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La baie de Kanuméra vue du pic |
Pour la première fois
depuis que je suis arrivé en Nouvelle-Calédonie, ce matin il n'y a
pas un nuage, ce qui laisse augurer d'une belle journée. Je n'ai
donc pas traîné avant de partir à l’ascension du pic N'Gâ, le
toit de l’Île des Pins qui culmine à 262 mètres et promet
d'offrir une vue spectaculaire à 360 degrés sur l'île. J'attendais
le moment opportun avant de m'y rendre, c'est chose faite !
L'entrée du sentier est bien fléchée depuis la route et se prend
derrière la baie de Kuto, peu avant le gîte Kanuméra quand on
vient de Vao. Après ça devient un peu plus compliqué. Le sentier
est en fait le lit d'un ruisseau et avec les pluies des derniers
jours c'est rempli d'eau. Il y a donc de petits chemins de déviation
dont certains se perdent rapidement dans la jungle. A un moment le
sentier m'a mené à une barrière avec la mention « propriété
privée, défense d'entrer ».
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A gauche Kanuméra, à droite Kuto |
Je trouvais cela très bizarre
pour un chemin censé mener à un point de vue. J'ai donc rebroussé
un peu et retrouvé le chemin qui avait bifurqué sans que je m'en
aperçoive. Seul le début est un peu chiant, après on quitte
rapidement la végétation pour commencer vraiment l'ascension, en
plein soleil et sans ombre. Le sentier part direct à flanc de
montagne sans serpenter. Ce n'est pas que cela soit dur, ça n'a rien
à voir avec Maupiti ou Wayasewa, mais le fait de grimper comme ça
sur un chemin raide avec le soleil en face ne permet à aucun moment
de reprendre son souffle et me fait transpirer à grosses gouttes.
Rapidement le T-Shirt est devenu trempé et je ne pouvais même pas
l'enlever car il me protège du soleil. Il serait temps qu'ils
inventent un truc ultra léger qui laisse le corps au sec dans
l'effort. J'ai bien un T-Shirt de course censé être étudié pour,
mais comme il est tout en synthétique, il me tient très chaud et
pue très vite. J'hésite à le bazarder car il peut encore me servir
comme T-Shirt de plongée. Encore faudrait il que je trouve un
masque. Car je ne peux pas en acheter ici et personne n'en prête. Et
il paraît que les fonds de Nouvelle-Calédonie sont parmi les plus
beaux du monde, aussi je suis très frustré. Ça ne peut plus durer.
D'habitude je ne suis pas chapardeur pour deux sous mais là ça
devient une urgence, un cas de force majeur !
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La baie des Rouleaux, vue du pic |
La vue d'en haut du pic
est un peu décevante, j'ai vu mieux ! Même si elle embrasse
effectivement l'île dans sa totalité, le panorama n'est pas à
tomber des nues car il n'y a pas de couleurs bleu lagon. De plus les
baies sont peu visibles, cachées par les pins colonnaires, si hauts
qu'ils masquent les plages. La vue la plus intéressante reste celle
qui va de l'îlot Brosse jusqu'à la baie de Kuto. L'ascension m'a
permis de découvrir en revanche qu'il y avait une bien jolie anse
prometteuse derrière la baie de Kuto. C'est la baie des Rouleaux,
qui figure bien sur la carte mais que je ne sais pas rejoindre car
elle n'est pas indiquée et pas d'un accès direct par la route.
Aussi, en descendant, je suis repassé à l'épicerie d'avant hier
récupérer mon morceau de roquefort avec l'idée de demander aussi
le chemin à prendre pour se rendre à la baie des Rouleaux. Sauf que
le type si serviable de l'autre fois a été remplacé par une jeune
fille qui roulait des yeux comme un poisson ahuri quand je lui ai
demandé si je pouvais récupérer mon bout de fromage.
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La baie de Kuto et au fond le pic N'Gâ |
Car un coup
d’œil rapide dans le frigo m'a permis de voir qu'il n'y était
pas. Il y avait un risque en n'y étant pas repassé hier, c'est sûr
qu'ils n'allaient pas le garder ad vitam eternam. La fille n'était
au courant de rien, je suppose que l'autre a dû le manger, je suis
donc reparti avec juste une baguette et l'indication pour rejoindre
la baie des Rouleaux, ce qui n'est pas si mal. Il y a bien un chemin
qui y mène mais c'est un chemin privé destiné uniquement au
camping qui se trouve au bout. Sinon il faut passer par un chemin qui
part de la baie de Kuto et enjambe le cap qui sépare les deux baies.
Pour ne pas froisser la
population locale, j'ai donc suivi l'itinéraire par la mer. Ce n'est
pas fléché mais mon sens de l'orientation aura suffit à trouver un
chemin qui s'enfonçait dans la forêt. Une dizaine de minutes de
marche suffisent avant d'arriver à la baie des Rouleaux.
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Baie des Rouleaux |
La plage
est magnifique et déserte, une réplique de la baie de Kuto en plus
sauvage, sans hôtel et avec personne, la plaçant instantanément au
rang de ma plage préférée de l’Île des Pins. Juste derrière la
plage se trouve le camping, séparé par une espèce de palissade en
bois pour protéger du vent. Derrière se trouvent les emplacements
de camping, chacun avec un faré, une table, des bancs et
l'électricité. C'est assez grand et il n'y a qu'une tente. Il y a
aussi deux bungalows où des gens se trouvent. J'ai eu immédiatement
le coup de foudre pour ce camping tout en bois qui donne sur la plage
et d'où on entend les vagues se briser. Un vrai coin de Robinson. Du
coup je suis allé voir la propriétaire pour réserver les 3
dernières nuits qu'il me restera à l'île des Pins une fois que je
n'aurai plus de voiture. Car le camping n'est pas trop mal situé,
suffisamment loin de tout pour ne pas avoir de problème de voisinage
le 31 décembre. De plus, en une petite demie heure de marche je dois
être au gîte Nataïwatch où je pourrai me rassasier. Et j'aime
l'idée après le dîner de longer deux plages, un rocher sacré et
marcher dans la jungle à la lueur de la torche.
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Vous aimez la baie des Rouleaux? |
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Toile d'araignée géante, à moins que ce ne soit l'araignée! |
Au début j'ai cru que ça
n'allait pas être possible, la gérante m'ayant accueilli avec un
« Ouh là, j'attends du monde, je ne sais pas s'il va me rester
de la place ». Finalement après avoir jeté un coup d’œil à
son cahier des réservations, il y a bien de la place pour moi. J'ai
vu qu'il y avait en revanche 4 ou 5 réservations de 2 ou 3
personnes pour ces jours là, je ne serai donc pas seul, hélas. Mais
c’est suffisamment grand et espacé pour que je ne sois pas
emmerdé. Bien que les emmerdes puissent arriver d'ailleurs. Car
l'endroit est peuplé d'une ribambelle de clebs et de coqs. Vous me
direz que je suis malade d'avoir réservé dans un truc pareil mais
j'ai ma petite idée. Déjà, rien ne dit qu'ils feront du bruit la
nuit (on peut rêver) mais surtout la baie est très grande et il n'y
a aucune habitation, offrant des solutions de repli à l'infini sans
devoir aller très loin. Bref c'est l'idéal. La baie donne plein
ouest et promet en plus de beaux couchers de soleil.
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Les îlots Gadji |
Pour le 31
décembre un repas est possible mais je dois dire d'ores et déjà
si ça m'intéresse. La propriétaire a dû sentir le drôle d'oiseau
que j'étais car elle m'a mal vendu le truc : « Je fais un
repas payant avec les autres du camping le 31. Vous voulez vous
joindre à nous ou vous préférez rester tranquille dans votre
coin ? ». Vous devinez ma réponse. Je vais les laisser
entre eux, et méditer sur la plage sous le clair de lune à regarder
les étoiles, ce programme là me plaît bien mieux. On pourra dire
que je ne fais pas la fête, que c'est dommage. Mais pour moi, quoi
de mieux que d'accueillir la nouvelle année par un bain de minuit
sur une plage déserte pendant que toute le monde est emmitouflé
sous des pulls et des anoraks à boire du champagne sur des
Champs-Elysées bondés de monde et au milieu des klaxons et des
embouteillages ? Chacun son truc !
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Mon Koh Lanta! |
Avant de rejoindre
l'hôtel Kodjeue pour réserver le dîner, je me suis arrêté devant
une autre épicerie pour fourrer ma baguette avec du fromage. Il
était midi passé, c'était fermé, je n'avais pas imaginé qu'ils
puissent fermer entre midi et deux. Du coup mon sandwich ça a été
de la baguette avec rien dedans ! Un déjeuner de Moyen-Age !
Pour une fois, je ne vais pas en mourir, j'ai de quoi compléter avec
des compotes. Et puis ce matin j'ai encore pris un copieux petit
déjeuner. A l'hôtel, ils ne savaient pas s'ils allaient pouvoir
m'accueillir ce soir car ils ont beaucoup de monde. Ils m'ont demandé
où je résidais. J'ai répondu au camping des Rouleaux pour ne pas
dire nul part. Ils ont alors proposé d'appeler là bas dans l'après
midi si une place se libérait. Je m'en suis sorti en disant que je
ne pensais pas y retourner d'ici le soir. Voyant que j'étais tout
seul, ils ont pris ma réservation : « vous êtes seul, on
va vous trouver de la place ». Comme quoi on finit toujours par
trouver un arrangement ! Sur le comptoir il y avait un plan de
l'île bien détaillé avec les curiosités locales. Mon regard a
tout de suite été attiré par le nord de l'île, la baie de Gadji,
parsemée de petits îlots où ils avaient placé l'indication « Koh
Lanta ». Eh bien voilà, l'énigme est levée, je sais
maintenant où ça a été tourné. Je savais bien que l’Île des
Pins était un lieu tout trouvé pour un Koh Kanta.
J'ai donc pris la route
pour Gadji. Il ne faut pas se fier aux cartes, hors de Vao, il n'y a
pas de village, les lieux dits ne sont en fait qu'une ou deux
bicoques très espacées les unes des autres. La route finit à la
pointe nord sur une espèce de mangrove vaseuse. Je ne le savais pas,
jusqu'à ce que j'aperçoive une belle pirogue qui mouillait face à
un petit rocher qui semblait flotter à la surface de l'eau. Comme je
pensais tenir là une belle photo, je me suis avancé sur la plage.
Tout à coup j'ai disparu dans la vase, ce qui semblait être du
sable était une épaisse couche de vase dans laquelle je me suis
enlisé. J'en avais jusqu'à mi mollet et quand j'ai essayé de
m'extraire de là, les godasses étaient comme cimentées et sont
restées dedans, la vase se refermant tout autour. Il a fallu que je
m'y prenne à deux mains, allant farfouiller à l'aveugle dans la
vase pour retrouver mes Crocs. Et j'ai dû tirer de toutes mes
forces, ça faisait « Schlurk » et ça ne voulait pas
venir.
En tirant sur la godasse, c'est comme si toute la vase des
alentours allait venir avec. J'en avais plein partout, ça puait et
je n'osais même pas penser à la vermine qui pouvait se trouver là
dedans. Quand enfin j'ai pu récupérer les chaussures, j'étais vert
et informe, couvert d'une épaisse couche de vase. Je ne pouvais
assurément pas reprendre la voiture comme ça, j'allais tout
cradosser. Et comment faire pour nettoyer tout ça ? Je n'avais
comme solution que d'y retourner ! Un tronc était posé sur la
vase permettant de m'avancer vers l'eau sans m'enfoncer. En théorie !
Car le tronc était si glissant que j'ai glissé à plusieurs
reprises, finissant ma course à quatre pattes dans la vase au milieu
de « Schlurk » à n'en plus finir. Finalement c'est les
pieds dans la vase et arc bouté en tenant les chaussures à bout de
bras vers un mince filet d'eau boueuse qui montait que j'ai pu les
nettoyer. Après ça a été le tour des pieds mais comme le tronc
était encore plus glissant pieds nus, j'avais les jambes qui
tremblaient au point de ne pas pouvoir faire un pas. Comme je ne
pouvais décemment pas rester là indéfiniment, je suis rentré à
pieds dans la vase, enfournant le tout dans des chaussures propres !
C'était comique. Digne d'un jeu qui n'aurait pas dépareillé à Koh
Lanta ! Tout ça pour une photo d'une pirogue à la con !
A la baie de Gadji, en
longeant une piste défoncée, on arrive à un ranch où l'on peut
faire des balades à cheval. J'aurais été plus intéressé pour
faire un tour en bateau vers les îlots de Koh Lanta mais ça,
personne ne le fait. Le ranch fait aussi gîte, à un prix
imbattable : 500 francs le lit (5 euros!). A ce tarif, je ne
sais pas à quoi on a droit mais pour les routards, je passe le
tuyau, il faut s'adresser à Fidélie Vakoumé, 46 93 07 ou 90 97 33.
L'info n'est dans aucun guide. Ça revient trois fois moins cher que
le camping et 15 fois moins cher qu'un gîte traditionnel. Comme quoi
au final sur l'île des Pins il y en a pour tous les budgets, même
si ce genre d'info n'est pas divulguée. Car il paraît que le marché
a été verrouillé depuis longtemps pour faire cracher un maximum
d'argent aux touristes.
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La plage devant Chez Émile |
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Les huttes de Chez Émile |
Après avoir eu droit à
mon Koh Lanta à la baie de Gadji, je suis allé me reposer à
nouveau dans la baie d'Oro. Mais cette fois j'ai commencé la visite
en cherchant le Kou-Gny, restaurant et camping qu'on rejoint après
avoir traversé un chenal et marché dans la forêt pendant 15
minutes. Je voulais voir à quoi ça ressemblait car je pensais à
l'origine y venir camper. Mais avec la trotte que c'est je ne me
voyais pas faire tout ce chemin avec les bagages. J'ai demandé au
gîte Chez Régis comment atteindre l'endroit. Le Kou-Gny est en fait
juste derrière le Méridien, face à une belle plage... à marée
haute. Car pour l'heure c'est marée basse et c'est couvert d'algues.
A l'une des extrémités les algues laissent la place à un beau
lagon. J'ai essayé de m'y baigner, d'autant plus que de petits bancs
de sable très photogéniques avaient émergé. Mais il y avait de
l'eau à la cheville : même allongé, j'avais le cul qui
dépassait. Ne pouvant pas rester là plus longtemps, j'ai suivi le
mouvement des gens qui passaient et s'emmanchaient dans un bras de
mer qui rejoignait la piscine naturelle.
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Un bras de mer menant à la piscine naturelle |
Le site du Kou-Gny est
remarquable et il n'y a pas un campeur. Si ce n'était pas ce
problème de plage à marée basse et le trajet pour y parvenir, ce
serait un excellent point de chute, d'autant que le camping fait
restaurant et est réputé. Juste à côte se trouve aussi un autre
camping, chez Émile. Je passe l'info. Ils avaient une tente et des
huttes traditionnelles façon tente de sioux ! Mais tout cela ne
vaut pas le site du camping des rouleaux. Aucun regret à avoir,
d'autant plus que Chez Régis, là où je pensais venir il y a
quelques jours, ça s'est rempli de nombreux campeurs aux rires gras.
J'ai revu la piscine
naturelle mais c'est l'endroit le plus fréquenté de l’Île des
Pins et assurément pas à voir en période de vacances scolaires.
C'était encore plein de mômes occupés à jouer au ballon et à
crier dans l'eau. Par contre j'ai vu plein de poissons partout et la
piscine a aussi l'air d'être un bel aquarium. Il serait temps que je
trouve un masque !
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