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mercredi 18 avril 2012

Koh Tarutao


Après la mini déprime d'hier, j'ai repris du poil de la bête aujourd'hui. Grâce à la providence qui m'a fait rencontrer une baroudeuse, brute de décoffrage, sur le bateau qui m'amenait. Une française. On s'était déjà donné un coup d’œil complice sur le long tail boat qui nous menait au bateau, en raison d'une fille à côté de nous pendue à son téléphone en hurlant. Une fois sur le bateau, elle a engagé la conversation, directement en français. Comment le savait elle pour moi ? C'est marqué sur mon front ? Pourtant avec ma casquette « Australia » je brouille plutôt les pistes ! On était tous les deux contents de quitter Koh Lipe, reconnaissant au passage que c'était fort joli mais gâché par les gens. J'ai appris que c'était les vacances en Thaïlande, ce qui explique le monde. Elle est allée juste avant sur Koh Tarutao et m'a donné tout un tas de conseils sur les sites qu'elle avait bien aimé. C'est une marcheuse, elle a fait une randonnée de 48 kilomètres en une journée. Un peu trop pour moi. 
Elle m'a dit que Koh Tarutao était très tranquille, elle avait déniché un bungalow pour 600 baths (15 euros) les pieds dans l'eau à 4 kilomètre du débarcadère. Car sur Koh Tarutao, il y a plusieurs sites où l'on peut être accueilli. Il n'y a pas que des sites pour camper, on trouve aussi des hébergements en dur. Elle était toute seule dans sa baie et m'a conseillé d'avoir un bon bouquin car il n'y a rien à faire. Faut le dire vite ! Avec moi je trouve toujours quelque chose à faire. Je n'ai pas de livres et je m'en passe bien. Ça m’allège d'autant. D'ailleurs elle était sidérée de voir la taille de mes bagages.
On a discuté toute l'heure que durait la traversée comme si on était de vieux amis qui se retrouvaient et avaient plein de trucs à raconter. Elle rentre sur la péninsule pour prendre un vol. C'est son dernier jour. Elle ne s’embarrasse pas des manières et m'a avoué rapidement qu'elle se baignait à poil, me montrant son épaule sans marque. Elle n'aime pas les marques. Je ne lui demandais rien ! 
Elle semble être une fermière soviétique sortie d'un kolkhoze. Ceci pour situer le personnage. Elle voyage aussi seule, tous les ans. Elle a essayé de voyager avec quelqu'un, via des petites annonces de coéquipiers sur des forums de voyage et ça s’est mal passé, elle l'a laissé en plan en pleine cambrousse à Madagascar. Depuis elle préfère voyager seule. Tout comme moi, c'est difficile de trouver quelqu'un qui ait la disponibilité, l'envie et les sous pour me suivre. De plus il n'y a pas un seul voyageur qui chercher la même chose aussi c'est dur de trouver quelqu'un qui envisage l'aventure de la même façon. Hors il n'y a que dans ces conditions que ça peut marcher. Je lui ai raconté ma déconvenue avec le bateau que j'avais loué en Thaïlande il y a deux ans. J’avais recruté des gens que j'avais rencontré à un stage UCPA aux Maldives et l'une des filles avait amené son type qu'on ne connaissait pas. Il me semble avoir déjà raconté ça dans un message lointain. Bref, ça s'était terminé par un clash, et il nous avait quitté avec sa copine, drapé dans sa fierté à Koh Lanta pour rejoindre Phuket et passer le reste de son séjour à faire du jet-ski et à manger des hamburgers. Dans ces conditions en voyageant seul on n'a pas ces soucis !
La fille d'aujourd'hui – c'est son nom, on ne s'est même pas présenté – m'a remonté le moral sans le savoir car elle m'a avoué son secret. C'est une saisonnière, elle est maître nageur et ne travaille que l'été. Le reste du temps elle voyage en touchant les allocations chômage. Certains lui disent qu'elle profite du système, ce à quoi elle répond qu'elle cotise et ne fait que récolter ce qu'elle a droit. Si demain les lois sur le chômage devaient changer elle s'en accommoderait. En attendant elle a trouvé sa voie, elle n'a ni enfants ni mari, a fini de rembourser le crédit de sa maison qu'elle loue quand elle n'y est pas, ce qui lui rapporte 1300 euros de rente, autant que les Assédic. Avec 2600 euros par mois sans travailler, elle est la reine du pétrole en Asie, là où à Paris avec cette somme elle vivoterait. Avant, elle avait un CDI et ne veut plus jamais en entendre parler. Avec ses CDD elle a la liberté. 
C'est alors que j'ai réalisé qu'avec le boulot si on veut me faire chier, je n'aurai qu'à faire de la résistance. Et si on veut me virer, ce n'est pas bien grave. Je choisirai alors de bosser en indépendant ou en demandant aussi des CDD, voyageant entre deux contrats moi aussi. Je n'aurais jamais dû vendre mon appartement de Paris. Puisque je n'y étais pas bien, j'aurais dû le louer, ça m'aurait fait une rente d'au moins 1000 euros par mois et avec des prix qui grimpent de 20% par an, j'aurais été doublement gagnant. On peut dire que je ne suis pas doué en affaires. J'ai lu que si l'on avait un appartement sur Paris, c'était quelque chose à ne jamais vendre, la demande étant tellement énorme. Et je n’aurais eu aucune scrupule d’être financé par un pauvre cadre qui trime dur et préfère être dans le système et supporter des voisins bruyants pendant que je profite de la vie à l'autre bout de la planète en percevant son loyer. Bref, mon enthousiasme est revenu, personne ne réussira plus à me faire déprimer !
Dans la conversation, on a poursuivi sur le fait que les endroits sauvages étaient de plus en plus rares à visiter sur cette terre, la faute au tourisme de masse qui pourrit tout. L'ouverture de nouvelles destinations, la création de compagnies low-cost, la construction d'aéroport, tout cela concourt au fait qu'il y a de plus en plus de gens qui voyagent. Sans compter l'augmentation du niveau de vie des pays asiatiques qui les poussent donc à voyager là où avant leur seul loisir était de se baigner dans le Gange ! Il y a des destinations qu'elle se refuse à revoir car elle sait que ça a changé et préfère conserver le souvenir d'un temps révolu. Raison de plus pour voyager avant qu'il ne soit définitivement trop tard ou que l'âge ne nous ait rattrapé. Je lui aurais bien laissé mes coordonnées mais mes cartes de visite étaient restées dans mon sac à l'avant du bateau, sous les autres bagages. On s'est donc juste souhaité une bonne continuation. Dommage...
Tout ce qu'on m'avait raconté sur Tarutao est exact. C'est vert, sauvage et et il n'y a pas grand monde. Nous n’étions qu'une demie douzaine à descendre du bateau. Et je suis le seul à avoir pris la tente, les autres préférant avoir un hébergement. La zone pour camper est juste en bordure de plage, sous les filaos, offrant une vue que rien ne vient obstruer sur la mer. En plus le vent souffle en venant de la mer, amenant donc de la fraîcheur dans la tente. Car hier soir, j'ai dû aller dormir dans la tente malgré ce que j'écrivais. A peine j'avais publié le message qu'un groupe de 5 filles est arrivé avec une bouteille de rhum sous le coude. A 22h30, le ton montait, le niveau de la musique aussi, j'ai donc déguerpi retrouver le coin que j'avais aménagé, pas pour rien au final. L'endroit était très plat, j'avais bien travaillé mais le seul souci est que cette fois sans orage la chaleur était écrasante et caché sous les arbres de la jungle il n'y avait pas un brin de vent. 
J'ai transpiré pendant une heure avant de réussir à trouver le sommeil. Ce soir je n'aurai pas ces désagréments. Il y a une dizaine de tentes sur la plage, toutes espacées d'une dizaine de mètres. Je n'allais pas m'interposer, pour peu que les gens veuillent discuter au clair de lune. J'ai donc pris le dernier coin disponible, tout au bout. Je dois marcher des kilomètres pour aller aux douches mais au moins je vais pouvoir dormir au bruit des vagues et du vent.
Une fois la tente montée, je suis allé me rassasier au restaurant du parc. Il n'y a pas grand choix mais ça suffit à se nourrir. Je ne suis pas venu pour faire dans la gastronomie. Après, comme il était trop tard pour partir à la découverte de l’île en louant une bicyclette (qui se loue à la journée), j'ai décidé de grimper au sommet d'un haut rocher qui surplombe le quartier général du parc, Tob-Boo Cliff. 
On rejoint ce point de vue en un chemin fléché 400 mètres mais qui a l'air d'en faire plus, grimpant à travers la jungle et passant sous des eaux qui ruissellent. Ça grimpe assez raide et dans la jungle, le moindre pas fait transpirer énormément. Sur le chemin, on est invité à ouvrir l’œil et à ne pas faire de bruit, des lémurs ayant été régulièrement vus dans le secteur. Ils n'étaient pas là, ce n'est pas faute d’avoir scruté la cime des arbres. Pourtant j'aurais bien aimé voir cette espèce que je n'ai encore jamais rencontrée. Je viens de penser, les lémurs en anglais, ne serait-ce pas les lémuriens ? S'il y en a ici, il faudra que je regrimpe là haut de petit matin pour peut être avoir plus de chance.
Quand je suis arrivé au sommet, quelques réglages de l'appareil photo ne permettaient pas de saisir la scène correctement, la faute à un soleil très voilé qui rendait l'ensemble de la scène perdue dans des tons gris foncés. 
Comme il y avait un banc sous un abri, j'ai étendu mon paréo et j'ai fait une petite sieste, le temps que le soleil ressorte. Ce qu'il a fini par faire. Je suis donc redescendu pour continuer l'exploration et me rendre sur la plage. Depuis que j’avais débarqué la mer était bien descendue, rendant la baignade moins agréable que ce matin. Il fallait en effet se contenter de barboter dans une eau qui avait peine à arriver au genou. Pour une fin d'après midi, ça faisait largement l'affaire. Pour l'instant mes impressions sur Tarutao sont très bonnes. Je ne sais pas jusqu'à quelle mesure je vais pouvoir explorer cette île en raison de son étendue mais demain je vais commencer par louer un vélo question de voir jusqu'où il peut me mener. En espérant que je ne crève pas en route...
Pour l'heure il est 20:16 et je vais aller me coucher. 
Moi qui souhaitais aller au lit plus tard pour me préparer à mon retour, j'ai plutôt l'impression de revivre un peu le camping de Palau en me dépêchant d'aller me doucher avant que le soleil ne se couche. Mais en camping, une fois le dîner fini, que reste-t-il à faire ? Et puis je suis bien dans ma tente, il me tarde de la retrouver, toutes mes petites affaires sont déjà bien disposées n'attendant plus que moi !

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