J'aurais tout aussi bien
pu intituler cet épisode « Le raffut du pademelon »,
tellement la nuit dernière j'ai été dérangé tout le long par un
pademelon qui avait décidé de passer la nuit là à brouter et qui
devait être énervé de voir une tente dans son assiette ! Du
coup il n'arrêtait pas de taper du pied et chaque fois ça me
réveillait. Je donnais alors un coup sur la toile du dos de la main,
ça le faisait fuir un temps puis il revenait à la charge de plus
belle. On a joué à ce jeu amusant toute la nuit...
Le parc national de Mount
Field est tout à côté de Maydena, c'est pratique, j'ai été le
premier dans le parc, avant que le centre des visiteurs n'ouvre. Pas
besoin d'attendre, j'ai mon sésame en poche dorénavant qui ne me
quitte plus. Mount Field est un parc très visité car c'est le plus
près de Hobart et les habitants viennent souvent y passer le
week-end.
Pour les touristes non véhiculés, c'est aussi facile, de
nombreux excursions en minibus ont lieu depuis la ville. J'ai lu
qu'il y avait sur le chemin un centre de réhabilitation pour animaux
blessés ou orphelins qui sont soignés là avant d'être relâchés.
Au programme : diables de Tasmanie, wombats, pademelons,
kangourous... Une belle occasion d'aller titiller le diable. Sauf que
je n'ai pas trouvé la dite ferme. Peut être qu'elle a fermé
boutique, faute de pensionnaires. Il faut dire qu'ils sont tous sur
la route... aplatis. Ça me désole de constater tous les jours les
accidents de la nuit, obligé de faire du slalom entre les cadavres.
Soit ça pullule, soit il ne va plus rien rester !
Pour commencer la balade
dans le parc, j'ai fait ce que tout le monde vient voir : le
sentier de Russell Falls.
C'est une cascade de 40 mètres de haut à
plusieurs étages, très large. Mais avec le temps sec et chaud qui
sévit depuis plus d'une semaine, le débit est assez limité. Tout
autour du cours d'eau on retrouve une épaisse végétation parfois
uniquement constituée de fougères arborescentes et de mousses. Au
milieu de tout ça, je n'arrêtais pas d'entendre taper de la patte
arrière et j'ai aperçu de très nombreux pademelons qui venaient là
chercher une nourriture bien fraîche et grasse. J'ai oublié de
vérifier la présence de platypus dans le bassin sous la cascade. Il
paraît qu'ils y ont élu domicile et qu'on les aperçoit très
souvent, y compris hors de l'eau. Il y a d'ailleurs au bureau du parc
un cahier d’observation spécialement dédié à la bestiole où
les gens viennent consigner le lieu et l'heure où ils en ont aperçu.
Je crois que le nom français du platypus c'est l’ornithorynque
mais je n'en suis pas sûr car je croyais qu'il vivait en mer. Et
puis le nom n'a rien à voir.
Après Russel Falls, le
sentier continue pour grimper en haut de la cascade où se trouve
juste au dessus une autre cascade, Horeshoe Falls. On peut aussi
continuer encore plus loin pour arriver à un site rempli d'arbres
géants mais je n'y suis pas allé, cela faisait double emploi avec
les eucalyptus d'hier. J'ai préféré reprendre la voiture pour
m'enfoncer dans le parc par une piste de 19 kilomètres qui ne fait
que grimper et se termine au niveau du lac Dobson, au milieu des
alpages. Au cours de la montée, je me suis retrouvé dans la brume
puis juste au moment où l'on quittait la forêt pour passer à
l'étage subalpin, le soleil a montré son nez entre des nappes de
brume qui circulaient à vive allure. C'est donc ça !
Aujourd'hui est une belle journée alors que je pensais que le
mauvais temps avait fini par revenir. Il aura tout de même fallu
attendre 11h du matin pour que le fond de la vallée se dégage.
On peut faire le tour du
lac Dobson par une promenade facile d'à peine 30 minutes qui conduit
à un endroit vers le fond du lac rempli de pandanus. Il n'y a plus
que ça et on se croirait aux tropiques ! J'ai voulu ensuite
prendre un sentier qui menait à des espèces de mares disséminées
dans les prairies humides pour tenter d'apercevoir un platypus. Car
sur la carte délivrée par le centre des visiteurs, il y en a une où
il y a marqué « Platypus Tarn ». Seulement j'ai oublié
cette fichue carte dans la voiture, ce qui fait que j'ai rebroussé
sans avoir trouvé le chemin. Dans la voiture, au moment de vérifier
la jonction que j'avais ratée, j'ai compris que Platypus Tarn était
juste le nom donné à la mare. Ça ne voulait pas dire qu'il y en
ait. Car tout autour, d'autres mares portent des noms fantaisistes
comme « Eagle Tarn » ou encore « Twilight Tarn ».
Je suis redescendu dans
la vallée vers midi, alors que de nombreuses voitures et jeeps
venaient à contre sens, surgissant à fond la caisse au détour d'un
virage sans crier gare. A plusieurs reprises j'ai dû piler et un
moment j'ai bien cru que l'accident était inévitable. La piste est
en effet très sinueuse et deux voitures ne peuvent pas se croiser.
Et comme chacun croit qu'il est tout seul, personne ne fait
attention. Et les croisements ont toujours lieu quand on il n'y a pas
de visibilité, vous n'avez jamais remarqué ? Pour moi c'est
imparable. Je peux être sur une route déserte et voir surgir un
truc alors que je dois amorcer un virage, me faisant sursauter au
bord de l'attaque. Je ne compte plus le nombre de fois où ça m'est
arrivé, sinon je ne m'en serais jamais rendu compte.
J'ai écourté la balade
dans le parc de Mont Field car des montagnes j'en ai assez vues et
j'ai prévu pour le reste de mon séjour en Tasmanie de visiter deux
autres parcs nationaux situés l'un sur une île, Bruny Island,
l'autre sur une presqu'île, Tasman Peninsula. Ces deux endroits se
trouvent pas très loin d'Hobart et sont une manière parfaite de
finir en beauté mon circuit en Tasmanie avant de prendre l'avion.
Changement de décor donc et comme aujourd'hui semble être une
journée indécise et peut être la dernière avec le soleil, autant
en profiter pour me rendre à Bruny.
Au passage je me suis
arrêté dans la rue juste en face du backpacker où j'avais dormi la
première nuit en Tasmanie, dans l'idée d'utiliser leur réseau wifi
à portée dont j'ai conservé les codes. Ça a marché une demie
heure puis après, bien que je captais toujours le signal, je ne
pouvais plus me connecter à internet.
J'ai même redémarré
l'ordinateur, c'était toujours pareil. C'est comme si le
propriétaire s'en était rendu compte et avait débranché un truc.
Du coup je suis reparti en pestant, à la recherche d'un autre point
de connexion, allant et venant dans les rues l'ordinateur ouvert sur
les cuisses. J'ai fini par en trouver un vers le marché Salamanca
mais tandis que j'étais assis sur un banc public à l'ombre, à côté
de la voiture, un petit vieux avec une chemise bleue qui se déplaçait
comme flottant dans les airs est arrivé, tournicotant autour des
voitures. Un agent de la voirie avec un terminal dans les mains où
il pianotait des trucs. Il était justement en train d'inspecter la
voiture et de taper en même temps. Je me suis levé d'un bond, lui
disant que j'y allais, que je m'étais juste arrêté le temps de
chercher un truc sur internet. Il m'a juste dit OK. J'ai pensé que
c'était bon, mais pour les voitures à côté qui n'avaient pas
payé, il tapait juste en une fraction de seconde un truc, sans doute
le numéro de la plaque, avant de passer à une autre comme un
papillon, sans laisser de papier sur le pare brise.
Je ne connais pas
le système australien, si ça se trouve on n'a pas de contravention
et on reçoit un truc chez soi. Je suis allé me garer plus loin,
dans une autre rue, à l'opposé de la direction de son inspection et
cette fois je suis resté dans la voiture, comme j'étais sur une
place livraison. Eh bien devinez quoi, il est repassé 10 minutes
plus tard, sans s'arrêter, en venant par derrière où si ça se
trouve il avait eu tout le temps de noter la plaque sans voir qu'il y
avait quelqu'un à l'intérieur. Du coup ça me stresse, je n'arrête
pas d'y penser et je me demande si Europcar ne va pas me débiter la
carte bleue pour des contraventions qu'ils vont recevoir. Ça
m'énerve un peu ce système. On ne peut pas contester ou se
justifier, on ne sait même pas si on a fait une infraction. Mais
avec l’œil d'aigle du contrôleur visiblement payé à la prune,
il y a peu de chance que je passe à travers les mailles de son filet
sur les deux fois où j'ai croisé son parcours. Ça fait cher la
connexion à Internet! C'est bien symptomatique des villes où
circuler en voiture est un enfer et quand enfin on trouve un endroit
où s'arrêter on se fait aligner car il faut banquer ou on n'est pas
bien garé. Voilà pourquoi j'évite toujours les villes quand je
voyage, trop de stress. Ou alors il faut le faire à pied, comme à
Sydney. En parlant de Sydney, pour les jours où je vais y retourner
j'avais prévu de louer une voiture pour visiter le secteur; eh bien
après cette mésaventure, j'ai curieusement changé d'idée!
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