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jeudi 19 avril 2012

Un tour en bicyclette


Ao Son
La tente au bord de la plage c'est bien mais on entend plein de bestioles qui fouinent en retournant des feuilles mortes, dont une qui devait être sous la tente. Un crabe. C'en est plein, des touts petits qui font des boulettes de sable, formant de jolis motifs sur le sable et d'autres plus gros si j'en juge le diamètre des trous mais que je ne vois pas car ils doivent sortir la nuit. D'ailleurs quand j'avais posé la tente, comme c'est truffé de ces trous, j'avais bien tassé avec le pied pour qu'ils ne puissent pas sortir. Les crabes ont leur utilité. Non seulement ils nettoient la plage mas en plus ils font la joie des macaques qui arrivent tous les soirs en famille non pas pour se promener sur la plage mais pour faire leurs emplettes. Je les vois, craintifs, regardant partout autour d'eux comme ils sont exposés, pendant que les autres ramassent des trucs sur le sable qu'il portent à leur bouche. On dirait qu'ils ramassent des coquillages. 
Dans la nuit il y a eu un terrible orage, c'était Las Vegas à l'intérieur de la tente, pour un peu il m'aurait fallu un masque de sommeil ! J'étais moins inquiet de recevoir la foudre, avec les tentes autour, il y a du choix, pourquoi la mienne en particulier ? Un raisonnement un peu à la con je l'avoue.
Ce matin, malgré un ciel couvert que quelques rayons de soleil transperçaient de temps en temps, je suis allé louer un vélo au bureau du parc, pour toute la journée. Je peux même le garder ce soir, les locations courant pendant 24 heures. Ce sera pratique, ça m'évitera la trotte pour aller à la douche. Ils m'ont demandé de choisir mon vélo. Dehors il y en avait une dizaine, en assez bon état mais je me suis surtout focalisé sur les pneus. Pas question de crever en pleine jungle à des kilomètres du camp. L'état des pneus n'est pas fameux, ils ont bien vécu et sont tous plus ou moins lisses. 
Ao Molae
Pour des mountain bike, c'est dire s'ils ont servi. J'en ai pris un qui a une bonne roue arrière. D'expérience je sais que je crève surtout de la roue arrière, la faute sans doute au poids plus important sur cette partie. Par contre la roue avant est bien lisse, mais bon ça fera l'affaire.
Je suis parti au petit bonheur la chance, de toute façon il n'y a qu'une route. Je suis d'ailleurs étonné de trouver un truc bitumé sur une île inhabitée ! Mais tant mieux, c'est moins pénible que sur une piste de caillasse. Le début de la route se fait les doigts dans le nez et on en oublierait qu'on est sur une île montagneuse. Rapidement la première côte est apparue, un truc insensé qui n'en finissait plus de monter. Au début j'ai joué le jeu, en me mettant en vitesse la plus petite possible (j'ai 5 vitesses et 3 plateaux) puis j'ai continué en danseuse avant de finir comme mémé, à pied, en poussant l'engin le cul en arrière ! Pourquoi aller à l'encontre d'une machine conçue pour fonctionner dans le sens de la gravité ? 
L'avantage des montées, c'est qu'après il y a des descentes. Et là le vélo prend tout son intérêt ! Pas besoin de pédaler, juste à freiner pour ne pas quitter la route. Et puis je n'ai pas trop confiance dans ces vélos maintenus je ne sais comment – à supposer qu'ils le soient ! – et je n’avais pas envie de passer par dessus le guidon suite à une roue qui fout le camp pour aller m'écraser sur la route dans une chute mortelle. Je préfère faire attention. D'autant plus que je me trimbale le bordel habituel des destinations camping, à savoir l'ordinateur que je ne peux décemment pas laisser dans la tente. J'ai trouvé un endroit où coincer le sac, sur la fourche derrière le guidon. En réglant les bretelles ça le maintient comme ça peut. Et ça me soulage d'autant.
A un moment il y a une bifurcation pour aller à droite rejoindre la côte ouest, ou bien on peut continuer pendant 12 ou 24 kilomètres de manière à rejoindre plusieurs sites sur la côte est. 
Ao Molae
Comme le temps hésitait toujours sur la tournure à prendre, j'ai filé au plus court, question d'arriver à voir quelques trucs si jamais ça devait se gâter. En un peu plus d'un kilomètre à partir de cette bifurcation, on arrive à Ao Molac, là où la fille du bateau hier avait résidé. L'endroit est magnifique, en bordure d'une baie très sauvage avec des collines de jungle qui viennent se jeter dans la mer quelque soit l'endroit où l'on regarde. J'ai croisé un vieux qui marchait sur la plage et cherchait des coquillages, une fille dans son bungalow et deux types qui en partaient et que j'avais croisés sur la route dans un pick-up qui les conduisait à la jetée. Les bungalows forment deux appartements jumelés mais j'ai regardé malgré tout à l'intérieur de l'un d'eux. C'est très cosy, un grand lit avec une moustiquaire. Les bungalows sont en durs et j'ai pensé que je serais mieux là que dans la tente. La fille d'hier m'avait dit qu'elle avait payé 600 baths la nuit (15 euros) mais j'ai du mal à le croire, ils sont si bien tenus et charmants que ça pourrait être un truc de luxe à 100 euros dans les Caraïbes. Il y a en tout une vingtaine de logements.
Ao Son
Je me suis allongé dans un hamac pour goûter au charme et à la tranquillité du lieu. Les macaques passaient dans le jardin comme s'ils étaient chez eux. Ce qui est d'ailleurs le cas . C'est incroyable qu'un endroit comme ça soit dans un parc national. Ça n'a rien à voir avec là où je suis à l'entrée du parc. C'est plus joli, plus vert, une vraie carte postale. Avec deux personnes qui restent là, même si les appartement sont jumelés, il y a moyen d'en prendre un sans personne à côté. Je me voyais déjà regarder un Colombo le soir confortablement installé dans le grand lit aux draps blancs. C'était décidé, j'ai repéré le numéro 16 et je suis allé demander au petit restaurant qui servait le petit déjeuner aux pensionnaires quel était le tarif et si je devais retourner à l'entrée du parc pour aller chercher la clef. La pauvre fille ne parlait quasiment pas anglais. Elle est juste arrivée à me donner le prix (c’est bien 600 baths, incroyable!). Pour l'histoire de la clef elle a en revanche rien compris. 
Elle m'a répondu « closed » en me montrant l'heure à la pendule. Le restaurant fermant à 10 heures, c'était sans doute pour me signifier de me dépêcher de revenir, le personnel devant foutre le camp à cette heure là. Tous les gens du parc dorment au quartier général où je suis, ils ont leurs piaules, des espèces de dortoirs. En chemin, je suis allé tournicoter autour d'un bungalow de la dame qui était là, question de glaner des informations. Elle m'a dit qu'ils n'étaient que trois, que c'était un vrai paradis mais qu'ils devaient déménager ailleurs, le parc ayant décidé de fermer cet emplacement faute de monde. Elle était justement en train de faire ses bagages. C’est vraiment trop bête, c'est si joli, ça aurait été mon plus beau séjour du tour du monde. Dans un établissement j'entends. Fermé faute de monde... C'est pas de chance, pour moi c'est un argument vendeur ! Tant pis, je resterai dans la tente. Je n'y suis pas mal, alors...
J'ai repris mon vélo, un peu dégoûté, pour me rendre à Ao Son qui jouit d'une plage de 3 kilomètres selon le papier qu'ils m'ont remis dans les mains quand je suis arrivé hier. Avant d'y arriver, la route oscille entre passages avec gros cailloux et des endroits avec du bitume. La jungle devient encore plus sauvage avec plein de bruits bizarres. Ça bruisse de tous côtés, et fort ! Il y a des bestioles qui font un bruit de générateur de courant, apparemment des grillons, sauf que ça ne s’arrête jamais. Il y en d'autres qui font un bruit d'alarme comme un réveil électronique qui fait « Ti-ti-ti-ti-ti-ti ». De temps en temps aussi ça grogne de derrière les fourrés quand on passe en vélo sans qu'on arrive à cerner de quoi il s'agit. J'ai entendu ainsi un grand grognement rauque qui m'a fait m’arrêter. Sans doute un sanglier, il paraît que c'en est plein. Je n'ai rien vu. Plus loin, c'était des bêtes qui font un bruit de tracteur qui démarre. 
Vous êtes sûr que c'est le chemin?
Quant aux macaques qui détalent dans les arbres quand on passe, ils font « Rrrr », comme nous quand on est importuné ! A un moment j'ai entendu aussi un un truc comme un râle ou une conversation caverneuse qui sortirait des entrailles de la jungle. Un truc à foutre la frousse et qui m'a fait sursauter !
Quand je suis arrivé à la plage de Ao Son, il faut commencer par la chercher un peu car le chemin amène au bord de la mer où il y a des rochers et une petite baie et un restaurant de l'autre côté qu'on rejoint en passant sur un pont de fortune formé de tronçons de polystyrène reliés par des cordelettes. Avec le plan en main, j'ai continué sur la gauche en suivant la côte. Il y a un petit chemin de tracé. La plage que l'on découvre est absolument incroyable, une étendue si sauvage qu'elle n'est pas vierge. Il y a plein de débris de bois, des algues mais aussi du plastique un peu partout, poussé dans les arbres au gré du vent. Cette plage est un endroit rêvé pour Koh Lanta. Plus sauvage, ça peut pas. 
Tous à l'abri... dans l'eau!
Certes le sable y est plus gris clair que blanc comme neige mais avec la jungle et les montagnes tout autour, le spectacle est grandiose. Et avec le temps tout couvert ça rend le site encore plus envoûtant. Par contre, dès qu'on pose un pied sur la plage on a compris pourquoi Koh Lanta n’est jamais venu là et pourquoi il ne viendra jamais. C'est infesté de mouches de sable affamées. Impossible de s’en défaire. Seule solution : aller se baigner. N'espérez pas y prendre un bain de soleil ! De toute façon avec le temps qui se dessine désormais, ça tombe bien. Le bout de la plage est déjà plongé dans le noir avec un rideau de pluie qui balaye les collines. Et ça se dirige vers moi. Toutes les îles au loin sont aussi dans la tourmente. J'ai juste eu le temps de sortir le poncho que j'avais emporté au cas où (riche idée!), d'y rouler mon sac dedans et de partir à l'eau. Quand je m'y suis retrouvé le déluge est arrivé, un truc de fou qui me rappelait la traversée en bateau aux Îles Fidji. 
On ne voyait plus rien autour de soi, la pluie tombant si drue sur la surface de l'eau qu'elle en formait des cratères et partait en éclaboussures rendant la surface de la mer comme un velours gris. J'étais mieux dans l'eau que dehors. Je sentais la chaleur de la mer qui contrastait avec la fraîcheur de la pluie qui me tombait sur le crâne. Je m'étais mis dos au vent sinon je n'aurais pas pu respirer. C’est comme si j’avais été sous une cascade.
Koh Tarutao est un joyau sans nom. C'est une île comme je ne pensais pas qu'il en restait. 100% nature, restée comme elle a toujours été, inhabitée sauf par les vrais habitants des îles, ces créatures qui se cachent pour vivre heureuses. C'est une destination privilégiée pour l'écotourisme. Il y a plein de trucs à faire : le vélo déjà - et je n'ai pas fini d'explorer -, des balades dans la jungle, des cascades à voir, du kayak, des grottes, des bêtes... 
Le Lonely Planet ne s'y est pas loupé : « Protected partly by its national-park status, and mostly by its relative inaccessibility, Koh Tarutao is one of the most exquisite and unspoiled regions in all of Thailand. This massive park encompasses 51 islands covered with well-preserved virgin rainforest teeming with fauna, as well as sparkling coral reefs and radiant beaches. ». Oh, et en relisant le Lonely Planet il est dit que le Survivor américain y a été tourné en 2001. Pas étonnant ! A mon avis ils ont dû trouver une autre plage... En tout cas, ne le répétez à personne, il faut que cette île reste une destination inconnue aimée que des connaisseurs.
Juste pendant que j'écris il y a une française à côté de moi qui discute avec un finlandais qui vient d'arriver et est un habitué des lieux (il reste camper ici un mois!) et qui est dégoûtée de partir au bout de deux jours. Elle a le sentiment d'avoir loupé quelque chose. Elle demande à tout le monde comment est Koh Lipe. Je ne réponds pas, affairé avec l'ordinateur, je ne veux pas l'influencer. Le finlandais est venu me parler aussi juste avant, se demandant ce que je traficotais sur l'ordinateur, je lui ai parlé du blog. Il m'a conseillé d'en faire un livre car apparemment j’avais l'air d'aimer ce que je faisais à la lueur qu'il pouvait lire dans mon regard. Mais je n'écris pas que des choses transcendantes, je livre aussi des points de vue qui ne sont que les miens et un peu particuliers, pour ne pas dire décalés parfois. Quand ce n'est pas des coups de gueule. Ou des jérémiades, j'ai un ami qui dit que je ne fais que me plaindre. Il ne me semble pas mais quand je n'aime pas quelque chose je le dis, peut être trop...
Après la pluie... ne vient pas le beau temps ! Mais ça permet de sortir de la mer la peau toute ridée. Il était temps. Par bonheur il y a un restaurant de l'autre côté du pont en polystyrène. Inutile de dire que j'étais le seul à m'y rendre. Les employés étaient occupés à déjeuner, sans doute étonnés d'avoir un client. J'ai quand même réussi à avoir des fruits, ananas et pastèque, le duo inséparable en Thaïlande. La cuisinière m'a demandé si j'allais visiter les cascades. Minute papillon, c’est prévu ! Comme ce n'est manifestement pas une journée plage, c'est l'occasion rêvée pour visiter la jungle. La maître nageur d'hier m'avait dit que le balade était très sympa, plus que le destination en elle même qui est une cascade de 50 centimètres de haut. Il faut tout de même une heure pour y parvenir. Et avec ce qu'il a plu, ce n’est pas évident à rejoindre. C'est balisé, mais jamais de la même couleur, tantôt jaune, après vert, soudain rouge pour finir bleu. 
Ao Jak
On se demande toujours si on est sur le bon chemin. Si on peut parler de chemin car avec ce qu'il a plu, il y a des passages qui sont directement dans un cours d'eau avec de l'eau arrivant au genou. Sans compter qu'il faut constamment passer d'un côté à l'autre de la rivière, en passant sur des rochers moussus dont la plupart sont sous l'eau. Tout cela est terriblement glissant, je n’arrêtais pas d'avoir un pied qui partait de travers pour danser la java. J'ai pensé : « si je ne meurs pas aujourd'hui, c’est que ce n'est pas encore mon jour ! ». Vers la fin, ça part carrément en couille, les repères continuent en grimpant sur de la roche comme un truc de chèvre sauvage, où l'on s'agrippe aux branches pour garder un équilibre précaire. Tout ça pour arriver à un endroit cul de sac, où la rivière forme des niveaux et des bassins mais pas vraiment de cascade. J’étais prévenu. C'est aussi plus étroit et donc plus profond. De l'autre côté il semble qu'un chemin continue mais je n'arrive plus à voir de balise et cette fois il faut traverser sans gué au milieu d'un passage qui semble profond. On dira donc que je suis arrivé à la cascade. Je tiens à rentrer vivant, d'autant plus que personne ne sait que je suis là si ce n'est le restaurant de midi, qui a dû fermer depuis belle lurette.
16 heures, c'est la bonne heure pour rentrer. Sur le chemin j'ai à nouveau croisé tout un tas de bruits bizarres, comme celui d'une planche qu'on scierait à la scie électrique jusqu'au bout. Je ne l'avais pas mentionné plus tôt ce son ! J'ai pris un bain sur le camp, devant la tente. Le soir, les hornbills arrivent en bande une heure avant le coucher du soleil pour venir manger les graines de ces liserons de sable qui lèchent la plage. C'est l'occasion pour les approcher de près. Ce sont les mêmes que ceux que l'on traquait péniblement sur la rivière Kinabatangan à Bornéo. Il y avait aussi des macaques occupés à déguster ce fruit particulier, dur comme du bois qui ressemble à un ananas et pend de ces espèces de yucas. Apparemment ils adorent. Ils doivent se faire les dents avec car j'ai pu voir, à la faveur d'un bâillement, qu'ils ont des dents très longues. Mais pas les incisives, ce sont les dents de derrière, les dernières. Si c'est leurs dents de sagesse, on peut dire qu'ils sont très sages. Pourtant ce sont des pestes ! Demain j'espère que le soleil sera de retour, j'aimerais bien poursuivre l'exploration en vélo de l'autre côté. 48 kilomètres aller/retour, espérons qu'il n'y aura pas trop de montées !

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