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lundi 26 décembre 2011

L’Île des Pins


La piscine naturelle de la Baie d'Oro
Pendant que j'attendais mon avion à l'aéroport de Magenta, j'observais les gens. C'est plein à craquer de familles avec des gamins en bas âge et de touristes japonais. Je ne sais pas où ils vont mettre tout ça dans l'avion. En plus, sachant qu'il y a plusieurs vols par jour vers l'île, je comprends mieux pourquoi tout est complet. J'ai dû m'acquitter d'un supplément bagage, tout comme le reste des passagers qui mettaient la main au portefeuille sans rien dire. J'ai juste dit au type de l'enregistrement que c'était quand même bien dommage qu'ils ne vendent pas les pass par Internet étant donné qu'ils sont réservés aux étrangers, autrement j'aurais payé moins cher avec plus de franchise bagage. Il s'est contenté de sourire comme pour dire «c'est mieux ainsi, aboule ton fric ! »
Arrivée à l'Ile des Pins
Dans l'avion je me suis mis du mauvais côté, du côté droit, mais j'ai quand même réussi à voir un peu. Tous les autres à gauche se penchaient vers la fenêtre avec frénésie, ça mitraillait de tous côtés.
Pour moi c'était la soupe à la grimace.
Ce matin le soleil est de retour, rien de bien extraordinaire, ce n'est pas un ciel sans nuage mais au moins il est là et permet d'éclairer le paysage d'un angle nouveau. Une fois arrivé sur l'île, je me suis précipité au stand d'information pour avoir une voiture, avant que d'autres personnes n'aient la même idée et raflent les dernières de disponibles. Ils m'ont demandé de m'adresser au stand d'un loueur qui pouvait me laisser une voiture pour la journée mais pas au delà. En fait les gens louent à la journée pour faire le tour de l'île et les loueurs ont un ou deux véhicules, il n'avait sans doute pas envie que je monopolise un véhicule pendant tout ce temps. Je suis donc retourné à l'accueil et cette fois la fille a décroché son téléphone. Elle a réussi à me dégoter une voiture mais je devais aller la chercher au village.
J'ai donc pris la navette d'un hôtel, l'Ouré Lodge, un hôtel 4 étoiles aux tarifs insensés, le loueur, Atchum Location (ça ne s'invente pas!) étant dans l'enceinte de l'hôtel. J'ai été reçu d'un accueil glacial, même pas un bonjour, des mines de gens comme si je les emmerdais. On parle de l'accueil antillais, ici c'est pire. Je le savais, je l'avais lu sur des forums. Non seulement les tarifs sont démentiels partout mais en plus ça ne leur fait pas plaisir qu'on débourse tant d'argent. Si ce n'était pas pour les paysages d'ici, je ne serais pas venu en Nouvelle-Calédonie. Je ne comprends pas qu'il y ait autant de monde.
Le planning des réservations de l'agence est un cahier avec les jours en colonne et les voitures en ligne, constituant des cases où ils placent des croix au crayon de bois. 
Patatras, la voiture n'est plus libre à partir du 1er janvier, je dois la rendre le 31 à 18 heures. Ça ne m'arrange pas du tout ! Déjà j'aurais préféré la rendre le 1er à 8 heures tant qu'à faire, mais les voitures se louent de 8h à 18 heures. Du coup je ne sais pas comment faire pour le 31 au soir. Je voulais absolument fuir toute civilisation et me retrancher dans la pampa pour être loin de tout bruit ce soir là, c'est rappé. Sans voiture, je vais être contraint de dormir à un gîte où ça promet d'être un beau bordel en perspective. Pour la location, comptez 7000 francs la journée, soit 70 euros. C'est moins qu'un gîte minable et bruyant et avec la voiture j'ai la possibilité d'aller où je veux. Et puis c'est décidé, je vais faire du camping sauvage. L'île est peu peuplée, 1900 habitants et même si les brochures avertissent du fait que le camping sauvage est formellement interdit, je suis sûr que je vais trouver un coin discret. De l'avion, l'île des Pins n'est en effet qu'une forêt.
Comme à l'agence ils n'avaient pas de carte à me laisser, ils m'ont demandé de m'adresser au point information, dans le village de Vao, la première à droite après l'église. Le point information est une hutte qui fait tout : guichet pour acheter les billets d'avion, exposition, séminaire, guichet des bateaux. Il y a deux prospectus en libre service, dont la fameuse carte, qui n'est qu'une photocopie d'un truc qui aurait pu être dessiné par un môme de 5 ans ! Va falloir faire avec. A côté se trouve une alimentation. Je croyais avoir tout vu avec les supérettes de Polynésie. Ici c'est pire. Il n'y a rien, à part des patates, des oignons et de la viande dans un frigo qui fait du chaud et qui sue sous son cellophane. Et on ne peut rien prendre de soi même, c'est sur des étagères derrière le comptoir, il faut demander à l'épicière, aimable comme le reste de ceux que j'ai croisé jusqu'à présent. Bref, je n'ai rien mangé à midi. Il y a bien un snack dans le village mais il est fermé le dimanche ! Pour les restaurants, le moindre truc doit se réserver la veille. Et il n'y a pas de restaurants à proprement parler, ce sont ceux des hôtels, il faut montrer patte blanche et supplier si on peut venir manger.
Je comptais trouver une poste ici et expédier un de ces jours mes guides de la Nouvelle-Zélande qui m'encombrent et alourdissent mes bagages, c'est un peu compromis, je ne pensais pas que c'était si arriéré. Vus les tarifs partout, je pensais trouver un petit Saint Barth. Que né-ni ! C'est encore le royaume de la case en tôle ondulée. Les gens que je croise ont des mines patibulaires et renfrognées. On n'a pas envie de s'y frotter ! Je suis donc sorti du village et j'ai pris la direction de la baie d'Oro, le site grandiose de l'île des Pins avec se fameuse piscine naturelle. Je voulais aussi voir deux endroits qui pourraient me convenir pour le camping et qui sont dans cette zone : Chez Régis et le camping de Kou-Gny dont on dit qu'il faut traverser un bras de mer et s'enfoncer pendant 15 minutes dans la forêt. A l'aéroport la fille m'a dit que c'était facile à trouver. Tu parles ! Ce n'est absolument pas indiqué. Je suis arrivé au terminus. A gauche il y a le Méridien, à droite c'est Chez Régis. Il faut se garer à un petit parking déjà rempli de voitures et de minibus.
Chez Régis est un truc un peu délabré, en bordure de mangrove et donc sans doute un repère à moustiques. Par contre il n'y a personne qui campe, faut dire les sanitaires ont l'air complètement à l'abandon, et je n'ai pas vu un chien. Ça pourrait donc constituer un point de repli pour le 31 décembre. Il y a aussi des bungalows jumelés, à 100 euros la nuit, des cases en bambou très basiques comme chez Otto and Fanny, sauf qu'on a un voisin qu'on doit entendre péter. Pas moyen donc ! Des groupes étaient arrêtés là, pour prendre le déjeuner, sans doute des excursions qui avaient dû réserver des plateaux repas. Régis fait à manger mais comme partout ailleurs c'est sur commande. Je ne me suis pas attardé et j'ai suivi la direction de personnes qui traversaient un chenal. La baie d'Oro n'est pas indiquée mais vu le monde, ce n'est pas compliqué à trouver.
L'endroit est enchanteur. On a du mal à réaliser qu'on est à la mer et encore plus sous les tropiques. Le paysage est unique, je n'ai jamais vu ça ailleurs. La mer entre par de longs bras de mer, serpentant à travers des forêts de pins colonnaires, dessinant des lagunes aux eaux translucides et au sable blanc, pour s'achever dans la piscine naturelle, un bassin d'un bleu irréel, d'où partent trois bras de mer. Le plus court d'entre eux rejoint les récifs. C'est par là qu'entre l'eau de mer, dès qu'une vague réussit à passer par dessus les récifs. Quand ça arrive, c'est branle bas de combat, les touristes affairés avec leur masque et tuba sont balayés par le courant. Il y avait beaucoup de monde quand je suis arrivé, surtout des gamins criards et qui jouaient au ballon, des locaux. Sans doute des habitants de Nouméa venus passer Noël ici ou pour la journée. Heureusement, comme je suis arrivé à l'heure du déjeuner, tout ce petit monde bien discipliné est sorti de l'eau en même temps pour aller se rassasier autour de barbecues cachés dans la végétation. J'ai donc eu la piscine naturelle presque pour moi tout seul.



Je me suis aussi baladé dans un autre bras de mer, espérant trouver peut être le camping de Kou-Gny. La balade était magnifique, par endroit de hauts rochers formaient des falaises, enserrant le chenal comme dans un canyon. Mais pas de trace de camping en vue, d'autant plus que le chenal se rétrécissait et que bientôt il n'était plus possible d'avancer plus loin, sauf à marcher dans l'eau au milieu des mangroves. J'ai donc rebroussé chemin et me suis consolé dans la piscine. J'ai regretté de ne pas avoir mon matériel pour aller voir sous l'eau, car de nombreux poissons patrouillaient à fleur d'eau. Il y a aussi des coraux mais qui sont en bien piteux était, à cause de la surfréquentation du site. La plupart sont en débris, cassés, tout récemment du reste. Ça me fait de la peine que les gens ne fassent attention à rien.
La baie d'Oro est une merveille de la nature unique au monde. Quand je suis dans de tels endroits, ça efface et pardonne toutes les emmerdes que j'ai pu avoir. Pour moi, si je n'y prêtais pas garde, ce serait presque la routine, les choses étant si simples car je fais des sauts de puces depuis que je suis arrivé aux Îles Cook. Mais rapidement je prends conscience que je suis au bout du globe, que beaucoup de personnes rêveraient d'être ici et de pouvoir voir l’Île des Pins une fois dans leur vie. Alors je savoure ma chance. Et je témoigne que la réputation est méritée, c'est le Bora Bora calédonien.
J'aurais bien aimé y passer la journée mais vers 14 heures, alors que je faisais tranquillement la sieste à l'ombre avec mon estomac qui criait famine, les hurlements des gosses ont repris. 
J'ai donc pris mes affaires, quittant la piscine naturelle à regrets. Mais j'y reviendrai, en 8 jours je n'aurai que ça à faire. Car l'île n'est pas bien grande, la voiture n'est pas nécessaire, un scooter suffit. La distance la plus longue fait 19 kilomètres, c'est du village de Vao pour rejoindre la baie d'Oro. Mais j'avais absolument besoin d'une voiture pour y entreposer mes affaires la journée. C'est indispensable quand on fait du camping sauvage. Comme le temps se dégradait à nouveau, j'ai repris la voiture, à la recherche d'un coin où dormir ce soir. Ça n'a pas été évident à trouver car même s'il n'y a que 1900 habitants, dès qu'il y a un chemin quelque part, ça mène à une bicoque. Le seul retranchement que j'ai trouvé pour qu'on ne voie pas ma voiture blanche en pleine nuit, c'est une piste non loin de l'aéroport qui part dans une pinède, au milieu de cartouches usagées de fusils de chasse. Pas très rassurant ; on va dire qu'il vaut mieux décamper aux premières lueurs !
Je me suis baladé aussi, pas pressé, roulant à 30. J'ai trouvé une autre épicerie, celle là en libre service où j'ai trouvé un peu plus de choix, j'ai acheté des bananes et du pain d'épices. La caissière m'a dit que j'avais l'air fatigué. C'est exact, à jeun, sous une chaleur écrasante et humide, y a de quoi ! J'ai appris que la semaine dernière le thermomètre était monté à 35 degrés. Je me suis ensuite mis en route vers des restaurants où je pourrais manger ce soir. Je me suis d'abord arrêté à l'hôtel Kou-Gny et son menu à 45 euros sous forme de buffet. Pas moyen ! J'avais failli réserver une chambre à 200 euros là dedans. C'est un établissement au bord de la route, où tout se touche et les bungalows n'ont rien d'extraordinaire, décrépis, des huttes en bambou encore qui laissent donc passer tous les sons. Et ça grouille de monde. 
De plus si on y réside la prise du dîner est obligatoire. C'est une bonne chose au final que mes e-mails m'aient été retournés automatiquement en raison de leur boite pleine. J'ai trouvé refuge au gîte Nataïwatch, ceux là même qui n'avaient pas voulu me recevoir au camping et me louer de voiture. Et là aussi, j'ai eu de la chance. Tout tient dans un mouchoir de poche, c'est complet, ça crie, c'est un festival de gens qui hurlent et de bébés en crises de nerfs. Les pauvres campeurs sont les uns sur les autres, à côté de bungalows qui débordent de monde. Mais le gîte a le WIFI et j'ai pris mon air le plus gentil pour obtenir le code. Ça a marché. Dorénavant je pourrai y venir à toute heure pour squatter leur internet.
Après le dîner, comme le déluge était de retour, je suis allé pas très loin, au niveau du débarcadère des bateaux, où je me suis garé derrière un hangar, un peu caché. Et j'ai dormi dans la voiture. Pas mal d'ailleurs car le siège passager se rabat complètement et en démontant la banquette arrière j'ai pu avoir un siège complètement horizontal. Le seul souci c'est qu'en raison de la pluie j'ai été contraint de dormir avec les fenêtres fermées et la voiture est vite devenue un hammam, m'obligeant à ouvrir une portière entre deux averses !

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