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dimanche 4 décembre 2011

Les autochtones d'Otago


Au lever, j'ai décidé de retourner à Parakaunui Bay de laquelle je m'étais exilé en pleine nuit. Comme ce matin il faisait grand beau, c'était dommage de ne pas y faire un saut pour voir la baie sous le soleil. Alors que je marchais seul sur la plage, profitant du lever de soleil pendant que tous les autres pionçaient dans leur van après avoir fait la fête toute la nuit, je me suis dirigé vers les rochers pour avoir un point de vue sur les falaises. Chemin faisant, j'ai continué un peu plus loin, sautant de rochers en rochers, dans l'idée que des créatures pouvaient dormir par là. C'est alors que j'ai aperçu au loin, un truc noir, enroulé sur soi même comme une grosse merde. En plus c'était luisant, c'était pas minéral ça ! Je me suis approché doucement pour ne pas faire de bruit. C'était un phoque à fourrure qui dormait profondément, se laissant chauffer par les rayons du soleil. 
Plus je m'approchais, plus il y avait deux oiseaux aux bec et pattes rouges qui criaient, les mêmes que celui qui m'avait foncé dessus à Abel Tasman. Le phoque, lui, était bien là avant moi et ils ne lui disaient rien ! J'ai donc opté pour la même tactique : ne pas bouger. Avec ces sentinelles à la con qui gardent le phoque, on allait bien voir qui allait gagner. Et en effet, ça a marché, ils sont allés déverser leur hargne un peu plus loin, en évitant de côté le phoque et moi !
Je me suis approché à deux mètres. Le phoque m'avait aperçu depuis un moment, ouvrant un œil de chien battu de temps en temps. A un moment, il m'a signifié la limite à ne pas dépasser : il s'est mis à souffler bruyamment et à cracher. Je me suis donc assis et je l'ai regardé dormir. 
Qu'est ce que ça pue au passage, un phoque ! Le spécimen que j'ai vu est mon premier autochtone de la journée, un symbole qui augure d'une journée pleine de découvertes. C'est un phoque à fourrure de Nouvelle Zélande, il est endémique et il a recolonisé peu à peu les rivages après en avoir été chassé au siècle dernier jusqu'à l'extinction. Mais grâce à Brigitte Bardot, il est revenu et son nombre ne cesse d'augmenter chaque année, signe qu'il se plaît bien ! J'aime voir la nature reprendre ses droits. Les phoques mâles, comme celui que vous voyez (comment je sais ? Y a qu'à regarder, c'est comme les clebs, ils ont pas de fourrure à cet endroit, on peut dire qu'ils doivent se les geler!), font jusqu'à 2,5 mètres et pèsent jusqu'à 185 kg. C'est pour ça que je me suis approché, vu la vitesse à laquelle ils avancent, en cas de menace, j'aurais plus vite fait de détaler que lui. Les femelles quant à elles sont plus petites, 1,5 mètre et 50 kg sur la balance seulement.
On voit bien pourquoi ça s'appelle un lion de mer
Je suis resté un long moment à le regarder, pouvoir le voir de si près et sans personne autour, c'est comme si deux mondes se rejoignaient et entraient en communication. Je l'entendais respirer, je le regardais cligner des yeux, bouger ses petites oreilles, lever une nageoire de temps en temps, soupirer, bailler ou s'étirer. Ça se gratte aussi comme un chien, avec la patte de derrière palmée. C'est comique. Ils ont des pattes comme des éventails, c'est pour ça qu'ils ont l'air aussi godiches. De loin on les dirait montés sur des béquilles. Vous ne verrez pas un phoque de si près, question qualité de photo y a rien à dire, on peut même compter ses vibrisses si le cœur vous en dit. Il a bien fallu que je le laisse dormir en paix et pour ne pas le déranger j'ai fait un détour en lui faisant un au revoir de la main.
Des gamins étaient sur la plage, j'étais prêt à leur parler de l'existence du phoque mais je me suis ravisé. J'ai jugé qu'il était plus tranquille tout seul et que ceux qui voulaient le connaître devaient le découvrir et non pas l'avoir servi sur un plateau. En plus ils n'auraient sans doute pas été aussi calme et silencieux que moi. Tandis que je m'apprêtais à regagner la voiture, j'ai aperçu de l'autre côté de la baie, à contre jour, un machin noir au milieu de l'eau. Un rocher ? Il avait une drôle de forme et sa couleur différait des autres rochers. J'ai donc décide d'aller voir de plus près, en traversant un chenal d'eau glacée. Plus je m'approchais, plus j'en avais la certitude : c'était un animal. Et un vrai, qui s'était mis en mouvement. Un gros tas, je ne sais pas de quoi il s'agissait mais c'était bien plus gros qu'un phoque. 
Cascade de Parakaunui
La chose sortait de l'eau péniblement en sautillant, j'ai marché doucement et le pas léger sur le sable mouillé pour ne pas qu'il prenne peur et reprenne le chemin du large. Eh bien le gros pépère c'est un lion de mer et je sais maintenant pourquoi ils s'appellent ainsi : ils ont une épaisse fourrure qui forme comme un collier autour du cou, de couleur fauve, alors que le reste du corps semble tondu, la fourrure plus rase et plus foncée. Ça ressemble un peu à un lion mais avec des pattes bizarres ! Les mêmes que le phoque de tout à l'heure. Celui là est plus vif et se déplace plus vite, je suis donc resté un peu plus loin.
A un moment il a stoppé, il avait trouvé son coin, où le sable est toujours humide mais la couche superficielle devient sèche. Il s'est roulé là dedans et on le sentait en pleine extase. Il fermait les yeux, se roulant sensuellement d'un côté de l'autre, frottant sa tête contre le sable et levant les pattes en l'air (si on peut appeler ça des pattes!). Puis il a fait son trou et a commencé à roupiller. 
Gare de Dunedin
Pendant ce temps le reste du camp s'est levé, je voyais les tentes s'agiter au loin et j'entendais les portières claquer. Quelques têtes intriguées de me voir tapi à plat ventre se sont penchées par dessus les touffes d'herbe pour voir ce que je faisais mais heureusement il n'y en a qu'un qui est venu. Il est resté d'ailleurs bien plus à l'écart que moi. Un trouillard sans doute. Il faut dire que le lion de mer de Hooker (c'est son nom!) est un beau bébé de 3 mètres de long et qui pèse dans les 400 kilos. Il est endémique de la Nouvelle-Zélande également et il est le plus rare des 5 espèces de lions de mer que l'on trouve de par le monde. C'est donc une chance que je le rencontre ce matin, à peine 15 minutes après avoir vu un phoque ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, n'est-ce pas ? Tout comme le phoque de Nouvelle-Zélande, ils est revenu vivre ici, après avoir été décimé par les Maoris avant que les européens ne débarquent. Il en existe peu en Nouvelle-Zélande et on peut les rencontrer seulement dans les Catlins (là où je suis) et sur la péninsule d'Otago (là où je dois aller cet après midi). Le lion de mer est très agile et malgré sa taille imposante il est capable de plonger à plus de 200 mètres de profondeur. Ça force le respect !

 Parakaunui Bay

Après tout ce petit monde du matin, il était temps pour moi de lever le camp si je voulais être à l'heure à Dunedin. J'ai fait un saut à la cascade de Parakaunui, à quelques kilomètres seulement de là où j'avais dormi, pour voir. Je n'ai pas regretté, le cadre est magnifique ; alors que la campagne tout autour n'est qu'une ferme géante, la cascade est nichée au sein d'un écrin de verdure magnifique rempli de fougères rampantes ou arborescentes et d'arbres aux troncs moussus. Ça gazouille de toute part à en avoir un tympan percé et avec les rayons du soleil qui traversent les feuilles en faisant des faisceaux de lumière comme ceux d'un projecteur, on se croirait dans un jardin d’Éden. D'autant plus qu'il y a un ruisseau qui glougloute, celui là même qui finit en cascade. C'est ici qu'ils pourraient enregistrer les CD de relaxation de sons de la forêt. La cascade n'est pas très spectaculaire mais elle forme plein de niveaux et de terrasses qui la rendent charmante.
Albatros Royal
J'étais à Dunedin vers 13:30 et j'ai décidé d'aller au restaurant, étant donné que ce n'est pas en rentrant d'excursion à 22 heures que j'allais me faire un repas conséquent. Surtout qu'à cette heure là, d'habitude je dors. Mais là ça allait être problématique : étant donné l'heure de rentrée tardive sur Dunedin, j'étais bon pour prendre la route de nuit afin de chercher un endroit où m'arrêter. Vu les difficultés que j'avais connues la veille, je redoutais le pire. Au restaurant j'ai commandé le plat du jour : un filet de sole pané accompagné de frites et de salade. Tout ça arrosé d'une bière pression. J'étais tranquillement attablé au soleil en terrasse, me laissant dorer par les rayons du soleil (on se serait crû une belle journée de printemps, comme celles qu'il peut y avoir à Madrid, où ça cogne déjà fort au mois de mai), quand un groupe de gros lourds est arrivé, visiblement aviné et s'est mis à la table à côté. J'ai eu droit à des réflexions sur mon T-Shirt « Planteur » - le fameux jaune distendu de Rarotonga ! - qu'ils s'amusaient à essayer de prononcer. L'un d'eux, le plus lourdingue au style rugbyman, a essayé de me parler. Évidemment l'alcool n'aidait pas à le comprendre, déjà que sobre on n'y arrive pas ! Je me suis contenté de sourire niaisement et j'ai fait mine de regarder les photos sur mon appareil photo. Ça a bien marché, il m'a laissé tranquille, préférant draguer tout ce qui passait dans un rayon de 2 mètres. Un vrai cas !
Après déjeuner, je suis allé me balader un peu, en contrebas on pouvait voir un bâtiment ancien pittoresque. C'est la gare de Dunedin et sur le quai il y avait un vieux train aux wagons en bois. On se serait cru au temps des trains à vapeur. Quand je suis remonté vers le point de rendez vous de l'excursion, je suis entré dans le I-Site pour savoir si c'était le seul de Dunedin. Devant l'office, la rue était complètement barrée et une foule s'était pressée sur le trottoir. Comment le bus allait il pouvoir me prendre là ? A l'I-Site ils m'ont dit que le point de rendez vous avait changé, en raison de la parade de Noël. Quoi, Noël, déjà ? En fait j'ai appris qu'ici ils commencent à fêter Noël avant l'heure, c'est comme un calendrier de l'avent grandeur nature. Chaque jour a sa nouvelle animation.
Il est pas mignon?
Nous étions une petite douzaine dans le bus. Nous nous somme rendus en premier au bout de la péninsule, là où se trouve un centre des albatros. Le groupe a été scindé en deux, ceux qui avaient payé le supplément ont pu entrer à l'intérieur, les voir de plus près. Car les albatros vivent là, en haut d'une falaise dont tout le périmètre a été grillagé, obligeant à payer si on veut les voir de près. Je n'avais pas réservé cette option, il faut dire que le type au téléphone m'avait vaguement demandé si je voulais le tour normal ou avec options - sans me les détailler -, et afin d'abréger mes souffrances j'avais opté pour le « regular » qui m'allait très bien ! De toute façon, va demander à un volatile qui vole de rester dans un parc clôturé. Je les ai vus ces albatros, certes en vol uniquement, mais bien vus ! Ils se laissaient planer. Par contre c'est atroce un albatros, c'est tellement grand que c'est impossible à cadrer ! 
Celui qu'on rencontre en Nouvelle-Zélande c'est l'albatros royal, le plus grand de tous. Il fait 1,2 mètre de long et peut aller jusqu'à 3 mètres d'envergure. C'est le plus grand oiseau marin au monde. Encore un record pour la Nouvelle-Zélande ! Autre particularité : l'endroit où l'on se trouve est le seul endroit sur terre où on peut les voir sur un continent. Le but du centre n'est pas tant de faire payer pour les voir, c'est surtout pour les préserver et assurer leur tranquillité.
Après, le début de l'aventure a vraiment commencé. Elm Wildlife Tours est le seul à avoir l'autorisation de passer à travers des fermes pour se rendre dans un endroit unique, reculé, où les animaux sont tranquilles. Pour s'y rendre, il faut compter trente minutes de piste caillouteuse dont les poussières nous faisaient tous tousser, même toutes vitres remontées. 
Il faut passer des portails, pousser des barrières dont ils ont les clefs. Puis on arrive enfin en haut d'une falaise battue par les vents. J'avais peur que l'observation ne se fasse que d'en haut et qu'on ne voit rien de près - d'autant plus qu'ils nous avaient filé des jumelles - mais je me suis inquiété pour rien. Ils ont tracé des sentiers et aménagé des sites d'observation tout près des animaux.
Les festivités ont démarré avec les phoques. Il y en avait toute une colonie, ils devaient bien être une cinquantaine. Ils se chamaillaient, certains coursant les autres, par jeu ou par conflit de voisinage, tandis que les mères allaitaient leurs petits. Je me suis senti privilégié de voir ça. Décidément chaque jour qui passe est pour moi une nouvelle vie, c'est une succession de moments inoubliables qui valent tout l'or du monde. 
Nous somme descendus ensuite de l'autre côté de la falaise où une plage se trouvait en bas. Je commençais à être complètement gelé, il y avait un vent glacial cinglant et avec la journée qui se finissait et le soleil qui rasait les collines, je n'allais pas finir d'avoir froid. Mais il faut ça si on veut voir des phoque ou... des pingouins ! Ceux qui nous attendaient dressés les bras en croix, comme un crucifix, sont des pingouins aux yeux jaunes. Nouveau record, c'est le plus rare des 18 espèces de pingouins qui courent le monde et il ne vit qu'ici. Et un nouvel autochtone de plus sur mon tableau de chasse ! Et celui là je n'ai pas de mal à le comprendre ! J'aime la chasse comme ça ! Pourquoi les tuer ? Qui peut me faire croire que les chasseurs sont des amoureux de la nature ? 
Ils veulent nous endormir avec ça. Si c'était le cas ils la protégeraient, ils penseraient à tous ces petits cœurs qui battent devant eux comme le leur avant d'appuyer sur la gachette.
Le pingouin aux yeux jaunes est le plus gros pingouin à vivre dans des régions tempérées. Monsieur n'aime pas la banquise et lui préfère les prés. Il est aussi très bruyant, d'ailleurs les maoris l'appelent Hoiho, qui veut dire « celui qui fait beaucoup de bruit ». C'est le pingouin le plus bavard qui existe. C'est comique de les voir marcher sur la plage, encore plus de les voir grimper les collines. Quand il y a un obstacle, ils se sentent bien emmerdés. Ils prennent alors leur élan et font un saut de puce dont on sent qu'il leur a demandé un grand effort. Ils ont l'air gauche, c'est pour ça qu'ils sont marrants.
On a aussi vu le pingouin bleu, minuscule, qui vit caché dans des trous, comme des terriers. Celui là est un manchot en fait. C'est le plus petit au monde, d'ailleurs on dirait un oiseau comme n'importe lequel. Sur la plage il y avait également deux lions de mer. Alors que le groupe avait continué son avancée, et malgré le fait qu'il nous était demandé de rester toujours groupés, je me suis arrêté prendre une photo. Je ne m'étais pas rapproché pour autant mais sans doute du fait que je ne sois plus que tout seul, l'un des lions de mer a couru vers moi, menaçant, toutes dents dehors. Le type de l'excursion m'a engueulé. Moi je ne me suis rendu compte de rien, j'étais en train de filmer occupé à cadrer l'appareil en regardant l'écran sans voir le détail. C'est en regardant la vidéo que j'ai compris qu'il était temps que je déguerpisse !
J'ai passé une journée fantastique à admirer toutes ces nobles bêtes qui luttent durement pour vivre dans des univers qui ne sont pour le moins pas très hospitaliers. Le tour s'est terminé à plus de 22 heures et c'est de nuit comme prévu que j'ai repris le van. Mais après avoir quitté Dunedin, j'ai rapidement trouvé un chemin de terre qui partait sur la gauche et je me suis garé juste après un petit pont, où il y avait un renfoncement, sans doute pour permettre les demis tours. Et c'est la tête pleine de belles images que je me suis endormi... Bon, maintenant que j'ai tout mélangé, c'est à vous de reconnaître les stars du jour !



4 commentaires:

  1. Dis ils sont pas sauvages ces petits animaux... Je suis empâtée!!! :-)
    Karine

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  2. Tu voudrais pas plutot dire épatée? ;o)

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  3. The picture of the pinguin and the lamb - nice!
    Else

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  4. Fichu correcteur!.. Effectivement je suis épatée et non empâtée!!! MDR!!!

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