Google Website Translator Gadget

vendredi 9 mars 2012

Archipel de Bacuit : tour C


Secret Beach
Hier c'est moi qui ai donné le ton ! C'est le premier qui demande qui fixe le programme. Car ce matin j'étais un peu inquiet en voyant qu'ils ne préparaient qu'un seul bateau pendant que quelques personnes de l’hôtel attendaient. Je pensais que ce serait bien un miracle que nous prenions tous le même tour. Je n'avais de cesse de faire répéter au personnel de me confirmer que c'était bien le tour C. Je n'avais pas envie de me retrouver dans un autre tour, plus demandé auquel on m'aurait rajouté pensant que je n'aurais vu que du feu dans le changement. Méfiez vous, je sais parfaitement où je dois aller ! En fait comme je m'y étais pris tôt, les gens qui ont suivi pour réserver ont dû se voir proposer d'office le tour C, le seul de disponible pour la journée. Car il faut être un minimum de quatre pour que l'excursion puisse avoir lieu. Je craignais que ça n'intéresse pas grand monde mais ce matin nous sommes six de l’hôtel de la partie.
Alors que je prenais le petit déjeuner au dessus de l'eau, je regardais ce paysage fascinant autour de moi, qui me souhaitait une bonne journée et m'invitait à aller l'explorer. Des larmes d'émotion me sont venues. C'est si beau ! J'ai soudain réalisé que je prenais un petit déjeuner dans cet endroit extraordinaire et qu'on allait bientôt me retirer cette vue splendide au saut du lit pour la remplacer par des bâtiments tout gris barrant l'horizon. 
L'autre Secret Beach de Miniloc, avec le soleil!
On va dire que je suis masochiste de penser à ça, mais ça m'aide à profiter encore davantage. Je n'ai de cesse de me répéter : « Profite, profite avant qu'il ne soit trop tard, hume l'air, regarde partout, enivre-toi de ce qui t'est donné ici ». Un telle occasion est unique. C'est le trésor d'une vie, que j'ai tellement attendu et qui déjà semble prêt de se terminer. Je pense de plus en plus qu'il ne me reste plus qu'un mois et demi. Ça va vite passer. Cela fait un an et demi que je vis avec ce voyage en tête. Qu'aurai-je à mon retour pour m'aider à affronter la vie ?
Sur le bateau, il y a un couple de coréens dont la femme, une pie qui jacasse haut et fort des mots qui semblent être une succession de « k-k-k-k-k-k-k-k- » avec des intonations différentes, ne sait pas nager mais va malgré tout à la flotte avec un gilet de sauvetage avançant pire qu'un chien. Il y a une russe de Shanghai, très charmante, douce, toujours souriante et tranquille avec de la classe qui passe sont temps à regarder autour d'elle et à ramasser des cailloux et des coquillages. Je l'aime bien et ça me fait changer d'avis sur les russes. Il n'y a pas que des rustres ! 
Plage du pique nique
L'autre couple, ils ne me disent pas bonjour depuis que je les ai fait déguerpir en pleine nuit parce qu'ils s'étaient installés sur ma chaise longue devant le bungalow pour discuter. Je leur avais demandé d'aller voir ailleurs. C'est un australien un peu ours qui se trimbale partout avec un transistor qui délivre des airs de guitare électrique nasillards et avec une fille un peu mauvais genre qui semble être sortie d'un établissement spécialisé de Thaïlande. Elle doit être des Philippines car elle parle avec tout le monde. Je suis fin psychologue car j'avais tout de suite trouvé que ce devait être une chieuse, avec ses grands airs et sa mine dégoûtée en permanence. Ça n'a pas raté ! Pour accéder au bateau, comme c'est marée haute et que la plage devant l’hôtel est un des ces endroits peu profonds et vaseux avec des bancs de sable même à marée haute, il faut marcher dans la mer sur 200 mètres. Je les ai vus arriver en marchant sur des œufs et dès qu'elle est montée à bord ça a été le drame, elle était fermée comme une huître, reprochant à son ami de l'avoir traînée là, qu'elle pensait qu'il l'aimait et qu'au lieu de ça elle était couverte de blessures qu'elle venait de se faire en se cognant les pieds un peu partout. Ça commençait bien ! 

Le détroit entre Tapiutan à gauche et Matinloc à droite

Pour ma part, ayant pris place en premier, je m’étais choisi la meilleure position, à l'avant. Car hier ce n'était pas le cas et j'étais tout le temps à faire des allées et venues vers l'avant du bateau pour prendre des photos. Autrement ailleurs il y a toujours un cordage ou l'espèce de bâche au dessus de la tête pour empêcher d'avoir un champ libre. Je me suis donc mis devant, côté droit, par là où tout devait arriver selon l'itinéraire prévu. On a commencé par repasser devant Miniloc et sa belle plage en croissant, Secret Beach, qui aujourd'hui se trouve bien au soleil. J'ai donc repris une photo. Le programme du jour est focalisé sur Matinloc Island, une île toute en longueur et la dernière de l'archipel avant le grand large. A un endroit elle se rapproche de sa voisine, Tapiutan, pour former comme un détroit, presque un fjord. Le paysage est incroyable avec toutes ces îles aux formes tarabiscotées et aux falaises qui semblent être des couches d'un mille-feuille acéré dont chaque feuillet est fin comme une lame de rasoir. C'est très pointu et coupant. 
J'ai essayé d'escalader l'un de ces rochers, bilan : je me suis entaillé la voûte plantaire. Par chance c'est à un endroit qui ne me gêne pas pour marcher. Le site me fait penser à des montagnes englouties dont il ne resterait plus que les cimes. Imaginez un massif de montagne avec une vue comme ce qu'on peut voir du haut d'un téléphérique, faites couler de l'eau dans les vallées comme on ferait couler un bain et imaginez le niveau arriver jusqu'à 2000 mètres. Vous obtiendrez un paysage similaire, la neige en moins et les cocotiers en plus ! C'est ce que j'ai vu de plus beau en Asie, surpassant Koh Phi Phi et la baie de Krabi, en plus sauvage. A mon retour il faudra que je me renseigne pour savoir comment cet archipel est né. C’est vraiment unique au monde. On parle toujours de la baie d'Along – que je n'ai jamais vue – mais ici je crois que ça n'a rien à lui envier. 

La vue depuis le rocher que j'ai escaladé avant le déjeuner

Le déjeuner est servi!
La coréenne pendant la traversée nous a donné à tous un bonbon dans un sachet individuel. Un bonbon rond et violet, mi mou mi dur, façon carambar ramolli, au goût atroce d'eau oxygénée dans laquelle on aurait plongé un morceau de sucre. C'était si mauvais que je me retenais de partir en fou rire ! Le premier arrêt de la journée c'est devant Secret Beach. Tout comme sa cousine sur Miniloc, l'endroit n'a plus rien de secret et le reste simplement parce qu'on ne voit rien de l'extérieur. Il faut prendre son masque et tuba et j'ai dû nager en tenant mon appareil photo la main hors de l'eau, après avoir pris soin de mettre l'appareil dans un petit étui étanche. On ne sait jamais...Et j'ai bien fait car à nager ainsi, on a vite des crampes et la main se fait moins haute. La faute au bateau qui a dû jeter l'ancre un peu au large en raison d'un embouteillage devant l'accès. Sur la pirogue tout à l'heure, l'appareil photo m'a fait très peur. Il s'éteignait dès que je l'allumais, essayant de zoomer et de faire la mise au point, sans succès, pendant que l'écran était tout noir et demandait de redémarrer l'engin. J'ai dû essayer une bonne dizaine de fois pour le même résultat. J'ai vraiment cru qu'il était fichu et je me voyais déjà dégoûté de faire cette excursion sans pouvoir l'immortaliser. En désespoir de cause, j'ai essayé la manière forte, en lui tapant sur le cul, l'objectif en bas. Cassé pour cassé... Et là il a démarré comme il faut. Je n'en revenais pas et n'osait plus l'éteindre. J'ai peut être un peu trop appuyé sur la lentille ce matin en la nettoyant. En touts cas dorénavant je me trimbalerai avec son frère jumeau que j'avais acheté à Auckland. On ne sait jamais et si l'appareil doit rendre l’âme, il y a peu de chances qu'il le fasse pendant la nuit mais plus probablement au milieu d'une excursion.

La vue du haut de "l'église"

Shrine Beach
Comme tous les matins le temps est plus couvert de nuages gris que de passages ensoleillés, aussi il faut faire le pied de grue avant chaque prise et quand enfin le soleil sort pour quelques secondes il y a toujours un intrus pour passer dans le champ de la caméra, ce qui n'était évidemment pas le cas quand le ciel était couvert ! J'ai l'habitude, on appelle ça la loi de l'emmerdement maximum. Je la connais bien, elle me rappelle son existence tous les jours... La lagune de l'autre côté de l'entrée est à tomber. Impossible de la prendre en photo en entier, seul le mode panorama permet de tout cadrer mais avec pour effet de réduire les échelles aussi les falaises ont l'air encore moins hautes que ce qu'elles paraissent sur une photo classique. C'est le problème de Palawan. A faire dans le gigantisme on perd l'échelle des grandeurs et c'est très compliqué d'avoir une bonne photo. C'est un endroit à vivre que rien ne peut refléter. On peut aussi y faire du snorkeling et je ne me suis pas privé, même avec un tuba percé.
Quand je suis remonté à bord, l'asiatique était encore plus pincée qu'avant, drapée dans un fichu et sa dignité avec des lunettes de soleil où rien ne sortait. Quand son type est revenu, elle a fait une crise de nerfs en refusant de lui parler et lui tournant le dos en fixant l'horizon. Sans doute qu'elle en avait marre d’être sur le bateau pendant qu'il n’arrêtait pas de faire des ronds dans l'eau à la recherche des poissons. A partir de là elle n'a pas cessé de bouder jusqu'au déjeuner qui l'a un peu déridéé. Ah ces couples qui s'engueulent dans des coins pareils et qui se privent d'un délice ! Je ne comprends pas pourquoi les gens sont si compliqués. Sans doute un excès d'orgueil. Il faut prendre la vie et les gens comme ils sont, avec beaucoup de simplicité. En tout cas je suis bien mieux tout seul dans mon aventure sans quelqu'un qui m’empêcherait de la vivre pleinement comme je le souhaite. Devant tant de tensions, l'australien fuyait en pressant le pas dès qu'on s’arrêtait quelque part, préférant la compagnie des poisons à celle de sa greluche aux sautes d'humeurs. Après le déjeuner il a tenté une approche de réconciliation par la douceur, en cherchant à la prendre dans ses bars pour l'embrasser, elle résistait encore, raide et tout d'un bloc comme un chat à qui on veut donner un bain. Je te pousserais ça à la flotte !

La plage de rêve

L'accès à la plage du haut
Pour le déjeuner on a eu une petite plage pour nous tout seuls, dans le détroit entre Maniloc et Tapiutan. Une merveille de sable blanc avec des eaux bleu turquoise qui finissent par un tombant propice au snorkeling. Dès que j'ai mis le pied là je n'ai pas résisté à essayer de m'emmancher dans une végétation inextricable poussant sur des rochers coupants comme du verre, à la recherche d'un point en hauteur pour avoir une vue encore plus magnifiée. Notre guide m'a demandé de faire attention. N'ayez crainte j'ai l'habitude ! Sauf que sur ce coup là j'aurais été mieux avec mes Crocs restées à bord que pieds nus, ce qui m'aurait évité l'entaille du pied. Mais j'ai réussi à trouver un rocher, après des contorsions à n'en plus finir entre branches et lianes. Je surplombais tout le fjord et la plage où ils étaient en train de dresser la table. Les gens n'en revenaient pas et l'australien a tenté de venir mais est resté bloqué plus bas. Avec un peu de détermination, je me faufile partout comme un chat ! Des pique-niques comme ça j'en veux tous les jours ! Assis sur un tronc échoué et faisant un banc parfait, les pieds dans le sable, aveuglé par tant de beauté, c'est une vue qu'on ne peut pas oublier. A postcard from heaven, comme disent les anglais.
Après le déjeuner on a filé juste un peu pus loin où se trouve derrière une petite crique un chapiteau qui fait office d'église avec en son centre un grand crucifix et des statues de Marie. Il y a des inscriptions qui disent : « In the island of Matinloc, God's mystery continues to unfold with its mysterious rock formations, reminding us of His Plan of Salvation and His love for man. Matinloc invokes in everyone a sense of awe and humility while realizing the island's message – one of love, and of hope. ». On y trouve aussi trois tombes. Mais le clou reste une courte ascension par un escalier aux marches larges comme une demie chaussure et très hautes, taillées dans les rochers coupants, pour arriver en haut avec une vue fantastique sur le détroit avec des aiguilles en contrebas qui se dressent comme des lances. Je n'en reviens pas de la forme de ces aiguilles. Elles sont si fines qu'on dirait des lamelles qui vont casser si on les touche. C'est un des endroits phares de la journée. Mais le plus beau est à venir.


Helicopter island
En passant du côté est de Matinloc, on découvre un endroit merveilleux dès l'entrée. Le bateau est obligé de rester en dehors et on passe à pied en marchant dans l'eau entre deux falaises aux aiguilles déchiquetées. On n'est plus sur terre mais dans un autre monde. Et ce n'est pas fini. Ce passage en rejoint un autre, faisant face à une plage de rêve, à la végétation luxuriante, s'ouvrant sur une anse parfaite au pied d'une montagne. Je n'ai jamais vu une plage aussi belle, une des plus belles de toutes celles que j'ai vues dans ma vie. C'en est à pleurer. Comment de tels endroits ont ils pu être façonnés, comment le sable a pu se retrouver là ? Palawan est un mystère, une énigme qui fascine et envoûte. Il faut voir ça une fois dans sa vie, c'est tellement incroyable ! J'en avais les yeux humides, voyant tout trouble pour prendre les photos, n’arrêtant pas de m'essuyer le nez. L’australien - qui me suit un peu comme un chien car il aime bien prendre des photos comme moi et on a un peu le même œil, aussi on se retrouve souvent aux mêmes points stratégiques pour avoir les meilleurs angles - n'en revenait pas non plus et parlait tour seul marmonnant des « wouah », « incredible », « fantastic ». Je suis certain qu'ils ont dû tourner une partie du Koh Lanta Palawan ici, sinon je ne connais plus mes classiques. Il faudra que je vérifie en rentrant.
Helicoper Island
Quand on est sorti de là tout le monde avait la banane et souriait béatement sur le bateau comme touché par la grâce. L'asiatique était redevenue normale et dorlotait son fiancé. Un endroit pareil a de quoi dérider le plus féroce des dictateurs. Ils devraient y faire venir les dirigeants des pays en guerre et le monde serait un peu plus paisible. Il manque juste un lagon à Palawan pour en faire le plus beau coin sur Terre. Mais on ne peut pas avoir des reliefs aussi abrupts et déchiquetés et avoir en même temps un lagon, c'est incompatible. Il faut choisir entre îles hautes ou atolls. Chacun a ses avantages et particularités et la bonne nouvelle c'est qu'avec mon tour du monde j'ai vu les deux ! On a fini en beauté à Helicopter Island que j'avais pensé à rejoindre en kayak le premier jour. Heureusement que je ne l'ai pas fait car je n'aurais pas pu rentrer. Comme l’île se trouve au centre de la baie de Bacuit, le vent s'y engouffre très fort du nord est, formant de grosses vagues qui faisaient tanguer le bateau et crier l'asiatique de manière hystérique qui ne pouvait plus s’arrêter de rire, comme possédée. Décidément elle passe d'un extrême à l'autre dans ses humeurs ! La plage de Helicopter Island est un peu comme Seven Commando hier : c'est le dernier arrêt de tous ceux qui ont opté pour le tour C. Aussi il y a pas mal de monde. J'ai d'ailleurs retrouvé des compagnons d'excursions d'hier. Mais j'ai trouvé un coin tranquille où j'ai fait une petite sieste qui n'a pas duré longtemps, refusant de dormir trop longtemps car me privant de vues et des sensations. C'est un crime de fermer les yeux dans un endroit pareil !

Une autre vue de ma plage préférée

La dent
Il y a un rocher qui me fascine pas très loin de l’hôtel, plus au sud. Il fait face à une belle plage déserte avec de très nombreux cocotiers que je n'aurai hélas pas le temps d'explorer. Le rocher semble être une dent de géant dans la mer. Mais pas n'importe quelle dent, une grosse molaire, ou mieux, une dent de sagesse. Comme j'ai été sage... La vue sur la baie de l’hôtel depuis le bateau est très belle. On est vraiment dans un très beau coin, tranquille, et je n'avais pas réalisé toute cette jungle qui se trouve juste derrière et qui grimpe sur les hauteurs d'une colline. J'ai bien fait d’être descendu là, c'est sans doute le meilleur coin de El Nido, loin de la ville qui elle est plongée dans l'ombre des falaises dès 16 heures alors qu'on a un beau coucher de soleil ici tous les soirs qui disparaît au loin derrière Miniloc. 

L’hôtel sur la droite

A peine rentré, j'ai filé direct à la réception réserver le tour B. J'ai bien fait répéter pour être sûr que la réceptionniste avait bien compris. Maintenant que j'ai compris le système... La russe s'y est également inscrite. Je lui ai demandé pour quel tour, elle m'a confirmé le B. Tout roule donc. Le tour B promet d’être grandiose, naviguant autour de bancs de sable qui relient des îles-falaises. Mais je n'en dis pas plus. Une excursion différente tous les jours, ainsi va la vie ! Je ne me refuse rien.

Un dernière de ma plage


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...