Nabua Lodge

Je sais maintenant pourquoi Otto and Fanny n'ont personne. J'en ai eu la surprise au moment de payer. Si l'hébergement ne coûtait que 140 FJ$ pour les trois nuits, ils se sont bien rattrapés sur le prix des repas. Ah ça pouvait être copieux : 110 FJ$ par jour, soit 50 euros. Il faut savoir que la plupart des resorts incluent les repas dans leur formule qui revient à 60 FJ$ par jour, hébergement et les 3 repas inclus. C'est la formule et le budget que choisissent les backpackers. Finalement je ne regrette pas de partir, c'est vrai que le site est très bien et la paix royale mais je ne pourrais pas passer de nombreux jours ainsi, c'est hors de mon budget tour du monde fixé à 60 euros par jour, hébergement et repas. C'est dommage pour eux mais je n'ai jamais vu un hôtel où la nourriture coûte plus du double de la chambre.

Quand je suis arrivé au Nabua Lodge, j'ai tout de suite vu que je ne me plairait pas. C'est encore plein de jeunes bruyants et la plage se résume à de l'eau aux chevilles, parmi des algues et des cailloux. Pas de couleur lagon bleu ici. Du coup, je suis allé direct sur Internet pour réserver une nuit de plus chez Oarsman's. Ça ne pose pas de problème que je ne reste qu'une nuit au lieu des trois prévues au Nabua Lodge. Du coup j'ai raccourci le plus que je pouvais. Le Oarsman's va être incomparable et leurs tarifs sont deux fois plus élevés qu'ici, je suis donc sûr d'être tranquille. C’est ce qu'il me faut car j'ai un drôle de truc qui couve depuis que je suis arrivé chez Otto and Fanny.

Ça a commencé par une nuit où je rêvais que j'avais très froid. Sauf que j'ai vite réalisé que ce n'était pas un rêve. Bizarrement 10 minutes plus tard, je me suis à nouveau senti normal. Dans la journée en revanche j'avais des petites migraines auxquelles je ne prêtais pas attention, elles disparaissaient dès que je me baignais. En revanche en arrivant au Nabua Lodge mon mal de crâne s'est intensifié au point que chaque fois que je changeais de position, j'avais le cœur qui battait à l'arrière de la tête, à un niveau si élevé que je me demandais si une telle pression n'allait pas me procurer une rupture d'anévrisme. Après ça a gagné le devant de la tête, comme si on m'appuyait sur les yeux en permanence. Pour un peu j'aurais eu besoin d'une trépanation pour soulager tout ça. Ayant peur que ça ne se transforme en accident vasculaire, j'ai pris du paracétamol sans grand effet et suis passé à la vitesse supérieure en prenant des anti-inflammatoires te ça fonctionne un peu, ce qui n'est pas pour me rassurer, car ça veut dire que c'est enflammé. Ça s'appelle pas une encéphalite ? Je ne veux pas vous alarmer mais c'est très bizarre, surtout que je n'ai aucun autre symptôme à part que depuis hier soir je ne peux rien avaler, ça me donne des nausées.

En ce moment j'écris car je viens de prendre des anti-inflammatoires alors ça va un peu mieux. Mis j'ai passé tout l'après midi à comater sur un transat en plastique, évitant tout mouvement. J'ai regardé sur mes guides de voyage, pour voir ce que ça pourrait être qui procure des maux de tête. Il y a la méningite éosinophile, la leptospirose ou la dengue. Mais vu que d'autres symptômes devraient se manifester comme la fièvre que je n'ai pas, je ne m'inquiète pas trop, ça va passer. Depuis que j'ai réussi à faire baisser la tension dans le crane je suis un peu moins inquiet.
En tout cas ce soir c'était la fête ici, ils ont fait participer toute le monde à différentes danses jusqu'à 1h30 du matin. Et demain c'est pire, c'est samedi et il y aura un show de danses traditionnelles avec spectacle de feu, comme à Wayasewa. Ça promet d'être un beau bordel toute la nuit ! Heureusement je serai à Oarsman's Lodge.

Pendant que tout ce petit monde dansait en hurlant, j'ai changé la tente d'endroit, pour me mettre à côté du générateur de courant. Il fait un bruit d'enfer mais c'est un ronron régulier qui couvre bien les booms booms et les cris. Les bruits réguliers ne me dérangent pas, j'arrive à faire abstraction, même avec un cerveau malade ! Je suis entré dans la tente pour me reposer et éviter de bouger, essayant de trouver une position qui me soulagerait mais il n'y en a pas : allongé c’est pire. Alors la nuit fut très longue. Je n'ai dormi à aucun moment et eu aucun rêve, même pas cette sensation de se sentir partir. Et tout le long de la nuit j'ai alterné la tente, le hamac ou une marche sur la plage. En plus il a plu toute la seconde partie de la nuit, la tente était une vraie déchetterie pleine d'herbes mouillées et de terre. Bref il y a des jours comme ça à oublier, même aux Fidji. Comme on dit le paradis n'est pas de ce monde, il y a toujours des emmerdes à un moment ou un autre.