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mardi 1 novembre 2011

Après midi à Matira

Comme je le redoutais, il a plu toute la matinée, sans discontinuer, à ne pas pouvoir mettre un pas dehors. Mais ça ne me fait plus rien, je me dis que je suis juste quelque part et tant pis si je ne vois pas Bora Bora. J'en verrai d'autres, d'îles, dans les 6 mois qui viennent ! Et quitte à ce qu'il pleuve, il vaut mieux que ce soit quand j'ai un toit et toutes les commodités. Au moins je peux m'occuper, aller sur internet, téléphoner...
A midi Gérard est venu me voir, il s'était arrêté de pleuvoir. Il m'a dit : « je vais chercher un nouveau et si ça te dit je vous emmène à la pointe Matira. Même si le temps n'est pas génial, au moins vous pourrez vous baigner et c'est mieux que de rester ici ». Accord conclu, j'avais besoin que quelqu'un me booste. Pas besoin de vélo aujourd'hui et du poncho. Tant mieux ! J'ai envoyé un message à Kesrtin pour lui dire que je serais vers 14 heures pointe Matira.
J'ai fait connaissance avec le nouveau, Bob, un canadien de Vancouver qui a arrêté de travailler pour quelques années et en profite pour voyager mais en repassant à chaque fois par Vancouver pour préparer son voyage d'après. Car, contrairement à moi, il ne se voit pas l'énergie de tout planifier à l'avance sur des mois de voyages. C'est vrai que ça a été un sacré boulot, mais pour l'instant ça ne marche pas trop mal. Bon, pour ce qui est de la météo, ça, personne ne peut prévoir !
On a mangé ensemble au snack que Gérard nous avait indiqué et où il nous avait conseillé de laisser nos affaires pendant qu'on irait faire un tour sur un spot de snorkelling qu'il nous a montré. Il était ensuite convenu qu'on l'appelle du snack pour qu'il vienne nous chercher. Il est très bien ce Gérard, sa pension n'est répertoriée dans aucun guide, il n'est pas très bien vu ici car personne ne veut d'un tourisme de sac à dos, ils veulent tous du haut de gamme qui se retrouve pourtant vide, faute à la crise et aux comportements d'ici. En effet, il nous a dit que les hôtels ne possèdent pas leurs terrains mais que ce sont des concessions sur 20 ou 30 ans. Et beaucoup sont arrivées à expiration cette année. Du coup c'est l'heure de la renégociation, et tous les propriétaires, qui pensent être en position de force, demandent des loyers augmentés de 200%. Les groupes hôteliers menacent de fermeture mais rien n'y fait. Du coup certains partent. Je comprends maintenant le Sofitel à l'abandon à Huahine, pourtant situé sur un très beau motu. Le Club Med a jeté l'éponge à Moorea et vient de le faire aussi sur Bora Bora, comme ils ne peuvent plus jongler sur les recettes d'un établissement pour compenser les pertes d'un autre. Du coup les hôtels à l'abandon fleurissent. Au final tout le monde est perdant : les propriétaires trop gourmands n'ont plus de rentrée d'argent, les habitants de l'île qui pour beaucoup travaillent dans les hôtels perdent leurs emplois, moins de lits c'est aussi moins de chiffre pour tous les commerçants de l'île. Tout s'effondre à cause de la cupidité de privilégiés. Ça ne vous rappelle rien ?
En attendant, Pointe Matira, il y a le Bora Bora, à l'abandon mais avec des gardes et des chiens qui dissuadent de passer, même le long de la plage. Absurde puisqu'il y a personne ! J'ai parlé à Gérard de l'Intercontinental. Il est bien dans l'illégalité, mais va faire ici respecter des lois françaises. Comme il me disait : « Si tu leur fait la remarque, ils vont te répondre : qu'est ce que tu viens faire chier ? Ici on a des touristes riches qui vont beaucoup dépenser et qui veulent être tranquilles. Et toi qu'est ce que tu fais pour nous ? ». Apparemment les Polynésiens ont du mal avec les lois françaises et la démocratie, ils sont encore sous le système des chefs mais ils sont bien français quand c'est pour obtenir des sous. Dixit Gérard. Il doit bien les connaître, ça fait 27 ans qu'il vit à Bora !
Au snack, après avoir pris un sandwich omelette-fromage-frites, j'ai laissé Bob pour aller chercher Kerstin plus loin, au cas où. Et quand je suis arrivé devant l'hôtel Matira, elle venait juste de poser le pied sur le sable. On est allé rejoindre Bob pour faire du snorkelling à l'endroit désigné par Gérard. J'ai vu un grand poisson tout allongé et étroit que je n'avais encore jamais vu, qui faisait du surplace et scrutait les anfractuosités de rocher, avec une gueule un peu de crocodile. Je n'avais pas emporté mon appareil amphibie à cause du temps mais j'ai regretté. Je l'ai montré à Kerstin, elle était tout excitée, elle n'en avait encore jamais vu non plus, tout comme Bob du reste ! J'en ai par la suite parlé à Gérard, il m'a dit que c'était certainement un poisson trompette. Et c’est bien ça, je suis allé choper une photo sur Internet pour que vous voyez.
Une fois sortis du lagon après y être restés bien longtemps, on a discuté au bord de l'eau, les pieds faisant des cercles sur le sable. Kesrtin en est venue à parler des logements que ses parents avaient l'habitude en vacances de prendre, un... (elle cherchait ses mots en anglais pour dire un « holiday appartment »). Pour lui faciliter les choses, j'ai dit : « Oh yes, a condominium !». « A what ? A condom what ? ». Et là, elle a réalisé ce qu'elle venait de dire et on est parti dans un fou rire que rien ne pouvait arrêter. Bob en rajoutait : « Oui, un condom, avec la lampe au bout, c'est pratique en voyage, ça pèse pas lourd, on en trouve partout, pas besoin de réserver et en plus c'est taille unique ! On peut aussi marcher avec et aller à la plage avec, ça prend pas l'eau, regarde ! » (et il mimait une marche de pingouin, les bras coincés le long du corps). On a bien rigolé, j'ai frôlé une déchirure d'abdominaux ! On a même trouvé le nom de notre nouveau concept d'hébergement : le cond'home.
Kerstin et moi devant le snack. Merci, Bob!
Ensuite c'était l'heure de se quitter mais le snack était fermé. Patatras, rideau de fer, horaires de dimanche. Bien que mardi, on est le premier novembre et on avait tous oublié. Faut dire on se déconnecte vite du systèmes des jours fériés quand chaque jour est un jour de vacances ! On était bien dans la mouise, dans mon sac j'avais l'appareil photo, le portefeuille, le téléphone et la clef du bungalow ! Le type en face de l'autre côté de la rue a vu notre désarroi et nous a fait un signe de ne pas bouger. Il s'est radiné avec la clef ! Mais bon on a eu droit à un « je ferme à 4 heures les jours de repos, on vous l'avait pas dit ? ». Ben non !
Quand on parle de fermeture, ça vaut aussi pour le supermarché, du coup ce soir je me suis retrouvé en compagnie d'une super boîte de gratin dauphinois de marque Belle France qui pèse un lingot d'or et que je me coltine depuis Maupiti. Une horreur ! Un fumet nauséabond se dégageait au cours de la cuisson que j'ai essayé de dissimuler par un morceau de cheddar vintage (c'est son nom, et ils est très bon, lui!). Eh bien j'ai gâché mon cheddar pour rien, même en ayant rajouté aussi du poivre, j'ai mis à la bouche une rondelle de patate que j'ai recrachée aussi sec. Comment peut on faire de telles horreurs qui plus est bourrées de saloperies ? Personne ne goûte la « recette » avant ? Du coup la moitié a fini dans la cuvette des chiottes, l'autre moitié dans la poubelle avant que ça ne me bouche les toilettes ! J'en ai la nausée rien qu'à l'écrire !
Ce soir Gérard nous a concocté un super programme pour demain, navigation en kayak entre les motus les plus beaux de Bora, là où se trouve la demeure de Paul Émile Victor, et snorkelling dans des jardins de corail fantastique. Même s'il pleut ce sera beau nous assure-t-il. Pour l'heure il se remet à pleuvoir des cordes, ça fait maintenant 3 heures que ça dure. Je ne sais pas combien de cm d'eau sont tombés mais à ce rythme là on vas se ramasser le dôme de Bora sur le crâne ou finir sous l'eau comme à Bangkok ! Vaut mieux qu'il pleuve bien cette nuit que demain sur le kayak. J'aimerais bien avoir un peu de répit, je ne demande même plus un rayon de soleil !

3 commentaires:

  1. Salut Ivan!
    Tiens t'as les félicitations de Fred qui trouve très agréable de lire quelqu'un qui sait bien écrire! :-) de nos jours ça devient rare !....

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  2. Sacré Ivan ! Tu as toujours le "boulon" au doigt

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  3. Oui même quand je ne boulonne pas ;o)

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