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dimanche 11 décembre 2011

A la conquête du sommet de Wayasewa

La vue depuis les pentes où je m'étais perdu

Au gîte il n'y a pas de chiens, c'est une bonne chose. Mais il y a des locaux, et s'ils n'aboient pas, ils vivent la nuit tout pareil. Avec le show d'hier soir, tout le village d'à côté avait fait le déplacement et n'était pas décidé à rentrer à la fin. Quand j'ai regagné ma tente, j'avais 5 personnes assises en tailleur sur l'herbe à 4 mètres de la tente qui parlaient et rigolaient. Je suis rentré dans la tente, ça ne les a pas fait arrêter pour autant ; j'ai alors compris que ça risquait de durer une éternité. De toute façon le restaurant avait mis de la musique endiablée pour faire ambiance, et plus ça allait plus c'était fort. Vu le sound system qu'ils avaient, j'ai fait mon bernard l'hermite, cherchant un nouveau coin plus tranquille. J'ai élu domicile à la plage, au pied des bungalows, sous les hamacs où le bruit des vagues couvrait un peu les boum boum. Seulement, rapidement deux locaux en goguette sont venus s'installer dans un des hamacs, se hélant les uns les autres pour rameuter le reste de la tribu ! J'ai déguerpi à nouveau me réfugiant sur un terrain en pente. La musique a duré jusqu'à plus de minuit et j'ai joué au jeu du bernard l'hermite jusqu'à 2 heures du matin.
Le caillou vu d'en bas, pas très impressionnant comme ça
Ce matin j'ai donc exploré un peu les alentours, le long de la plage, afin de trouver un coin tranquille où me réfugier en cas d'emmerdes. J'en ai dégoté un, entre des rochers, couvert de détritus, de noix de coco brûlées, de feuilles et de débris de coraux en tout genre. J'ai passé une bonne demi heure à nettoyer l'endroit et à faire des travaux de terrassement pour l'élargir afin d'avoir la place suffisante pour mettre la tente. C'est chose faite, j'ai un endroit bien caché où personne ne va, très près de la mer quand elle est haute. Je peux être tranquille pour ce soir.
Dans la précipitation de la nuit dernière, j'ai laissé mon masque et tuba sur un des hamacs, sous mon T-shirt. Ce matin l'ensemble avait disparu. Il a été fauché car la réception n'a rien trouvé. Ce n'est pas très grave, le T-shirt était distendu et j'en avais marre de trimbaler tout le temps un masque et un tuba dont je ne me sers pas souvent et qui m'encombre le sac. En plus chaque fois que j'ai plongé, il y a toujours eu la possibilité d'avoir un prêt de masque et tuba.
J'ai failli me la prendre en pleine face. C'est quoi?
J'ai l'impression qu'ils pipotent pas mal ici. Le kayak repéré le premier jour est toujours là. A mon avis il est à eux mais ça doit les faire chier de le louer ou de retrouver la pagaie. C'est bien dommage car je suis coincé ici. Il y a bien un centre d'activité mais chaque fois que j'y vais pour demander quelque chose j'ai droit à un « on n'a rien prévu aujourd'hui, réessayez demain ». C'est comme l'internet, je voulais m'en servir ce soir. Alors que j'ai vu toute la matinée une personne du personnel s'en servir, quand j'ai demandé j'ai eu droit à un « l'ordinateur est en panne, vous ne pouvez pas utiliser le votre, on n'a pas le droit de brancher le câble sur un autre ordinateur. Il n'y a donc pas d'internet aujourd'hui, désolée ».
Au fait, malgré mes tribulations d'hier, je n'ai eu aucun effet consécutif et gênant suite à cette prise en otage dans des conditions d'hygiène douteuses pour ne pas dire absentes. C'est bien un miracle ! Je voulais faire l'ascension du sommet de l'île, à 349 mètres, c'est râpé, ils ne font ça que demain matin à 5 heures du matin. OK, au lever du soleil ça peut être joli mais moi je veux voir la vue en pleine journée, dégagée et pas dans la brume. J'aurais pu essayer de trouver le chemin par moi même mais autant chercher une aiguille dans une meule de foin, et dès que je pose le pied quelque part j'ai droit à un « bula, where are you going ». Je me suis donc rabattu à l'ombre, plus loin le long de la plage, vers le village, où des habitants faisaient le chien, allongés en position fœtale. Au bout d'une demie heure de ce traitement j'en ai eu marre. Ça manquait terriblement d'action. J'ai pris mes cliques et mes claques, bien décidé à trouver le chemin par moi même. Et puis, vu qu'ils me demandent chaque fois où je vais, si je leur dis que je veux monter là haut, peut être pourront ils m'indiquer le chemin à suivre.



C'est plutôt étroit!
Finalement, au bout du terrain du gîte, juste à côté des toilettes, il y a un chemin qui semble monter, gardé par un portail ouvert. Estimant qu'il prenait la bonne direction, je me suis engagé dedans. Je verrais bien si cela me mènerait quelque part. Il y avait plein d'intersections. Chaque fois je me trompais, arrivant dans ce qui semblait être des cultures, mélangées au reste de la végétation tropicale. Je rebroussais alors chemin et tentais l'autre branche. Ainsi de fil en aiguille, j'ai réussi à monter de plus en plus, laissant les jardins potagers du gîte derrière moi. L'ascension est rude ; même si on est à l'ombre tout le temps, il fait une chaleur écrasante. Je n'ai jamais eu aussi chaud dans un pays tropical. Et je ne pense pas que ce soit dû au fait que j'arrive de Nouvelle-Zélande. Tous les soirs ça se transforme en orage d'ailleurs, et ma tente tropicalisée par mes soins ne suffit pas à me procurer suffisamment d'air. Mais je ne vais pas me plaindre alors qu'en France vous devez avoir la pluie, la grisaille et le froid ; ce serait indécent !
Toujours est il que le moindre pas est une épreuve, je ne supporte pas le T-shirt. D'ailleurs avant d'entreprendre la marche, comme je passais à côté des toilettes, j'en avais profité pour prendre une douche pour me rafraîchir un peu. Il faut dire que j'entreprends l'ascension à 13h30 et je comprends maintenant pourquoi ils ne font ça que le matin. Au bout d'un moment, sur ce qui ressemblait à un palier, le chemin s’est mis à continuer mais en contournant la montagne qu'on voit de la plage. Ayant l'intuition que ça ne me mènerait pas à bon port, j'ai repéré sur la gauche un chemin, plus effacé, qui semblait prendre la bonne direction.
L'île de Kuata
Manifestement il n'avait pas été emprunté depuis longtemps, il était envahi de hautes herbes et de toiles d’araignées. Je ne voyais pas où je mettais les pieds et ça m'ennuyait un peu. Je ne connais pas la faune d'ici, je ne sais pas s'il y a des serpents alors je me méfie. J'avançais donc d'un pas lourd, afin de faire fuir les éventuelles bestioles par mes vibrations. Plus ça allait, plus je suais à grosses gouttes. Je n'avais qu'un quart de bouteille d'eau, ne voulant pas m'encombrer de davantage. J'avais déjà l'ordinateur dans le sac, c'était suffisamment lourd comme ça. Pourquoi me trimbaler l'ordinateur me direz vous ? Eh bien hier je l'avais laissé à l'accueil et je n'ai pas pu le récupérer hier soir, c'était fermé et ce matin ça n'a ouvert qu'à 9 heures. Vu que mes activités liées au blog ont lieu le soir et le matin au petit jour afin de ne pas entamer mes journées, j'étais bloqué, ayant du temps libre sans pouvoir m'en servir. C'est idiot. Du coup, je préfère garder l'ordinateur avec moi que de l'avoir séquestré.

La vue avant que je ne rebrousse

Enfin le vrai sommet!
Le reste de la montée s'est transformé en escalade, plus j'avançais et plus j'avais l'intuition de ne pas être sur la bonne voie. Je vois mal des nénettes en tongues passer par là. Car sur le camp, je dirais que les filles doivent bien représenter 2 tiers de la population. Je ne sais pas à quoi ça tient, sur le bateau c'était pareil. Elles viennent toutes ici en groupes de filles. C'est peut être une habitude. Un moment je me suis retrouvé à quatre pattes à grimper un rocher volcanique en pente, ayant juste la largeur d'une chaussure pour passer, avec le vide juste en dessous. Et au bout du parcours une grande toile d'araignée avec un beau spécimen rayé qui m'attendait. Je ne sais pas si elle était venimeuse mais elle en avait l'air. Je me suis donc arrêté là, de toute façon c'était une évidence que je n'étais pas sur le bon chemin, vu qu'il avait disparu ! J'ai rebroussé chemin, résigné, en passant par un endroit différent qui m'a valu de me retrouver en position délicate où seuls 10 cm de roche agrippée d'une main et 10 autres sous la semelle me retenaient à la vie.
Désolé pour la perspiration!
En descendant, j'ai trouvé une autre intersection, à 5 minutes de là où j'avais rebroussé. Le chemin semblait mieux tracé et continuait à grimper, je l'ai donc emprunté. Je n'ai quand même pas fait tous ces efforts pour redescendre, il devait y avoir une solution et pour ce faire je me devais d'étudier toutes les options. Celle là fut la bonne, le chemin m'a mené au sommet du caillou, à 349 mètres au dessus du niveau de la mer, tout déshydraté. Ça n'a l'air de rien comme ça 349 mètres, mais en pleine chaleur, par un chemin qui grimpe sec sans lacets et non dessiné, c'est un exploit. A mettre dans le même panier que l'ascension du sommet de Maupiti. Si la vue ne vaut pas celle de Maupiti puisqu'il n'y a pas de lagon, elle vaut quand même vraiment les efforts entrepris. On voit toutes les îles proches et même celles plus lointaines. Par contre une bonne partie de Waya, sa sœur reliée par le banc de sable d'hier, n'est pas visible, cachée par une colline. 
Vu que je suis au point le plus haut, avec mon œil d'aigle j'ai pu suivre la suite du parcours. Car le sentier qui monte au sommet ne s'arrête pas là et poursuit son chemin vers le banc de sable, permettant de relier les villages par la montagne. En descendant, le chemin bifurque à nouveau et la sente sur la gauche part vers le sommet de cette colline. Estimant une fois de plus que quitte à être là autant avoir la totale (un jour ça causera ma perte!), j'ai continué le chemin, ratant la bifurcation, perdu dans mes pensées.
Le chemin qui mène au sommet de la colline n'y va en fait pas. Il passe tout près mais le contourne avant de s'enfoncer dans un bosquet. Je me suis enfoncé un peu dedans pour voir mais plus je marchais, plus je perdais de l'altitude et moins les sommets de Waya ne devenaient visibles. J'ai donc abandonné, m'octroyant une pause repos et boisson au col à côté du sommet de l'île. C’est étonnant que l'ascension ait été aussi rude, d'en bas, le caillou est si proche et le sommet tellement à portée de main. Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences.
La descente a été moins pénible, c'est ce que je préfère, il y a moins d'efforts à fournir et ça va plus vite. Mais elle est aussi plus périlleuse car comme c'est plus facile on a tendance à baisser la garde. Ainsi, à plusieurs reprises j'ai glissé sur des cailloux qui se dérobaient sous mes pieds. Là où j'ai eu peur, c'est que lors d'une de ces chutes, mon pied gauche qui avait dérapé a quitté le chemin, entraîné dans une course folle dans ce qui devait être un ravin masqué par la végétation. J'ai stoppé la course avec mes deux mains et les fesses, à temps avant d'être happé par le bosquet. Suite à cette mésaventure, j'ai réduit la cadence, arrêtant de penser aux boissons fraîches qui m'attendaient au camp.
Je suis arrivé comme une loque, me traînant comme quelqu'un qui aurait traversé un désert plusieurs jours sans boire, titubant de fatigue. J'ai commandé des sodas que j'ai sifflés l'un après l'autre, m'arrêtant juste pour reprendre mon souffle. Au final j'ai avalé 1,2 litres, ce qui ne m'étonne pas car avec tout ce que je transpirais je me demandais bien d'où sortait toute cette eau. Cette fois j'ai fait comme le reste de la troupe, je me suis mis dans un hamac, après avoir pris un bain délassant et j'ai roupillé jusqu'à ce que le soleil disparaisse derrière le caillou que je venais de grimper.
Ce soir après le dîner j'étais occupé à trier les photos et une fille du personnel a jeté un œil par dessus mon épaule et m'a demandé que je lui montre les photos. Elle était épatée que j'ai fait ça de moi même et que j'ai réussi à trouver le chemin. 
Elle a trouvé que mes photos étaient « very nice ». J'espère, avec les efforts entrepris, elles peuvent ! Comme j'étais particulièrement fatigué, j'ai entrepris d'aller me coucher vers 21 heures. Seulement, à peine je regagnais la tente que le niveau de la sono montait d'un cran. J'ai vite compris que ça allait recommencer comme hier, j'ai donc pris la tente à bout de bras comme on porterait un lourd sac à poubelle. Et je me suis installé sur l'emplacement que je m'étais confectionné le matin même, prenant soin d'éviter les endroits où le personnel se trouvait, de crainte d'être vu et qu'on ne me dise « Where are you going » !

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