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lundi 13 février 2012

Arrivée à Guam


Hier soir à Cairns, je suis arrivé dans un aéroport mort. J'ai tout de suite filé au terminal international, situé à 500 mètres que l'on rejoint par un chemin couvert. Ils ont pensé à ça, en France on serait à ciel dégagé, se prenant la pluie sur la tronche. Essayez donc de passer d'Orly sud à Orly ouest, vous verrez. Par contre le terminal international est un hall mort. Le prochain avion c'est le mien et il n'y a qu'un agent de la sécurité. Les boutiques et la seule cafétéria sont fermées. Le terminal est très petit, je ne m'attendais pas à cela. L'ambiance est d'un glauque, un aéroport tout vide c'est inhumain. Déjà qu'avec du monde ce n'est pas folichon... Je suis donc retourné avec mes bagages au terminal domestique, tenter ma chance. Mais je n'ai pas eu plus de succès. Il y avait plus de monde, mais c’étaient les gens qui arrivaient. Le hall des départs était fermé. J'ai demandé à un agent s'il y avait un endroit où manger, il m'a dit « junk food » en me désignant le distributeur à saloperie qui trônait en bonne place un peu plus loin. Seulement il était en panne ! Je suis sorti de cet aéroport où il n'y avait que la climatisation qui fonctionnait et à fond, et je me suis installé dehors, contre un mur, assis dans la crasse comme un clodo, près d'une prise de courant. Par chance il me restait quelques denrées que je n'avais pas jetées : un reste de crackers, des barres aux céréales et un fond de pochon d'amandes décortiquées. J'en ai fait mon dîner. Quand on meure de faim... Même mon repas de réveillon de nouvel an était plus élaboré, c'est dire!
Grâce à une connexion internet, j'ai pu m'occuper pour passer les heures qui me restaient avant le vol pour Guam. Il y a des choses qu'il vaut mieux ne jamais dire. Dans mon précédent message je disais que c'était mon dernier vol de nuit. Eh bien pas du tout ! Ils ont annulé le vol Bangkok/Paris de jour. J'ai donc contacté Star Alliance en Allemagne qui a procédé aux changements tout de suite. Ils sont rapides là bas à répondre aux mails, c'est bien, c'est l'efficacité allemande ! Je partirai directement de Singapour, j'ai pu changé l’itinéraire sans frais. Ça m'arrange mieux, c'est un vol direct...mais de nuit. De toute façon, pas moyen d'y couper, tout ce qui rentre d'Asie vole de nuit. Je ne sais pas à quoi ça tient.
Au moment de l'enregistrement, le type du guichet n'a pas voulu me donner le billet car l'immigration américaine lui demandait un lieu de résidence. J'ai répondu « camping » mais ça n'allait pas, il lui fallait un nom et une adresse. J'aurais pu dire n'importe quoi mais ils seraient capables à Guam de vérifier et de m'interdire l'entrée du territoire. J'ai donc dû aller sur internet, un peu stressé, à la recherche d'une réservation d’hôtel sur Guam. Ça m'a prit un peu de temps, il a fallu que je lise les critiques sur Tripadvisor et j'ai arrêté mon choix sur le Palmridge Inn, tout à côté de l'aéroport. Le type au guichet était content et a pu me donner mon billet. En salle d'embarquement j'ai flâné un peu dans les quelques boutiques, à la recherche d'un oreiller gonflable que j'ai crevé la nuit dernière. J'en suis ressorti avec un adorable koala en peluche qui tient un brin d'eucalyptus entre ses bras. Il faisait si vrai, j'ai craqué, c'était impossible d'y résister. J'ai regardé son cul, il est tout « Made in Australia ». Désormais je fais attention de ne pas prendre de « Made in China » chaque fois que c'est possible. Il y a avait d'autres modèles faussement australiens dont seul le design était authentique. C'est vraiment de la saloperie de merde le made in China, ce n'est même plus du bon marché, c'est jeter son argent pas la fenêtre. Il y a quelques jours j'avais acheté une nouvelle paire de lunettes de soleil pour remplacer la précédente dont la branche avait cassé au niveau de la monture et après même pas deux jours d'utilisation la monture a cassé. Il a fallu que je répare avec de la super glue qui a bavé sur les verres mais au moins désormais ça tient bien.
L'avion était quasiment vide, ils avaient disposé la majeure partie des gens sur une rangée unique, pour répartir le poids dans l'appareil. C'était très bien, cela m'a permis de m'allonger sur les trois sièges, les appuis coude pouvant se rabattre (c'est loin d’être le cas dans tous les avions). J'ai pu dormir une heure ou deux. Les hôtesses étaient ravies également, elles n'ont eu à faire aucune service ! Au décollage elles m'avaient remis trois formulaire où il faut scribouiller toujours les mêmes conneries, passeport, date, numéro de vol. Je ne sais même pas pourquoi il y en avait 3, j'ai rempli tout ça énervé, à la limite du lisible. J'ai appris le numéro de mon passeport par cœur et ses dates de validité, à force, on finit par retenir ! Quand je me suis réveillé, on allait atterrir. Les hôtesses ne contrôlaient même pas si on avait la ceinture attachée. Elles devaient être aussi fatiguées que nous, espérons que ce ne soit pas le cas des pilotes.
A l'aéroport, les contrôles ont été assez rapides, prise des empreintes digitales comme il se doit (on est aux USA) et photo mais pas de regard soupçonneux comme si on était un terroriste en puissance. Pas non plus de contrôle des bagages. En Australie ça m'arrivait tout le temps, ils me montraient une fiche plastifiée disant que j'avais été choisi au hasard pour un contrôle approfondi, bien qu'ayant passé les rayons X. Lors de ce contrôle, il faut ouvrir ses bagages, ils sont munis de gants et ont une espèce de sonde comme un mini détecteur de métaux qu'ils passent partout, dans les affaires et sur les mains pendant qu'on se fait palper par un autre. Recherche d'explosifs soit disant... Je crois plutôt qu'avec mon air béat et détendu par des mois de vagabondage il pensent que je me trimbale avec des herbes illicites.
Premier constat : les habitants sont typés philippins, basanés, un air un peu asiatique mais sans les yeux bridés. Ils sont à mi chemin entre les polynésiens et les latinos d'Amérique du sud. Ils ont aussi leur propre langage, bien que Guam soit américaine. Les panneaux sont écrits en trois langues : l'anglais, un créole local qui dérive de l'espagnol et qui semble être de l'espagnol écrit phonétiquement (Guam a appartenu un temps à l'Espagne) et le japonais. Les autochtones sont aussi très accueillants, avenants et souriants, mes premières impressions n'ont pas cessé de se confirmer tout au long de la journée. Après avoir retiré la voiture, j'ai filé à l’hôtel pour poser mes affaires. Je ne me sentais pas fatigué malgré le peu de sommeil que j'avais eu. Le jour était en train de se lever, j'étais prêt à partir en exploration. A la réception ils m'ont donné la carte de la chambre tout de suite, ce qui m'a surpris, c'est la première fois que je vois un check-in possible à 6 heures du matin !
Dans la chambre, quand j'ai vu le lit je n'ai pas pu résister à y faire un petit somme, me forçant à dormir malgré le bruit. La porte fenêtre était déformée et son châssis laissait passer le bruit comme dehors car les bords ne se rejoignaient plus. Et entre les avions qui n’arrêtaient pas d’atterrir et de décoller (le bout de la piste est de l'autre côté de la rue!), les gens qui parlaient sur le parking juste sous la fenêtre, c'était un champ de bataille. J'avais déjà pris la décision de dormir les autres nuits dans la salle de bain. Mais une fois réveillé 3 heures plus tard avec les idées un peu plus claires, je suis retourné à la réception et ils m'ont donné une autre chambre quand je leur ai expliqué le problème de la fenêtre. Ils m'ont même surclassé et j'ai désormais un lit où l'on pourrait dormir à 3 et je donne sur un jardin, à l'opposé de la piste d’atterrissage. C'est parfait ! La réception m'a même appelé dans la chambre pour savoir si j'y étais bien et m'a souhaité un bon repos. Mais je suis ressorti aussi sec...pour mieux me mouiller !
Juste au moment où j'avais décidé de partir en vadrouille la pluie est arrivée. Il a fallu déjà dans un premier temps que je retourne à l'aéroport car ni le loueur de voiture ni l’hôtel n'avaient de carte de l’île. Le centre d'information de l'aéroport était fermé, n'ouvrant que l'après midi et dans des horaires bizarres, sans doute liés aux arrivées d'avion. Tout autour il y avait plein de loueurs de voitures internationaux. Après tergiversations, je me suis décidé à aller les voir avec une tactique : je leur ai dit que j'étais venu chercher un plan et que le centre des visiteurs étant fermé, peut être qu'ils pourraient me dire où me procurer une carte. Naturellement Hertz m'a donné la leur. C'est ce que j'espérais mais ma manière de le demander était plus habile qu'une franche demande qui aurait pu se heurter à un refus du fait que je ne sois pas client.
J'ai ensuite pris la route dans l'idée de visiter le sud de l’île, plus sauvage avec forêts et cascades, la seule chose qui puisse être prise en photo un jour de mauvais temps. Heureusement que je suis censé être en saison sèche.... Seulement la pluie s'est intensifiée, un vrai déluge qui transformait la route en un miroir. Dans ces conditions, pourquoi faire toute cette route pour rester sans doute bloqué dans la voiture là bas, incapable de sortir. Ça me rappelait le temps à Tahiti mon jour d'excursion. Je me suis arrêté face à la mer, devant un joli lagon qui ne demandait qu'à briller de mils feux. La pluie a cessé, pour mieux revenir. C'était un défilé d'averses, je me suis donc ressaisi et j'ai décidé de passer ma journée en ville, à la découverte des vestiges espagnols et à faire du shopping. Il me manque toujours un oreiller et un pantalon pour protéger mes gambettes des assauts des moustiques. 


 En route, le soleil s'est mis à briller par intermittence ; comme j'étais à Tumon Bay, l’épicentre touristique de Guam, genre de mini Accapulco, je me suis décidé à aller voir cette baie. C'est une belle grande baie bordée de cocotiers, de sable blanc avec un lagon très propre en dépit de ce que j'avais pu lire à son sujet (sans doute ont ils dû faire des efforts depuis). Elle est aussi bordée de tours d’hôtels qui dénaturent le site : un Marriott un peu décrépi sur 20 étages, un Hilton et tout le reste à la sauce avec des centres commerciaux de luxe, du Prada, du Gucci et tant d'autres... Un paradis pour japonais. On ne voit qu'eux. Aucun autre touriste. Il y a même le drapeau japonais qui flotte dans les rues à côté du drapeau américain. Sans doute se sentent ils redevables après ce qu'ils ont fait au peuple japonais. Tout est écrit en double langue, les enseignes aussi. Pas besoin d'aller au japon, j'y suis ! Il faut dire que quand on regarde une carte, le Japon est tout prêt et Guam doit être leur destination phare pour des envies de tropiques. La plage est pleine de japonais en tenue de mariage. Les japonais ici sont calmes et pas énervants. Ce n'est pas le public usuel des bus pleins à craquer de ces abeilles en pleine effervescence. Ils ont plus posés, c'est plus des couples et des familles.
En tout cas le lagon n'attend pas et il a fallu que je pique une tête jusqu'à l'arrivée de de la prochaine averse. C'est étonnant car il y a un endroit au bord de l'eau, à côté d'un hôtel de luxe, où des gens ont planté la tente, en pleine ville, avec un terrain à l'abandon derrière. La police passait à moto sur la plage mais ne disait rien. Je ne sais pas si c’est autorisé ou si le terrain appartient aux gens qui sont venus camper mais en tout cas ils sont biens. A l’hôtel je ne suis pas mal non plus, certes c'est plus cher mais je suis plus tranquille et à l'abri des intempéries. Ça me fait une pause avant l'épisode terrible qui m'attend à Palau. Plus ça se rapproche moins je me sens le courage de le faire. Pour un peu je retournerais en Australie. Car même s'il y a un lagon ici, le cœur n'y est pas. Je songe à l'Australie. J’aurais pu y rester jusqu'à fin avril ! Je mets ça sur le compte de la fatigue, je suis sûr que je vais me ressaisir et retrouver de l'enthousiasme dans les prochains jours.
Les rues sont pleines d'une voiture que je n'avais encore jamais vue : la Cube de Nissan. Moi qui d'ordinaire me contrefous des voitures, les trouvant toutes moches, celle là change de ces espèces de suppositoires où il faut ramper pour entrer. Elle a un toit plus haut que les autres voitures et j'aime bien son air asymétrique. Les vitres à l'arrière rejoignent celles latérales, mais que d'un seul côté. Ça fait voiture d'architecte. Les autres doivent penser que ça fait caisse à savon, moi elle me plaît beaucoup. Pour un peu j'en achèterais une !
Ce soir j'ai mangé à un restaurant qui a une entrée qui donne dans l’hôtel. J’étais le seul là dedans et le repas franchement pas bon, une cafétéria ferait mieux. Le personnel obséquieux est venu me demander à plusieurs reprises si je voulais une autre bière ou si je prenais un dessert, au cas où je changerais d'avis. La patronne est venue me rendre visite et prendre en photo (!), émerveillée que je sois français, me faisant l'article de la soirée spéciale qu'ils feraient demain à l'occasion de la Saint Valentin, où elle allait être déguisée en grosse mémère. Il y a aura beaucoup d'amusement et plein de monde me promet elle. Tout juste si je ne devais pas payer mon dîner de demain sur le champ ! Mais ça ne changera pas le fait que la nourriture y était médiocre. Je n'y retournerai donc pas, malgré ce que je lui ai dit. Un petit mensonge pour m'en défaire...

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