Pennington Bay |
Aujourd'hui mon objectif
était de rencontrer un koala. Objectif réussi ! Je suis venu
tout spécialement pour le voir. Il y a aussi plein de kangourous,
d'où le nom de l'île, mais ils m'intéressent moins par rapport au
koala que je n'ai pas encore réussi à voir.
Auparavant, j'ai pris ce
matin la route vers l'ouest de l'île, sans savoir vraiment où
aller. Il y a des attractions phare situées dans des parcs nationaux
mais c'est à l'autre bout et j'ai tout le temps, contrairement aux
excursions qui viennent ici pour la journée depuis Adélaïde. Une
folie vu le temps pour venir et rentrer, plus le bateau et la
traversée de l'île de plus de 150 kilomètres. Cela devrait être
interdit, ce n'est pas comme ça qu'on soigne le réchauffement
climatique. Bon, je suis mal placé pour donner des leçons, avec mon
tour du monde je sais que j'ai explosé les quotas. Un aller/retour
Paris-Los Angeles rejète autant de CO2 qu'une année de voiture.
Mais bon il y a un moment où il faut bien faire des sacrifices,
sinon on ne sort plus de chez soi. Et puis que je prenne l'avion ou
non, il continue à voler, avec ou sans moi. C'est ce que je me dis
pour me donner bonne conscience.
[NDLR : J'ai dû
interrompre la rédaction de ce blog presque une demie heure depuis
la ligne précédente, pour cause de kangourous dans les prés autour
de ma tente. Sales bêtes pour qui l'appel de l'appareil photo est
plus fort ! Du coup je suis tout déconcentré... Je continuerai
demain matin, je ne sais plus ce que je voulais dire...]
Non loin de Penneshaw se
trouve une piste sur la gauche indiquée Pennington Bay qui aboutit
rapidement sur une superbe baie ourlée de rouleaux. Sur le parking
il y avait quelques voitures et des picks-ups de surfeurs, ayant
laissé la housse à même le sol, portières de voiture ouvertes et
clefs sur le contact. C'est ainsi que ça se passe sur Kangaroo. Mon
guide disait : « The island belongs to another age - a
folksy, friendly, less sophisticated time when you'd leave your car
unlocked and knew everyone by name ». Bien vu, ce n'est pas une
de ces formules pour attirer le touriste.
Une pensée pour Pau... |
Où que j'aille j'ai de
larges sourires, des gens aimables qui plaisantent avec moi, des
vendeurs qui me demandent comment je vais et me souhaitent « a
lovely day », des conducteurs de pick-ups détendus qui me font
un petit signe de la main quand je les croise, une voiture qui s'est
arrêtée alors que je croyais avoir crevé sur une piste (j'y
reviendrai)... Bref on se sent chez soi, ça change de l'ambiance
mélanésienne et je me demande pourquoi je ne suis pas venu en
Australie avant. Ça donne envie de venir tous les hivers pour fuir
la grisaille et la morosité. Je crois d'ailleurs que je ne vais pas
tarder à revenir rapidement en Australie. J'ai découvert un pays
immense et merveilleux très nature et avec tellement de choses
différentes à voir. Pour l'instant si je ne devais pas rentrer,
c'est en Australie que je resterais. Ce n'est pas si isolé du monde
qu'on veut bien nous le faire croire. Le Pacifique est à quelques
heures de vol, tout comme l'Asie, l'Océan Indien et même
l'Amérique. Il y a moyen de voyager ailleurs sans aller à l'autre
bout de la Terre. J'écrivais au début de mon voyage que je
cherchais s'il y avait un endroit où la vie serait plus douce. Peut
être que cet endroit c'est l'Australie...
Je suis resté quelques
heures sur la plage, le temps de batifoler plusieurs fois dans les
vagues, de faire un château de sable et de m'imprégner du paysage.
Il faut faire attention car la baignade est dangereuse, je sentais de
forts courants me tirer les jambes vers le large et alors que j'étais
désarçonné par une vague, j'ai été entraîné au loin ayant du
mal à arrêter la course avec les pieds. Et pourtant j'avais de
l'eau au nombril. Juste à côté de la plage se trouve ce qui
ressemble à une haute colline que l'on peut gravir et qui est en
fait une vieille dune de sable consolidée par toute la végétation
qui y a pris racine. L'endroit se nomme Prospect Hill, baptisé ainsi
par Matthew Flinders qui s'y est rendu en 1802, et permet d'avoir
une vue à 360 degrés sur une très grande partie de l'île. C'était
un explorateur britannique dont on retrouve le nom à de nombreux
endroits : un parc national sur Kangaroo Island, le nom d'une
île en Tasmanie...
L'histoire géologique de l'île remonte quant à
elle à quelques 550 millions d'années et a connu entre temps une
période de glaciation, au cours de laquelle l’Australie était
toute proche du pôle, formant des rochers polis par les glaciers que
l'on peut voir un peu partout. La configuration actuelle de l'île
remonte seulement 17000 ans en arrière.
Il y a un autre endroit à
voir sur la côte nord, Emu Bay pour sa belle et longue plage bien
abritée avec une dune dans son dos sur laquelle quelques maisons
bien dissimulées ont pris pied. Pas de vague à attendre de ce côté
là. A la place, des couleurs de lagon et une irrépressible envie
d'aller se baigner. Je n'étais pas le seul à en avoir eu l'idée,
quelques voitures étaient sur la plage (comme en Nouvelle-Zélande,
les plages sont ouvertes à la circulation). Pendant que je me
baignais, une jeune fille pas très loin s'est mise à me parler me
faisant de grands signes pour que je regarde au large.
Lac de sel |
Je n'ai pas
saisi ce qu'elle voulait me dire. Quoi, une méduse géante ? Eh
bien non, à la place j'ai eu droit à un dauphin qui patrouillait à
10 mètres de moi ! J'entendais sa respiration chaque fois qu'il
remontait à la surface pour reprendre son souffle. Si j'avais eu un
masque, j'aurais pu le voir sous l'eau. Il faudra absolument que je
pense à en acheter un sur Sydney avant de reprendre le cours de mes
activités tropicales.
Après la baignade avec
un dauphin et un pique nique à l'ombre des pins et des eucalyptus
accompagné du chant des cigales, j'ai repris la route direction Seal
Bay, endroit stratégique où des phoques et des lions de mer ont
pris possession de la plage. Pour le coup ils en ont fait une aire
protégée qui ressemble plus à un parc d'attraction car il faut
payer un droit d'entrée, tout étant barricadé. Une chose que je
reproche à l’Australie c'est la marchandisation de leurs sites
naturels. Ça gâche un peu le plaisir.
Emu Bay |
Un peu avant j'ai trouvé une
piste fléchée vers D'Estrees Bay, d'une taille importante sur la
carte et dotée de trois campings et de nombreuses criques. Comme il
n'était pas si tard que cela, les mammifères marins attendront,
d'autant plus que je pense qu'ils doivent être plus vivaces en fin
de journée quand il fait moins chaud. On se demande ce que foutent
des phoques dehors par 40 à l'ombre ! La piste jusqu'à la baie
fait plus de 20 kilomètres de long. Tout le long il n'y a que des
eucalyptus et une terre rouge très poussiéreuse. Je guettais les
branches à la recherche d'un koala. Cela devient vite très
fatiguant de voir défiler des troncs et des branches sans fin et
surtout c'est assez dangereux avec la piste que je quittais un peu
régulièrement. J'ai donc abandonné la partie, reportant la
recherche pour quand je serai dans le parc National de Flinders Chase
qui doit en regorger, vu que c'est un parc national.
Juste au moment
où j'avais abandonné, j'ai distingué une silhouette floue dans mon
champ de vision au moment où je passais sous une branche. J'ai levé
les yeux et là j'ai vu une petite boule grise installée dans la
fourche. J'ai pilé instantanément. Et je suis allé voir mon
premier koala en liberté !
C'était trop drôle de
le voir enroulé autour du tronc. J'ai eu de la chance, ma présence
l'a réveillé et il était très intrigué d'avoir de la visite. Il
n’arrêtait pas de me fixer du regard. Quand je passais de l'autre
côté, il levait la tête par dessus la branche pour continuer à me
voir. Bouger la tête c'est tout ce qu'il sait faire. On ne peut pas
dire que ce soit une bestiole très agitée. Pour avoir une photo
floue de l'animal, il faut y mettre beaucoup de mauvaise volonté !
Un koala ça a une grosse tête large avec des oreilles
surdimensionnées et très poilues que les rayons du soleil
auréolaient comme une apparition divine ! Ça a aussi des pieds
comme un singe. Depuis le temps que j'en cherchais un de koala, je
l'ai eu. Je l'ai photographié sous toutes les coutures. Vu sa
vivacité, c'est à se demander comment il est arrivé là haut. En
tout cas je comprends mieux pourquoi il n'existe pas de panneau
indiquant une traversée imminente de koalas ! Je recherchais un
de ces panneaux de signalisation comiques pour compléter ma
collection, il faudra que je fasse sans la famille koala.
En continuant la route
vers la baie, le chemin s’est fait de plus en plus difficile, il y
avait des ces empreintes qui font comme si des chenilles de char
d'assaut étaient passées par là. Plein de petites bosses comme des
vaguelettes. J'ai réduit la vitesse et je comprendrai plus tard que
je n’aurais pas dû. La faible vitesse amplifie le phénomène et
au son que faisait la voiture, j'ai cru nettement qu'un pneu avait
éclaté. Je me suis arrêté vérifier chacune des roues, la boule
au ventre. Au même moment est arrivée une voiture derrière moi qui
s'est arrêtée pour me venir en aide. Heureusement je n'avais pas
crevé et j'ai fait signe que tout allait bien. J'ai continué à
vitesse d'escargot jusqu'à la baie, pour rien car il n'y a rien à
voir, que des rochers et des algues. Pour les criques, il faut encore
10 autres kilomètres. Ma patience ayant des limites, j'ai fait demi
tour, en allant cette fois plus vite et j'ai alors compris qu'en
roulant vite on ne sent pas ces bosses qui font comme des coups de
mitraillette, les roues n'ont pas le temps de les sentir.
En
revanche, sorti de là j'avais la voiture dans un des ces états !
Comme je suis toujours avec une location Europcar (ils ont des tarifs
imbattables avec le code donné par les auberges de jeunesse), les
conditions de location n'ont pas changé et j'ai donc dû la nettoyer
une fois rendu sur la route, la poussière rouge s'étant incrustée
partout, même dans les joints de portière et surtout là où c'est
impossible à nettoyer.
Quand je suis arrivé à
Seal Bay, c'était trop tard, ils fermaient 20 minutes plus tard à
17 heures. Quelle idée ! Alors que le soleil se couche à
20h30, c’est bien tôt. Ils m'ont demandé de revenir demain. Je ne
sais pas si je reviendrai, des lions de mer j'en ai déjà vus. A la
place je me suis dirigé vers Vivonne Bay, dernier village où je
pourrais me rassasier et dormir car il dispose d'un terrain de
camping.
Il peut toujours rêver pour rentrer dans la poche! |
Sauf que je n'ai pas trouvé le dit terrain, c'était encore
une piste cabossée sans fin pour y parvenir. Par contre sur le
chemin j'ai trouvé un terrain de golf artisanal aux prairies brûlées
par le soleil. C'est là que j'ai mis la tente, derrière un fourré,
parmi les kangourous qui sont tous venus en famille manger par là à
la tombée de la nuit. Vivonne Bay ne mérite pas de figurer comme un
point sur la carte, je n'ai jamais vu un village comme ça. C'est un
general store qui fait tout : essence, restauration, librairie,
point de retrait d'argent... Il n'y a rien d'autre ! Et la
cuisine fermant à 18h30, j'ai pris le dîner à 6 heures du soir. A
7 heures ils avaient fermé boutique ! Je suis vraiment tombé
dans un truc de bout du monde. C’est ce que j'aime, il y avait
d'autres personnes comme moi, des routards, avec des voitures
poussiéreuses bien chargées, des campervans, pas mal de français
curieusement. Peut être des gens qui viennent visiter en indépendant
comme je le fais. Les bus à la journée c'est pour les japonais,
j'en ai vu plein qui jacassaient comme des pies et qui sont partis
avec le soleil...
C trop mignon
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