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dimanche 19 février 2012

Palau J2 : pris par la pluie


Black Tip Lake
L'euphorie d'hier aura été de courte durée. Dans la nuit les pluies se sont succédées à un rythme inhabituel. Je me suis même levé entre deux averses constater ce qui allait m'attendre mais on voyait toujours les étoiles. Pas d'inquiétude à avoir donc. Par contre à 6h30, j'étais toujours dans la tente. Après un coucher à 19h30, ça fait long. Mais le jour semblait ne plus en finir de se lever. Quand j'ai mis un pied dehors j'ai compris pourquoi. La luminosité était au maximum de sa capacité, le ciel étant bouché de chez bouché, les îles toutes proches flottaient même dans des nappes de brume. Dans ces conditions j'ai traîné des pieds. J'ai commencé par écrire l'épisode d'hier, sur un cahier acheté spécialement pour l'occasion, faute d'ordinateur. Il faudra ensuite que je retape tout, quel boulot ! Je ne sais plus écrire ni former les lettres, je suis plus à l'aise pour taper sur l'ordinateur, à deux mains ça va vite. Sur papier, ça prend des heures à former un mot et ça m'agace, d'autant plus que ça me donne des ampoules au doigt sur lequel repose le stylo.
Black Tip Lake
Le programme du jour prévoyait normalement l'exploration de la baie de Risong qui regorge de lagunes à l'intérieur de la baie : Shipwreck Bay, Black Tip Lake, Mandarin Lake, Sunken City Lake et Fish Pond. C'est tout prêt du campement aussi la nuit prochaine il est prévu que je dorme au même endroit. Je n'ai donc pas tout le bazar à ranger. 5 sacs étanches, une tente, un matelas, un container à bouffe, une douche solaire, les cartes... C’est un vrai déménagement qui m'attend tous les jours. En plus la tente n'est pas une Quechua qu'on jette, ça prend une éternité à monter et en plus il manque deux piquets pour les tendeurs du toit. J'ai dû m'arranger en utilisant des morceaux de bois plantés de travers dans le sol, autrement l'eau du toit aurait été évacuée dans la tente. C'eut été gênant !
J'ai noirci dix pages d'un petit cahier qui comporte 96 pages et 24 lignes par page. Je ne sais pas combien cela fera sur l'ordinateur. Du coup, il était 9h30 une fois que j'avais fini d'écrire, des crampes plein les doigts. A la faveur d'une accalmie, je me suis décidé à prendre le kayak, en replaçant le container à provisions dessus pour le déjeuner. Je n'allais quand même pas rester toute la journée à me morfondre en moisissant. Tout était humide et poisseux, même ce qui était dans les sacs étanches que j'avais laissés ouverts pour les aérer, en les gardant sous abri. On ne se sent jamais sec, c'est une sensation très désagréable. Ça me rappelle l'enfer du camping de l’Île des Pins.

Black Tip Lake

Black Tip Lake
En fait je suis retourné à Black Tip Lake. J'y avais fait un saut hier en fin d'après midi avant de rejoindre le camp, le temps que la voie soit libre et que les autres aient décampé. Ce matin c'est marée presque basse aussi la physionomie est bien différente d'hier. Il y a très peu de fond, juste quelques centimètres qui suffisent à assurer le passage de l'embarcation. Les photos que vous voyez du lac sont celles de la veille, finalement ça tombe bien que j'y sois allé avant l'heure autrement je n'aurais jamais vu cet endroit sous le soleil. Ce qui a motivé mon retour ce matin, c'est l'espoir d'entrevoir des requins à pointes noires qui viennent ici y élever leurs rejetons, comme le nom l'indique. Pour ce qui est des requins, qu'ils soient bébés ou plus méchants, il faudra repasser. Je n'ai rien vu à part des poissons effrayés par ma pagaie, qui décidaient de fuir en volant dans les airs pour aller plus vite. Ou des oiseaux que je dérangeais et qui revenaient autour de moi les yeux écarquillés pour savoir combien de temps ça allait encore durer. Je dérange. Je suis l'intrus dans ce petit monde sauvage qui ne voit jamais personne.
Risong Bay
J'ai continué mon chemin vers une autre baie, Shipwreck Bay, tentant le circuit de la baie de Risong comme ce qui était prévu. Malgré le temps le site est superbe et les trous d'eau avec du sable au fond ont une belle couleur verte. Autour, ce sont des coraux et des petits poissons bleus que je vois défiler comme des lampions. Un peu vers le fond de ce lac (je ne sais pas pourquoi ils appellent ça un lac, ça y ressemble sauf qu'il y a toujours une ouverture sur un autre lac qui donne sur un autre... et tout ça se termine gaiement dans la mer), il y a une espèce de porte mitraillettes qui surgit du fond couvert de coquilles de mollusques et qui semble être une main tendue vers le ciel comme pour dire « Sauvez moi ». Au fond on distingue les restes rouillés de ce qui devait être une goélette de guerre lors de la seconde guerre mondiale. Il y a plein de restes comme ça à Palau. Ça a été un haut lieu stratégique en proie à de riches batailles entre les américains et les japonais. Ils auraient quand même pu se réconcilier, dans un endroit pareil ! Il y a des musées un peu partout pour commémorer le sombre passé de la région et que Kay m'a conseillé d'aller voir. Mais je ne suis pas intéressé par tous ces trésors ou plutôt épaves de guerre, ça reste de la guère, de la haine et de la barbarie qu'on ferait mieux d'oublier.
Shipwreck Bay
Pile au moment où je voulais malgré tout prendre un souvenir incongru d'un truc rouillé au milieu d'une nature exubérante, les averses ont repris. J'ai trouvé pour refuge les parois des rochers tout autour qui sont creusés par l'effet des marées et qui forment des demis tunnels à marée basse, bien pratique pour se mettre à l'abri. Je suis resté là dessous le temps que ça passe. C'est encore un déluge qui s'abattait, j'étais accroché à la paroi comme je pouvais, pour éviter de dériver et de me retrouver sous la pluie. On aurait dit une chauve souris ! Malgré tout, la pluie plus forte que tout a commencé par me tomber dessus, ruisselant le long des parois jusqu'à finir en goutte à goutte sur la tête. Un délicieux supplice chinois paraît il. Le temps commençait à devenir long. J'ai refusé de me laisser abattre, songeant qu'on est mi février et qu'en France c'est pire, il y a le froid en plus alors qu'ici je suis toujours torse nu. Et je suis dans un endroit exceptionnel, transposez moi en une seconde à Paris et je demanderai de revenir illico ici sous la pluie. Ça m'aidait donc à relativiser.
Shipwreck Bay
N’empêche, sur un kayak sous un rocher il n'y a pas grand chose pour se divertir et les changements de position multiples et variés n'y changent rien. On s'emmerde sec ! J'ai même essayé la position semi allongée, vite fatigante. Un coup d’œil à la montre : 12h45. Il était l'heure de manger, chic, voilà une excellente idée pour faire passer le temps. Comme aucune amélioration ne semblait de l'ordre du possible, j'ai posé un pied dans l'eau, puis l'autre dans un truc à moitié vaseux, pour aller ouvrir le container. Et j'ai mangé comme ça, debout, les pieds dans l'eau jusqu'aux genoux, tenant le kayak d'une main pour ne pas qu'il me quitte. Les tomates que j'ai achetées sont une horreur et ont un goût absolument infâme qui n'a rien à voir avec la tomate. J'ai tout jeté contre les parois, m'amusant à un jeu de massacre. Je comprends maintenant pourquoi la caissière avait une mine de dégoût en me demandant si j'aimais réellement ça. En plus ces tomates sont gorgées d'eau (on se demande laquelle) et jutent partout, même en bon état. 
Il n'y a pas que moi qui attend que ça passe...
Comme si ça ne suffisait pas, elles commençaient à fermenter, en à peine un jour, et ont empesté tout le container et ce qui s'y trouve. Le problème est que j'en ai de réparties un peu partout dont dans des sacs que Kay a gardé pour le ravitaillement complémentaire. Ça va sentir la charogne ! Tout mûri ou pourri vitesse grand V. Je pensais que les poivrons se gardaient bien mais c'est pareil, ils ne supportent pas un container hermétique flottant sur l'eau et exposé à la chaleur. Ils commencent eux aussi à moisir. Par contre mon régime de banane est enfin propre à la consommation. Hier je me suis fait avoir, devant la belle couleur jaune et appétissante d'une banane et j'ai failli y laisser les gencives, devenues de bois. Aujourd'hui rien de tel. Je m'en suis enfilé trois car je sens qu'à ce rythme le reste va se perdre en un clin d’œil. Même les mandarines commencent à virer. Après ce pique nique surprenant, la pluie tombait toujours. Ça devait maintenant faire deux heures que j'étais coincé là dessous, chassant les moustiques qui rappliquaient en nombre, s'étant passé le mot de l'aubaine qui s'offrait à eux. Ce n'est pas aussi souvent que ça doit leur arriver.
Le camp à Blue Devil Beach
Ça s'est terminé au poncho ! J'ai regagné le camp en comptant les coups de pagaie pour me donner du cœur à l'ouvrage. Rien à attendre d'une journée pareille. Je suis juste un peu dégoûté de faire tant d'efforts pour ne pas pouvoir en profiter. Il est des endroits que je n'aurai pas pu visiter, c'est dommage. Comme il n'y avait pas plus de choses à faire sur le camp, je suis allé faire une sieste sous la tente, question d’être au sec et de faire passer le temps. Mais là aussi tout était mou et humide, les vêtements, les draps, même mon cahier semblait à la limite d'avoir les pages à me rester entre les mains comme un papier cul trop humide. Une sieste... pas de quoi non plus occuper un après midi. Je me suis réveillé à 15h30 avec une migraine. Le ruissellement continue commence à me taper sur les nerfs. Quand il ne pleut plus les arbres continuent de s'égoutter jusqu'à ce que la prochaine averse prenne la relève. Bref, il y a toujours un truc qui tombe du ciel. Je suis allé plusieurs fois au bout de la plage, dégagé des arbres pour regarder au large, vers le nord est, par là où tout arrive. Ce n'est pas fameux, les nuages sont encore plus noirs à l'horizon. J'en suis réduit à prier pour qu'il pleuve plus, que le ciel se vide et qu'on en finisse ! Quand il y a une accalmie je ne suis pas content ! J'espère que demain sera mieux, que ça ne va pas me faire à nouveau le coup de la Nouvelle-Calédonie.
L'itinéraire n'a pas beaucoup évolué!
En attendant, j'ai continué l'après midi en noircissant mon cahier. Ce sera ça de pris sur demain, comme ça s'il fait beau je pourrai lever le camp plus tôt. L'avantage d'une journée pourrie (si si il y en a!), c'est que j'ai pu me mettre à préparer le dîner de bonne heure, dès 17h15. Le plat cuisiné, une autre spécialité de la même firme, avait un goût acre absolument pas conforme à ce qu'on attend d'un bœuf mariné/purée. La purée était grise et servie dans une assiette en plastique orange à compartiments, façon truc de gosse à la cantine. Et encore, à la maternelle. Il faut avoir l'appétit ! Mais ce sont les seules protéines de la journée, bien maigres du reste vu le peu de viande à l'intérieur, alors il ne faut pas gâcher. Pas question de laisser quoi que ce soit sinon je n'aurai plus de forceS pour pagayer.
J'étais au lit à 18h30 ! La pluie tombant toujours toute drue sur la toile, m’empêchant de trouver le sommeil. Mais ce n'est pas grave, j'avais 12 heures devant moi, j'arriverais bien à m’endormir à un moment ou à un autre ! Juste avant que la lumière disparaisse complètement sur cette journée pour rien et encore pendant une heure, c'est un concert de bruits bizarres que je ne saurais pas attribuer à des oiseaux ou des grenouilles. Faudra que j'enregistre cela à l'occasion. Ça fait vraiment beaucoup de bruit et après ça se tait comme ça a commencé !

Un aperçu du parcours. Rouge = fait, vert = ce qui m'attend

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