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samedi 31 décembre 2011

Les grottes de Kwênyii


Le pot de terre contre le pot de fer!
Kwênyii, c'est le nom kanak pour l’Île des Pins. La serveuse du sandwich d'hier a menti : le gros paquebot est toujours là. Il s'est bien caché dans une baie mais je l'ai vu quand je me suis rendu après le petit déjeuner au camping des rouleaux, nommé ainsi non pas en raison d'une allusion au papier toilette - quoique ça pourrait : il n'y a pas de PQ ! - mais parce que la baie est le théâtre de vagues qui viennent y mourir. Avant d'y parvenir, j'ai fait un tour à l'épicerie pour acheter des victuailles pour le réveillon de ce soir. Eh bien ce n’est pas folichon ! Déjà qu'en temps normal il n'y a rien, cette fois c'est pire, ça grouille de monde agglutiné dans le débarras des congélateurs (normal, il n'y a rien d'autre!). Au menu pour ce soir : cacahuètes, chips, pain d'épices et sa compote, et, luxe suprême, le tout arrosé d'eau gazeuse ! Ça fera l'illusion du champagne, y a des bulles, c'est déjà un début. 
Mon salon!
C'est tout ce que j'ai trouvé. Sans doute mon réveillon le pire au niveau gastronomique, j'arrive même à faire mieux avec un pique nique sur une plage en France. Vous allez me dire « C'est horrible ! ». Mais je m'en fiche, le nouvel an c'est un truc commercial qui n'a son intérêt que dans le fait de se réunir avec des amis et de passer une bonne soirée. Le reste... De toute façon les dates je les oublie, et ici à minuit il sera deux heures de l'après midi en France, c'est à dire pas l'heure de faire quoi que ce soit. Alors je me console avec le fait que quelque soit l’heure, il y aura toujours un endroit sur Terre où ce ne se sera pas encore l'heure de la fête. Je pourrais même imaginer que si j'avais pris l'avion de Tahiti cet après midi pour la Nouvelle-Zélande, je serais arrivé à Auckland le 1er à 22 heures, n'ayant jamais eu de 12 coups de minuit. Alors les dates, les heures, quelle importance ? Tout ça pour dire que le nouvel an n'a pas trop de signification, on célèbre un truc pondu de cerveau d'humain qui n'a aucune signification naturelle, on célèbre l'invention du temps dont j'aimerais qu'il n'existe pas. 
Et puis la Terre demain tournera toujours pareil, rien n'aura changé, en dépit de vœux et résolutions pour un monde meilleur. Vous verrez qu'en 2012, on sera toujours pris en otages lors des grèves et que Sarkozy sera toujours président. Vous me direz que je suis bien cynique pour quelqu'un qui se trouve dans un endroit paradisiaque, eh bien le paradis n'empêche pas d'être lucide ! Et une nouvelle année c'est quoi ? C'est une année de plus qui nous éloigne de notre jeunesse et nous rapproche un peu plus de la fin. Peut être celle qui figurera en deuxième position sur notre tombe ! Il n'y a pas de quoi se réjouir quand on y pense. Mais le rêve d'avoir une vie meilleure fait du bien, alors célébrons là quand même cette foutue nouvelle année ! Et qu'enfin celle ci soit différente. Pour moi, ne vous inquiétez pas, c'est toujours le Nouvel An depuis que j'ai commencé mon voyage le 1er octobre ! Alors 2012 sera résolument une bonne année. Souhaitez moi juste de ne pas faire l'objet d'un rapatriement sanitaire et d'avoir beau temps.

Les grottes de la troisième

Gousses de vanille sur pied!
 Car le temps pourri est bien de retour, l'accalmie n'aura été que brève. Du coup je ne pense pas réserver de croisière en Australie, si c'est pour visiter les Whitsundays sous la pluie, ce serait encore pire que ce que j'ai connu à Bora Bora. Je resterai donc à quai, attendant le jour opportun et montant dans le premier bateau qui aura encore de la place. Et tant pis si c'est un backpacker. Je prendrai sur moi. Pour le programme de la journée, vu qu'il n'y a rien à attendre du temps et que le paquebot est toujours là, squattant le plus beau coin de l'île avec à nouveau ses flots de touristes envahissants, j'ai dans l'idée de visiter les trois grottes que compte l'île. Il paraît qu'elles valent le détour. J'attendais la pluie pour les visiter, c'est chose faite !
La première grotte de la troisième
Mais avant, j'ai laissé mes affaires au camping. Comme il n'y avait personne à l'accueil, je me suis avancé dans le terrain et j'ai commencé à déposer mes affaires sur un emplacement qui me seyait. Est arrivé un type, le mari de celle que j'avais vue la première fois, qui m'a dit un truc du style « minute papillon ». Le camping c’est son domaine, on ne s'installe pas comme ça n'importe où, il y a une logique à suivre, il y a des emplacements pour les familles et il doit en recevoir quelques unes d'ici ce soir. Je luis cause du souci car il ne sait pas où me mettre. Il me montre un faré où il va disposer le buffet de ce soir et commence à me dire que je pourrais me mettre par là bas. Je l'informe alors que je n'y prendrai pas part et que je préférerais un endroit plus éloigné pour être au calme. Là c'est devenu le casse tête pour lui, il est parti à la réception jeter un coup d’œil au cahier des réservations pour voir où il pourrait me caser, lâchant : « on n'a pas l'habitude de recevoir des personnes seules, ça casse le truc ». 
Deuxième grotte de la troisième
Puis réalisant que ce qu'il venait de dire n'était pas trop sympa, il a rajouté « Mais c'est bien aussi ! ». Trop tard le mal est fait, je vois que je ne suis pas le bienvenu ici. Sans doute parce que je ne vais pas leur laisser trop d'argent. Et puis quoi, c'est un camping non, c'est pas le Hilton ! Au final, il m'a installé tout au bout du terrain, à un endroit qui ne ressemble pas à un emplacement. Je suis relégué en seconde zone, sans faré ni électricité, disposant pour mettre mes affaires d'une remise à l'abandon, au toit plus étanche, pleine d'objets hétéroclites rouillés et de toiles d'araignée. Mais je m'en moque, au moins j'aurai la paix. Sans doute en proie à des remords, il est revenu avec un câble électrique, une bâche, une table en plastique et des tronçons de cocotiers en guise de siège pour me confectionner un abri improvisé censé faire salon et salle à manger. On dira que ça a le charme de l'authenticité ! Pour la lumière, il faut visser ou dévisser l'ampoule vu qu'il n'y a pas d'interrupteur. Sous la pluie j'ai peur de faire Claude François !
Avant de prendre la route, je n'ai pas pu résister à l'envie de prendre un bain dans les rouleaux, la plage étant si belle malgré le temps. Comme j'avais réservé un déjeuner au gîte Nataïwatch, servi entre midi et treize heures, dans l'optique d'intervertir le dîner avec le déjeuner (vous me suivez?), il ne me restait plus qu'une heure. Pas question dans ce temps court de parcourir les trois grottes de l'île. Je suis donc allé à la plus proche, la grotte de la Troisième. C'est son nom et ne me demandez pas troisième de quoi. Je n'en sais rien, à moins que ce ne soit par allusion au fait qu'il y a trois grottes et qu'ils étaient à court d'idée pour lui trouver un nom !
Pour la trouver il faut s'avancer dans un chemin de plus en plus étroit où la végétation enserre de plus en plus le chemin, rayant la voiture au passage. 
Avant que ce ne soit au tour du toit, je me suis arrêté là, au niveau d'un petit renfoncement et j'ai poursuivi à pied. Il y avait plein de bruits et de chants d'oiseaux mystérieux. Au fond du chemin une voiture était garée, juste en face d'un sentier non indiqué mais bien tracé. J'ai eu dans l'intuition qu'il fallait que je passe par là et j'ai bien fait car je suis arrivé à la grotte. Elle est perdue au milieu de la jungle et non exploitée, à l'état sauvage. Il y a en fait deux grottes, la première sur la droite semble très profonde et on en sait pas dire si entre les stalagmites il y a un chemin ou non qui descendrait vers ses entrailles. Ne voulant pas finir avec une jambe cassée au fond d'une grotte de laquelle on me retrouverait à l'état de squelette, j'ai préféré rester à l'entrée et observer le ballet d'oiseaux très jolis, guère plus grands qu'un colibri, verts et rouge à la tête, la gorge et la queue. J'ai pris plusieurs photos au zoom maximum et, en raison de la faible luminosité à l'entrée, elles sont toutes floues. Je ne peux donc pas vous en montrer un spécimen.
La deuxième grotte de la troisième (!) dispose d'une entrée plus large, plus lumineuse donc et descend en pente douce. Je m'y suis emmanché, d'autant plus qu'au fond se trouve un petit lac bleu comme la grotte aux Fidji, en beaucoup plus petit bien sûr. Je n'y ai pas fait trempette car les abords avaient l'air incertains et glissants. Il y avait un gars qui était dans la grotte, sans doute celui de la voiture devant le sentier. Il m'a dit que je pourrais me baigner plus facilement dans les autres grottes, que l'une d'elles disposait d'une petit étang très facile d'accès. La partie est donc remise pour cet après midi. J'ai une petite appréhension toutefois car je dois rendre la voiture ce soir avec le plein et la station essence, la seule de toute l'île, ferme exceptionnellement à 15 heures pour cause de réveillon. Je vais donc devoir visiter les deux grottes qu'il me reste à voir après avoir fait le plein, et en espérant que la dernière barre de la jauge d'essence ne bougera pas.

Grotte de la Reine Hortense

Pour midi j'ai eu un steak frites salade pour compenser avec mon « réveillon » de ce soir. Puis j'ai pris la direction du point information afin de réserver un taxi pour venir me chercher au camping le 3 janvier au matin. Évidemment c'était fermé, ça devait rouvrir à 14 heures, dans un quart d'heure, mais vu que tout ferme aujourd'hui à 15 heures, je n'étais pas sûr du fait qu'ils rouvrent pour juste une heure. J'ai donc tracé ma route, tablant sur le fait que je demanderai à la réception du gîte où je squatte de le faire pour moi. Car mon téléphone Yackie ne fonctionne pas non plus en Nouvelle-Calédonie. Cette fois ce n'est plus un problème de batterie (je l’avais bien rechargé aux Fidji grâce à Kesrtin). Il faudra donc vraisemblablement attendre l'Australie avant que je puisse capter un signal.
Je n'ai pas trouvé la deuxième grotte, la grotte de Ouatchia. Aucune indication depuis la route. J'ai donc poursuivi jusqu'à la dernière grotte, la grotte de la Reine Hortense, nommée ainsi en raison du fait que la Reine venait se réfugier dans cette grotte quand elle venait en visite à l’Île des Pins au cours du XIXe siècle. Elle en est morte depuis... L'entrée est ici payante et un groupe de touristes vient d'arriver en minibus, sans doute venant du paquebot. J'ai donc attendu qu'ils aient fini pour avoir quartier libre et j'en ai profité pour discuter avec la guichetière, une kanak rigolote qui comprenait bien le fait que je reste à attendre. Elle m'a dit qu'en raison des pluies diluviennes des jours précédents, le sol était très glissant dans la grotte et qu'à ce titre on ne devait rester qu'à l'entrée et ne surtout pas pénétrer à l'intérieur.
La grotte est située dans un cadre magnifique de jungle luxuriante et fleurie. Son entrée est entourée de fougères arborescentes et un ruisseau vient traverser la grotte. Sur la gauche, en hauteur se trouve un petit autel où trône une Vierge Marie qui prie en direction de l'entrée. Il y a là aussi des bougies, on se croirait à Lourdes, même si je n'y suis jamais allé ! Comme à mon accoutumée, j'ai bravé les interdictions. Étant tout seul, personne ne pouvait me voir et je me suis un peu plus enfoncé dans la grotte, étonné par le fait que le sol n'était absolument pas glissant, adhérent parfaitement à mes chaussures. Jusqu'à ce que je fasse un pas de côté comme si j'avais glissé sur une savonnette. Je ne suis donc pas allé tellement plus loin. A mon âge, une fracture du col du fémur est tout à fait possible !
Après ces escapades grottesques (la faute d’orthographe est normale vu que j'invente un mot!), je suis allé rendre la voiture et j'ai fait un peu d'internet au gîte avant de prendre le chemin du camping. J'ai chronométré, il faut 36 minutes de la porte de ma tente jusqu'à la porte du gîte. Ce n'est donc pas tellement à côté et je ne me vois plus trop faire ce trajet de nuit après avoir pris mon dîner au gîte. Au camping, des familles sont bien arrivées, agissant comme si elles étaient seules avec des gamins survoltés. Mais ça va, de ma tente, c'est suffisamment loin et près des vagues pour que je n'entende rien à part quelques rares éclat de voix de temps en temps. Et puis c'est normal, c'est réveillon ! Après mon apéro dînatoire, j'ai regardé un épisode de Colombo, le cinquième de la série et je me suis couché à 21 heures, laissant les autres se diriger vers le faré du banquet.
Bonne année 2012!
Alors que je dormais comme un loir, j'ai été réveillé en sursaut par de la musique à fond et des bruits de fusées. Un coup d’œil à ma montre qui avance : minuit quinze. Merde, c’est la nouvelle année. Dehors c'est Bagdad. Le ciel est constellé de feux d'artifices, ça pète de tous les coins de l'île. Je suis sorti de la tente pour marquer le coup, m'avançant sur la plage, slalomant entre les gouttes. Point de bain de minuit possible, vu le temps je n'en ai absolument pas envie. J'ai dit bonjour à 2012 et je suis allé me recoucher, déplaçant ma tente plus loin et laissant tout ce petit monde danser jusqu'au petit matin dans les flonflons de zouk.

2 commentaires:

  1. Happy new year - good and safe travel in 2012!
    Else

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  2. Thanks Else. Happy new year 2012 and lot of fun and aventures for you!

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