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vendredi 27 janvier 2012

Tasman Peninsula


La péninsule Tasman est seulement à quelques dizaines de kilomètres d'Hobart. L'accès est donc facile et assez fréquenté. Mais les gens y vont tous pour voir Port Arthur, une espèce de ruine de prison qui attire des bus entiers venus de tout le pays. J'y ai fait un saut, j'ai vu de loin des façades, des gens qui marchaient autour au milieu d'un gazon bien tondu et je suis reparti. Des ruines quoi ! Je suis bien plus intéressé par les curiosités naturelles que pour voir des tas de cailloux censés raconter une histoire.
Quand on arrive sur la péninsule, on ne réalise pas vraiment. On circule autour de champs à vaches aux herbes folles jaunies avec des bras de mer qui passent de temps en temps. Une certaine idée de la Bretagne, le temps en mieux. Les choses deviennent plus intéressantes dès que l'on arrive à Eagleye Neck, un goulot d'étranglement qui dessine une belle baie, Pirates Bay, cerclée de forêts d'eucalyptus que l'on traverse après des panneaux indiquant des traversées de diables de Tasmanie. 
La côte au delà devient très escarpée et modelée par de hautes falaises qui atteignent 200 mètres, les plus hautes d’Australie. Pour aller admirer cet endroit, il en coûte 5 heures de randonnée. Comme je n'avais pas le courage - je crois que ma randonnée au lac Saint Clair a annihilé toute ma volonté - je me suis contenté de deux curiosités que l'on rejoint en 10 minutes de marche, Tasmans Arch, un trou dans la falaise, bien clôturé pour qu'on ne tombe pas dedans, relié à la mer par une trouée qui forme une arche ; et Devil's kitchen, une faille dans laquelle pénètrent les vagues avec fougue et écume. Devil's kitchen est plus impressionnant, quand on se penche en avant on ne peut qu'avoir le vertige. Ces deux endroits ont la même origine : des grottes marines, qui se sont élargies. L’érosion progressant, le travail de sape a provoqué la chute d'une partie du toit de la grotte pour Tasmans Arch, tandis que pour Devil's kitchen, tout le plafond s'est effondré. 
Le phénomène remonte à l'âge du Permien, c'est à dire il y a très longtemps. La côte à partir de Tasmans Arch est incluse dans le Tasman National Park. On peut explorer plus loin, soit par la randonnée de plusieurs heures, soit au moyen d'un bateau des nombreuses excursions proposées au départ de Pirates Bay.
En continuant la route en direction de Port Arthur, je suis passé devant un centre d'observation de diables de Tasmanie avec en photo de devanture un adorable bébé galopant dans les prés pour attirer le chaland. J'ai tracé ma route, je ne suis pas fan des zoos où tout est servi sur un plateau d'argent sans que l'on ait besoin de chercher par soi même. Je préfère prendre le temps de débusquer les bestioles ou de tomber dessus nez à nez par le plus grand des hasards. D'un autre côté c'est mon dernier jour en Tasmanie et ce serait bête de manquer cette ultime occasion d'en voir un, puisqu'il est très rare d'en voir dans la nature. Du coup j'ai fait demi tour.
Le zoo se veut un non zoo et en ce sens il a bien réussi son pari. Il n'y a pas que des diables de Tasmanie, on y rencontre aussi des kangourous, des écureuils mouchetés qui dorment en tas au creux d'un tronc mort, des espèces de loirs, des wallabys... Tout est contenu au sein d'un grand domaine à cheval entre prairies et forêts, en bordure d'un bras de mer. En fait le concept c'est que les animaux sont en liberté dans ces espaces et on pénètre à l'intérieur par un sas qui évite aux animaux de s'échapper. Il n'y a que les diables qui sont contenus dans un espace cerclé de murets de pierre. Et il vaut mieux car la bête n'a rien d'un ange ! On peut le voir de plus près dans un autre enclos où l'on pénètre dans une bulle dans laquelle on peut se tenir debout, par un tunnel souterrain où l'on rampe à quatre pattes et qui mène au centre de leur réserve. L'entrée est désignée par un ironique panneau « Enter at your own peril ». 
Quand j'y ai pénétré, je me suis retrouvé nez nez avec le diable, mais il roupillait ! J'avais beau taper sur la vitre en plexiglas de ma bulle, ça le laissait de marbre. Je l'ai donc laissé à la sieste pour retourner à l'autre enclos où c'était l'heure du feeding.
Il y avait trois diables, un plus gros et deux jeunots qui passaient leur temps à se pourchasser à vive allure, ventre à terre en grognant. Ce n'est pas commode comme bestiole, ça montre les dents le plus souvent, ça bave, ça ne supporte rien et c'est très trapu, leur donnant un air pataud qui arrive à les rendre aimables. Quand le garde est arrivé avec une boîte en polystyrène, ils sont devenus hystériques. Le diable de Tasmanie est un marsupial carnivore de la taille d'un caniche, comme ce que j'avais crû apercevoir, qui vivait auparavant dans toute l'Australie et qui ne survit plus qu'en Tasmanie, comme son nom l'indique. 
Il est en voie de disparition, d'autant plus qu'il est victime depuis quelques années d'une tumeur cancéreuse de la face, transmissible par contact (entre eux j'espère) qui a décimé 60% de la population. Les scientifiques du monde entier se penchent sur la question pour savoir quel est l'agent qui provoque ces cancers et réfléchissant au moyen de les soigner. Le diable ne vit que 5 ans alors que les kangourous vont jusqu'à 15 ans, ce qui est très peu. La gestation ne dure que 19 jours et la femelle peut mettre bas 24 embryons en même temps mais seuls les 4 plus rapides survivront car dans leur poche il n'y a de la place que pour 4. Sans doute une sélection naturelle pour être sûr d'avoir à la fin des petits bien vigoureux. Les bébés restent ensuite dans la poche 8 mois, ce qui fait beaucoup dans une vie de diable !
Quand le garde à ouvert la boîte il nous a toute de suite prévenu qu'après cela on ne les trouverait plus jamais mignons. Il en a extrait une cuisse de kangourou, pauvre bestiole sacrifiée pour nourrir des monstres minuscules à côté. Les diables faisaient des bonds pour essayer de saisir le cuissot en grognant de plus belle. Au moment où le garde a tout lâché, ils se sont jetés dessus dans une frénésie folle, comme des piranhas dans un film d'horreur. Ils étaient tous les trois à tirer dessus, voulant garder le morceau entier pour eux-mêmes, dépeçant les chairs à la force de leurs mâchoires, en tirant dessus. L'un d'entre eux a même réussi en tirant à scalper la peau de la bête et s'est régalé en l'engloutissant, fourrure comprise. Ils ne font pas de chichis et bouffent tout, que ça soit roulé dans la terre, traîné, souillé, ils s'en moquent. Un autre avait réussi à garder la meilleure partie du jambon et a tout mangé, brisant les os à la force de ses dents que l'on entendait craquer. 
Ils n'ont rien laissé, après même pas dix minutes il ne restait plus une miette, que des gros ventres bien repus. En fait le diable de Tasmanie est un charognard mais je n'aimerais pas me retrouver nez à nez avec dans la nature, il a l'air d'avoir un appétit très vorace.
A côté, les kangourous sont bien plus paisibles, avec leur faux air de chameau, on dirait qu'il sourient tout le temps. Sans doute habitués à ce que les gens s'en approchent, j'ai pu venir au contact de l'un d'entre eux sans que ça le gêne le moins du monde. Pourtant s'il avait voulu, il aurait pu m'en coller une aisément, avec ses pattes avant garnies de griffes très acérées. Je l'ai caressé entre les oreilles, ça a la fourrure rêche comme un paillasson ! Et je ne saurais dire s'il a apprécié ou non. 
Il y avait aussi un couple allongé à l'ombre avec un petit devenu trop grand pour rester dans sa poche, qui faisait des contorsions pour y rester, tout panards dehors. Je suis resté plus de deux heures dans le zoo mais pendant ce temps l'heure tournait et j'avais encore le tour de la péninsule à poursuivre. Je n'étais pas venu pour voir des bestiaux.
Aussi le déjeuner s'est résumé à un vague arrêt dans une aire de jeu pour mômes pendant que je m'agaçais à devoir perdre du temps à manger. Avant je le faisais dans la voiture, tout en conduisant mais j'ai lu les conditions générales de location et il y a tout un chapitre illustré avec ce qui est acceptable de ce qui ne l'est pas et apparemment rien n'a l'air acceptable. En gros il faut rendre le véhicule dans l'état où on l'a eu ! Dure tâche sachant qu'il était quasiment neuf. Seulement, 1800 kilomètres plus tard, avec la Western Explorer et 10 jours à vivre dedans, l'état laisse à désirer. 
Il a donc fallu que je la nettoie un peu, à l'aide d'essuie-mains en papier pris dans les toilettes publiques et d'un peu d'eau que j'avais remplie dans un bidon. J'y ai passé plus d'une heure pour effacer toute trace de poussière car à la lecture du contrat il est également stipulé qu'on n'a pas le droit de conduire sur des chemins non goudronnés. Et comme la Tasmanie est pleine de ces pistes, à mon avis c'est la première chose qu'ils vérifieront.
Mon arrêt d'après c'était White Beach, qui vaut bien son nom, protégée au fond d'une crique, à l'abri du vent et donc très peuplée de familles, d'autant plus qu'on est samedi. J'y suis juste resté le temps d'une photo. Ensuite, à Port Arthur j'ai voulu monter en haut d'un point de vie mais il était fermé. Je suis donc retourné à Pirates Bay, espérant avoir une heure de répit sur la plage avant de rentrer, car il était déjà près de 17 heures. 
J'ai des journées bien remplies, debout entre 5 et 6 heures, coucher après 21 heures, en n'arrêtant pas de crapahuter entre les deux. A force une certaine fatigue s'installe mais qui s'éclipse devant l'excitation de la découverte. A Pirates Bay, le vent soufflait de côté mais j''ai quand même pu faire une petite sieste d'une demi heure avant d'être réveillé par le froid. J'ai donc quitté la péninsule pour me rapprocher de l'aéroport.
Juste à côté de l'aéroport il y a une belle plage, 7 Miles Beach, bordée de dunes et de pins. J'ai facilement trouvé un endroit où planter la tente, sous les pins. Mais le long de la piste que j'avais emprunté il n'arrêtait pas d'y avoir du passage de pick-ups qui allaient Dieu sait où et qui revenaient ensuite. En plus je devais être juste à côté d'un héliport car cela faisait plus d'une heure qu'un hélicoptère faisait des tours de piste sans jamais vouloir s'en aller. Pire qu'un taon qui tourne en rond ! 
Ça m'a rappelé quand j'avais dormi en Nouvelle-Zélande au sud de Ninety Mile Beach et que j'avais été réveillé par un hélicoptère qui faisait mumuse. Comme je ne voulais pas renouveler l'expérience, je me suis arraché de là, surtout que je disposais de peu de temps pour dormir ce soir. Mon vol demain pour Adelaïde est à 6h05 et je dois être à l'aéroport ¾ d'heure plus tôt, quelle idée ! J'ai donc dû mettre le réveil en route.












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