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lundi 20 février 2012

Palau J3 : Blue Devil Beach – Ngeremdiu Beach


Risong Bay
Surprise, le soleil semble de retour ce matin aussi je me suis dépêché de tout remballer, comptant sur le fait de partir tôt pour explorer un peu ce que je n'ai pas pu faire hier. Ça me rallonge mais je ne veux pas rater quelque chose qu'il faudrait absolument voir. Dans le parcours ils ne m'ont pas dit quels seraient les temps forts car je suis supposé tout voir ! J'ai plié la tente toute mouillée, tant pis, je trouverai bien l'occasion de la faire sécher dans la journée. C'est toute une organisation à avoir, rien à voir avec le fait de ranger les affaires dans le coffre d'une voiture, à moitié pliées. Là, il faut que je dégonfle parfaitement le matelas et le l'oreiller, que je range tout minutieusement dans les sacs étanches qui sont relativement petits donc tout doit bien être compacté. Et après c'est le bourrage du kayak. Il faut s'y reprendre à plusieurs reprises. Soit ça ne rentre pas, soit il n'y a plus de place pour la suite. 
Entrée dans Mandarin Lake
Et évidemment une fois que tout est rangé on s’aperçoit que quelque chose dont a besoin tout de suite est rangé dans un sac tout au fond du canoë. Il faut alors à nouveau aller farfouiller dans la coque, à la pêche au sac, qui sont tous pareils. Seule la couleur change et même si je me suis efforcé de garder le même code couleur d'une fois l'autre, j'oublie à chaque fois à quelle couleur tel truc appartient. Il faut donc ouvrir tous les sacs ! Malgré cela, j'ai réussi à lever le camp dès 8 heures. Sans gros regret, entre la pluie et les détritus, je n'en garde pas un souvenir mémorable...
J'ai bien fait de retourner dans la baie de Risong. Avec le soleil cela n'a rien à voir. La surface de l'eau est plane comme un miroir, toute noire, on dirait une mer de pétrole. Les rayons du soleil ont encore du mal à cette heure à passer par dessus les hauts rochers. 
Mandarin Lake
Quand ils le font, c'est magnifique, ça dessine des piscines d'eau verte avec toutes les plantes autour baignant dans un halo de lumière. Il n'y a aucun bruit sauf le chant intermittent d'un oiseau. Je suis allé au fond de la baie, pour rentrer dans un de ces lacs. Celui que j'ai choisi c'est Mandarin Lake. Une merveille. On a l'impression en y entrant de naviguer sur une rivière d'Amazonie, se frayant un chemin sous des lianes, des fougères, des mousses et des orchidées. Sauf qu'en plus on bénéficie de fonds sableux et de coraux qui poursuivent le spectacle sous l'eau. C'est irréel de se dire qu'on est en mer. Vraiment les Rock Islands sont une curiosité unique au monde que je ne pouvais pas rater au cours de mon périple autour du monde. Ce que j'aime dans ce genre d'endroit c'est lever la pagaie et profiter du calme en me laissant dériver. C'est l'idéal pour bien s'imprégner de ces instants magiques. 

Mandarin Lake

Quand je suis sorti de la baie de Risong c'est avec un large sourire sur le visage qu'un bateau chargé de touristes et de kayaks a pu admirer. Ils avaient l'air surpris de me voir, par une heure aussi matinale, surgissant de nul part. J'ai continué mon chemin car aujourd'hui m'attend une longue traversée. Malheureusement une fois en mer j'ai pu constater que le mauvais temps rappliquait en masse. Ce n'était donc qu'une éclaircie. Il s'agissait dorénavant de pagayer rapidement afin de faire le maximum de trajet au sec, avant que ça n'éclate. Mais pour poursuivre le voyage je ne peux pas aller tout droit afin de rejoindre l’île en face. Il y a au milieu une zone protégée qu'il est interdit de traverser sous peine de poursuites. Kay me l'a maintes fois rappeler. Je risque une amende et eux aussi pour ne pas avoir briefé leur clients comme il faut. La faute à un sanctuaire où les dugongs, créatures marines énigmatiques, sont invités à venir batifoler. Sauf que ces bêtes là ne connaissent pas de frontières en en longeant le sanctuaire je n'en ai pas vu un seul. Il y a des espèces de piquets pour délimiter la zone. 
Dolphin Pen
Le contournement est interminable. Au lieu de filer tout droit j'ai été obligé de suivre les trois faces d'un carré. Et un grand de carré. Pour cette partie là j'ai une autre carte, différente de celle des deux premiers jours et avec une échelle différente. Ce qui fait que je n'ai plus le repère des distances auquel je m'étais habitué. L'avantage d'aujourd'hui c'est que j'ai quand même le vent dans le dos. C'est déjà ça. Mais je n'en pouvais plus, pestant après ce sanctuaire qui ne sert à rien ! Ce qui travaille le plus en faisant du kayak ce sont les trapèzes et la douleur envahit ensuite la base du cou, procurant des nausées.
Je me suis approché de Dolphin Pen, un endroit où plein de bateaux débordant de japonais accostaient. J'ai demandé à un capitaine si je pouvais m'amarrer au ponton. Une fois de plus j'ai été l'attraction à touristes. Ils étaient tous venus pour plonger mais ils ont tous convergé vers moi, manifestement plus intéressés par ma petite personne, regardant le canoë et faisant des commentaires sur telle ou telle chose à bord. 
Un capitaine m'a demandé d'où je venais et où j'allais. J'ai raconté mon histoire, les japonais se sont assis en tailleur pour écouter et souriaient à ce que je disais. J'étais la star du jour, une espèce de héros dont je pouvais lire l'admiration dans le regard de mes interlocuteurs. Ça fait drôle. Dolphin Pen est en fait ni plus ni moins qu'une barge flottante dans un bras d'une île avec des filets tout autour pour empêcher des dauphins introduits dans des espaces dédiés de s'enfuir. Une espèce de ferme à dauphins. L'avantage est qu'on peut les voir de près. Il y en a un qui m'a beaucoup fait rire. Il a commencé par me jauger d'un œil, m'offrant son plus beau profil en nageant de côté, puis il a hissé tout le haut de son corps hors de l'eau, avançant comme ça vers moi, tel un serpent qui nage. Mais une fois arrivé à mon niveau il a poussé un large soupir et s'est affalé dans l'eau en m'aspergeant complètement, l'appareil photo avec. Si ça pouvait ricaner, je suis sûr qu'il l'aurait fait.
Lolita's Garden
Rapidement le personnel du bassin s'est aperçu que je ne faisais pas partie du groupe de japs qui se faisait briefer à un autre endroit avant de plonger avec les dauphins. Ils m'ont demandé de regagner le ponton où j'avais attaché le kayak, me disant que seuls les gens autorisés avaient le droit de se trouver là où j'étais. Je m'en fiche car j'ai eu le temps nécessaire pour tirer le portrait aux dauphins. J'ai laissé tout ce petit monde qui me disait au revoir de la main et me souhaitait un « Safe trip » pour me diriger vers Lolita's Garden, un spot de snorkeling. Le problème cette fois est que j'avais le vent face à moi et dès que je réduisais la cadence je faisais du surplace. J'ai malgré tout réussi péniblement à arriver à destination. Il y avait un bateau amarré à une bouée avec tout un groupe affairé à plonger. Je me suis jeté à l'eau un peu plus loin. Lolita's Garden est un banc de corail au milieu de la mer et qui s'épanouit le long d'un chenal. Avec le vent qu'il y a, le temps que je me retrouve à l'eau j'avais déjà dérivé en arrière et je me suis retrouvé au dessus du récif, dans très peu d'eau. 
jungle à Lighthouse Dock
Mes pieds ont touché les coraux mais par chance je n'ai pas de blessures. J'ai donc nagé à contre courant tout le temps, plus dans le chenal, pour avoir suffisamment de profondeur pour évoluer, luttant après un canoë qui voulait m’entraîner de l'autre côté. Cette fois il me stoppait dans mon élan et j'étais tout le temps obligé de donner des coups de cheville pour le faire revenir vers moi. Au bout d'un moment j'en ai eu marre de lutter et je me suis laissé dériver le long du chenal et du mur de corail. Je n'ai jamais vu autant de coraux et aux rameaux si longs. Ils forment comme des buissons aux branches qui font bien plus d'un mètre. Il y en a des blancs, des violets, des roses, des bleus et des jaunes. Par contre je n'ai pas trop vu de poissons. Quand enfin j’en ai aperçu un que je n'avais encore jamais croisé auparavant, il a fallu que j'aille farfouiller à bord dans un sac étanche, tâtonnant à la recherche de l'appareil photo aquatique, que j'ai fini par avoir dans la main mais qui était bloqué avec autre chose. Évidemment pendant ce temps là je dérivais dans le sens du vent, au dessus du massif de corail que j'ai heurté à nouveau. Quand j'ai pu me saisir de l'appareil j'avais tellement changé d'endroit que je n'ai pas pu retrouver le poisson. C'était fatal. Du coup je me suis rabattu sur ce qui restait, des coraux et quelques poissons qui passaient par là et que je connais par cœur. C'est dommage de risquer la santé de mon appareil pour si peu. Car après toute utilisation je dois le rincer à l'eau claire pour empêcher le sel de corroder les joints. Mais va trouver de l'eau douce au milieu de l'océan !
Comme le ciel était tout bouché et qu'il pleuvait à présent, j'ai filé direct vers le point de rendez vous de ce soir : Lighthouse Dock. Il était déjà 12h30, j'avais très faim et le lieu où je devais me rendre très loin. J'avais toute une baie à traverser, que j'ai fait par son rayon plutôt que de longer les côtes. J'étais bien loin du rivage, naviguant dans de l'eau noire, face au vent, avec des vagues qui faisaient tanguer le kayak ou qui parfois venaient m'éclabousser. L'impact des gouttes d'eau sur la mer formaient comme des cratères tout autour de moi. Je n'en pouvais plus, la côte était si loin que j'avais l'impression de faire du surplace, j'étais à bout de forces, tenant par les nerfs et la volonté. Il fallait que j'y arrive coûte que coûte, pas le choix. Cette pluie qui me cinglait le visage n'était qu'un mauvais moment à passer et je me donnais du courage en me disant qu'après ce serait la fin : plus de kayak à faire pour le reste de la journée. Car pagayer pendant des heures ce n'est pas trop mon truc. Si encore c'était pour découvrir des trucs et admirer le paysage... 
Mais là, entre la pluie et la brume il n'y a rien à voir, qu'un dégradé de gris. Et pou couronner le tout j'ai eu quelques difficultés à trouver le dit « quai ». Je regardais tout le temps la carte, essayant de me repérer par tel ou tel îlot. Car on ne voyait pas de trace de quai de loin. Un quai bâti lors de la seconde guerre mondiale, en ruine et envahi par la végétation, voilà ce que c'est. C'est sûr que pour repérer ça de loin... J'ai attaché le canoë vite fait à un arbre et j'ai posé le pied à terre, titubant, cherchant mon équilibre en me tenant le dos, fourbu ! Et j'ai pique niqué. Il était seulement 13h15, j'avais vite filé au final. A peine une heure entre Lolita's Garden et Lighthouse Dock. Mais que d'efforts !
Le quai est dans une espèce de cul de sac où viennent finir leur course tous les déchets apportés par les courants. Je vais pousser un coup de gueule avec le plastique. Il y en a partout. La mer est jonchée de centaines de bouteilles d'eau, dans les arbres il y a plein de cordages, de sacs plastiques, de morceaux de polystyrène. 
Avatar
Il flotte des tongs, des sandales de piscine, des déodorants à bille, des bouchons en plastique, des briquets, des gobelets. Voilà ce qu'on trouve en mer, à mille lieux de toute ville. Dans un endroit pareil ça fait vraiment mal au cœur. Dans un autre tout autant. Ça donne envie de s'engager dans une ONG de lutte contre les pollutions marines. Il faut qu'on arrête avec le plastique, c’est le seul moyen. Il y a des populations qui ne pourront jamais être éduquées. Du reste, la pollution est mondiale. Ce n'est pas parce qu'on trouve une bouteille d'eau qu'elle vient forcément du coin. Elle a très bien pu traverser les mers. Et elle restera ainsi des siècles, le plastique étant absolument non dégradable et finissant en petits morceaux avalés par les animaux qui en mourront par des occlusions ou étouffés. N'y a t il pas pas encore d'alternative au plastique ? Il faut bannir le pétrole et ses dérivés, y en a marre, c'est l'urgence numéro un pour la planète. Que font les ingénieurs chimistes ?
Après le déjeuner je suis parti vers les hauteurs, m'enfonçant dans la jungle vers German Lighthouse, un phare datant de la seconde guère mondiale. On est dans de la vraie jungle, avec des arbres à la hauteur démesurée et des lianes à foison. Tout est gigantesque et mes précédentes balades dans la jungle tropicale n'ont rien à voir. Faut dire qu'avec ce qu'il pleut, ça peut ! Par chance la pluie s'est arrêtée et très loin un peu de ciel bleu semble arriver. 
German Lighthouse
Peut être qu’avec un peu de chance j'aurai une vue dégagée une fois arrivé en haut. Car il paraît que la vue est spectaculaire. Une occasion unique de voir les Rock Islands par le dessus. C'est surtout vu d'en haut qu'on réalise vraiment. Quand on fait du kayak on passe d'un bras de mer à un autre, d'une lagune à la suivante, comme dans un labyrinthe mais on n'a pas de vue d'ensemble. Je pense qu'un vol de coucou au dessus des Rock Islands doit être le must et ca m'étonne que personne ne le propose. Par contre on se demande bien comment ils ont pu faire la guerre et lâcher des bombes dans un endroit pareil. Ça ne prête pas à ça !
Sur le chemin on trouve tout un tas de reliques, des canons avec encore des obus à côté, des rouages d'on ne sait quoi, des trucs rouillés qui ne ressemblent plus à rien. J'ai failli embarquer un boulon en guise de souvenir mais il était si lourd que je me suis ravisé. Le chemin qui grimpe a été taillé dans la roche, on le voit bien, il y a des précipices sur les côtés, comblés par des arbres qui tentent de s'extirper de leur trou pour aller chercher la lumière là où elle se trouve. Tous les gens du coin pensent que l'arbre de vie que l'on voit dans le film Avatar vient d'ici. Que quelqu'un s'en est inspiré. C'est vrai que c'est plein d'arbres qui lui ressemblent. Ce sont des troncs formés d'une multitude de troncs entrelacés, se perdant parfois en lianes et finissant à leur base en échasses. 
Milky Way
Sans doutes ces arbres étrangleurs qui poussent sur d'autres arbres et viennent les étrangler progressivement jusqu'à causer leur mort. Au détour du sentier et caché dans les fougères j'ai vu une cavité creusée dans les parois avec un truc pointé vers moi, un genre de mitraillette. C'est sûr qu’en son temps, quiconque qui passait par là était certain d'y passer. Quand on voit la planque c'est déjà trop tard. Pour ma part je me suis contenté d'espérer que le coin ne soit plus squatté par un autochtone qui vivrait là et ne saurait toujours pas que la guerre est finie. OK, je sais, je vois trop de films. Et depuis le temps le papy serait trop gâteux pour arriver à viser quoi que ce soit !
Le chemin grimpe rude dans cette végétation et l'air est si humide que mon T-Shirt est à tordre, me collant à la peau, mélange de transpiration et d'humidité. Je sue à grosses gouttes. Le phare est comme le reste : à l'abandon. 
On arrive à Ngeremdiu
Ce n'est plus qu'une tour à moitié en ruine, surveillée par deux canons rouillés et dans laquelle plein d'arbustes y ont pris racine. Une échelle corrodée dont il manque des barreaux qui sont tombés au fil du délabrement invite à y grimper ! Car pour l'instant nul panorama, tout est caché par les arbres. Pour avoir la vue il faut aller là haut. Au sommet il y a une antenne rutilante, aussi j'ai fait le tour du phare pour trouver une échelle de chantier qui ressemble plus à deux rails parallèles avec des traverses qui sont juste là pour consolider la structure, très espacées et dont il faut se servir comme barreaux ! L'ensemble, vissé dans les pierres de la tour comme les arbustes, n'inspire pas trop confiance quant à sa robustesse. Même si l'échelle est toute neuve, la structure sur laquelle elle repose a bien fait son temps et je ne serais pas étonné que sous mon poids une pierre se détache, précipitant la chute de ce machin qui tient de peur. Mais je n'avais pas fait toute cette marche pour rien, je me devais d'escalader.
Les barreaux sont si espacés que parfois j'étais à la limite du grand écart. Je secouais de temps en temps l'échelle pour vérifier qu'elle était bien fixée et ne bougeait pas. Mais plus je montais, plus il y avait du jeu et moins c'était stable ; aussi j'ai arrêté, me contentant de noter l'emplacement des racines et des branches auxquelles je pourrais me retenir si tout devait s'effondrer. J'évitais aussi de regarder vers le bas car cela me donnait le vertige, faisant trembler mes guibolles. J'ai dû prendre un peu sur moi pour poursuivre l'ascension. La vue d'en haut valait bien les petits efforts fournis. Quelques rayons de soleil perçaient de temps en temps, permettant d'avoir de belles couleurs. Mais au zoom seulement, les vues d'ensemble ne donnant rien, plongées dans de la grisaille. C'est un peu dommage. La meilleure vue c'est vers l'ouest, sur Milky Way, une baie pleine d’îlots dodus baignant dans une eau phosphorescente où je dois me rendre demain.
Ngeremdiu Beach
Quand je suis retourné en bas, à 15h30 pile comme prévu, mon kayak était déjà sur le bateau ainsi que tout le bordel que j'avais laissé traîner et les vêtements mis à sécher sur une corde de fortune. Par contre, pas de trace du capitaine. Je m'attendais à voir Kay ou Rex, à la place j'ai eu un nouveau, Pax, occupé à pêcher en m'attendant et qui s'est arrêté dès qu'il m'a vu. Il m'a serré la main me demandant de regagner le bateau pour partir sans plus attendre. Direction Ngeremdiu Beach, où je vais passer la nuit. Le lieu où a eu lieu la finale de Koh Lanta, selon les dires de Rex. Heureusement que le bateau était là car en effet le contournement de l’île pour passer de l'autre côté est mortel. Des vagues viennent se fracasser contre une haute falaise, celle où il y a le phare et on a dû prendre les vagues de biais pour les franchir, attendant le moment opportun entre deux séries pour passer, en mettant les gaz avant que la prochaine vague n'arrive. J'imagine en kayak ! Noyade assurée ou si l'on y réchappe ce sera pour finir déchiqueté sur les rochers et servir de nourriture aux oiseaux qui attendent. Rien ne se perd... 


Pour arriver à la plage il a fallu repasser par dessus cette barrière de vagues, la bateau finissant par faire du surf. On m'avait promis un beau coucher de soleil sur Ngeremdiu, cela va sans doute être le cas car ça s'améliore de plus en plus. La plage est une merveille, complètement noyée sous la végétation, les branches des arbres tout autour venant lécher la surface de l'eau. C'est d'une sauvagerie absolue. Le camp n'a rien à voir avec celui des deux dernières nuits. C'est très bien entretenu, aucun déchet, on voit que le sable a été ratissé par les rangers fraîchement. Il y a de grandes tables, plein de bancs et un immense abri. Et même derrière, dans la jungle, des toilettes, une pour les femmes et l'autre pour les hommes. Il faut monter sur une plateforme par des marches et les toilettes s'enfoncent par un tube qui semble sans fond dans une espèce de cuve sous la plateforme. Je plains celui qui transporte et nettoie les containers.
J'étais tout seul au camp. La perfection absolue. Pax en a profité sans que je ne lui demande rien pour me faire un briefing très détaillé pour les trois prochains jours, cartes à l'appui. Il m'a montré par où passer dans ce dédale d’îlots. Avant c'était un dédale de baies et de lagunes, dorénavant ce sont plein d’îlots partout. Il va falloir que je les compte si je ne veux pas me perdre. Pax m'a montré aussi tous les endroits incontournables pour faire du snorkeling. Puis il m'a laissé là, me rassurant avec le fait que j'abordais une zone touristique et que j'allais croiser de nombreux bateaux. Si jamais j'étais perdu, il suffirait que je lève les bras pour demander de l'aide et les capitaines se feraient un plaisir de me montrer par où passer. Mais après ces trois jours je n'ai plus peur. Du reste je n'ai jamais eu peur, juste un peu d'appréhension devant tant d'inconnu. J'ai de la ressource et de la force en moi. Je sais désormais que je peux rebondir sur chaque situation et aller de l'avant, c'est ce que cette expédition m'a déjà appris. Je me sens désormais prêt à affronter n'importe quoi, je me sens pousser des ailes. Pour un peu je m'inscrirais à Koh Lanta dont seule la dégustation des vers m'a empêché jusque là de le faire. Mais j'aimerais bien tenter, pour tester mes limites. Ici c'est un peu un avant goût.
Au camp il y a des coqs qui ont élu domicile. Sans doute des petits futés ont dû trouver rigolo d'en apporter un jour. Et ils ne font que chanter, complètement détraqués. Espérons qu'ils soient calmes cette nuit... Comme promis j'ai eu au cours du dîner un coucher de soleil fabuleux et inattendu. En effet le soleil avait disparu peu avant, caché par la colline juste de l'autre côté de la baie mais quelques instants plus tard c'est venu tout d'un coup alors que je levais le coude prêt à engloutir une bouchée. Le ciel s'est complètement embrasé. J'ai tout lâché et couru les mains graisseuses pour immortaliser l'instant. Être ici loin de tout, seul au monde et vivre ça, c'est une récompense ultime. Cette expédition est une vie dans ma vie, faite de peines, d’efforts, de joie, de désespoir et de bonheur. Toutes les émotions y passent et ce en l'espace de de quelques heures...

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