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samedi 31 décembre 2011

Les grottes de Kwênyii


Le pot de terre contre le pot de fer!
Kwênyii, c'est le nom kanak pour l’Île des Pins. La serveuse du sandwich d'hier a menti : le gros paquebot est toujours là. Il s'est bien caché dans une baie mais je l'ai vu quand je me suis rendu après le petit déjeuner au camping des rouleaux, nommé ainsi non pas en raison d'une allusion au papier toilette - quoique ça pourrait : il n'y a pas de PQ ! - mais parce que la baie est le théâtre de vagues qui viennent y mourir. Avant d'y parvenir, j'ai fait un tour à l'épicerie pour acheter des victuailles pour le réveillon de ce soir. Eh bien ce n’est pas folichon ! Déjà qu'en temps normal il n'y a rien, cette fois c'est pire, ça grouille de monde agglutiné dans le débarras des congélateurs (normal, il n'y a rien d'autre!). Au menu pour ce soir : cacahuètes, chips, pain d'épices et sa compote, et, luxe suprême, le tout arrosé d'eau gazeuse ! Ça fera l'illusion du champagne, y a des bulles, c'est déjà un début. 
Mon salon!
C'est tout ce que j'ai trouvé. Sans doute mon réveillon le pire au niveau gastronomique, j'arrive même à faire mieux avec un pique nique sur une plage en France. Vous allez me dire « C'est horrible ! ». Mais je m'en fiche, le nouvel an c'est un truc commercial qui n'a son intérêt que dans le fait de se réunir avec des amis et de passer une bonne soirée. Le reste... De toute façon les dates je les oublie, et ici à minuit il sera deux heures de l'après midi en France, c'est à dire pas l'heure de faire quoi que ce soit. Alors je me console avec le fait que quelque soit l’heure, il y aura toujours un endroit sur Terre où ce ne se sera pas encore l'heure de la fête. Je pourrais même imaginer que si j'avais pris l'avion de Tahiti cet après midi pour la Nouvelle-Zélande, je serais arrivé à Auckland le 1er à 22 heures, n'ayant jamais eu de 12 coups de minuit. Alors les dates, les heures, quelle importance ? Tout ça pour dire que le nouvel an n'a pas trop de signification, on célèbre un truc pondu de cerveau d'humain qui n'a aucune signification naturelle, on célèbre l'invention du temps dont j'aimerais qu'il n'existe pas. 
Et puis la Terre demain tournera toujours pareil, rien n'aura changé, en dépit de vœux et résolutions pour un monde meilleur. Vous verrez qu'en 2012, on sera toujours pris en otages lors des grèves et que Sarkozy sera toujours président. Vous me direz que je suis bien cynique pour quelqu'un qui se trouve dans un endroit paradisiaque, eh bien le paradis n'empêche pas d'être lucide ! Et une nouvelle année c'est quoi ? C'est une année de plus qui nous éloigne de notre jeunesse et nous rapproche un peu plus de la fin. Peut être celle qui figurera en deuxième position sur notre tombe ! Il n'y a pas de quoi se réjouir quand on y pense. Mais le rêve d'avoir une vie meilleure fait du bien, alors célébrons là quand même cette foutue nouvelle année ! Et qu'enfin celle ci soit différente. Pour moi, ne vous inquiétez pas, c'est toujours le Nouvel An depuis que j'ai commencé mon voyage le 1er octobre ! Alors 2012 sera résolument une bonne année. Souhaitez moi juste de ne pas faire l'objet d'un rapatriement sanitaire et d'avoir beau temps.

Les grottes de la troisième

Gousses de vanille sur pied!
 Car le temps pourri est bien de retour, l'accalmie n'aura été que brève. Du coup je ne pense pas réserver de croisière en Australie, si c'est pour visiter les Whitsundays sous la pluie, ce serait encore pire que ce que j'ai connu à Bora Bora. Je resterai donc à quai, attendant le jour opportun et montant dans le premier bateau qui aura encore de la place. Et tant pis si c'est un backpacker. Je prendrai sur moi. Pour le programme de la journée, vu qu'il n'y a rien à attendre du temps et que le paquebot est toujours là, squattant le plus beau coin de l'île avec à nouveau ses flots de touristes envahissants, j'ai dans l'idée de visiter les trois grottes que compte l'île. Il paraît qu'elles valent le détour. J'attendais la pluie pour les visiter, c'est chose faite !
La première grotte de la troisième
Mais avant, j'ai laissé mes affaires au camping. Comme il n'y avait personne à l'accueil, je me suis avancé dans le terrain et j'ai commencé à déposer mes affaires sur un emplacement qui me seyait. Est arrivé un type, le mari de celle que j'avais vue la première fois, qui m'a dit un truc du style « minute papillon ». Le camping c’est son domaine, on ne s'installe pas comme ça n'importe où, il y a une logique à suivre, il y a des emplacements pour les familles et il doit en recevoir quelques unes d'ici ce soir. Je luis cause du souci car il ne sait pas où me mettre. Il me montre un faré où il va disposer le buffet de ce soir et commence à me dire que je pourrais me mettre par là bas. Je l'informe alors que je n'y prendrai pas part et que je préférerais un endroit plus éloigné pour être au calme. Là c'est devenu le casse tête pour lui, il est parti à la réception jeter un coup d’œil au cahier des réservations pour voir où il pourrait me caser, lâchant : « on n'a pas l'habitude de recevoir des personnes seules, ça casse le truc ». 
Deuxième grotte de la troisième
Puis réalisant que ce qu'il venait de dire n'était pas trop sympa, il a rajouté « Mais c'est bien aussi ! ». Trop tard le mal est fait, je vois que je ne suis pas le bienvenu ici. Sans doute parce que je ne vais pas leur laisser trop d'argent. Et puis quoi, c'est un camping non, c'est pas le Hilton ! Au final, il m'a installé tout au bout du terrain, à un endroit qui ne ressemble pas à un emplacement. Je suis relégué en seconde zone, sans faré ni électricité, disposant pour mettre mes affaires d'une remise à l'abandon, au toit plus étanche, pleine d'objets hétéroclites rouillés et de toiles d'araignée. Mais je m'en moque, au moins j'aurai la paix. Sans doute en proie à des remords, il est revenu avec un câble électrique, une bâche, une table en plastique et des tronçons de cocotiers en guise de siège pour me confectionner un abri improvisé censé faire salon et salle à manger. On dira que ça a le charme de l'authenticité ! Pour la lumière, il faut visser ou dévisser l'ampoule vu qu'il n'y a pas d'interrupteur. Sous la pluie j'ai peur de faire Claude François !
Avant de prendre la route, je n'ai pas pu résister à l'envie de prendre un bain dans les rouleaux, la plage étant si belle malgré le temps. Comme j'avais réservé un déjeuner au gîte Nataïwatch, servi entre midi et treize heures, dans l'optique d'intervertir le dîner avec le déjeuner (vous me suivez?), il ne me restait plus qu'une heure. Pas question dans ce temps court de parcourir les trois grottes de l'île. Je suis donc allé à la plus proche, la grotte de la Troisième. C'est son nom et ne me demandez pas troisième de quoi. Je n'en sais rien, à moins que ce ne soit par allusion au fait qu'il y a trois grottes et qu'ils étaient à court d'idée pour lui trouver un nom !
Pour la trouver il faut s'avancer dans un chemin de plus en plus étroit où la végétation enserre de plus en plus le chemin, rayant la voiture au passage. 
Avant que ce ne soit au tour du toit, je me suis arrêté là, au niveau d'un petit renfoncement et j'ai poursuivi à pied. Il y avait plein de bruits et de chants d'oiseaux mystérieux. Au fond du chemin une voiture était garée, juste en face d'un sentier non indiqué mais bien tracé. J'ai eu dans l'intuition qu'il fallait que je passe par là et j'ai bien fait car je suis arrivé à la grotte. Elle est perdue au milieu de la jungle et non exploitée, à l'état sauvage. Il y a en fait deux grottes, la première sur la droite semble très profonde et on en sait pas dire si entre les stalagmites il y a un chemin ou non qui descendrait vers ses entrailles. Ne voulant pas finir avec une jambe cassée au fond d'une grotte de laquelle on me retrouverait à l'état de squelette, j'ai préféré rester à l'entrée et observer le ballet d'oiseaux très jolis, guère plus grands qu'un colibri, verts et rouge à la tête, la gorge et la queue. J'ai pris plusieurs photos au zoom maximum et, en raison de la faible luminosité à l'entrée, elles sont toutes floues. Je ne peux donc pas vous en montrer un spécimen.
La deuxième grotte de la troisième (!) dispose d'une entrée plus large, plus lumineuse donc et descend en pente douce. Je m'y suis emmanché, d'autant plus qu'au fond se trouve un petit lac bleu comme la grotte aux Fidji, en beaucoup plus petit bien sûr. Je n'y ai pas fait trempette car les abords avaient l'air incertains et glissants. Il y avait un gars qui était dans la grotte, sans doute celui de la voiture devant le sentier. Il m'a dit que je pourrais me baigner plus facilement dans les autres grottes, que l'une d'elles disposait d'une petit étang très facile d'accès. La partie est donc remise pour cet après midi. J'ai une petite appréhension toutefois car je dois rendre la voiture ce soir avec le plein et la station essence, la seule de toute l'île, ferme exceptionnellement à 15 heures pour cause de réveillon. Je vais donc devoir visiter les deux grottes qu'il me reste à voir après avoir fait le plein, et en espérant que la dernière barre de la jauge d'essence ne bougera pas.

Grotte de la Reine Hortense

Pour midi j'ai eu un steak frites salade pour compenser avec mon « réveillon » de ce soir. Puis j'ai pris la direction du point information afin de réserver un taxi pour venir me chercher au camping le 3 janvier au matin. Évidemment c'était fermé, ça devait rouvrir à 14 heures, dans un quart d'heure, mais vu que tout ferme aujourd'hui à 15 heures, je n'étais pas sûr du fait qu'ils rouvrent pour juste une heure. J'ai donc tracé ma route, tablant sur le fait que je demanderai à la réception du gîte où je squatte de le faire pour moi. Car mon téléphone Yackie ne fonctionne pas non plus en Nouvelle-Calédonie. Cette fois ce n'est plus un problème de batterie (je l’avais bien rechargé aux Fidji grâce à Kesrtin). Il faudra donc vraisemblablement attendre l'Australie avant que je puisse capter un signal.
Je n'ai pas trouvé la deuxième grotte, la grotte de Ouatchia. Aucune indication depuis la route. J'ai donc poursuivi jusqu'à la dernière grotte, la grotte de la Reine Hortense, nommée ainsi en raison du fait que la Reine venait se réfugier dans cette grotte quand elle venait en visite à l’Île des Pins au cours du XIXe siècle. Elle en est morte depuis... L'entrée est ici payante et un groupe de touristes vient d'arriver en minibus, sans doute venant du paquebot. J'ai donc attendu qu'ils aient fini pour avoir quartier libre et j'en ai profité pour discuter avec la guichetière, une kanak rigolote qui comprenait bien le fait que je reste à attendre. Elle m'a dit qu'en raison des pluies diluviennes des jours précédents, le sol était très glissant dans la grotte et qu'à ce titre on ne devait rester qu'à l'entrée et ne surtout pas pénétrer à l'intérieur.
La grotte est située dans un cadre magnifique de jungle luxuriante et fleurie. Son entrée est entourée de fougères arborescentes et un ruisseau vient traverser la grotte. Sur la gauche, en hauteur se trouve un petit autel où trône une Vierge Marie qui prie en direction de l'entrée. Il y a là aussi des bougies, on se croirait à Lourdes, même si je n'y suis jamais allé ! Comme à mon accoutumée, j'ai bravé les interdictions. Étant tout seul, personne ne pouvait me voir et je me suis un peu plus enfoncé dans la grotte, étonné par le fait que le sol n'était absolument pas glissant, adhérent parfaitement à mes chaussures. Jusqu'à ce que je fasse un pas de côté comme si j'avais glissé sur une savonnette. Je ne suis donc pas allé tellement plus loin. A mon âge, une fracture du col du fémur est tout à fait possible !
Après ces escapades grottesques (la faute d’orthographe est normale vu que j'invente un mot!), je suis allé rendre la voiture et j'ai fait un peu d'internet au gîte avant de prendre le chemin du camping. J'ai chronométré, il faut 36 minutes de la porte de ma tente jusqu'à la porte du gîte. Ce n'est donc pas tellement à côté et je ne me vois plus trop faire ce trajet de nuit après avoir pris mon dîner au gîte. Au camping, des familles sont bien arrivées, agissant comme si elles étaient seules avec des gamins survoltés. Mais ça va, de ma tente, c'est suffisamment loin et près des vagues pour que je n'entende rien à part quelques rares éclat de voix de temps en temps. Et puis c'est normal, c'est réveillon ! Après mon apéro dînatoire, j'ai regardé un épisode de Colombo, le cinquième de la série et je me suis couché à 21 heures, laissant les autres se diriger vers le faré du banquet.
Bonne année 2012!
Alors que je dormais comme un loir, j'ai été réveillé en sursaut par de la musique à fond et des bruits de fusées. Un coup d’œil à ma montre qui avance : minuit quinze. Merde, c’est la nouvelle année. Dehors c'est Bagdad. Le ciel est constellé de feux d'artifices, ça pète de tous les coins de l'île. Je suis sorti de la tente pour marquer le coup, m'avançant sur la plage, slalomant entre les gouttes. Point de bain de minuit possible, vu le temps je n'en ai absolument pas envie. J'ai dit bonjour à 2012 et je suis allé me recoucher, déplaçant ma tente plus loin et laissant tout ce petit monde danser jusqu'au petit matin dans les flonflons de zouk.

vendredi 30 décembre 2011

Invasion


Après le petit déjeuner pris au gîte où je squatte (toujours le même), je suis retourné à l'église de Vao, après avoir appris qu'il y avait un sanctuaire un peu plus haut qui offrait un joli panorama sur le village. C'est le guide « Le Globe-Trotter Nouvelle-Calédonie », édité par l'office du tourisme, tout en couleurs et photos, sur papier glacé de 247 pages avec des cartes, le tout gratuit, qui le dit ! Encore un truc qu'il faudra que j'expédie en France quand j'en aurai fini avec la Nouvelle-Calédonie. Du haut du belvédère j'ai pu voir qu'un gros paquebot de croisière était arrivé, mouillant dans la baie de Kuto.
Je suis allé voir ça de plus près et, oh désastre !, je ne reconnaissais plus mes baies. Ils avaient dressé des chapiteaux partout le long des plages avec des barbecues qui empestaient l'air. On ne pouvait même plus passer en voiture tellement c'était noir de monde. On se serait cru place de la Bastille un 14 juillet. 
Les gens arrivaient par chaloupes entières du gros paquebot à 10 étages de P&O Cruises. Ils restaient là, le cul sur l'herbe ou bien s'étalaient un peu partout, une bière à la main. Des américains certainement. Bref c'était l'invasion ! Pensez, c'est une ville entière qui a débarqué. Quand je me suis rendu à l'hôtel Kou-Bugny pour acheter un sandwich (riche idée!), il y avait une queue d'une vingtaine d'amerloques qui voulaient tous une bière. La pauvre employée unique du bar était débordée, déjà qu'elle ne sait pas où donner de la tête quand il n'y a qu'un seul client. Elle tirait la tronche et ça faisait peine à voir, et puis quelle image de la France pour les touristes étrangers. Mais je n'ai pas été mieux qu'elle. C'était insupportable, je n'arrêtais pas de tirer la tronche moi aussi, voulant m'extirper de cet enfer au plus vite. C'était la foire d'empoigne, les gens se passaient les uns devant les autres, la barmaid étant incapable de savoir qui était avant l'autre et servant au hasard de ce qui se présentait devant elle. Moi j'attendais pour prendre un sandwich qui était sur un plateau devant moi et j'avais bien envie de me servir moi même.
Le chenal à traverser depuis le pont du Méridien
Ça me rappelle une histoire il y a quelques années en boîte de nuit, sans doute la dernière fois que je suis sorti quelque part. C'était plein à craquer et le serveur hautain n'était pas non plus capable de reconnaître qui était le premier à faire la queue au bar. J'étais pourtant face à lui, il m'avait vu mais chaque fois il allait servir des gens ailleurs, pris au hasard. Cela faisait plus d'un quart d'heure que j'attendais pour ma boisson gratuite et juste devant, derrière le bar, une bouteille de coca en plastique trônait à côte de verres. N'en pouvant plus je m'étais moi même servi un verre, que le barman avait bien vu cette fois. Je m'étais fait engueuler comme du poisson pourri et on s'était bien fritté, le traitant d'incapable et d'aveugle, lui reprochant de ne pas vouloir me servir depuis toute le temps que j'attendais face à lui. Je l'avais laissé dans ses vociférations, disparaissant dans la foule avant que je lui jette mon verre de coca à la gueule ou qu'il n'appelle la sécurité. Depuis ce jour là je ne suis plus jamais sorti en boîte de nuit.
Eh bien aujourd'hui c'est pareil, pour un sandwich à la noix, ma patience a des limites, j'ai eu envie de m'enfuir avec ou de faire un esclandre. J'ai bien attendu 20 minutes, soupirant à chaque fois qu'elle passait devant moi. Tout ça pour un sandwich au poulet infâme dont la moitié a fini dans un buisson pour nourrir les bêtes sauvages. Et j'ai pris mes jambes à mon cou, après avoir demandé bien fort jusqu'à quand ce bateau allait rester là. Heureusement il repart ce soir à 17 heures. Je suis comme ça, la foule m'étouffe et me transforme en vieux con, ça me donne des envies de meurtres, donnez moi une machette que je taille mon chemin dans le gras ! Ce sont des milliers de personnes qui ont débarqué là, je ne reconnais plus rien, c'est un jour à aller se terrer dans un trou. Avec ma voiture je n'avais pas beaucoup de choix dans les solutions de repli. La piscine naturelle allait aussi être infernale, je voyais des bus entiers s'emmancher sur les routes, devinant bien la direction qu'il allait prendre.
J'ai donc eu dans l'idée de retourner dans la baie d'Oro mais en allant dans un endroit où j'étais sûr qu'il serait préservé : le Méridien. Depuis le temps, vous connaissez ma propension à m'infiltrer partout incognito. Cette fois encore ça a marché. Je me suis baladé dans le domaine comme n'importe quel résident. Il suffit de prendre une démarche assurée et élégante, style joueur de golf, et ça marche. Ils n'y ont vu que du feu. Bien tranquille. J'aurais même pu me servir de la piscine ou des chaises longues mais je ne suis pas comme ça. Utiliser des services c'est autre chose, je ne suis pas un profiteur, juste quelqu'un qui n'aime pas les panneaux « Défense d'entrer ». D'ailleurs il n'y avait rien de la sorte ici. Juste un parking visiteur. S'il y a un tel parking c'est bien qu'on peut visiter, non ? Enfin, je pense que c'est plutôt si on veut venir manger au restaurant... Alors que je me baladais dans le domaine j'ai croisé un employé qui venait au loin. J'ai fait comme si je ne l'avais pas vu, je me suis arrêté, faisant mine de prendre une photo pendant des heures. Quand je me suis retourné il avait disparu !

Panorama depuis la pointe du Méridien. A droite, leur plage


Le site du Méridien est très beau, ils sont sur une péninsule, entourée par le lagon d'un côté et un chenal qui passe devant Chez Régis et rejoint la piscine naturelle. Pour pénétrer dans le domaine, il faut passer par un petit pont suspendu. Je suis rentré dans le Méridien en contournant, après avoir longé le chenal jusqu'à arriver au bout de la péninsule, là où se trouvent la piscine et un un bar en plein air. A cet endroit il y a des bungalows en bois sombre qui font face au lagon avec de grandes baies vitrées qui s'ouvrent sur des terrasses en teck avec de beaux transats confortables en teck et coussins de lin. Je pense que ce doit être les emplacements les plus chers. Ils sont d'ailleurs habités par des japonais, qui représentent bien 80% de la clientèle. Je ne savais pas qu'ils étaient si riches. Pour la chambre la moins chère (à 600 euros seulement!), c'est en fait dans un bâtiment banal, en retrait, coincé entre le bar et la piscine, sous les arbres, où l'on doit mettre la lumière en plein jour. Même si le site du Méridien est exceptionnel, la plage qui se trouve là n'a rien de très magique, on a de l'eau à la cheville. D'ailleurs personne ne se baigne, préférant la piscine. Un comble ! Moi non plus je ne me suis pas baigné, mais plus par peur de me faire virer de là.
Mère de la Divine Providence
Le temps se gâtant en fin d'après midi, j'ai rejoint le gîte pour faire un peu d'internet. Je suis en train de regarder pour les croisières dans les Whitsundays en Australie, ma prochaine étape. Je n'aime pas devoir m'occuper de ça quand je suis quelque part car ça m'extrait de l'endroit où je suis, et au lieu d'être ébloui par l'endroit où je me trouve, je suis excité à l'idée de ce que je vois sur internet. Ce n'est pas bien, voilà pourquoi j'ai essayé de réserver au maximum avant de partir, afin de goûter à 100% les moments passés sur place sans avoir de tracas à devoir planifier quoi que ce soit. J'ai aussi les excursions à Bornéo à prévoir. Je voulais aller là bas pour visiter des îles autour de Kota Kinabalu mais pour changer des îles que je vais voir suffisamment comme cela, j'ai décidé d’enchaîner les safaris dans la jungle et sur les rivières pour voir singes, rhinocéros, éléphants, tigres et autres bestioles. Pour les Whitsundays je ne trouvais au début que des croisières avec 24 à 32 passagers, avec les mentions « popular with bakcpackers, friendly, fun, socializing ». Bref, après mon expérience aux Fidji, à fuir ! J'ai trouvé des bateaux pour une clientèle plus mature, de 30 à 50 ans dont le clou semble Withsundays Blue, pour 8 privilégiés répartis en 4 cabines. Pour les couples et les lunes de miel. Je ne serai au moins pas emmerdé par des jeunes éméchés qui hurlent comme dans un stade lors d'un match de foot, quoique j'aurai peut être des lits qui grincent la nuit ! Ce sera ma lune de miel à moi. Ben quoi, pourquoi faut il être deux pour avoir le droit d'être tranquille?
Crabes de mangrove. Ils n'ont qu'une pince
J'ai aussi réservé une table pour ce soir, en prenant soin d'éviter l'entrée : rillettes de poisson du lagon et sa salade verte. Autrement dit : rillettes de ciguatera ! Dès que je vois la mention « du lagon », j'évite soigneusement. Peut être que ça met l'eau à la bouche au touriste ignorant, pour moi je n'ai pas envie d'y laisser mes neurones et devoir abréger mon tour du monde. Après dîner je me suis installé sous un faré du camping pour regarder tranquillement un Colombo mais à côte de moi des campeurs jouaient à un jeu de société et n'arrêtaient pas de parler, m'empêchant de suivre quoi que ce soit. J'ai donc remis ça à demain soir, pour le camping des rouleaux et j'ai pris la direction du quai sur la presqu’île entre Kanuméra et Kuto, pour la seconde fois et ma dernière nuit en camping sauvage sur l’Île des Pins.

jeudi 29 décembre 2011

Le pic N'Gâ et autres merveilles

La baie de Kanuméra vue du pic

Pour la première fois depuis que je suis arrivé en Nouvelle-Calédonie, ce matin il n'y a pas un nuage, ce qui laisse augurer d'une belle journée. Je n'ai donc pas traîné avant de partir à l’ascension du pic N'Gâ, le toit de l’Île des Pins qui culmine à 262 mètres et promet d'offrir une vue spectaculaire à 360 degrés sur l'île. J'attendais le moment opportun avant de m'y rendre, c'est chose faite ! L'entrée du sentier est bien fléchée depuis la route et se prend derrière la baie de Kuto, peu avant le gîte Kanuméra quand on vient de Vao. Après ça devient un peu plus compliqué. Le sentier est en fait le lit d'un ruisseau et avec les pluies des derniers jours c'est rempli d'eau. Il y a donc de petits chemins de déviation dont certains se perdent rapidement dans la jungle. A un moment le sentier m'a mené à une barrière avec la mention « propriété privée, défense d'entrer ». 
A gauche Kanuméra, à droite Kuto
Je trouvais cela très bizarre pour un chemin censé mener à un point de vue. J'ai donc rebroussé un peu et retrouvé le chemin qui avait bifurqué sans que je m'en aperçoive. Seul le début est un peu chiant, après on quitte rapidement la végétation pour commencer vraiment l'ascension, en plein soleil et sans ombre. Le sentier part direct à flanc de montagne sans serpenter. Ce n'est pas que cela soit dur, ça n'a rien à voir avec Maupiti ou Wayasewa, mais le fait de grimper comme ça sur un chemin raide avec le soleil en face ne permet à aucun moment de reprendre son souffle et me fait transpirer à grosses gouttes. Rapidement le T-Shirt est devenu trempé et je ne pouvais même pas l'enlever car il me protège du soleil. Il serait temps qu'ils inventent un truc ultra léger qui laisse le corps au sec dans l'effort. J'ai bien un T-Shirt de course censé être étudié pour, mais comme il est tout en synthétique, il me tient très chaud et pue très vite. J'hésite à le bazarder car il peut encore me servir comme T-Shirt de plongée. Encore faudrait il que je trouve un masque. Car je ne peux pas en acheter ici et personne n'en prête. Et il paraît que les fonds de Nouvelle-Calédonie sont parmi les plus beaux du monde, aussi je suis très frustré. Ça ne peut plus durer. D'habitude je ne suis pas chapardeur pour deux sous mais là ça devient une urgence, un cas de force majeur ! 



La baie des Rouleaux, vue du pic
La vue d'en haut du pic est un peu décevante, j'ai vu mieux ! Même si elle embrasse effectivement l'île dans sa totalité, le panorama n'est pas à tomber des nues car il n'y a pas de couleurs bleu lagon. De plus les baies sont peu visibles, cachées par les pins colonnaires, si hauts qu'ils masquent les plages. La vue la plus intéressante reste celle qui va de l'îlot Brosse jusqu'à la baie de Kuto. L'ascension m'a permis de découvrir en revanche qu'il y avait une bien jolie anse prometteuse derrière la baie de Kuto. C'est la baie des Rouleaux, qui figure bien sur la carte mais que je ne sais pas rejoindre car elle n'est pas indiquée et pas d'un accès direct par la route. Aussi, en descendant, je suis repassé à l'épicerie d'avant hier récupérer mon morceau de roquefort avec l'idée de demander aussi le chemin à prendre pour se rendre à la baie des Rouleaux. Sauf que le type si serviable de l'autre fois a été remplacé par une jeune fille qui roulait des yeux comme un poisson ahuri quand je lui ai demandé si je pouvais récupérer mon bout de fromage. 
La baie de Kuto et au fond le pic N'Gâ
Car un coup d’œil rapide dans le frigo m'a permis de voir qu'il n'y était pas. Il y avait un risque en n'y étant pas repassé hier, c'est sûr qu'ils n'allaient pas le garder ad vitam eternam. La fille n'était au courant de rien, je suppose que l'autre a dû le manger, je suis donc reparti avec juste une baguette et l'indication pour rejoindre la baie des Rouleaux, ce qui n'est pas si mal. Il y a bien un chemin qui y mène mais c'est un chemin privé destiné uniquement au camping qui se trouve au bout. Sinon il faut passer par un chemin qui part de la baie de Kuto et enjambe le cap qui sépare les deux baies.
Pour ne pas froisser la population locale, j'ai donc suivi l'itinéraire par la mer. Ce n'est pas fléché mais mon sens de l'orientation aura suffit à trouver un chemin qui s'enfonçait dans la forêt. Une dizaine de minutes de marche suffisent avant d'arriver à la baie des Rouleaux. 
Baie des Rouleaux
La plage est magnifique et déserte, une réplique de la baie de Kuto en plus sauvage, sans hôtel et avec personne, la plaçant instantanément au rang de ma plage préférée de l’Île des Pins. Juste derrière la plage se trouve le camping, séparé par une espèce de palissade en bois pour protéger du vent. Derrière se trouvent les emplacements de camping, chacun avec un faré, une table, des bancs et l'électricité. C'est assez grand et il n'y a qu'une tente. Il y a aussi deux bungalows où des gens se trouvent. J'ai eu immédiatement le coup de foudre pour ce camping tout en bois qui donne sur la plage et d'où on entend les vagues se briser. Un vrai coin de Robinson. Du coup je suis allé voir la propriétaire pour réserver les 3 dernières nuits qu'il me restera à l'île des Pins une fois que je n'aurai plus de voiture. Car le camping n'est pas trop mal situé, suffisamment loin de tout pour ne pas avoir de problème de voisinage le 31 décembre. De plus, en une petite demie heure de marche je dois être au gîte Nataïwatch où je pourrai me rassasier. Et j'aime l'idée après le dîner de longer deux plages, un rocher sacré et marcher dans la jungle à la lueur de la torche. 

Vous aimez la baie des Rouleaux?

Toile d'araignée géante, à moins que ce ne soit l'araignée!
Au début j'ai cru que ça n'allait pas être possible, la gérante m'ayant accueilli avec un « Ouh là, j'attends du monde, je ne sais pas s'il va me rester de la place ». Finalement après avoir jeté un coup d’œil à son cahier des réservations, il y a bien de la place pour moi. J'ai vu qu'il y avait en revanche 4 ou 5 réservations de 2 ou 3 personnes pour ces jours là, je ne serai donc pas seul, hélas. Mais c’est suffisamment grand et espacé pour que je ne sois pas emmerdé. Bien que les emmerdes puissent arriver d'ailleurs. Car l'endroit est peuplé d'une ribambelle de clebs et de coqs. Vous me direz que je suis malade d'avoir réservé dans un truc pareil mais j'ai ma petite idée. Déjà, rien ne dit qu'ils feront du bruit la nuit (on peut rêver) mais surtout la baie est très grande et il n'y a aucune habitation, offrant des solutions de repli à l'infini sans devoir aller très loin. Bref c'est l'idéal. La baie donne plein ouest et promet en plus de beaux couchers de soleil. 
Les îlots Gadji
Pour le 31 décembre un repas est possible mais je dois dire d'ores et déjà si ça m'intéresse. La propriétaire a dû sentir le drôle d'oiseau que j'étais car elle m'a mal vendu le truc : « Je fais un repas payant avec les autres du camping le 31. Vous voulez vous joindre à nous ou vous préférez rester tranquille dans votre coin ? ». Vous devinez ma réponse. Je vais les laisser entre eux, et méditer sur la plage sous le clair de lune à regarder les étoiles, ce programme là me plaît bien mieux. On pourra dire que je ne fais pas la fête, que c'est dommage. Mais pour moi, quoi de mieux que d'accueillir la nouvelle année par un bain de minuit sur une plage déserte pendant que toute le monde est emmitouflé sous des pulls et des anoraks à boire du champagne sur des Champs-Elysées bondés de monde et au milieu des klaxons et des embouteillages ? Chacun son truc !

Mon Koh Lanta!


Avant de rejoindre l'hôtel Kodjeue pour réserver le dîner, je me suis arrêté devant une autre épicerie pour fourrer ma baguette avec du fromage. Il était midi passé, c'était fermé, je n'avais pas imaginé qu'ils puissent fermer entre midi et deux. Du coup mon sandwich ça a été de la baguette avec rien dedans ! Un déjeuner de Moyen-Age ! Pour une fois, je ne vais pas en mourir, j'ai de quoi compléter avec des compotes. Et puis ce matin j'ai encore pris un copieux petit déjeuner. A l'hôtel, ils ne savaient pas s'ils allaient pouvoir m'accueillir ce soir car ils ont beaucoup de monde. Ils m'ont demandé où je résidais. J'ai répondu au camping des Rouleaux pour ne pas dire nul part. Ils ont alors proposé d'appeler là bas dans l'après midi si une place se libérait. Je m'en suis sorti en disant que je ne pensais pas y retourner d'ici le soir. Voyant que j'étais tout seul, ils ont pris ma réservation : « vous êtes seul, on va vous trouver de la place ». Comme quoi on finit toujours par trouver un arrangement ! Sur le comptoir il y avait un plan de l'île bien détaillé avec les curiosités locales. Mon regard a tout de suite été attiré par le nord de l'île, la baie de Gadji, parsemée de petits îlots où ils avaient placé l'indication « Koh Lanta ». Eh bien voilà, l'énigme est levée, je sais maintenant où ça a été tourné. Je savais bien que l’Île des Pins était un lieu tout trouvé pour un Koh Kanta.
J'ai donc pris la route pour Gadji. Il ne faut pas se fier aux cartes, hors de Vao, il n'y a pas de village, les lieux dits ne sont en fait qu'une ou deux bicoques très espacées les unes des autres. La route finit à la pointe nord sur une espèce de mangrove vaseuse. Je ne le savais pas, jusqu'à ce que j'aperçoive une belle pirogue qui mouillait face à un petit rocher qui semblait flotter à la surface de l'eau. Comme je pensais tenir là une belle photo, je me suis avancé sur la plage. Tout à coup j'ai disparu dans la vase, ce qui semblait être du sable était une épaisse couche de vase dans laquelle je me suis enlisé. J'en avais jusqu'à mi mollet et quand j'ai essayé de m'extraire de là, les godasses étaient comme cimentées et sont restées dedans, la vase se refermant tout autour. Il a fallu que je m'y prenne à deux mains, allant farfouiller à l'aveugle dans la vase pour retrouver mes Crocs. Et j'ai dû tirer de toutes mes forces, ça faisait « Schlurk » et ça ne voulait pas venir. 
En tirant sur la godasse, c'est comme si toute la vase des alentours allait venir avec. J'en avais plein partout, ça puait et je n'osais même pas penser à la vermine qui pouvait se trouver là dedans. Quand enfin j'ai pu récupérer les chaussures, j'étais vert et informe, couvert d'une épaisse couche de vase. Je ne pouvais assurément pas reprendre la voiture comme ça, j'allais tout cradosser. Et comment faire pour nettoyer tout ça ? Je n'avais comme solution que d'y retourner ! Un tronc était posé sur la vase permettant de m'avancer vers l'eau sans m'enfoncer. En théorie ! Car le tronc était si glissant que j'ai glissé à plusieurs reprises, finissant ma course à quatre pattes dans la vase au milieu de « Schlurk » à n'en plus finir. Finalement c'est les pieds dans la vase et arc bouté en tenant les chaussures à bout de bras vers un mince filet d'eau boueuse qui montait que j'ai pu les nettoyer. Après ça a été le tour des pieds mais comme le tronc était encore plus glissant pieds nus, j'avais les jambes qui tremblaient au point de ne pas pouvoir faire un pas. Comme je ne pouvais décemment pas rester là indéfiniment, je suis rentré à pieds dans la vase, enfournant le tout dans des chaussures propres ! C'était comique. Digne d'un jeu qui n'aurait pas dépareillé à Koh Lanta ! Tout ça pour une photo d'une pirogue à la con !
A la baie de Gadji, en longeant une piste défoncée, on arrive à un ranch où l'on peut faire des balades à cheval. J'aurais été plus intéressé pour faire un tour en bateau vers les îlots de Koh Lanta mais ça, personne ne le fait. Le ranch fait aussi gîte, à un prix imbattable : 500 francs le lit (5 euros!). A ce tarif, je ne sais pas à quoi on a droit mais pour les routards, je passe le tuyau, il faut s'adresser à Fidélie Vakoumé, 46 93 07 ou 90 97 33. L'info n'est dans aucun guide. Ça revient trois fois moins cher que le camping et 15 fois moins cher qu'un gîte traditionnel. Comme quoi au final sur l'île des Pins il y en a pour tous les budgets, même si ce genre d'info n'est pas divulguée. Car il paraît que le marché a été verrouillé depuis longtemps pour faire cracher un maximum d'argent aux touristes.

La plage devant Chez Émile


Les huttes de Chez Émile
Après avoir eu droit à mon Koh Lanta à la baie de Gadji, je suis allé me reposer à nouveau dans la baie d'Oro. Mais cette fois j'ai commencé la visite en cherchant le Kou-Gny, restaurant et camping qu'on rejoint après avoir traversé un chenal et marché dans la forêt pendant 15 minutes. Je voulais voir à quoi ça ressemblait car je pensais à l'origine y venir camper. Mais avec la trotte que c'est je ne me voyais pas faire tout ce chemin avec les bagages. J'ai demandé au gîte Chez Régis comment atteindre l'endroit. Le Kou-Gny est en fait juste derrière le Méridien, face à une belle plage... à marée haute. Car pour l'heure c'est marée basse et c'est couvert d'algues. A l'une des extrémités les algues laissent la place à un beau lagon. J'ai essayé de m'y baigner, d'autant plus que de petits bancs de sable très photogéniques avaient émergé. Mais il y avait de l'eau à la cheville : même allongé, j'avais le cul qui dépassait. Ne pouvant pas rester là plus longtemps, j'ai suivi le mouvement des gens qui passaient et s'emmanchaient dans un bras de mer qui rejoignait la piscine naturelle. 
Un bras de mer menant à la piscine naturelle
Le site du Kou-Gny est remarquable et il n'y a pas un campeur. Si ce n'était pas ce problème de plage à marée basse et le trajet pour y parvenir, ce serait un excellent point de chute, d'autant que le camping fait restaurant et est réputé. Juste à côte se trouve aussi un autre camping, chez Émile. Je passe l'info. Ils avaient une tente et des huttes traditionnelles façon tente de sioux ! Mais tout cela ne vaut pas le site du camping des rouleaux. Aucun regret à avoir, d'autant plus que Chez Régis, là où je pensais venir il y a quelques jours, ça s'est rempli de nombreux campeurs aux rires gras.
J'ai revu la piscine naturelle mais c'est l'endroit le plus fréquenté de l’Île des Pins et assurément pas à voir en période de vacances scolaires. C'était encore plein de mômes occupés à jouer au ballon et à crier dans l'eau. Par contre j'ai vu plein de poissons partout et la piscine a aussi l'air d'être un bel aquarium. Il serait temps que je trouve un masque !

mercredi 28 décembre 2011

Les îlots Nokanhui et Brosse


îlot Nokanhui
Le gîte Nataïwatch est devenu ma succursale. C'est par eux que je suis passé pour réserver l'excursion d'aujourd'hui, j'y ai aussi pris un petit déjeuner bien copieux pour me permettre de sauter le repas du midi. En effet ce n'est pas sur ces deux îlots déserts que je risque de trouver quelque chose et j'ai décliné la sortie avec repas, bien plus chère et surtout pour me permettre d'explorer à ma guise pendant que les autres mangent. Manger dans une excursion, c’est comme faire la sieste, c'est du temps perdu. Chaque minute est précieuse car c’est souvent chronométré. Les gens au gîte me disent bonjour, même les pensionnaires. C’est tellement grand que je suis sûr qu'ils pensent que j'en fais partie. Par contre même si on m'offrait l'hébergement je ne voudrais pas rester ici. Vu que c'est le moins cher de toute l'île c'est bondé de personnes bruyantes qui passent leurs journées et leur soirées sur leur terrasses dans des rires gras, à discuter ou à jouer aux cartes, pendant que les bébés pleurent et les gosses jouent en criant en courant autour des bungalows. 
Et puis il y a surtout des maisons tout autour, dont une qui émet de la musique tout le temps avec des basses sourdes qui résonnent dans tout le camp... et des chiens. Une bonne demi douzaine qui vont et viennent et qui doivent aboyer au clair de lune. Ça n'a l'air de gêner personne vu le monde qu'il y a. Je dois bien être le seul à avoir besoin de calme. En tout cas j'en ai bien la confirmation, les personnes qui sont là viennent surtout de l'île principale, c'est plein de couples mixtes, ça ne trompe pas.
La sortie est prévue pour 8h30. C'est que le jour se lève tôt, des 4h30, pour se coucher vers 19h ; en raison de la saison des pluies qui voit les jours les plus longs de l'année. En règle générale, le dîner est servi à 19h30 et je sors de table vers 20h30, prenant alors la voiture pur aller planter la tente. Je dois être au lit vers 21h, me levant avec le jour, autour de 5h. 
C'est le rythme qui me convient. Je suis quelqu'un qui aime vivre avec la lumière et non avec l'obscurité. J'ai du mal à comprendre ceux qui vivent la nuit, où il n'y a rien à voir et où l'on pourrait être n'importe où ailleurs. En ville encore je comprends mais ici. Il ne faut pas croire, même s'il n'y a rien à faire à l’Île des Pins la nuit, ça n'empêche pas les gens de vaquer jusqu'à des 2 heures du matin. C'est ce qui m'est arrivé la nuit dernière, un couple s'est assis non loin de la tente, en fumant et riant niaisement de fatigue.
Sur le bateau nous sommes 8, une famille est déjà à bord, le bateau s'étant arrêté à un autre hôtel avant nous. Nous sommes 3 du gîte à monter à bord. Ce matin en me levant le temps était tout gris, un ciel mou sans vent qui m'a donné bien du souci. Heureusement ça s'est dissipé depuis, et on peut voir que les îlots vers lesquels nous devons aller sont hors de la couverture nuageuse. Je m'en réjouis d'avance. 



Le premier arrêt c'est sur l’îlot Nokanhui qui est la photo que j'avais mise sur ma page Facebook pour souhaiter Noël. Pour y arriver, on longe la côte ouest de l'île puis on continue cap au sud. L’Île des Pins mérite bien son nom, elle est couverte de pins colonnaires, un pin endémique à la Nouvelle-Calédonie. Ça ne ressemble d'ailleurs pas à un pin, mais plus à l'arbre appelé le désespoir du singe. Les feuilles sont des espèces de tubes vert foncé et très coriaces. Ce que j'aime dans ce pin c'est qu'il a un port altier et pousse tout en hauteur, à la manière d'un cyprès méditerranéen. De loin, lorsque l'on regarde les côtes, les pins formes des crêtes et des creux, ça ressemble à un spectre sonore.
L’îlot Nokanhui est perdu en plein milieu de la mer, enfin du lagon je devrais dire car la Nouvelle-Calédonie est entourée d'un lagon de 1600 km de long, le plus grand au monde ! 
Ce n'est pas par hasard que j'ai incorporé la Nouvelle-Calédonie à mon tour des lagons ! Quand on s'approche de l'îlot l'eau se fait plus bleue lagon. Lunettes de soleil indispensables. Et puis le banc de sable se dessine, d'une bancheur incroyable. Je répète que les photos ne sont pas trafiquées et que la couleur est bien celle que vous voyez. C'est incroyable, non ? Par contre nous sommes arrivés à marée haute et même si on peut gagner l'îlot relié au banc de sable en marchant avec de l'eau au niveau du maillot de bain, les photos ne donnent pas comme sur la carte postale à marée basse, avec l'îlot relié complètement au banc de sable. Dommage ! Vous vous consolerez avec la photo de carte postale. Une merveille de plus à ajouter à l'île des Pins. J'aime ces endroits qui concentrent les endroits remarquables, où chaque jour de découverte apporte une nouveauté incroyable, donnant le sentiment que le filon est inépuisable. 
Je suis bien plus ébloui qu'aux Îles Fidji. Après avoir vu l'Ile des Pins je peux dire qu'on peut oublier les Îles Fidji. C'est curieux car pourtant ces îles sont réputées dans le monde entier et l'évocation de leur nom suffit à imaginer un atoll paradisiaque. Eh bien non, ce ne sont pas des atolls, si on veut en voir il faut aller en Polynésie. J'ai un peu regretté de ne pas être allé aux Îles Samoa et Tonga mais après mes emmerdes aux Fidji je pense que ça aurait été du même acabit, les plages en moins ! Quand j'aurai fini mon tour du monde, je vous dirai les endroits les mieux de la planète, ceux qui sont incontournables. Ou peut être pas, je les garderai peut être secrets pour qu'ils restent préservés ! En tout cas je peux déjà affirmer que l’Île des Pins figure en haut de la liste, en bonne position !



Frégates
Je suis allé voir l'îlot au bout du banc de sable, paradis des oiseaux en tout genre, dont un gros qui ressemble à un oiseau de proie, juché en haut des arbres morts. Presque tous les arbres sur cette île longue de quelques dizaines de mètres sont morts, la faute au vent ou aux marées qui doivent recouvrir l'île de temps en temps. Il ne reste plus que des buissons dans lesquels les oiseaux nidifient. Pour le rapace, j'ai pris une photo mais une fois vue sur l'ordinateur, j'ai trouvé qu'il était trop moche pour le faire figurer ici, une tête horrible avec un plumage blanc sale et gris. Bref ça tranchait trop par rapport aux autres belles photos que j'ai pu prendre. Un moment je suis monté en haut d'un arbre mort, d'un mètre ou deux, pour avoir un point de vue en hauteur. Mes précautions n'auront pas suffi, une des branches sur lesquelles j'avais un pied posé s'est brisée et j'ai perdu l'équilibre, répartissant alors mon poids sur d'autres appuis qui ont cédé à leur tour. J'ai fini par terre, après une chute le long des écorces et des branches qui m'ont écorché la jambe gauche qui a une vilaine plaie qui saigne. 
Arrivée à l'îlot Brosse
J'aurais pu aussi m’empaler sur une des branches, je m'en sors donc bien ! Je suis allé laver mes blessures dans le lagon mais des poissons attirés par l'odeur du sang sont alors arrivés et me tournaient autour, cherchant à me grignoter la jambe. Je n'y suis pas resté longtemps ! En marchant dans l'eau je faisais aussi très attention aux endroits où je posais le pied, scrutant bien le fond. Car la Nouvelle-Calédonie est un sanctuaire pour le tricot rayé, un serpent de mer rayé jaune et noir qui pullule. C'est un animal craintif et placide, qui fuit dès qu'on s'approche mais c'est aussi le serpent le plus venimeux au monde. Une piqûre et on passe de vie à trépas en moins de 5 minutes. Je ne tiens donc pas plus que cela à le rencontrer. Avec ma chance, on ne sait jamais, l'un deux pourrait être surpris de me voir et me mordre, faute d'avoir pu s'échapper à temps.
Nous ne sommes restés qu'une heure sur l’îlot Nokanhui. J'y serais bien resté plus longtemps mais la marée basse n'est que cet après midi, aussi il aurait fallu attendre encore longtemps. L'autre arrêt c'est à l’îlot Brosse, qui fait face à la baie de Kanuméra et que l'on aperçoit très bien de l'île des Pins. C'est aussi cette île que vous voyez sur la photo que j'ai prise de l'avion quand je suis arrivé sur l’Île des Pins. L'île regorge de pins colonnaires et est entourée par un beau sable blanc. Un autre paysage de carte postale. C'est une île inhabitée où l'on ne vient qu'à la journée. Des tables de pique nique sont aménagées à l'ombre des pins pour servir les repas des excursions. Pendant que je visitais un peu, j'ai songé que ce serait le décor parfait pour un Koh Lanta. On voit l’Île des Pins toute proche mais on ne distingue aucune civilisation. Où que l'on regarde c'est un paysage vierge. 
Je ne sais pas où a été tourné le Koh Lanta Nouvelle-Calédonie mais ça aurait pu être sur cette île. Faudra que je regarde une fois de retour. A moins que ce ne soit dans les îles Loyauté qui promettent d'être encore un sacré joyau !
Sur l'îlot Brosse, le temps s'est couvert rapidement, et m'a pris au dépourvu. Il me manquait une photo à prendre, n'ayant eu le temps d'explorer que dans un sens. J'ai scruté tout l'après midi une trouée de ciel bleu qui a fini par se produire. Même si je n'avais pas en fond un ciel bleu, les couleurs du lagon étaient là. Je refuse de faire des photos du lagon quand il n'y a pas de soleil, c'est un crime ! J'ai tout de même failli avoir une crise de nerfs, un couple de japonais ayant décidé au même moment de marcher tout habillés dans le lagon, de l'eau jusqu'à la taille. Car d'autres bateaux étaient là, deux autres, débordant de japonais exclusivement. 
Je me demandais où ils résidaient, j'en ai la réponse ; quand nous sommes rentrés un peu après 15 heures, j'ai fait un tour à l'hôtel Kou-Bugny pour voir le menu du restaurant, qui comporte une terrasse à plusieurs niveaux tout au bord de la baie de Kuto. Eh bien les transats étaient remplis de japonais. Partout. On aurait pu remplir un plein bus. Je crois qu'ils représentent la majeur partie des touristes. Viennent ensuite les anglo-saxons avec leur voix gutturales qui portent à 100 mètre à la ronde !
Quand on est rentré, j'en ai profité aussi pour faire un tour à la Poste, enfin à l'OPT, c'est le nom de la poste ici, le même qu'en Polynésie. Je me suis débarrassé de tout ce qui m'encombrait depuis la Polynésie, les colliers de coquillages reçus au moment des départs à Maupiti et Tikehau, mes meilleurs souvenirs de Polynésie donc injetables, des brochures de Nouvelle-Zélande et son atlas routier, le DVD de Real Journey sur les Fjordland et surtout les coquillages ramassés à Maupiti. J'en ai eu pour 2,5 kg mais maintenant je n'ai plus d'appréhension au moment de passer les douanes. Et puis c'est aussi ça de moins à payer en supplément bagage ! Je ne sais pas dans quel état ça va arriver, le bureau était en fait une case sans nom avec une employée unique qui n'avait pas grand chose sous la main. Elle a quand même réussi à trouver une grande enveloppe, à défaut d'un carton, que j'ai dû bourrer à plusieurs reprises et qui ne fermait pas. J'ai mis plein de scotch autour, j'espère que ça suffira et que ça ne s'éventrera pas pendant le transport.
En attendant l'heure du dîner, je suis resté sur la plage de Kanuméra puis j'ai squatté le bloc sanitaire du gîte qui dispose de prises électriques et où certains me regardaient d'un drôle d’œil, comme si j'allais m'amuser à regarder sous les portes ! Il y en a même eu une qui m'a dit que je pouvais m'installer sous les faré, qu'ils disposaient de prises de courant. Sauf qu'ils sont juste en face de chaque bungalow, donc privatifs je suppose. Sinon pour le dîner, je ne sais pas pourquoi, je suis à chaque fois privé d'entrée, le fait d'être non pensionnaire ne me donne le droit qu'au plat principal et aux desserts, que je vais arrêter de prendre car trop sucrés et qui n'apportent rien comme nutriments valables. Demain je vais tenter le restaurant de l'hôtel Kodjeue, situé au nord de l'île, dans une baie moche mais dont les prix du restaurant sont équivalents et où on a le choix entre deux entrées et deux plats.


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