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dimanche 13 novembre 2011

Une page se tourne

Un grain passe


17:38
Je suis à bord du vol d'Air New Zealand pour Auckland. J'ai quitté Tahiti il y a quelques minutes, en avance sur l'horaire, les yeux rivés au hublot. Je voulais voir les montagnes de Tahiti et le lagon jusqu'à la dernière seconde. Comme prévu j'ai le cœur gros ; au fur et à mesure que je voyais Tahiti s'éloigner, le film de mes aventures défilait en marche arrière dans ma tête. Les visages de tous ceux que j'ai rencontrés, les Tahitiens d'hier, Gilbert et Edna, me souriaient et semblaient me dire « Ne pars pas, reste ! »
J'ai le collier de coquillages de Justine autour du cou, j'en ai même deux. Elle me les a passés à l'aéroport de Tikehau, quand j'ai pris mes bagages du pick up. J'ai promis que je reviendrai.
Ce matin, Laroche nous a fait une surprise, il nous a emmené voir les raies manta. Comme pour le pique nique sur le motu, c'est bonus. J'ai accouru, ils ne voulaient pas m'attendre car j'étais occupé à plier la tente. Le bateau était en panne, il a fallu changer la batterie. Ça promettait, avec mon vol du début d'après midi, si jamais on tombait en rade sur le lagon ! Déjà que c'est risqué de partir le jour même vers Tahiti pour prendre le vol pour la Nouvelle Zélande, on dirait que je cherche les ennuis.
La mer était plus calme que la dernière fois, l'eau plus limpide. J'ai pu dire au revoir aux raies, elles se sont approchées de moi en me jaugeant de leurs yeux. J'aurais pu les toucher mais je me suis abstenu. J'avais l'impression qu'elles me disaient au revoir en me frôlant avec leurs nageoires. Ça ressemblait à un au revoir de la main. Je l'ai pris comme ça, je me suis senti privilégié de les voir si près. C'est comme si j'étais rentré en communion avec elles. Elles n'avaient pas peur, elles m'ont tourné autour lentement. Les photos que vous voyez sont prises sans zoom et non recadrées, ça vous donne une idée de la distance qui nous séparait. J'adore les raies manta, je les appelle mes oiseaux des mers. J'étais sorti avec une famille de la pension - il n'y a plus qu'eux et Herbert, tous les autres sont repartis hier, fin des vacances oblige - , ils n'ont pas vu les raies. On peut dire qu'ils ne sont vraiment pas doués !
Y a Herbert sur son kayak
On est resté ensuite sur le motu des raies, là où il y a la maison, là ou Herbert vient chercher la paix. On n'a pas tardé à le voir arriver en kayak, qui nous disait : « What are you doing here, on my island ? It's a private property, I'll ask you some money ! » La maison sur l'île est en fait une ruine, c'est une ancienne ferme perlière qui est à l'abandon depuis 15 ans. Laroche a l'intention de la restaurer pour y habiter, une fois qu'il aura terminé de construire les nouveaux bungalows à la pension. C'est son rêve, de vivre là, au milieu du lagon, en compagnie des oiseaux. C'est une mini île aux oiseaux. Sauf que cette fois je ne me suis pas fait pourchassé !
J'ai du mal à écrire, je manque d'enthousiasme. C'est une page qui se tourne, la fin d'une aventure. De nouvelles m'attendent mais je n'oublierai jamais la Polynésie, je la garde dans mon cœur et j'ouvrirai la boite aux trésors de temps en temps pour illuminer mes journées. 
J'espère avoir eu le minimum de talent pour vous permettre de ressentir à travers mes photos et messages les couleurs de la Polynésie. Les Tahitiens d'hier me disaient qu'ils étaient contents d'être français, que la France leur permettait de vivre bien. Moi aussi je suis fier que la Polynésie soit française, c'est un joyau sans pareil et je suis content d'avoir pu partager des moments uniques avec les Polynésiens sans qu'il y ait la barrière de la langue. Je ne comprends en revanche pas comment on a pu venir ici faire des essais nucléaires et détruire un atoll certainement paradisiaque. Je m'étais déjà fait la réflexion en survolant les Tuamotu pour Rangiroa. Car Mururoa est dans les Tuamotu mais très à l'est, l'archipel étant très étendu. Folie des hommes. J'en parlais justement hier avec Le Roi. 
C'est une histoire sombre pour eux, qu'ils ne comprennent pas, ils relativisent en disant que cela leur permet de vivre dans un monde en paix. Mais on sent bien qu'ils en sont meurtris. Le Roi m'expliquait que lorsque les essais avaient lieu les militaires disaient qu'il n'y avait pas de danger, que ça restait autour de Mururoa sans se propager. Vous connaissez l'histoire de Tchernobyl... ils leur ont fait le même coup ! Mais ils ne sont pas dupes, ils en avaient marre de voir des porcs monstrueux, des scientifiques indépendants sont venus et ont relevé des taux alarmants de radioactivité. C'est pour cette raison que les essais que Chirac voulait reprendre ont capoté. La population s'est mobilisée pour faire pression et les essais n'ont jamais repris. Tant mieux ! Imaginez un champignon atomique sur Tikehau réduisant les coraux, les petits poissons, les cocotiers, les raie manta, les dauphins, mes oiseaux blancs que j'adore en cendres. Quel crime ! C'est pourtant bien ce qu'ils ont fait à Mururoa, au nom de la science et du progrès...

A l'aéroport de Tikehau
21:33
Il reste 1h30 avant d'arriver à Auckland. Je ne sais pas encore ce que je ferai demain, j'étais jusqu'à présent habitué à mes escapades tropicales, excursions aux poissons et aux motus. Je me débrouillais pas mal avec ça. Là ça va radicalement changer. J'espère que la nuit me permettra d'aborder la Nouvelle Zélande dans un nouvel était d'esprit. Il faut que je sois neuf pour apprécier les moments qui vont s'ouvrir à moi. Que je mette de côté la Polynésie. Pas facile de passer d'un pays à l'autre quand on a laissé une partie de soi ailleurs. Je dois me reconstituer, et vite ! A la pension ils me disaient que j'avais bien fait de faire la Polynésie en premier et non en dernier car le retour en métropole après la Polynésie est un sacré choc. Je comprends mon ami Sébastien qui à son retour de Tahiti laissait les gens lui passer dessus, largué, incapable de réagir ce monde de robots qu'il avait retrouvé.

Au revoir Tikehau!
22:15
J'ai parlé avec un steward, Lucien, que j'avais croisé sur le vol Los Angeles - Rarotonga. C'est un français de Nouvelle Calédonie qui vit en Nouvelle Zélande depuis 24 ans. Il m'a donné plein de tuyaux. Il a une caravane, adore le camping et quand il n'y a personne. On est donc sur la même longueur d'onde. Il m'a promis des routes quasi désertes et des paysages sauvages. C'est bien, le fait de lui avoir parlé me met un pied dans la Nouvelle Zélande. Il m'a conseillé demain d'aller à un camping à de x heures au nord d'Auckland, au bord de la mer avec une belle plage, mais sans eau chaude ! C'est situé juste avant Rutakaka (le u se prononce ou, voyez ce que ça donne, ça nous a bien fait rire!). Ce qu'il y a de bien c'est que je vais retrouver un peu de la culture polynésienne là bas, comme ça la transition se fera en douceur. Et je suis rassuré, à Auckland il fait 24 degrés en ce moment, c'est le début de l'été. Le timing de mon voyage est plutôt assez réussi, du coup je reprends du poil de la bête !

3 commentaires:

  1. Thanks for showing us Polinesia like you did, we enjoyed, not as much as you did, Im sure we will enjoy the next places too, you still have a lot to discover and translate your feelings to us, congratulations an go on doing it!!!!, we expect more!!!!.Pau

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  2. You'll have more, Pablito! I promise!

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  3. Hi van super ta raie ... Je t'ai jamais vu vécu autant de cheveux bisous

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