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samedi 21 avril 2012

Une journée dans les vagues


J'ai bien cru la nuit dernière que la tente allait s'envoler avec moi dedans. Un vent de folie s'est levé dès l'instant où je me suis couché. La toile claquait prête à se rompre et la pluie n'a pas mis bien longtemps à arriver. Un nouveau déluge mais cette fois pire que tout ce que j'ai connu jusqu'ici. Ça a duré jusqu'à trois heures du matin. Le joli plancton phosphorescent devait en être tout retourné ! Ce matin tout était inondé, le camp semblait avoir été pris dans un tsunami. Par chance ma tente est sur un endroit plus haut que le reste. Un hasard qui fait bien les choses sinon j'aurais fait piscine comme aux Fidji. Des campeurs se sont réfugiés autour du bâtiment des sanitaires, l'air dépités, se tenant la tête dans les mains avec des sacs de couchage qui pendouillent le temps que ça sèche. Ma tente résiste bien, les Décathlon de ce côté là sont irréprochables. Et pourtant je ne leur fait pas de la pub. Le beau temps est par contre de retour et le vent est tombé, comme si rien ne s'était passé. Ou presque ! 
Car la mer est démontée, d'énormes rouleaux sont là et n'attendent que moi. En plus c'est marée montante. En revanche, la mer a charrié tout un tas de détritus et la plage est un vrai dépotoir. On y trouve de tout et je suis toujours effaré de voir de telles choses dans la mer : des tongs, des corbeilles à linge, des cordes, des pinceaux, des brosses à dents...
Je me suis dépêché d'aller prendre un petit déjeuner avant d'aller piquer une tête. J'y ai retrouvé Axelle et Samuel, deux des français du bain aux étoiles. Gimmo est parti pour l'autre plage depuis hier, on ne le voit plus. Ils n'ont rien entendu la nuit dernière et c'est à peine s'ils me croyaient quand je leur ai dépeint la tempête. Parfois je me dis que je ferais mieux de prendre un bungalow. Pour seulement le double du camping... Mais j'aime bien la tente et c'est la dernière fois que je peux en faire du voyage. 
On dirait le lapin de la pub Duracell!
En plus les bungalows du quartier général sont par groupe de quatre jumelés. Aussi je crains un peu côté bruits de voisinage. Les français partent ce matin, direction Bangkok après 16 heures de bus. Un truc de fou ! Samuel s'apprête aussi à faire un tour du monde pour ses 30 ans qui tombent cette année. Il compte prendre 11 mois mais son parcours est très ambitieux : Europe, Inde, Asie, Australie, Amérique du Sud, Canada... Ici je n'étonne plus personne avec mon tour du monde, tous les routards finissent pas se retrouver en Thaïlande. Et il doit y avoir un vent particulier qui suscite des vocations car c'est ici en Thaïlande que j'avais pris la décision d'un tour du monde en janvier 2010. On s'est quitté comme ça, avec un « à peut être à Paris dans le métro ». Ah non, quelle horreur ! Faites moi dynamiter ça avant que je rentre !
Quand je demande à quelqu'un : «vous restez combien de temps ? » et qu'on me répond « jusqu'à lundi », ça ne m'aide pas beaucoup ! 
Aussi je réponds à chaque fois que je ne sais pas quel jour de la semaine on est, et ce depuis des mois. Généralement je passe pour un extraterrestre alors j'explique que c'est la première chose qu'on oublie quand on a le temps avec soi. C'est le doux privilège de faire un tour du monde. Il y a certaines dates dont j'ai eu vent du jour mais j'oublie aussitôt. Je ne sais même pas quel jour est tombé mon anniversaire cette année. Qu'est ce que cela peut bien faire ? Je me rends compte vraiment que le concept des jours de la semaine est une invention qui n'a son utilité que dans le monde du travail, pour faire la distinction entre les jours travaillés et le week-end. A part pour ça, je ne vois pas quel est l’intérêt. Pour mon voyage, c'est tous les jours le jour du Seigneur qui m'offre de belles journées et que je remercie quand j'y pense. Comme aujourd'hui. Car c'est un bonheur ineffable que de nager dans une mer déchaînée. 
Nager, enfin si on peut dire ! J’étais le plus clair du temps sous l'eau, les vagues étant très rapprochées les unes des autres, on avait juste le temps de prendre sa respiration qu'une autre arrivait. Je n’avais même pas le temps de m’essuyer les yeux, je finissais par voir tout trouble et les oreilles complètement bouchées.
C'est étonnant que la mer continue à être agitée une journée entière une fois le vent retombé. Je peux comprendre quelle se soulève sous l'effet du vent, mais pourquoi continue-t-elle sur sa lancée ? Il doit y avoir une explication scientifique là dessous ! A propos de science, j'ai encore refait ce rêve débile que je fais depuis des années, où je reprends mes études de biologie pour faire un boulot que j'ignore mais que je sais payé des clopinettes, juste dans le but de suivre des études et d'avoir la paix par rapport au monde du travail. 
Mais dans le rêve je suis aussi angoissé car incapable de me focaliser sur les études et d’appendre les cours. J'ai un autre rêve qui tourne aussi en boucle dans mes nuits de sommeil : je repasse le bac tout en sachant que je l'ai déjà, simplement pour avoir de meilleures notes et un meilleur dossier. Il y en avait une au lycée, en terminale qui avait fait ça, pour postuler en prépa. Et dans le rêve, je suis plus nul que la première fois, recalé au bac après l'avoir eu ! Docteur Freud, y a-t-il un message caché derrière ces rêves ? Et pourquoi je n’arrête pas de les faire ? Ça en devient pénible !
Pour en revenir à la baignade, elle est très dangereuse. Je n'y ai vu qu'un couple ce matin qui n'a pas renouvelé l'expérience, ils étaient pourtant restés au bord. Il faut dire qu'il y a un méchant courant qui emporte le long de la plage. 
En trois quart d'heure de baignade j’ai fait 500 mètres. Oui je me baigne trois quarts d’heure, pourquoi, c'est indécent ? Mais il y a pire : à certains endroits, tandis qu'on plonge pour éviter l'affrontement, on ne réalise pas tout de suite que les vagues ne nous ramènent pas vers le bord mais qu'au contraire chaque nouvelle vague avant de déferler attire vers le large un peu plus. Il y a eu ainsi plusieurs reprises où j'ai dû nager vaillamment pour retrouver pied. Pourtant j'ai l'habitude dans le sud-ouest. Ici c’est pire. Alors que c'était calme à en mourir les jours derniers. Pour le maillot de bain, il n'y a pas résisté. Il a fini en boule autour du poignet, prenant soin d'avoir toujours la ligne de l'eau cachant ce qui doit être caché. Pas évident dans une mer en furie...
En sortant de l’eau je titubais. C'est le signe que je me suis bien amusé. J'en ai profité un maximum, ne cessant d’être dans l'eau toute la journée. Malheureusement avec la marée descendante les vagues sont devenues moins belles. Un coup classique. 
Celui là on dirait vraiment un gag!
Aujourd'hui je n'ai pas fait grand chose, je suis resté devant la tente, ne la quittant que pour le déjeuner. Entre deux bains, je rêvassais sous les filaos, ou bien je marchais sur la plage, attiré par des macaques ou un couple d'aigle blanc aux ailes orangées qui planait en cercles juste autour de moi. J'ai aussi fait des plantations. Le bord de la plage est couvert de pousses de palétuviers amenées par la marée et qui ont déjà un faisceau de racines à la base. Aussi j'ai eu pitié, je les ai enterrées dans le sable. Pas sûr qu'elles résistent à la prochaine tempête mais en attendant je vais pouvoir surveiller leur croissance d'ici que je parte. Du moins je l'espère. J'ai choisi des emplacements où des ruisseaux de fortune issus des inondations viennent couler sur la plage.
Il me reste une chose que je n'ai pas encore faite sur Tarutao, c’est le petit tour en canoë sur une rivière ou un bras de mer couvert de mangrove qui rejoint une grotte, Crocodile Cave. Il y en avait dans le temps, il paraît qu'ils ont disparu depuis. Ils pourraient bien revenir le jour où j'y vais, c'est à dire demain ! 
Il est dit aussi qu'il ne faut pas toucher les parois de la grotte, sans doute un truc sacré ou maléfique. Même si je ne crois pas trop à ces choses là, par superstition j’éviterai d'attirer le mauvais œil. J'ai l'impression que ce soir on est moins nombreux. On était à peine une dizaine au restaurant. Les gens vont et viennent ici, ils restent en moyenne deux nuits, Tarutao n'étant qu'un stop pour eux. Je peux aussi dire que les gilets rouges n'aiment pas cette île. Sans doute pas assez de curiosités pour se prendre en photo devant. A mon avis c'est trop roots pour eux, ils préfèrent quand ça grouille, ça leur rappelle la maison. Du coup il n'y a que des occidentaux qui viennent là.
Au restaurant il y a un chaton blanc qui mange à tous les râteliers. Je n'ai jamais vu ça, il miaule non stop pour quémander, c’est une machine à miauler ! Il est adorable avec ses grands yeux luisants comme deux billes mais on a envie de l’écraser sous sa chaussure pour ne plus l'entendre. Alors on finit par craquer et par lui donner un petit quelque chose. Et dès qu'il a fini, il recommence. Il n'en a jamais assez. Je ne sais pas où tout ça passe, sans doute qu'il finit par s'épuiser à miauler. Je l'ai pris sur les genoux pour le caresser, on sent tous ses os. Il a quand même fini par ronronner, comme quoi c'est un chat normal qui sait faire autre chose que miauler ! Je suis sûr que c'est son truc à lui pour attirer l'attention. Quand il miaule, il prend un pauvre air en fermant les yeux avec la tête qui part de travers comme s'il allait s'évanouir. Ah ces chats, ce sont de grands comédiens !

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