Après le petit déjeuner
pris au gîte où je squatte (toujours le même), je suis retourné à
l'église de Vao, après avoir appris qu'il y avait un sanctuaire un
peu plus haut qui offrait un joli panorama sur le village. C'est le
guide « Le Globe-Trotter Nouvelle-Calédonie », édité
par l'office du tourisme, tout en couleurs et photos, sur papier
glacé de 247 pages avec des cartes, le tout gratuit, qui le dit !
Encore un truc qu'il faudra que j'expédie en France quand j'en aurai
fini avec la Nouvelle-Calédonie. Du haut du belvédère j'ai pu voir
qu'un gros paquebot de croisière était arrivé, mouillant dans la
baie de Kuto.
Je suis allé voir ça de
plus près et, oh désastre !, je ne reconnaissais plus mes
baies. Ils avaient dressé des chapiteaux partout le long des plages
avec des barbecues qui empestaient l'air. On ne pouvait même plus
passer en voiture tellement c'était noir de monde. On se serait cru
place de la Bastille un 14 juillet.
Les gens arrivaient par chaloupes
entières du gros paquebot à 10 étages de P&O Cruises. Ils
restaient là, le cul sur l'herbe ou bien s'étalaient un peu
partout, une bière à la main. Des américains certainement. Bref
c'était l'invasion ! Pensez, c'est une ville entière qui a
débarqué. Quand je me suis rendu à l'hôtel Kou-Bugny pour acheter
un sandwich (riche idée!), il y avait une queue d'une vingtaine
d'amerloques qui voulaient tous une bière. La pauvre employée
unique du bar était débordée, déjà qu'elle ne sait pas où
donner de la tête quand il n'y a qu'un seul client. Elle tirait la
tronche et ça faisait peine à voir, et puis quelle image de la
France pour les touristes étrangers. Mais je n'ai pas été mieux
qu'elle. C'était insupportable, je n'arrêtais pas de tirer la
tronche moi aussi, voulant m'extirper de cet enfer au plus vite.
C'était la foire d'empoigne, les gens se passaient les uns devant
les autres, la barmaid étant incapable de savoir qui était avant
l'autre et servant au hasard de ce qui se présentait devant elle.
Moi j'attendais pour prendre un sandwich qui était sur un plateau
devant moi et j'avais bien envie de me servir moi même.
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Le chenal à traverser depuis le pont du Méridien |
Ça me rappelle une
histoire il y a quelques années en boîte de nuit, sans doute la
dernière fois que je suis sorti quelque part. C'était plein à
craquer et le serveur hautain n'était pas non plus capable de
reconnaître qui était le premier à faire la queue au bar. J'étais
pourtant face à lui, il m'avait vu mais chaque fois il allait servir
des gens ailleurs, pris au hasard. Cela faisait plus d'un quart
d'heure que j'attendais pour ma boisson gratuite et juste devant,
derrière le bar, une bouteille de coca en plastique trônait à côte
de verres. N'en pouvant plus je m'étais moi même servi un verre,
que le barman avait bien vu cette fois. Je m'étais fait engueuler
comme du poisson pourri et on s'était bien fritté, le traitant
d'incapable et d'aveugle, lui reprochant de ne pas vouloir me servir
depuis toute le temps que j'attendais face à lui. Je l'avais laissé
dans ses vociférations, disparaissant dans la foule avant que je lui
jette mon verre de coca à la gueule ou qu'il n'appelle la sécurité.
Depuis ce jour là je ne suis plus jamais sorti en boîte de nuit.
Eh bien aujourd'hui c'est
pareil, pour un sandwich à la noix, ma patience a des limites, j'ai
eu envie de m'enfuir avec ou de faire un esclandre. J'ai bien attendu
20 minutes, soupirant à chaque fois qu'elle passait devant moi. Tout
ça pour un sandwich au poulet infâme dont la moitié a fini dans un
buisson pour nourrir les bêtes sauvages. Et j'ai pris mes jambes à
mon cou, après avoir demandé bien fort jusqu'à quand ce bateau
allait rester là. Heureusement il repart ce soir à 17 heures. Je
suis comme ça, la foule m'étouffe et me transforme en vieux con, ça
me donne des envies de meurtres, donnez moi une machette que je
taille mon chemin dans le gras ! Ce sont des milliers de
personnes qui ont débarqué là, je ne reconnais plus rien, c'est un
jour à aller se terrer dans un trou. Avec ma voiture je n'avais pas
beaucoup de choix dans les solutions de repli. La piscine naturelle
allait aussi être infernale, je voyais des bus entiers s'emmancher
sur les routes, devinant bien la direction qu'il allait prendre.
J'ai donc eu dans l'idée
de retourner dans la baie d'Oro mais en allant dans un endroit où
j'étais sûr qu'il serait préservé : le Méridien. Depuis le
temps, vous connaissez ma propension à m'infiltrer partout
incognito. Cette fois encore ça a marché. Je me suis baladé dans
le domaine comme n'importe quel résident. Il suffit de prendre une
démarche assurée et élégante, style joueur de golf, et ça
marche. Ils n'y ont vu que du feu. Bien tranquille. J'aurais même pu
me servir de la piscine ou des chaises longues mais je ne suis pas
comme ça. Utiliser des services c'est autre chose, je ne suis pas un
profiteur, juste quelqu'un qui n'aime pas les panneaux « Défense
d'entrer ». D'ailleurs il n'y avait rien de la sorte ici. Juste
un parking visiteur. S'il y a un tel parking c'est bien qu'on peut
visiter, non ? Enfin, je pense que c'est plutôt si on veut
venir manger au restaurant... Alors que je me baladais dans le
domaine j'ai croisé un employé qui venait au loin. J'ai fait comme
si je ne l'avais pas vu, je me suis arrêté, faisant mine de prendre
une photo pendant des heures. Quand je me suis retourné il avait
disparu !
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Panorama depuis la pointe du Méridien. A droite, leur plage |
Le site du Méridien est
très beau, ils sont sur une péninsule, entourée par le lagon d'un
côté et un chenal qui passe devant Chez Régis et rejoint la
piscine naturelle. Pour pénétrer dans le domaine, il faut passer
par un petit pont suspendu. Je suis rentré dans le Méridien en
contournant, après avoir longé le chenal jusqu'à arriver au bout
de la péninsule, là où se trouvent la piscine et un un bar en
plein air. A cet endroit il y a des bungalows en bois sombre qui font
face au lagon avec de grandes baies vitrées qui s'ouvrent sur des
terrasses en teck avec de beaux transats confortables en teck et
coussins de lin. Je pense que ce doit être les emplacements les plus
chers. Ils sont d'ailleurs habités par des japonais, qui
représentent bien 80% de la clientèle. Je ne savais pas qu'ils
étaient si riches. Pour la chambre la moins chère (à 600 euros
seulement!), c'est en fait dans un bâtiment banal, en retrait,
coincé entre le bar et la piscine, sous les arbres, où l'on doit
mettre la lumière en plein jour. Même si le site du Méridien est
exceptionnel, la plage qui se trouve là n'a rien de très magique,
on a de l'eau à la cheville. D'ailleurs personne ne se baigne,
préférant la piscine. Un comble ! Moi non plus je ne me suis
pas baigné, mais plus par peur de me faire virer de là.
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Mère de la Divine Providence |
Le temps se gâtant en
fin d'après midi, j'ai rejoint le gîte pour faire un peu
d'internet. Je suis en train de regarder pour les croisières dans
les Whitsundays en Australie, ma prochaine étape. Je n'aime pas
devoir m'occuper de ça quand je suis quelque part car ça m'extrait
de l'endroit où je suis, et au lieu d'être ébloui par l'endroit où
je me trouve, je suis excité à l'idée de ce que je vois sur
internet. Ce n'est pas bien, voilà pourquoi j'ai essayé de réserver
au maximum avant de partir, afin de goûter à 100% les moments
passés sur place sans avoir de tracas à devoir planifier quoi que
ce soit. J'ai aussi les excursions à Bornéo à prévoir. Je voulais
aller là bas pour visiter des îles autour de Kota Kinabalu mais
pour changer des îles que je vais voir suffisamment comme cela, j'ai
décidé d’enchaîner les safaris dans la jungle et sur les
rivières pour voir singes, rhinocéros, éléphants, tigres et
autres bestioles. Pour les Whitsundays je ne trouvais au début que
des croisières avec 24 à 32 passagers, avec les mentions « popular
with bakcpackers, friendly, fun, socializing ». Bref, après
mon expérience aux Fidji, à fuir ! J'ai trouvé des bateaux
pour une clientèle plus mature, de 30 à 50 ans dont le clou semble
Withsundays Blue, pour 8 privilégiés répartis en 4 cabines. Pour
les couples et les lunes de miel. Je ne serai au moins pas emmerdé
par des jeunes éméchés qui hurlent comme dans un stade lors d'un
match de foot, quoique j'aurai peut être des lits qui grincent la
nuit ! Ce sera ma lune de miel à moi. Ben quoi, pourquoi faut
il être deux pour avoir le droit d'être tranquille?
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Crabes de mangrove. Ils n'ont qu'une pince |
J'ai aussi réservé une
table pour ce soir, en prenant soin d'éviter l'entrée :
rillettes de poisson du lagon et sa salade verte. Autrement dit :
rillettes de ciguatera ! Dès que je vois la mention « du
lagon », j'évite soigneusement. Peut être que ça met l'eau à
la bouche au touriste ignorant, pour moi je n'ai pas envie d'y
laisser mes neurones et devoir abréger mon tour du monde. Après
dîner je me suis installé sous un faré du camping pour regarder
tranquillement un Colombo mais à côte de moi des campeurs jouaient
à un jeu de société et n'arrêtaient pas de parler, m'empêchant
de suivre quoi que ce soit. J'ai donc remis ça à demain soir, pour
le camping des rouleaux et j'ai pris la direction du quai sur la
presqu’île entre Kanuméra et Kuto, pour la seconde fois et ma
dernière nuit en camping sauvage sur l’Île des Pins.
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