traitement.

L'île d'Eden

Potager
 A la pension il y a une famille d'expatriés, enseignants sur Papeete, qui est venue passer leurs vacances sur Tikehau. Je n'avais pas réalisé mais ce sont les vacances de la Toussaint, ce qui fait que de nombreuses familles, résidant d'ordinaire à Tahiti, sont ici. La pension est du reste quasiment complet, hier soir on était 12 à table. Je ne comprenais pas ce que faisaient tous ces gosses ici, je pensais « Ils ne sont pas à l'école, en France ? ». J'avais oublié les fonctionnaires expatriés. Et les familles sont nombreuses, 3 ou 4 mioches à chaque fois, la douceur de vivre polynésienne doit favoriser les naissances ! Bref, la femme d'une de ces familles a la ciguatera, elle ne doit absolument plus consommer de poisson. Normalement les crises ne devraient se déclencher qu'avec du poisson contaminé mais pour elle n'importe quel poisson fait l'affaire. En fait elle a la toxine stockée dans l'organisme (on ne s'en débarrasse jamais) et elle est activée dès qu'elle mange du poisson. Des produits qui en contiennent seulement quelques traces suffisent à lui provoquer une crise. La dernière fois elle a fini aux urgences, température de 35 degrés, tension à 6.3 et 40 pulsations par minutes ! Son cas est extrême et il paraît qu'il n'y en a que 5 comme elle à présenter cette forme dans toute l'Océanie. Espérons que je passe à travers !
En discutant un peu avec Justine alors qu'elle nous menait à l'embarcadère pour l'excursion vers l’île aux oiseaux, elle nous a avoué qu'un membre de sa famille avait la ciguatera et était très malade. Le spectre du rapatriement sanitaire se rapproche pour moi ! Une pensionnaire à demandé s'il y avait des cyclones ici et ce qu'ils faisaient dans ce cas là : « On ne fait rien, on se met à la maison et on attend que ça passe. C'est comme ça, c'est la nature, on n'y peut rien. C'est nous autres humains qui détraquons la nature ». Une belle lucidité et sagesse !
Sur le bateau nous étions 12 plus le capitaine et le cuistot, que nous avons laissé sur le motu où nous devions retourner pour le déjeuner. En poursuivant quelques motus plus loin, nous avons accosté à l'île d'Eden. 
Y vit une communauté religieuse chrétienne de je ne sais plus quel mouvement. Ce sont des chinois, qu'un prophète à eux - le père fondateur du mouvement - a invité tout le monde à venir s'installer ici. Ce prophète a découvert cette île et a décidé d'en faire un retour au jardin d'Eden et d'y vivre selon les principes originels de Dieu. Ils vivent en complète autarcie, cultivent toutes sortes de plantes, sans pesticides ni engrais. Tout est bio, ils font même leur sel, ils ont des cochons, des poules, des lapins et même des cochons d'Inde. Je ne savais pas que ces derniers se mangeaient, pauvres bestioles, c'est mignon tout plein on dirait des lapins à poil long sans oreille ! Pour la culture ils nous ont expliqué qu'ils utilisent du compost, mélange de troncs de cocotiers pourris, réduits en poudre, et d'excréments des animaux alentour. 

Il y a des écriteaux qui expliquent cela un peu partout, ponctués de messages exaltés sur le joyau d'Eden, exempt des maux de la science et de la civilisation. Parfois cela fait limite secte. Les gens qui vivent dans cette communauté résident dans des bungalows sur pilotis posés sur le lagon. Quand on est arrivé cela ressemblait à un hôtel de luxe. C'est bien qu'ils arrivent à vivre là sans l'aide de personne. Il y a quand même un côté mercantile qui m'a un peu déplu et gêné par rapport à tous les messages qu'on voit, c'est que la fin de la visite s'est terminée par la boutique 
qui ne vend pas que leur miel ou objets qu'ils confectionnent. Il y a aussi des paréos, des objets d'arts de la table, des colliers, des objets souvenir... Du Made in China ?

L'ïle aux oiseaux


Fou de Bassan
Nous avons ensuite mis cap sur l'île aux oiseaux, située juste en face de l'île d'Eden. C'est un petit îlot vierge qui pullule d'oiseaux, surtout des sternes, occupées à couver dans les branches des arbustes. Les nids débordent de fientes, il y a une odeur de poulailler sur toute l'île. Et il ne faut pas avoir vu le film « Les Oiseaux » d'Hitchcock avant! Qu'est ce que les poussins sont moches, le gagnant au musée des horreur étant le fou de bassan qui a un petit avec une tête démoniaque, le coup pelé, un duvet hirsute non homogène qui lui donne un air maladif ! Je pense que les vautours font mieux !
On a fait le tour de l'île et vers sa moitié, le groupe a pénétré vers l'intérieur, pour traverser l'île. « Je vous rejoins, je vais au bout prendre une photo ». Cela ne m'a pris que quelques minutes puis j'ai trouvé le coin dans lequel ils s'étaient enfoncés. 
Mais pas de chemin, on se fraye un passage entre les troncs de cocotiers, marchant sur les palmes mortes qui jonchent le sol, évitant les gros trous de crabes de terre. Seulement parfois on arrive sur un cul de sac, un arbuste barrant le passage. Je me suis ainsi retrouvé à devoir rebrousser chemin à plusieurs reprises pour tenter une nouvelle direction. Et je me suis perdu. Je n'entendais plus le groupe depuis belle lurette, j'étais dans cette cocoteraie dense avec plein d'oiseaux qui piaffaient et volaient autour de moi. C'était joli mais quand on est perdu, on apprécie un peu moins ! Finalement j'ai renoncé à les chercher, me disant que je trouverais bien rapidement l'autre côté vu que l'île n'est pas large. Mais quand je suis sorti, curieusement je n'étais pas de l'autre côté, je ne sais pas comment je m'étais débrouillé, j'étais quasiment à l'endroit que j'avais quitté avant de m'engouffrer. 
Ils m'attendent
Et comme cette fois j'étais tout seul et que l'effet groupe n'impressionnait plus les oiseaux, j'ai couru le long du rivage où le sentier évoluait entre les arbustes, à peine à quelques centimètres de certains nids. Car les sternes me fonçaient dessus en criant, tout bec dehors, cherchant à me transpercer le crâne ou à m'extirper un œil pour le donner à leurs petits ! Je les voyais, les mères arrêtaient de couver leur rejeton pour attaquer. J'étais courbé en deux, les bras formant un parapluie au dessus de ma tête pour faire casque de chantier! Je n'étais pas bien fier, imaginez des dizaines d'oiseaux qui foncent droit vers vous pour vous faire du mal ! J'étais bien content quand j'ai retrouvé le bateau. Évidemment tout le monde était déjà à bord et m'attendait de pied ferme. J'aurais pu crever là bas que personne ne se serait inquiété !

Ça vous dit un barbecue ici? C'est justement ce qu'on va faire!


Pour se remettre de ces émotions, on a rejoint le motu du déjeuner. Le capitaine avait donné la barre à un gosse, tout fier, qui rigolait quand il faisait des embardées, bringuebalant les gens d'un côté à l'autre du bateau. Question sécurité, il aurait pu nous arriver n'importe quoi, il n'y avait pas de gilet de sauvetage. Espérons qu'ils avaient des talkie-walkie en cas de panne, mais ça semblait tellement artisanal que ça m'étonnerait. On s'est tous mis à l'ombre d'un faré. Il y avait le choix entre du poulet grillé avec une sauce barbecue qui me fait roter tout l'après midi (j'ai testé au lagon bleu et à l'île aux récifs !) ou un rouget entier cuit au barbecue, enveloppé dans une feuille d'alu. J'ai opté pour le poisson, moi qui d'ordinaire n'aime pas ça, je l'ai mangé entier, sans sauce sans rien ! Peut être que l'ambiance y est pour quelque chose !



Après le repas on avait quartier libre. Comme à l'accoutumée, j'ai vu qu'on pouvait se rendre au motu voisin en contournant par un banc de sable immergé. De l'autre côté le paysage était irréel, une mer de sable avec les seuls motus pour relief avec parfois un seul cocotier ! Question îlots vierges paradisiaques, rien ne bat les Tuamotu. Je suis toujours autant émerveillé, je chiale toujours quand c'est trop beau, c'est bon signe ! Juste après, je suis allé me baigner dans le chenal que je venais de traverser en le contournant par le banc de sable. C'était l'extase, jamais je ne me suis baigné dans une eau si chaude, elle était certainement à plus de 30 degrés. Un délice ! J'y suis resté une éternité, jusqu'à avoir les doigts des orteils tout ridés. Chaque fois que je faisais une brasse pour tenter de sortir, je faisais volte face et retournais dans le lagon, deux brasses plus loin. Impossible de m'extirper de là ! 
Même dans une baignoire j'ai plus froid. Il ne me manquait plus qu'un canard en plastique ! Je crois bien que maintenant je ne pourrai plus jamais me baigner ailleurs, c'est malin ! Qu'attendez vous pour venir en Polynésie ? Si vous cherchez le paradis il est là !
Un peu après il a fallu remonter dans le rafiot pour aller voir les raies manta. On a stoppé non loin d'un îlot avec de pauvres arbustes rabougris. J’aurais eu une noix de coco je l’aurais planté là pour égayer un peu. Le bateau faisait des rondes, à la recherche des raies. Il paraît qu'après recensement de la population il y en a 23 dans tout le lagon de Tikehau. On devrait donc avoir une chance d'en apercevoir. Le cuistot était debout, scrutant les ombres autour. Un moment il en a vu une, les plus téméraires dont je fais partie ont sauté à l'eau. 
On a cherché une bonne demie heure sans jamais la trouver. C'était de l'eau noire, rien à voir, on voyait les rayons du soleil s'infiltrer à la surface de l'eau puis disparaître en s'effaçant dans des abîmes insondables. La veille, deux personnes avait fait une crise de panique et avaient failli se noyer. J'évitais de penser à tout ça, à tout ce qui pourrait surgir gueule ouverte de plus bas. Pour toute défense j'avais le flash de mon appareil photo. J'étais encore la pauvre otarie à la traîne, le bateau faisait des allées et venues, les autres suivant le bateau. Moi j'attendais le prochain tour puisque le bateau finirait pas repasser par là. Manifestement la raie avait déguerpi. Seulement, isolé comme ça comme un con en pleine mer, j'imaginais la scène vue d'en bas, deux jambes roses qui gigotent à la surface de l'eau, ça peut donner des idées quand il n'y a rien à manger aux alentours. Du coup, j'ai fini par trouver les choses moins drôles et je me suis approché de l’îlot, autour des patates de corail. Je revoyais le fond et les petits poissons, je me sentais plus en sécurité. Finalement on est tous remonté à bord, personne n'avait rien vu, j'ai bien fait de m'être éclipsé plutôt que de m'épuiser à essayer de les suivre.
La raie manta. J'ai fait du mieux que j'ai pu...
Mais à peine à bord, victoire, une raie ! Elle était bien là ; on pouvait la voir voler autour du bateau. On est donc retourner dedans et j'ai nagé avec elle, juste au dessus. C’est gros comme truc, elle devait bien faire 3 mètres de long (paraît qu'à cette taille là, c'est un bébé!). Ça a une tête d'enclume avec deux yeux autour et une espèce de chasse neige blanc en guise de bouche. Le corps est noir et se termine par un long dard tout blanc d'un mètre de long. J'ai essayé de prendre des photos mais comme le sujet nageait un peu en profondeur, l'appareil n'arrivait pas à faire la mise au point. Tant pis, au moins en aurais je vu une. De toute façon il y a une autre excursion, spécialisée dans les raies manta, d'une demi journée. Je compte bien m'y inscrire !
Quand on est retourné à la pension il était 16h ; comme je m'étais déjà bien baigné, je me suis allongé sous un cocotier en ayant pris soin de regarder où étaient les noix (vous savez, les 2000 morts par an...), et j'ai écouté du reggae. Tout était parfait ! C'est paisible ici, en plus ils ont éradiqué les coqs en les renvoyant vers le village. Bon, il y a bien la présence des 2 roquets de Justine qui m'a valu de déplacer la tente la nuit dernière, mais comme le domaine est vaste je me suis éloigné un peu. C'est l'avantage de la tente, au lieu d'être coincé comme une huître, je déplace mon toit comme un bernard l'ermite !

La mer de sable. Parait qu'il y en a une à Paris. Laquelle vous préférez?

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