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jeudi 8 décembre 2011

Mes adieux au Tutoko II


Maria nous avait conseillé hier soir de nous lever de bonne heure, avec le jour, afin de profiter de la beauté et du calme du site le matin avant que le bateau ne mette ses moteurs en route. Elle avait raison. Dès que j'ai vu de la lumière filtrer à travers les rideaux, je me suis levé d'un bloc, armé de mon appareil photo. Dehors j'ai été assailli par les moucherons mais comme j'étais vêtu des pieds à la tête avec la capuche sur le front ils ne pouvaient pas grand chose. La fraîcheur de la nuit avait créé des nuages qui s'accrochaient aux flancs des montagnes. La mer dans le fjord était un miroir noir, brillant comme une mer de pétrole. Un peu plus loin des dauphins jouaient. C'était magnifique et j'ai pu voir tout ça du fait d'avoir passé la nuit dans le fjord. C'est vraiment la formule idéale. D'ailleurs quand Sean avait appris que je rentrais sur Auckland aujourd'hui avant de quitter la Nouvelle-Zélande demain, il m'avait dit que je gardais le meilleur pour la fin. Je ne sais pas si c'est le meilleur, je ne saurais pas classer ce que j'ai préféré, il y a tellement de choses !
Sur ce coup là je suis un peu inconscient. Mon vol cet après midi est à 15:15. L'excursion est censée se terminer à midi. J'ai chronométré en arrivant à Manapouri : il faut compter deux heures en venant de Queenstown. Il faut aussi faire le plein du van et le rendre à l'agence. Bref je n'ai aucune marge de sécurité. Si nous arrivons à 12:30 c'est encore jouable, après c'est trop tard. Et il y a des impondérables : tout dépend à quelle heure nous arrivons à Deep Cove, du temps que mettra le bus à nous mener à la centrale électrique et du bateau à traverser le lac. Il faut absolument que ça marche, je n'ai pas d'autre vol plus tard pour Auckland, c'est le dernier. Un jour j'aurai des problèmes à faire ça. Mais c'était ma seule chance de pouvoir voir Doubtful Sound en y restant la nuit. Ça méritait bien un petit coup de stress. Et puis ce n'est pas comme si j'avais du stress tous les jours !
A 7 heures les moteurs se sont allumés comme promis, réveillant les derniers retardataires qui avaient loupé le lever de soleil. Alors que le bateau avait commencer à glisser dans le fjord, des dauphins sont venus jouer à l'avant du bateau. C'est Sean qui m'a fait signe de venir. Je suis descendu du pont, m'arc-boutant par dessus le bateau pour les regarder. 
Vous noterez le con qui fait coucou!
Ils étaient deux et nageaient de profil, pour nous regarder et nous montrer leur ventre blanc. Ils allaient à la même vitesse que nous. J'étais aux anges. Ils étaient tellement près que je devais faire attention avec mon appareil photo car ils propulsaient de l'eau en l'air chaque fois qu'ils remontaient à la surface prendre de l'air. Puis ils sont partis au bout de cinq minutes, arrêtant la course en plongeant vers le fond.
A l'arrière, dans le seau, les langoustes sont toujours vivantes. Certaines ne bougent plus, mais il y en encore 2 assez alertes, qui essayent péniblement de se redresser, en piteux état, des antennes et des pattes en moins. Une nuit d'agonie pour elles. J'aurai préféré qu'elles meurent plus vite, comment peuvent elles encore être vivantes 12 heures après être sorties de l'eau ? Je pensais que ça avait des branchies, comment font elles pour respirer ?
Au menu de ce petit déjeuner, Maria nous a préparé des œufs brouillés dan une grande marmite, du bacon grillé, des saucisses, des tomates, une fricassée de champignons de Paris avec des toasts, une boisson chaude et du jus de fruit. Sur la table il y a un livre d'or où chacun est invité à y écrire un petit mot. J'y ai laissé le mien, faisant de la pub pour mon blog au passage mais remerciant surtout l'équipage. Ce sont des amours de gentillesse et de simplicité.
Il est prévu que nous regagnons Deep Cove vers 9:30. Je pensais qu'on allait filer direct vers là, mais non, la visite continue. Sans doute avons nous gardé le meilleur pour la fin, l'entrée dans un des bras - je ne sais plus si c'était Crooked Arm ou Hall Arm - est spectaculaire. Le passage y est plus étroit et les montagnes de chaque côté ont l'air plus hautes. 
Mais surtout au fond se dressent des sommets enneigés. L'équipage nous a dit que l'automne dans la région était à couper le souffle. Je veux bien les croire, avec plus de neige et des feuilles qui se parent de rouges et de jaunes, ça doit être quelque chose !
Alors que nous regagnions Deep Cove je regardais le fjord se refermer derrière nous. Je n'aime pas les trajets de retour, ça me rend triste, ça marque toujours la fin de quelque chose. C'est à chaque fois comme une petit mort. Mais comme si l'équipage avait senti mon chagrin, Maria est montée sur le pont avec son sourire adorable qu'elle n'abandonne jamais pour nous donner une petite carte avec une photo du groupe qu'ils avaient prise la veille lors de la pêche à la langouste. Je ne sais pas comment ils ont fait pour imprimer la photo, ça semble un miracle qu'ils aient une imprimante photo sur le bateau.
L'intention m'est allée droit au cœur. C'est vraiment une excursion fabuleuse et très chaleureuse qu'il ne faut pas manquer. J'aurais aimé y rester encore un peu plus de temps. Sean et Maria ont de la chance, eux ils y restent. Et ils sont très affairés lorsque nous arrivons à Deep Cove. Le bus est arrivé en même temps que nous, l'équipage doit le charger avec nos déchets et les caisses de langoustes restantes (sans doute doivent elle partir sur les marchés locaux). Ils doivent aussi faire le plein d'eau.
Nous, nous attendons sur le quai qu'un autre bateau arrive, celui de Real Journeys, qui a passé aussi la nuit dans le fjord, mais pas au même endroit que nous. 
D'ailleurs nous ne l'avons croisé qu'une seule fois au cours du séjour. Et le bateau, un grand voilier, est en retard. Une usine à touristes qui me fait penser que j'ai vraiment choisi la meilleure formule. Un autre bus est alors arrivé pour emmener tout ça, le notre c'est pour contenir le surplus. Le temps que tout ce petit monde débarque, pas pressé, l'heure tournait et l'inquiétude montait. Heureusement le bus filait vite à travers les montagnes et nous ne nous somme pas arrêtés au col pour prendre des photos. Finalement nous étions à la centrale à 10:30, dans les temps. La pression est alors redescendue un peu. Mais le dernier bateau n'était pas encore complètement arrivé et il fallait qu'il décharge touristes et denrées et fasse la chargement de ce que les bus avaient laissé. Car tout se fait en même temps que les bateaux des touristes arrivent et partent. C'est le seul moyen qu'ils ont pour assurer la logistique des excursions. On voit qu'ils ont l'habitude, ça va très vite, tout le monde s’affaire, c'est un peu l’effervescence, on a l'impression de voir une usine de montage à la chaîne, chacun a sa tâche et l'ensemble tourne comme un mécanisme d'horlogerie.



Le bateau aussi file vite sur le lac, plus vite qu'à l'aller. Ce matin le temps est encore plus découvert que la veille, de sorte qu'on voit plus de pics enneigés qu'hier, dessinant de nouveaux paysages au point de me faire demander si nous étions passés par là en arrivant. Il était un peu moins de midi quand nous somme arrivés à Manapouri, cette fois je pouvais rentrer sur Queenstown tranquille.
A l'aéroport j'ai demandé à être changé de siège car j'avais réservé par erreur un siège côté fenêtre sur la droite et d'après mes prévisions de direction, l'avion avait des chances de survoler les Alpes mais en ayant celles ci surtout du côté gauche. Et c'est bien ce qui s'est produit. Toute la vue avait lieu de l'autre côté de l'appareil. Tout le monde se penchait les uns par dessus les autres pour admirer les sommets enneigés que je pouvais distinguer à travers leurs hublots. 
3754 mètres enfin dégagés. Sacré Mont Cook!
De mon côté je fulminais, c'était ma dernière chance d'apercevoir le mont Cook, moi qui l'ai raté à deux reprises. J'ai rangé mon appareil en rangeant ma rancœur et en essayant d'oublier ça et de relativiser. Tandis que nous volions, je regardais de temps à autre par le hublot, il n'y avait rien de particulier à voir à part des lacs sans neige. Jusqu'à ce que je reconnaisse de par sa configuration le lac Pukaki, celui qui est en bas du Mont Cook. J'ai alors jeté un coup d’œil plus vers l'avant de l'avion, pour voir ce qui nous attendait. Mais oui, c'est bien le Mont Cook qui arrive ! J'ai sauté de joie sur mon siège ! Finalement j'étais du bon côté de l'avion, celui a côté de moi trépignait, essayant de regarder par dessus mon épaule. Moi je n'en avais que faire, je gâchais toute la vue, collé au hublot avec mon appareil photo.
Je l'ai bien mérité ce Mont Cook, que personne ne m'empêche de le voir. Je n'ai pas pu le voir d'en bas, mais maintenant je le vois d'en haut ! Et certains payent des vols d'hélicoptère à des prix délirants pour voir ça. Pour moi c'est bonus !
Demain matin je pars pour les Îles Fidji retrouver mes paradis tropicaux où il fait chaud et où l'on peut se baigner. Et dans l'archipel des Yasawa je n'aurai vraisemblablement pas internet vu qu'ils n'ont de l'électricité que 4 heures par jour. C'est un archipel à plusieurs heures de bateau de l'île principale. Aussi je risque fort de ne pas laisser de nouveau message pendant les deux semaines où je serai là bas. C'est encore avec tristesse que je vais quitter la Nouvelle-Zélande. J'y ai passé un séjour fantastique en vivant à cent à l'heure.
En regardant dans le rétroviseur, la Nouvelle Zélande, c'était : 25 nuits, 24 jours, 21 nuits dans 3 vans différents, 4 vols intérieurs, 3 îles (à vous de trouver la troisième), 19 pleins d'essence, 6000 kilomètres de parcourus, 2066 photos, 7 livres achetés, des centaines de souvenirs inoubliables plein la tête et une formidable aventure. Comme j'avais lu sur un écriteau : « Leave nothing but footsteps, take nothing but memories ». C'est ce que je pense avoir fait sur ce beau pays qui m'a accueilli les bras ouverts.

1 commentaire:

  1. salut Ivan, j'ai vu que tu avais mis des photos et vidéo d'otaries et phoques... j'ai un peu de retard dans la lecture de ton blog... j'en suis restée au 26 novembre !!!! j'ai beaucoup de lecture qui m'attend !!! Bises Corinne

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