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lundi 5 décembre 2011

Les glaces du Mont Cook


Sur la route ce matin je me suis arrêté à Moeraki Boulders. C'est un endroit étonnant, constitué d'éboulis (boulders en anglais) formant des rochers ronds comme des boules de billard qui ont l'air d'avoir été déposées sur le sable. Ces boules ont de nombreuses stries et crevasses qui les font ressembler à des tortues. On a l'impression d'avoir à faire à une sculpture, un truc artificiel façonné par la main de l'homme ; et pourtant c'est mère nature qui a créé ça. Encore un truc fascinant. Ces rochers sont en réalité des concrétions et leur processus de formation est mal connu et s'apparente un peu à celui qui régit la formation des perles chez les huîtres. A l'origine c'est un débris qui s'est déposé sur le fond de sédiments marins, comme un coquillage, un os ou encore un morceau de bois. Ce débris se trouve ensuite cimenté par des dépôts de calcite. 
Lorsque la mer s'est retirée, exposant ce fond sédimentaire aux intempéries, seuls ces drôles de rochers, plus durs, sont restés. Une fois complètement découverts, ils ont roulé jusque sur la plage où la mer a ensuite façonné les veines que l'on voit, constituées de calcite cristallisée. Puis la boule finit par se fragmenter, en suivant les veines, formant des morceaux de forme polygonale. Un tel processus prend 4 millions d'années à se former. Ce qui est étonnant c'est que le site n'est pas protégé et les gens montent dessus pour se prendre en photo, au risque de précipiter leur processus de dégradation. Certaines de ces sphères font jusqu'à 2 mètres de diamètre et c'est fantastique d'en voir une telle concentration au même endroit.
Mount Cook Hermitage
Plus loin sur la route, à Oamaru, il y a plusieurs centres de pingouins qui permettent la visite de colonies entières qui ont élu domicile dans le secteur. Il y a une colonie de pingouins bleu et une autre de pingouin aux yeux jaunes. Mais le centre est fermé, il n'ouvre qu'en fin d'après midi, pour permettre de les observer en optimisant les chances d'en rencontrer. Ce qui est trop drôle c'est la route pour arriver au centre. Il y a des panneaux de signalisation routière invitant à rouler doucement en raison de pingouins qui se baladent ! J'étais mort de rire, on croirait à un gag. Ces panneaux font le bonheur des cartes postales, tout comme celui de traversée de kiwi, que vous avez pu voir dans mon message à Arthur's Pass.
De Oamaru, j'ai quitté la route côtière pour m'enfoncer vers le Mont Cook, afin de m'en approcher du plus près possible. Il faut compter 215 kilomètres. 
C'est vers 12:30 que je suis arrivé à Twizel, dernier village avant le Mont Cook. Sitôt arrivé je me suis rendu au I-Site afin de chercher le prospectus que j'avais aperçu quelque part qui détaille une excursion sur le glacier Tasman. Ça avait l'air spectaculaire. La prochaine sortie est prévue à 14 heures et cela me semble parfait. J'ai demandé à la dame au comptoir si elle pouvait les appeler pour réserver. Il y a encore de la place, emballé c'est pesé. Elle ne m'a pas fait payer d'avance car ils ne savent pas si l'excursion va être maintenue, ils ont prévu de la pluie la haut. Il faut dire que le temps n'est pas optimum, à Twizel il fait beau mais le ciel est chargé, il y a plus de nuages que de coins de ciel bleu. Et il reste encore 60 kilomètres pour parvenir au terminus, Mount Cook Heritage. Je ne dois donc pas traîner si je veux arriver à l'heure, pour 13:30.
La route, bordée de lupins roses et bleus, longe un grand lac, le lac Pukaki derrière lequel se trouve le Mont Cook et ses petits frères. Malheureusement en raison du temps on ne voit aucun sommet, tout est pris dans les nuages. C'est bien dommage, je n'arriverai jamais à le voir ce Mont Cook. Mais avec le taux de précipitation de la région c'eut été un miracle de le voir. Je tire mon chapeau aux photographes des beaux livres que j'ai achetés. Quelques kilomètres avant d'arriver au petit village - qui n'est qu'un complexe hôtelier de luxe - le lac fait place à un vaste plateau herbeux. Avec les montagnes dans les nuages et ce paysage austère, on se croirait en plein dans le film « Le seigneur des anneaux ».


C'est un jeune guide jovial et sympathique qui nous accueille dans le bus de Glacier Explorers. Nous sommes partis pour une sortie de 2h30, à la conquête du glacier Tasman, sur les pentes du Mont Cook. Une croisière d'une heure est prévue sur le lac glaciaire. Tout un programme réjouissant ! C'est étonnant parce que je comprends très bien le guide. Pas étonnant, au bout d'un moment il nous confie qu'il est suédois et s'excuse pour son accent. Non, non, au contraire, très bien l'accent moi je dis ! Il n'arrête pas d'avoir un petit mot de dérision. Je ne m'en souviens que d'un, c’est quand on a pris part dans le bateau sur le lac et qu'il a émis le fait que l'on pouvait tomber à l'eau, ce pourquoi nous avions des gilets de secours. Il nous a fait toucher l'eau pendant 10 secondes et a ajouté qu'au cas où l'on tomberait dedans : « Don't panic and try to enjoy ». 
Le lac est en effet à 1 degré. Il est alimenté par le glacier Tasman, directement depuis le Mont Cook. Ce qui est derrière le glacier et dans les nuages c'est donc lui. Juste de l'autre côté du glacier, c'est Fox Glacier que l'on peut rejoindre en 8h30 par la route, ou 10 minutes en hélicoptère ! La croisière sur le lac est un moment de pur bonheur. On navigue sur une eau d'une couleur irréelle - on comprend pourquoi le lac Tasman est surnommé Milky Lake - , et ce malgré le temps, en slalomant à travers les icebergs. On en a approché plusieurs. Chacun a ses particularités et des couleurs différentes. J'ai appris que la glace a 4 stades distincts qui confèrent aux icebergs ses couleurs. Le premier stade c'est avant que la glace ne soit exposée à l'air. Les cristaux sont disposés de telle manière que la lumière absorbe toutes les longueurs d'onde de la lumière à l'exception du bleu, la longueur la plus courte, qui est réfléchie. 
C'est la forme de glace la plus stable et la plus résistante, le stade que je préfère. Le plus fugace aussi, car au bout de quelques heures la couleur change puisque l'iceberg est exposé à l'air. Pour avoir la chance de voir un iceberg bleu, il faut que le morceau de glace vienne juste de se rompre du glacier ou bien que l'iceberg change de position. Ce qui arrive car la loi de l'iceberg qui veut que 10% soit émergé et 90% immergé fait que lorsque l'iceberg fond, au fur et à mesure la base remonte. La surface du lac agissant comme un élément qui érode l'iceberg, elle forme de larges sillons autour de l'iceberg, dévoilant alors sa couleur bleue. C'est magique !
Le second stade c'est quand l'iceberg se trouve exposé au soleil, au vent et à la pluie. Les gaz qui sont présents dans les cavités de glace séparent la glace en cristaux distincts. A ce stade l'iceberg devient blanc. Au stade d'après, lorsque l'iceberg commence à fondre, les débris de roche qui étaient emprisonnés à l'intérieur apparaissent, lui donnant alors une couleur grise en raison de la présence de fines particules. Ces particules réchauffent la glace, accélérant la fonte. Au stade ultime, la couche de particules devient plus dense, jusqu'à 5 cm d'épaisseur, et forme une croûte de protection pour l'iceberg qui fond alors moins vite. A ce stade l'iceberg devient très sombre, lui donnant une couleur dégueulasse. On peut aussi y voir de gros morceaux de rochers qui s'accumulent à la surface. 


Le glacier Tasman dispose d'un lac glaciaire, car à la différence des autres glaciers alentour, comme Franz Josef ou Fox, il est disposé dans une vallée quasi plate, ce qui fait que le glacier avance presque à l'horizontal, permettant la formation d'un lac à l'endroit où il se termine dû à la fonte du glacier. Le lac Pukaki est un ancien lac glaciaire, à l'époque le glacier avançait jusqu'à ce niveau. Depuis il ne cesse de reculer et le lac sur lequel nous naviguons est né en 1973 seulement et est destiné à s’agrandir. Peut être un jour sera t-il aussi grand que le lac Pukaki. A l'heure actuelle, le lac Tasman mesure 6 kilomètres de long sur 2 de large. Nous n'avons pas pu nous approcher trop près du glacier, celui ci faisant de hautes falaises dont des blocs entiers tombent tous les jours pour former de nouveau icebergs. Et lors de la chute, l'impact est tel que cela crée une onde de choc faisant de minis tsunamis. 
Le glacier qui monte en haut du mont Cook à gauche
En parlant de tsunami, vu que Cristchurch n'est qu'à 250 kilomètres et est le centre de tremblements de terre à répétitions, quelqu'un a posé une question judicieuse, à savoir s'ils ressentaient le tremblement de terre dans la région et ce qui se passait. La réponse, peut rassurante, c'est que lors du dernier tremblement de terre des énormes morceaux du glacier se sont détachés, formant un tsunami avec une vague de 7 mètres de haut. Espérons qu'une tremblement de terre n'ait pas lieu pendant qu'on navigue !
Les icebergs que l'on peut voir sont formés de glace vieille de 300 ans. Le guide en a détaché un morceau qu'il a mangé, assurant que l'eau était très pure en raison de son âge avancé. Le glacier Tasman naît à 2700 mètre d'altitude et finit sa course 27 kilomètres plus loin, là où nous sommes. La hauteur du glacier est de 7 mètres à son commencement et est le fruit de l'accumulation de 50 à 80 mètres de neige qui tombent chaque année et qui se transforment en glace sous l'effet du poids produit par la neige. Le glacier avance ensuite de 30 cm par jour, ce qui explique les 300 ans qu'il lui faut pour parcourir ces 27 kilomètres.
Un autre fait étonnant c'est que comme les icebergs flottent, ils peuvent parcourir la surface entière du lac dans la journée, tournant comme des glaçons dans un verre à whisky ! Parfois, en raison d'impuretés qui peuvent causer des fractures et la rupture de certains éléments, du fait que l'iceberg doit toujours garder son ration de 1:9 émergé/immergé, celui ci peut pivoter complètement à 180 degrés, en moins de 30 minutes, dévoilant sa partie immergée et bleue. Les icebergs changent donc d'apparence constamment et chaque jour le guide nous confie qu'il a l'impression d'en voir de nouveaux, déjà rien qu'au fait qu'ils se soient déplacés dans la nuit.
Je pourrais en raconter encore des tartines, les icebergs sont encore une autre merveille de la nature que je ne pensais pas rencontrer en Nouvelle-Zélande. C'est vraiment une sortie spectaculaire, plus encore que les autres glaciers que j'ai pu voir. Je n'ose imaginer la beauté du site sous le soleil quand on peut voir le Mont Cook et le glacier dans sa totalité. Ça doit être grandiose !
J'ai passé le reste de l'après midi sur l'ordinateur, rédigeant à l'ermitage l'épisode de la veille. J'ai aussi réservé une excursion pour après demain qui s'avère exceptionnelle, afin de clôturer en beauté mon escapade en Nouvelle-Zélande. C'est une excursion sur deux jours dans Doubtful Sound, avec nuit à bord, au milieu des fjords. On sera en petit groupe, 14 personnes seulement, sur un petit bateau perdu au cœur des fjords. Un petit cadeau de Noël que je me fais avant l'heure !


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