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mercredi 22 février 2012

Palau J5 : Long Lake Beach - Giant Clam Beach

Long Lake Beach
La nuit dernière ça a été la tempête : vent, pluies diluviennes interminables... Ça a duré ainsi jusqu'à 8 heures du matin et je croyais bien qu'aujourd'hui serait une journée sinistrée m'obligeant à rester au camp. Car la mer est en furie et le passage pour quitter l’île plein de déferlantes et ce, malgré la marée haute. Ça m'angoisse. J'ai quand même tout rangé et pris le petit déjeuner comme si de rien n'était, on ne sait jamais. Une averse m'a permis de remplir une vieille bouteille d'eau pour faire la vaisselle en quelques instants. J'ai bien pris soin d'enlever l'étiquette pour éviter toute confusion. Il ne manquerait plus que je tombe malade. Vomir est un luxe dont je ne peux me permettre vus les restrictions et rationnements alimentaires. Tout ce entre dans le gosier doit y rester !
Comme par enchantement le soleil est arrivé, apaisant tout, le vent est tombé d'un coup et la mer s'est assagie. Je n'ai pas demandé mon reste pour déguerpir de là tant qu'il était temps. Et une fois en mer j'ai pu constater que le pan de ciel bleu était bien large et allait me permettre de naviguer tranquillement pendant pas mal de temps. Je parle pas mal de météo mais c'est essentiel quand on navigue en eaux inconnues dans un petit kayak pas étudié pour les tempêtes. Il faut savoir trouver les moments opportuns pour partir ou s’arrêter, j'ai promis à tout le monde de faire attention lors de cette expédition alors pas de risque inutile.
Palm Bay
J'ai commencé par longer Ngerktabel pour jeter l'ancre à Palm Bay, une petite plage cachée sous les branches avec un cocotier unique. Du sable blanc juste ce qu'il faut pour donner une belle couleur et des îlots en face qui s’égrènent en arc de cercle comme autant de perles d'un collier. Pour accoster j'ai dû me coucher sur le canoë pour pouvoir passer. On se croirait à l'origine du monde. C'est incroyable que toutes ces îles soient inhabitées. On n'y trouve que des abris et des aires de pique nique où l'on peut camper. Et il y en a pas mal. Chaque île possède presque son aire. A mon avis si les lieux sont inoccupés c'est en raison du relief particulier de ces îles. De petites plages avec des falaises derrière sur lesquelles on ne peut pas poser un pied, pas de quoi installer quoi que ce soit même en rasant tout. Mais en est on si sûr ? La nuit parfois je pense à un indigène qui vivrait là et ne sortirait que la nuit, en petite tenue et avec une lance pour m'ajouter à son barbecue.
Palm Bay
Comme la jungle est inextricable et qu'il n'y a pas d'enjeu à aller voir ce qui se trouve aux alentours, cela pourrait bien être la cachette idéale pour des tribus inconnues. Et comme j'ai toujours l'impression d’être le seul à faire ça – pécheurs et touristes ne venant qu'à la journée – je pourrais fort bien faire une rencontre fortuite. Mais ce ne sont que des fantasmes et des peurs ancestrales inscrites dans nos gènes. Quand je suis dans la tente et que j'entends des craquements tout autour, c'est plus vraisemblablement des crabes ou des rats. Ou de gros bernard l'ermite terrestres gros comme une balle de tennis. Je croyais que ces bêtes là vivaient sur les plages, apparemment ça ne les gêne pas non plus de vivre dans la jungle. Comme il pleut tout le temps, ils n'ont pas besoin de chercher la proximité d'un plan d'eau !
Palm Bay étant incluse dans une grande baie le long de Ngeruktabel, j'ai quitté les eaux agitées et ventées avec un grand soulagement.
Palm Bay
Je n'ai plus à subir les vagues qui venaient balayer le dessus du kayak depuis la tête jusqu'à la queue, ni la houle qui me faisait tanguer comme si elle cherchait à retourner l'engin. Je préfère ça. En face de Palm Bay, un peu plus loin on peut voir une île avec une belle plage de sable blanc formant comme un banc de sable qui s’avance autour d'un lagon. On la voit de loin, je la voyais déjà depuis Ngeremdiu il y a deux jours. J'ai donc mis le cap dessus et posé un pied à terre pensant être sur Honeymoon Beach. J'aurais été mieux à camper là, les eaux sont calmes, la plage faisant face à l'ouest. Il y a des abris et des sanitaires en bon état. Beaucoup de speed boats passaient par là, gorgés de touristes pressés d'aller faire du snorkeling à Jellyfish Lake où je serai aussi demain. C'est le jour où il faudra que je ne tarde pas si je veux être le premier à arriver et à en profiter. Car après j'imagine que ce doit être noir de monde avec plus de japonais que de méduses ! Tous les bateaux qui passaient par là me faisaient coucou, je me contentais de lever la main sans la bouger pour ne pas donner l'impression d'appeler à l'aide.

Fantasy Island
Fantasy Island
J'ai profité de l’arrêt sur l’île pour m'abriter un moment. Juste un grain qui passait. Au moment de reprendre la route, après avoir jeté un coup d’œil aux cartes, je me suis rendu compte que je m'étais trompé. Je n'étais pas sur Honeymmon Beach mais une île plus à l'est, Fantasy Island. Et j'avais été briefé sur le fait que je pouvais y plonger mais en aucun cas mettre un pied à terre car c'est interdit. C'est malin ! D'un autre côté si c'est interdit, pourquoi y avoir mis des aires de pique nique ? Je suis reparti de là dare dare avant qu'un autre bateau ne me voit et donne l'alerte, à moins que ce ne soit celui de rangers. C'est la faute à la carte. Cette partie est à la jonction de deux cartes qui ne se recoupent pas totalement. Il manque une courte section et même Kay s'y était perdue quand elle m'avait expliqué le parcours.
Vu que je n'étais pas sur Honeymoon, il ne me restait plus qu'à la découvrir ! Mais où était elle ? Je l'avais bien repérée sur la carte, juste en face de Fantasy Island mais je ne voyais aucune plage de ce côté. En fait elle se trouve de l'autre côté, une belle langue de sable qui essaye de rejoindre une autre île.
Honeymoon Beach
Depuis quelques jours chaque jour est mieux que le précédent et les paysages plus remarquables encore. Peut être est ce parce que je suis à présent en plein cœur des Rock Islands. Toujours est il que je n'en crois pas mes yeux. Je vais de découvertes en découvertes à chaque coup de pagaie, m’arrêtant où je veux et aussi longtemps que je le souhaite. Je savais que c'était la formule idéale pour découvrir ces îles. Bien mieux que ces sorties à la journée où ils ne doivent voir les choses qu’en coup de vent.
J'étais juché sur un rocher pour prendre de la hauteur afin d'exalter un peu plus encore le bleu lagon autour du banc de sable quand un bateau m'a vu. Ils ont freiné sec, faisant un grand virage pour rejoindre l’île. Il ne manquait plus que ça ! J'ai d'abord crû qu'ils venaient me demander de déguerpir, étant peut être sur un rocher sacré. Mais ils ne cherchaient qu'à accoster. Debout sur mon rocher j'agissais comme un phare et je leur avais donné l'idée de venir voir ce qui se passait. Faites un truc et les autres essaieront de faire pareil !

Honeymoon Beach

Honeymoon Beach
Je craignais qu'ils ne viennent froisser le sable vierge de leurs petits pas de pieds de japonais, moi qui fais toujours bien attention de marcher là où la mer peut effacer mes empreintes afin de garder le site vierge pour la photo. Du reste je suis bien le seul à prendre cette précaution, les autres aiment toujours tout labourer avant de prendre une photo, ça fait plus joli. Par chance le bateau n'a pas pu s'approcher faute de profondeur suffisante. Encore un privilège qui m'est réservé avec mon excursion en kayak ! Je peux voir des endroits que personne d'autre ne pourrait voir, comme le Long Lake hier soir. Les japs étaient dépités, penchés en avant, les bras tendus au maximum, brandissant des appareils photos et cherchant à se rapprocher le plus possible de l’île. Leur bateau oscillait de côté pendant ce temps là ; j'aurais bien aimé qu'il chavire. J'ai fait le gros con, ça m'a beaucoup amusé : je me suis mis au bout du banc de sable, leur gâchant la vue et la prise de photo. Ça a assez bien marché, ils ont déguerpi de là rapidement regardant d'un air peu convaincu le résultat sur leur écran. J'ai pu poursuivre mes prises photos sans avoir de troubles fête ! Ils sont allés plus loin, pour plonger et noyer leur chagrin dans l'océan.
Honeymoon Beach
Pendant ce temps un nouveau grain est arrivé et le ciel est devenu tout noir. J'ai repris le canoë pour aller sur l’île en face qui disposait des fameux auvents en forme de tunnel au niveau de l'eau. Toujours le même cirque en revanche, à tirer le kayak à bout de bras à m'en démettre un rein pour le mettre hors de portée de la mer. C'est ce qu'il y a de plus chiant quand on accoste : sécuriser l'embarcation. Avec tout ce que je trimbale c'est insoulevable et trainable bien péniblement. Ils devraient fournir une ancre, ça simplifierait les manœuvres ! J'étais là sous mon rocher à attendre bêtement que la pluie arrive, pendant que les minutes filaient inéluctablement, me retardant d'autant sur l'itinéraire. Et comme j'étais protégé de la direction d'où venait la menace, je ne voyais rien. En ayant marre d'attendre comme après une crotte un jour de constipation, j'ai contourné l’île avec de l'eau à la taille pour aller voir ce qui se passait. Je m'étais un peu gouré sur ce coup là, le nuage passant 300 mètres plus au nord où il pleuvait par contre des cordes. J'étais pile à la frontière, pour combien de temps encore, c'était moins certain. J'ai repris le large, profitant de cet épisode couvert pour pagayer en ayant moins chaud et ainsi arriver sur la prochaine île en même temps que le retour du soleil. C'est tactique ! Sur les photos vous pouvez avoir l'impression qu'il fait beau tout le temps. C'est faux ! Ça change tout le temps et par miracle, avec toutes les précautions et arrangements que je prend j'arrive toujours quelque part au bon moment. Je me suis adapté au climat de la Micronésie, je sais désormais comment il fonctionne.

Honeymoon Beach
Ironwood Beach
Je n'ai pas fait de snorkeling avec les autres touristes. Tous les lieux sont toujours en pleine mer avec les coraux très au fond. Je n'aime pas ça. Déjà ça ne rend rien à cause de la lumière mais surtout je n'aime pas plonger avec beaucoup d'eau sous moi, on ne sait jamais ce qui peut arriver tout d'un coup du fond sans qu'on le voit mais qui lui nous aura bien vu, faisant une ombre qui se débat au dessus de lui. C’est une peur peut être irrationnelle mais je n'aime pas faire ça tout seul. J'ai préféré continuer mon chemin, passant devant une nouvelle petite plage, Ironwood Beach, moins spectaculaire après ce que j'avais vu et où je ne me suis même pas arrêté. Je deviens blasé ! Ou plutôt c'est l'effort à fournir à nouveau pour tirer le bateau hors de l'eau qui a freiné mon enthousiasme. Surtout, il était déjà midi, j'avais très faim et pas envie de passer l'après midi à pagayer. Je préfère laisser cela au matin et souffler un peu l'après midi. De toute façon, après le déjeuner je n'ai plus de forces, après avoir pagayé toute une matinée, il n'y a plus de plaisir.
J'ai pris la direction de Ngchus Cove pour y pique niquer, me permettant ainsi de ne pas avoir trop de trajet à faire ensuite. Juste après avoir passé un cap en face de Ironwood Beach, je pensais être arrivé à destination. Il y avait au fond d'une baie une petite plage avec un banc de sable bien dégagé par la marée basse. Un endroit parfait pour déjeuner, de l'eau à la cheville. Et à l'ombre d'un cocotier unique. Il n'y a pas beaucoup de cocotiers dans les Rock Islands. Ils ont besoin de plages bien dégagées pour s'épanouir et ici c'est tellement dense que les plages sont déjà bien occupées par les arbres qui avancent les pieds dans l'eau. Et puis les plages il n'y en pas énormément, ce qui leur laisse peu de place pour s'ancrer. Alors que le kayak dérivait un peu pendant que je prenais une photo ou deux, ayant dérogé au règlement de toujours l'attacher quelque part, j'ai réalisé que je n'étais pas du tout à Ngchus Cove. J'étais à la place sur une plage qu'aucune carte ne mentionnait. C'est bien dommage car elle était très belle. J'aurais dû lui donner mon nom ! J'ai donc couru pour reprendre le contrôle de l'embarcation qui dérivait lentement mais sûrement avec toute ma cargaison de Robinson qui fichait le camp.
La plage inconnue
Ngchus Cove est en fait dans une baie de l'autre côté. Il faut pagayer encore une demie heure. J'étais fatigué, tellement que je ne me suis pas rendu compte tout de suite qu'en voulant faire un raccourci en coupant entre deux rochers j'en avais fait le tour complet, retournant sur mes pas ! J’avais bien besoin de ça. Ça fait partie des aléas de l'expédition, on ne peut pas toujours filer bien droit. Ce ne serait pas drôle sinon. Avant d'arriver à la crique je me suis retrouvé bloqué par la marée, qui avait dégagé des fonds pas suffisamment profonds. Je me suis servi de la pagaie pour dégager le kayak ce qui a suffit. Je n'avais pas envie de descendre de là pour le pousser. Au fond je pouvais voir une aire de pique nique avec quelques personnes déjà là mais bien calmes. Une mère et son enfant qui faisaient trempette bien sagement, un type allongé sous un abri en train de piquer un roupillon et une autre assise occupée à s'enduire de crème solaire. C'était une génération spontanée, nul signe d'embarcation à proximité.
La plage inconnue
J'ai commencé par déballer mes affaires, faisant sécher la moindre chose dès que j'en ai l'occasion. C'est un vrai problème dans cette expédition. Je laisse les vêtements dehors la nuit car ils sont humides pour ne pas emporter cette humidité dans la tente et je les retrouve le matin lessivés par les pluies de la nuit, malgré le fait que je les laisse sous abri. Je me coltine donc en permanence un sac d'affaires mouillées que j'essaye de faire sécher dès que je peux. Ou quand j'y pense. Je ne mets plus le T-shirt, il sent le chien mouillé et la serviette sert juste à m'essuyer les pieds avant de rentre dans la tente car je déteste dormir avec du sable entre les doigts de pieds. La serviette est une infection. Au moindre arrêt je charge aussi ma lampe solaire. De l'organisation, voilà ce qu'il faut !
Juste quand je dégageais le container, une vedette est arrivée en trombe, lâchant ses passagers qui se sont tous regroupés autour de moi, improvisant un barbecue, le transistor à côté, sortant des bols de nouilles asiatiques pour accompagner. Il faut dire que je m'étais mis juste à côté du coin barbecue, ne pensant pas être dérangé à 13 heures. Ce n'est pas une heure pour déjeuner pour les japonais. D'habitude ils arrêtent toute activité dès midi pile, voire un peu avant. Comme c'était trop le bazar pour tout déplacer, j'ai pris sur moi et continué le repas dans des airs de musique énervants et des bruits de vaisselle incessants. A vivre en sauvage depuis maintenant 5 jours, on s'y habitue et le fait du côtoyer du monde ne me manque pas. Ça m'étonne toujours ces candidats à Koh Lanta qui chialent au téléphone au bout de deux semaines en entendant leurs proches. Je pense être plus fort que cela. Même si des personnes me manquent, je les garde dans mon cœur bien au chaud et je sais que je les retrouverai. En attendant je vis mon aventure à fond, sans contrainte, ce qui ne m’empêche pas d'avoir des pensées pour ceux qui s’inquiètent pour moi et qui me sont chers.

C'est pas sur la carte je vous dis!
Après manger, je suis allé faire un tour de snorkeling dans cette crique qui ressemble à un lac. On voyait du rivage des trous d'eau garnis de coraux tout autour. Mais une fois dedans la visibilité était réduite et sans grand intérêt, avec peu de poissons. Palau est célèbre pour la plongée, apparemment pas pour le snorkeling. Certes je n'ai pas fait beaucoup d'essais mais les eaux ne sont pas aussi claires et poissonneuses qu'en Polynésie, même si j’admets qu'il y a beaucoup plus de coraux par ici. Mais ils sont aussi très abîmés et on peut voir des récifs entiers retournés ou cassés, faisant de grandes cicatrices quand on plonge. Je ne sais pas ce qui cause ces dégâts. Les marées ? J'espère que ce ne sont pas les bateaux de plongée qui viennent jeter l'ancre par là. Normalement ils doivent s’amarrer aux bouées.
Mon canoë a encore été pris en photo sous toutes les coutures avec le maillot de bain rouge qui séchait dessus. Ça avait l'air de beaucoup les amuser. Ils ont été sympas, ils se sont proposés de prendre ma poubelle qui m'encombre depuis quelques jours. Ils m'ont souhaité un « Safe trip » comme il se doit et j'ai eu droit à un ballet de petites mains qui me disaient au revoir à n'en plus finir. C'était touchant. J'ai pris le large, faisant bien attention par là où je passais car la mer avait encore baissé depuis tout à l'heure, étant désormais à son niveau le plus bas. En donnant des coups de pagaie j'effrayais des poissons en vadrouille et qui réagissaient en se propulsant avec force hors de l'eau et ricochant à la surface 5 ou 6 fois avant de plonger à nouveau. Ça fusait de toute part. Tous le même modèle, comme des petits bolides avec un museau pointu comme un éperon. Ça devait finir par arriver : un de ces poissons n'a pas visé assez haut en cherchant à passer par dessus le canoë et s’est fracassé contre la coque dans un bruit de verre brisé. Pauvre bête pas étudiée pour réagir face à un kayak! J'ai cherché dans le sillage à voir s'il était mort mais comme je filais vite, je n'ai rien vu derrière les tourbillons. A mon avis, vu le bruit que ça a fait, il a dû rejoindre le paradis des poissons.

Ngchus Cove
Ngeanges Island
L’île en face avant d'arriver à Giant Clam Beach où je vais passer la nuit et que je distingue déjà, c'est Ngeanges Island, une île tout en longueur qui possèdes des plages sur ses deux côtés et un terrain de campement en son centre. Je m'y suis arrêté un instant le temps de faire une petite sieste et de traverser l’île d'un côté à l'autre pieds nus en moins d'une minute ! J'ai revu mes espèces de poules d'eau sans aile, qui s'enfuient devant mon passage en dodelinant. Ces volatiles sont noirs avec des pattes jaunes et sont très rigolos à regarder. Ça ne marche pas comme un pigeon ou une poule avec cette tête qui avance et recule leur donnant un air crétin. Ils font mieux que ça, ça file droit, galopant tout d'un bloc avec juste ce mouvement de bascule de gauche et de droite chaque fois qu'ils lèvent une patte. Ces îles sont le paradis des oiseaux. Et des rats ! Au campement, pour la première fois c'en était plein, je les ai vus tous sortir de sous les cailloux une demie heure avant qu'il ne fasse nuit noire. Plus l'heure avançait, plus il y en avait qui filaient comme des ombres partout, se pourchassant et faisant du raffut. Ils ont dû même réussir à monter sur la table en passant par le banc car dans la tente je n’arrêtais pas d'entendre les couverts et les assiettes qui se valdinguaient, m'obligeant à me lever pour tout mettre dans un sac. Car on ne sait jamais avec ces bêtes facétieuses, elles pourraient très bien tout tirer on ne sait où.
Ngeanges Island
Pour gagner Giant Clam Beach depuis Ngeanges, ça a l'air simple, les deux îles se faisant face. C'est donc tranquillement que j'ai mis le cap sur la plage, avant que je ne réalise que bien qu'étant toujours dans la bonne orientation, le nez de mon kayak ne pointait plus vers la plage. Il y avait en fait un courant que je n'avais pas senti et qui m'emportait latéralement. J'ai eu beaucoup de peine à virer de bord, allant chercher dans mes dernières forces. J'ai compris plus tard en regardant la carte que j’avais traversé un chenal. Et je comprends mieux pourquoi je voyais des tourbillons, pensant au début qu'une créature allait surgir des profondeurs. Je suis arrivé à Giant Clam Beach du mauvais côté, côté lac. La plage est large d'une vingtaine de mètres et il y a de l'autre côté un panneau avec un petit quai souhaitant la bienvenue. Et c'était une aubaine : une fois le kayak délesté de son barda, je l'ai tiré jusqu'au quai comme ça j'aurai l'économie du contournement de l’île demain matin.
Giant Clam Beach coté lac
A une encablure de la plage il y avait encore un bateau amarré à une bouée, avec les derniers touristes du jour occupés à plonger pour voir les bénitiers géants. J'ai préféré d'abord installer le camp pour jauger ensuite si j'avais le temps de plonger avant de préparer à manger. Heure limite pour commencer le dîner : 17h15. Après ce n'est plus possible d'arriver jusqu'au dessert et de faire la vaisselle. J'ai finalement un peu plongé en direction des bouées qui sont quand même assez loin du bord. C'était encore un des ces endroits profonds et en raison de l'heure tardive on n'y voyait plus rien. Je suis ressorti de là aussi sec, me consolant avec le fait que des bénitiers géants j'en avais vus plein à Aitutaki. Seulement avec tout ça j'ai pris du retard et j'ai dû finir à la lampe à l'huile. Et le type qui m'avait permis de traverser la zone dangereuse il y a deux jours n'est pas venu m'apporter la dernière ration de provisions comme ce qu'il m'avait annoncé. Par contre quand on s'était quitté je crois qu'il m'avait dit « à dans trois jours » ce qui ne colle pas avec l'itinéraire. A moins qu'à Planet Blue ils aient changé d'avis et que le surplus me soit donné par les rangers demain à Jellyfish Lake, comme ce dont Kay avait parlé un instant. De toute façon ce n'est pas très grave, j'ai fait l'inventaire de ce qui reste dans le caisson et j'ai bizarrement suffisamment pour les trois derniers dîners qu'il me reste. A moins que Kay ait réussi à caser ce que je n'avais pas pu faire dans le second caisson. Comme je ne me souviens plus ce que j'y ai mis...Je ne me fais pas de souci, je ne vais pas mourir de faim, on verra bien !

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