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vendredi 4 novembre 2011

Le lagon bleu



Quelle excursion ! Une merveille ! Les Tuamotu sont un petit paradis et le lagon est formidable. Je vous ramène plein de photos de paysages idylliques et elle sont toutes bien. J'ai mitraillé sec, 211 photos sur terre et 71 sous la mer. C'est un véritable casse tête de devoir en choisir une poignée pour illustrer ce blog. Ce matin, l'excursion a démarré à 8h. Ils sont venus passer nous prendre à la pension. On était encore en plein petit déjeuner car la propriétaire, Frédérique, nous avait dit 8h30. Du coup c'était un peu branle bas de combat, j'étais encore en train de faire la vaisselle lorsqu'ils sont arrivés. Nous somme montés à l'arrière du pick up où une famille d'une autre pension avait déjà pris place. Frédérique nous a rejoint peu de temps après avec son chien qu'elle transporte partout (« viens voir Maman » lui dit-elle...) et son compagnon.
Puis nous somme descendus sur le quai pour gagner le bateau qui allait nous mener à destination, à une heure de trajet environ. Un autre pick up est arrivé, toute l'île rameutait, et au final on s'est retrouvés à 20 sur le bateau en plus des 3 membres d'équipage. L'un d'eux, un organisateur un peu grande gueule (« Mes amis, ladies and gentlemen... ») nous a alors un peu dépeint le programme de la matinée. Premier saut de puce : à la passe à la fin du village. Le but étant de sauter à l'eau dans la passe et de se laisser porter par le courant, violent, qui rentrait dans le lagon. Le bateau nous attendrait ensuite un peu plus loin. Organisation militaire, « Prenez votre temps mais dépêchez vous ! », tout le monde s'est retrouvé en costume de Spiderman, vinyl moulant au corps, palmes, masque et tubas et s'est jeté à tour de rôle en arrière par dessus bord. 
Dans l'eau, comme promis, il y avait plein de poissons mais c'était profond et vue l'heure matinale la lumière, masquée par un gros nuage, pénétrait difficilement sous l'eau. En plus le paysage défilait à toute vitesse comme la campagne à travers la fenêtre d'un train. J'essayais de me rapprocher des coraux pour avoir un peu de relief et plus de lumière. Les autres étaient déjà loin, emportés par le courant. On avait eu comme consigne de bien rester groupés, ça commençait mal ! J'ai du mal avec les groupes, quand il faut se coordonner à un ensemble. Et ma fantaisie alors ? J'aime faire ce qu'il me plaît et apprécier les moments. Foncer tête baissée et avancer en aveugle sans rien regarder, c’est pas trop mon truc. Quel intérêt ? Largué donc dans une passe dont on ne voyait pas le fond, je réfléchissais pourquoi ils nous avaient dit de bien rester ensemble. Peut être à cause des requins ? 
Je regardais en dessous : de l'eau noire, un truc rapide aurait pu tout aussi bien surgir en un éclair, comme le loup qui croque la brebis égarée, un peu à l'écart du troupeau ! Les types sur le bateau me faisaient de grand signe des bras, comme quoi je devais me dépêcher, revenir. Et mes photos de poissons alors ? J'ai fini par donner des grandes brassées mais avec leurs palmes ils étaient difficile à rejoindre. Je n'aime pas nager avec des palmes, sans doute que je ne sais pas comment m'en servir, mais j'ai beau mouliner des pieds, je n'avance pas et puis je me sens handicapé par un truc qui entrave mes pieds et leur donne des ampoules ! Du coup je ne prends jamais de palmes. D'être à la traîne m'aura valu de rater une raie manta : quand j'ai rejoint le groupe, elle avait déguerpi depuis belle lurette. Mais en échange j'ai plein de photos de jolis poissons qu'ils n'ont même pas vus. En à peine 15 minutes c'était déjà terminé, il fallait remonter pour mettre cap sur le lagon bleu. Ça promettait : si l'organisation continuait toute la journée de la sorte, ça n'allait pas tarder à m'énerver. Mais ce ne fut pas le cas !

Vous ne rêvez pas, le sable est bien rose!


Au lagon bleu nous somme restés longtemps et nous avons eu largement assez de temps pour explorer à notre rythme. Le bateau nous a laissé à proximité d'un motu car l'eau était si basse qu'il ne pouvait pas aller plus loin. Nous avons continué à pied, de l'eau aux genoux avec des requins qui nous passaient entre les jambes, des bébés requins. Mais où étaient donc les parents ? Des raies patrouillaient aussi. Et le lagon bleu se dessinait un peu plus loin, autour d'une ceinture de petits îlots paradisiaques, posés sur l'eau et inhabités. Les cocotiers débordaient des motu, certains courbés à l'horizontale de la surface de l'eau. C'est magnifique ! C'est très sauvage, plein d'oiseaux partout et un lagon d'un bleu turquoise presque fluo avec aussi toutes les nuances possibles, selon la profondeur et la constitution du sable. 
Il y avait même des sables rose à certains endroits, notamment sur un petit banc de sable que j'ai rejoint à pied. J'ai passé la matinée à explorer de motu en motu, pataugeant dans le lagon. Je n'ai pas trouvé le temps de me baigner, pris par l'excitation de l'endroit et mon désir d'en explorer les moindres recoins. Surtout ne me dites pas que mes photos se ressemblent toutes ! Certes le paysage c'est cocotier, sable blanc et ciel bleu mais chaque perspective est différente, quand on est là dedans, on s'émerveille devant chaque degré que notre œil parcoure. Je n'aurais pas vu Bora Bora comme il aurait fallu pour lui faire honneur mais j'ai les Tuamotu à la place, moins connus et certainement plus sauvages ! Certes je n'ai pas la dent en paysage derrière... 
Cette journée me rappelle l'excursion sur le lagon à Aitutaki. Mêmes sensations, même éblouissement, du grand spectacle tout en couleur que rien ne peut remplacer. Il faut le vivre ! Ce sont des moments magiques, de grand bonheur, empreints de sérénité où notre âme devient pure. On se retrouve petit enfant, hors du temps et de l'espace, on n'a plus la notion de rien, comme perdu dans l'éternité. C'est comme si quelque chose pénétrait en nous pour toucher notre moi le plus profond. Personne ne peut y résister ! Certains restaient les bras ballants, comme pétrifiés, incapables d'aller plus loin, ils s'exclamaient « Mais que c'est beau ! ». Je pensais à Gilbert, à son île, je comprends pourquoi il en est si fier, il doit venir d'un endroit comme ça. Comment être mauvais quand on est né et qu'on a grandi dans de tels paysages ? On devrait y envoyer les criminels, je suis sûr que cela les délivrerait de tous leurs démons !
A midi, corne de brume à l'aide d'un coquillage, c’est le signal, c’est l’heure du repas ! Il est temps de regagner le petit motu où nous avons laissé nos affaires. Ils nous ont préparé un barbecue. Au menu : Mahi-mahi grillé, poulet, poisson cru en salade et riz cantonnais. J'ai tout pris sauf le poisson cru, on ne sait jamais, je fait très attention depuis que je suis arrivé ici. Par exemple à la pension, quand on tourne à droite on a l'eau de la ville, saumâtre et non potable, qui sert à laver la vaisselle et à gauche l'eau de la citerne, qui est de l'eau de pluie recueillie. Comme elle est très précieuse, on se doit d'en faire très attention. Je l'utilise néanmoins pour laver tomates et poivrons. Depuis que je suis arrivé d'Europe, rien à signaler du côté digestif, tant mieux ! C'est la raison pour laquelle je mange aussi le plus possible par moi même. Avec les pensions c'est pratique, elles mettent toutes à disposition des cuisines. Et pour améliorer le régime de temps en temps je vais au restaurant où là je ne consomme que des choses grillées.



Le petit oiseau va sortir! Ce n'est pas un montage
Après le déjeuner on a eu quartier libre jusqu'à 14h, heure à laquelle ils devaient nous faire des démonstrations de tressage de feuilles de cocotiers pour fabriquer toutes sortes de choses. Ici le cocotier sert à tout ! C'est l'arbre magique ! La majorité en a profité pour faire la sieste sous un cocotier. Que crime ! Moi je ne perdais aucune seconde. J'ai traversé le lagon pour l'explorer vers l'est cette fois, en traversant à nouveau avec l'eau aux genoux, les requins etc... A la fin on n'y fait plus attention aux requins, c'est un poisson comme un autre ! Un des motu sur lequel je me suis rendu, petit confetti perdu dans l'immensité du Pacifique, se termine par une langue de sable. Tandis que j'étais dans l'eau pour prendre une jolie photo, une raie s'est approchée et est restée immobile, me fixant de ses yeux qui me dévisageaient de la tête aux pieds. 
Vous la voyez, la raie?
Elle aurait eu des sourcils, ils auraient bougé ! Elle posait pour moi, avec l'île derrière, c'est merveilleux ! Il faut faire attention à tout, chaque instant est précieux et unique, un requin qui nous sourit, un oiseau qui traverse le ciel au bon moment... Dès qu'on sait ouvrir l’œil il y a plein de petits détails comme ça dont je me nourris. Je laisse les autres roupiller, moi je ne veux manquer ça pour rien au monde ! Au bout d'un moment quand même, sans doute intrigués de me voir bouger dans tous les sens, à faire des aller et venues, à marcher de manière erratique dans le lagon, certains m'ont emboîté le pas, mes voisins en fait, les hollandais et Fabien. J'ai un bon contact avec Fabien, il a tout plaqué, il a démissionné pour venir, il ne supportait plus. C'est çà, on encaisse, on vit, on supporte, jusqu'au jour où on pète un plomb et où on décide d'aller voir ailleurs. 
C'est pour ça que je pars souvent en voyage, non pas parce que je suis fainéant mais justement pour m'éviter de péter un câble à Paris. J'ai la chance d’être dans une boite où j'ai réussi à négocier une forme de temps partiel qui me permet de trouver un équilibre. Ce n'est peut être pas optimal pour ma carrière mais j'en ai vraiment besoin. Je ne sais pas comment font tous les autres. Et pourtant certains de mes collègues étaient étonnés de me voir poser un congé sabbatique pour faire autre chose que construire un autre projet professionnel. Certes c'est une perte sèche d'argent, mais ce que je vais gagner en échange au cours de ce voyage n'a pas de prix ! Fabien, lui a un projet au cours de son tour du monde, il va à la rencontre des viticulteurs français qui se sont exilés un peu partout dans le monde, il les interviewe et publie des articles pour des revues spécialisées dans le vin. Le plus souvent il est d'ailleurs hébergé directement chez les exploitants. C’est comme ça que j'ai appris qu'on faisait du vin à Rangiroa ! Il a un blog aussi, mais il l'alimente de manière plus sporadique. Je vous donne le lien : http://vin-et-voyage.blogspot.com/



Nouvelle corne de brume, le signal ! De toute façon nous avions presque fini notre tour sur le lagon. Pendant que l'un d'entre eux nous enseignait comment faire paniers et sacs à main en cocotier, les deux autres accompagnaient à la guitare et à l'ukulélé. Ils ont repris au clair de la lune, mais dans un tout autre rythme et mélodie, c'était très joli et ça tournait cette chanson en quelque chose d'émouvant. Il faut le faire ! Alors pour tisser le cocotier, ça a l'air très simple, il suffit de couper la tige centrale en deux dans le sens de la longueur puis de la sectionner dans le sens de la largeur de manière à laisser 3 feuilles. Ensuite on assemble en passant une feuille sous l'autre. Enfantin, enfin à voir. Je redoutais le moment des travaux pratiques, mais ils n'ont pas eu lieu !
A la place on devait aller voir les requins citron, de beaux spécimens bien plus grands que les minus de 1 mètre de long que l'on pouvait croiser dans le lagon. Ce n'était pas bien loin, le capitaine a attaché la corde à une bouée flottante et tout le monde à l'eau ! Par dessus le bateau on pouvait voir un tas d'ailerons et d'ombres passer et repasser. Peu engageant ! J'ai attendu qu'un ou deux soient déjà à l'eau, en guise d’appât, on ne sait jamais ! Quand je me suis retrouvé là dedans, c'était infesté de requins, n'importe qui d'entre vous serait mort noyé de peur ! Mais les requins ne me font pas peur, ils ne sont pas agressifs, ils vivent leur vie et s'en foutent de nous. Je ne sais pas pourquoi on a diabolisé cette pauvre bête. Pour un peu on voudrait les caresser ! 
Venez donc vous baigner, ils sont gentils!
D'ailleurs Fabien a essayé d'en attraper par la queue mais ils ne se laissent pas faire, ils sont vifs ! Et puis je l'ai aussi mis en garde, s'il arrivait à en choper un, à mon avis il ne se laisserait pas faire et il aurait vite fait de se retourner pour le croquer. Moi j'étais aux anges, je rigolais dans l'eau, c'est trop géant, j'invitais les autres à venir en leur disant « Venez, c'est infesté !! ». C'était la plongée de Moorea puissance 100 ! Mais l'attraction a été assez brève, ils nous ont demandé de sortir car ils allaient leur donner à manger « A moins que vous veillez rester pour leur servir de dîner aussi ». Car quand ils commencent à manger c'est là où ils sont dangereux, pris dans leur frénésie de prédateur, il ne font plus la distinction de rien et bouffent tout !
Aïe, ils arrivent par derrière!
Une fois remontés à bord, celui qui tressait le cocotier a pris les têtes de poissons qui avaient servies au barbecue et les tendait au dessus de l'eau au bout d'un pic, pour attirer les requins, un peu à la manière d'un parc aquatique où l'on demande à des dauphins de sauter à travers un cerceau ! Ils ont tous rappliqué, la surface de l'eau s'est mise à bouillonner, les plus téméraires sortaient de l'eau pour essayer de happer l’appât. Les oiseaux sont arrivés aussi et faisaient des vol planés pour essayer de piquer la vedette aux requins et d'avoir la tête avant eux ! Celui qui appâtait les requins a réussi à en saisir un ou deux en vol. Ça se débat beaucoup comme bestiole et c'est très vigoureux, ils avaient tôt fait de se libérer, après avoir aspergé le bateau en se débattant. 
Les gens s'essuyaient le visage et leur appareil photo qui pendait lamentablement. Heureusement j'avais pris place en hauteur, debout sur la banquette ce qui a fait que j'ai pu sauver l'appareil photo et saisir l'instant !
Au retour, on s'est pris un grain, heureusement ils avaient prévu le coup et nous ont sorti des cirés. Moi j'ai dit à mes voisins : « Eh bien on était mieux au lagon bleu ! »  Quelle journée ! A marquer d'un pierre blanche ! Et j'en aurai encore plein d'autres, promis !




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