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vendredi 30 décembre 2011

Invasion


Après le petit déjeuner pris au gîte où je squatte (toujours le même), je suis retourné à l'église de Vao, après avoir appris qu'il y avait un sanctuaire un peu plus haut qui offrait un joli panorama sur le village. C'est le guide « Le Globe-Trotter Nouvelle-Calédonie », édité par l'office du tourisme, tout en couleurs et photos, sur papier glacé de 247 pages avec des cartes, le tout gratuit, qui le dit ! Encore un truc qu'il faudra que j'expédie en France quand j'en aurai fini avec la Nouvelle-Calédonie. Du haut du belvédère j'ai pu voir qu'un gros paquebot de croisière était arrivé, mouillant dans la baie de Kuto.
Je suis allé voir ça de plus près et, oh désastre !, je ne reconnaissais plus mes baies. Ils avaient dressé des chapiteaux partout le long des plages avec des barbecues qui empestaient l'air. On ne pouvait même plus passer en voiture tellement c'était noir de monde. On se serait cru place de la Bastille un 14 juillet. 
Les gens arrivaient par chaloupes entières du gros paquebot à 10 étages de P&O Cruises. Ils restaient là, le cul sur l'herbe ou bien s'étalaient un peu partout, une bière à la main. Des américains certainement. Bref c'était l'invasion ! Pensez, c'est une ville entière qui a débarqué. Quand je me suis rendu à l'hôtel Kou-Bugny pour acheter un sandwich (riche idée!), il y avait une queue d'une vingtaine d'amerloques qui voulaient tous une bière. La pauvre employée unique du bar était débordée, déjà qu'elle ne sait pas où donner de la tête quand il n'y a qu'un seul client. Elle tirait la tronche et ça faisait peine à voir, et puis quelle image de la France pour les touristes étrangers. Mais je n'ai pas été mieux qu'elle. C'était insupportable, je n'arrêtais pas de tirer la tronche moi aussi, voulant m'extirper de cet enfer au plus vite. C'était la foire d'empoigne, les gens se passaient les uns devant les autres, la barmaid étant incapable de savoir qui était avant l'autre et servant au hasard de ce qui se présentait devant elle. Moi j'attendais pour prendre un sandwich qui était sur un plateau devant moi et j'avais bien envie de me servir moi même.
Le chenal à traverser depuis le pont du Méridien
Ça me rappelle une histoire il y a quelques années en boîte de nuit, sans doute la dernière fois que je suis sorti quelque part. C'était plein à craquer et le serveur hautain n'était pas non plus capable de reconnaître qui était le premier à faire la queue au bar. J'étais pourtant face à lui, il m'avait vu mais chaque fois il allait servir des gens ailleurs, pris au hasard. Cela faisait plus d'un quart d'heure que j'attendais pour ma boisson gratuite et juste devant, derrière le bar, une bouteille de coca en plastique trônait à côte de verres. N'en pouvant plus je m'étais moi même servi un verre, que le barman avait bien vu cette fois. Je m'étais fait engueuler comme du poisson pourri et on s'était bien fritté, le traitant d'incapable et d'aveugle, lui reprochant de ne pas vouloir me servir depuis toute le temps que j'attendais face à lui. Je l'avais laissé dans ses vociférations, disparaissant dans la foule avant que je lui jette mon verre de coca à la gueule ou qu'il n'appelle la sécurité. Depuis ce jour là je ne suis plus jamais sorti en boîte de nuit.
Eh bien aujourd'hui c'est pareil, pour un sandwich à la noix, ma patience a des limites, j'ai eu envie de m'enfuir avec ou de faire un esclandre. J'ai bien attendu 20 minutes, soupirant à chaque fois qu'elle passait devant moi. Tout ça pour un sandwich au poulet infâme dont la moitié a fini dans un buisson pour nourrir les bêtes sauvages. Et j'ai pris mes jambes à mon cou, après avoir demandé bien fort jusqu'à quand ce bateau allait rester là. Heureusement il repart ce soir à 17 heures. Je suis comme ça, la foule m'étouffe et me transforme en vieux con, ça me donne des envies de meurtres, donnez moi une machette que je taille mon chemin dans le gras ! Ce sont des milliers de personnes qui ont débarqué là, je ne reconnais plus rien, c'est un jour à aller se terrer dans un trou. Avec ma voiture je n'avais pas beaucoup de choix dans les solutions de repli. La piscine naturelle allait aussi être infernale, je voyais des bus entiers s'emmancher sur les routes, devinant bien la direction qu'il allait prendre.
J'ai donc eu dans l'idée de retourner dans la baie d'Oro mais en allant dans un endroit où j'étais sûr qu'il serait préservé : le Méridien. Depuis le temps, vous connaissez ma propension à m'infiltrer partout incognito. Cette fois encore ça a marché. Je me suis baladé dans le domaine comme n'importe quel résident. Il suffit de prendre une démarche assurée et élégante, style joueur de golf, et ça marche. Ils n'y ont vu que du feu. Bien tranquille. J'aurais même pu me servir de la piscine ou des chaises longues mais je ne suis pas comme ça. Utiliser des services c'est autre chose, je ne suis pas un profiteur, juste quelqu'un qui n'aime pas les panneaux « Défense d'entrer ». D'ailleurs il n'y avait rien de la sorte ici. Juste un parking visiteur. S'il y a un tel parking c'est bien qu'on peut visiter, non ? Enfin, je pense que c'est plutôt si on veut venir manger au restaurant... Alors que je me baladais dans le domaine j'ai croisé un employé qui venait au loin. J'ai fait comme si je ne l'avais pas vu, je me suis arrêté, faisant mine de prendre une photo pendant des heures. Quand je me suis retourné il avait disparu !

Panorama depuis la pointe du Méridien. A droite, leur plage


Le site du Méridien est très beau, ils sont sur une péninsule, entourée par le lagon d'un côté et un chenal qui passe devant Chez Régis et rejoint la piscine naturelle. Pour pénétrer dans le domaine, il faut passer par un petit pont suspendu. Je suis rentré dans le Méridien en contournant, après avoir longé le chenal jusqu'à arriver au bout de la péninsule, là où se trouvent la piscine et un un bar en plein air. A cet endroit il y a des bungalows en bois sombre qui font face au lagon avec de grandes baies vitrées qui s'ouvrent sur des terrasses en teck avec de beaux transats confortables en teck et coussins de lin. Je pense que ce doit être les emplacements les plus chers. Ils sont d'ailleurs habités par des japonais, qui représentent bien 80% de la clientèle. Je ne savais pas qu'ils étaient si riches. Pour la chambre la moins chère (à 600 euros seulement!), c'est en fait dans un bâtiment banal, en retrait, coincé entre le bar et la piscine, sous les arbres, où l'on doit mettre la lumière en plein jour. Même si le site du Méridien est exceptionnel, la plage qui se trouve là n'a rien de très magique, on a de l'eau à la cheville. D'ailleurs personne ne se baigne, préférant la piscine. Un comble ! Moi non plus je ne me suis pas baigné, mais plus par peur de me faire virer de là.
Mère de la Divine Providence
Le temps se gâtant en fin d'après midi, j'ai rejoint le gîte pour faire un peu d'internet. Je suis en train de regarder pour les croisières dans les Whitsundays en Australie, ma prochaine étape. Je n'aime pas devoir m'occuper de ça quand je suis quelque part car ça m'extrait de l'endroit où je suis, et au lieu d'être ébloui par l'endroit où je me trouve, je suis excité à l'idée de ce que je vois sur internet. Ce n'est pas bien, voilà pourquoi j'ai essayé de réserver au maximum avant de partir, afin de goûter à 100% les moments passés sur place sans avoir de tracas à devoir planifier quoi que ce soit. J'ai aussi les excursions à Bornéo à prévoir. Je voulais aller là bas pour visiter des îles autour de Kota Kinabalu mais pour changer des îles que je vais voir suffisamment comme cela, j'ai décidé d’enchaîner les safaris dans la jungle et sur les rivières pour voir singes, rhinocéros, éléphants, tigres et autres bestioles. Pour les Whitsundays je ne trouvais au début que des croisières avec 24 à 32 passagers, avec les mentions « popular with bakcpackers, friendly, fun, socializing ». Bref, après mon expérience aux Fidji, à fuir ! J'ai trouvé des bateaux pour une clientèle plus mature, de 30 à 50 ans dont le clou semble Withsundays Blue, pour 8 privilégiés répartis en 4 cabines. Pour les couples et les lunes de miel. Je ne serai au moins pas emmerdé par des jeunes éméchés qui hurlent comme dans un stade lors d'un match de foot, quoique j'aurai peut être des lits qui grincent la nuit ! Ce sera ma lune de miel à moi. Ben quoi, pourquoi faut il être deux pour avoir le droit d'être tranquille?
Crabes de mangrove. Ils n'ont qu'une pince
J'ai aussi réservé une table pour ce soir, en prenant soin d'éviter l'entrée : rillettes de poisson du lagon et sa salade verte. Autrement dit : rillettes de ciguatera ! Dès que je vois la mention « du lagon », j'évite soigneusement. Peut être que ça met l'eau à la bouche au touriste ignorant, pour moi je n'ai pas envie d'y laisser mes neurones et devoir abréger mon tour du monde. Après dîner je me suis installé sous un faré du camping pour regarder tranquillement un Colombo mais à côte de moi des campeurs jouaient à un jeu de société et n'arrêtaient pas de parler, m'empêchant de suivre quoi que ce soit. J'ai donc remis ça à demain soir, pour le camping des rouleaux et j'ai pris la direction du quai sur la presqu’île entre Kanuméra et Kuto, pour la seconde fois et ma dernière nuit en camping sauvage sur l’Île des Pins.

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