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dimanche 11 mars 2012

Tao Expeditions J1


Nat Nat Beach, Cadlao
En partant de l’hôtel j'ai croisé Helena à qui j'ai donné ma carte et qui m'a invité en retour à Shanghai. On s’est trouvé cons, on ne savait pas s'il fallait se faire la bise ou quoi, et gênée elle m'a tendue la main en s'approchant comme si elle voulait me rouler une pelle. Le salut russe sans doute ! A la place je lui ai fait une bise à laquelle elle n'a pas répondu et qui l'a laissée raide, sans doute surprise. Avec les différences de culture, on ne sait jamais ce qui se fait de ce qui ne se fait pas...
Ce matin nous n'étions plus que dix à prendre place sur le bateau Diwa, un groupe ayant préféré rejoindre l'autre bateau pour ne pas être séparés. Du coup la taille de notre groupe est parfaite et tout le monde s'en félicite. Au final il y a 2 couples de suédois dans leur vingtaine - des blondinets et des blondinettes, un couple de hollandais dans la cinquantaine que j’avais croisé sur le tour A, deux anglaises dont l'une passe la moitié du temps à voyager (j'y reviendrai), un allemand passionné de plongée et moi, plus 5 membres d'équipage : le guide, le capitaine, un mécanicien, une cuisinière et un des jeunes fils du guide qui est là pour aider. Il faut bien ça ! 
Nat Nat Beach, Cadlao
Par contre on a le tour le moins organisé, c’est comme si l'on était les premiers à étrenné l'excursion. Pourtant cela fait 5 ans que Tao Philippines est née, par un philippin qui a fait la traversée par ses propres moyens entre El Nido et Coron et a eu l'idée d'organiser des tours sur son bateau, après avoir négocié avec les villageois les autorisations en leur faisant comprendre qu'ils avaient tout à y gagner. Depuis ça ne désemplit plus, ils ont été obligé de louer des bateaux afin d'organiser des tours supplémentaires et cette année pour la première fois ils sont obligés de refuser du monde. Il faut dire que Tripadvisor est passé par là et que tous les avis publiés sont unanimes et dithyrambiques avec des mentions telles que « Our highlight in the Philippines ». La croisière sur 5 jours permet d'explorer les iles Calamianes au nord de El Nido. Autrement il faut se farcir un ferry pendant 8 heures. L'avantage de la formule est de naviguer paisiblement entre les îlots, s’arrêtant dormir où bon nous semble (matériel de camping fourni) après des haltes balade ou snorkeling. Le programme idéal qui a tout pour me ravir. Le Petit Futé dit des îles Calamianes : « Aventuriers, c'est ici qu'il faut venir poser son sac à dos pour profiter d'une nature vierge et d'activités sportives dans un cadre de rêve. Les Calamianes sont le trésor caché des Philippines, une destination de prédilection pour l'écotourisme. ». Je ne sais plus comment j'ai entendu parler de cette expédition, elle ne figure ni dans le Petit Futé ni le Lonely Planet. Sans doute par un blog en préparant ce voyage.
Nat Nat Beach, Cadlao
Je disais qu'on avait le bateau le moins organisé car tout prend des heures. C'est du temps perdu en permanence. L'autre bateau avait déjà déguerpi quand on en était encore à recenser les convives. Idem pour le chargement des bagages dans le bateau. Mais ce n’est pas grave j'ai tout mon temps et en plus il ne fait pas beau aujourd'hui et je suis content d'avoir pu profiter des excursions des jours précédents sous le soleil. En plus le programme du jour est prévu pour être une réédition de ce que j'ai vu avec une exploration des îles de l'archipel de Bacuit et une nuit sur Tapiutan Island, l’île de l'autre côté du détroit à Maintiloc. Mais à peine le programme annoncé et le bateau lancé, notre guide, nous fait part déjà d'un changement d'itinéraire : on fera le tour de Cadlao, cette île que j'avais explorée en kayak, passant de l'autre côté où jamais personne ne se rend, question d'éviter les bateaux des touristes. Seulement à notre premier arrêt, à la plage numéro 1, après avoir fait du snorkeling le bateau est tombé en panne. Impossible à redémarrer. 
Nat Nat Beach, Cadlao
Je comprends maintenant pourquoi on a un mécanicien à bord. On est resté une bonne heure ainsi, le mécano étant descendu dans la cale du navire cachée par une plaque en contreplaqué. Le bateau est une pirogue pas tellement plus grande que celles que je prenais lors des excursions. Il n'y a pas de cabine pour dormir. Le pont dispose de deux bancs qui se font face avec à l'arrière une sorte de bar qui est le poste du capitaine et qui comporte des étagères où tous le fruits et légumes ont été placés pour le séjour. On se croirait au marché et ça fait très joli. Derrière cette cabine tronquée, se trouve un local clos qui sert à entreposer nos bagages. Enfin, tout à l'arrière du bateau on trouve la cuisine. Au dessus du local à bagages ont été disposés des matelas sur lesquels quatre personnes peuvent s'étendre, abrités par une toile en forme de tente canadienne. Les suédois adorent et ils ont squatté l'espace toute la journée. Entre la cuisine et le local il y a aussi une chiotte par laquelle on accède en marchant sur une planche suspendue au dessus des eaux, risquant la chute et la glissade à tout instant. Quand aux chiottes, il faut être contorsionniste. Elles font voûtées, le plafond est haut d'à peine un mètre et la cuvette collée à la paroi du fond. Pour faire pipi, je vous passe les détails mais il faut être plié en deux, les jambes écartelées, se tenant d'une main et faire preuve de dextérité pour ne pas rater la cible. Mission impossible, en plus avec les vagues je repeins à chaque fois les murs. Heureusement il y a un bac rempli d'eau que j'utilise pour nettoyer derrière mon passage. C'est mieux pour les filles qui doivent s'asseoir après...
Nat Nat Beach, Cadlao
Comme on avait pris beaucoup de retard sur l'itinéraire prévu, rien de plus simple, le guide l'a changé. Plus question d'aller explorer un lagon sur Cadlao, direction la plage prévue pour le déjeuner et exit la pause de l'après midi sur la plus longue plage d'El Nido de 7 kilomètres de long que nous avons dû nous contenter de voir de loin, une belle plage déserte et frangée de cocotiers tout du long. Je n'aime pas qu'on m'annonce un programme dont je vais me réjouir puis qu'on revienne dessus en disant «on n'a pas le temps ». Ça me frustre ! La plage où nous nous sommes arrêtés pour le barbecue est une plage privée de Tao Expeditions, nichée dans la jungle au pied de rochers hauts comme des montagnes. On a été accueilli par les résidents, des chiens et chiots devant lesquels tout le monde s'extasiait. Même moi je me suis surpris à être séduit par un chiot tout fou qui remuait de la queue quand on le caressait en se tordant dans tous les sens, les yeux fermés de bonheur et les pattes en l'air toutes détendues. 
Nat Nat Beach, Cadlao
Je pouvais en faire ce que je voulais. Je lui ai tripatouillé les coussinets des pattes arrière pour voir, ça lui procurait des réactions incontrôlées des pattes arrières. Les chiens craignent donc les chatouilles ! Faudrait juste pas que ça grandisse. Après ça pue et ça aboie ! Sur la plage il y avait aussi un petit singe attaché à un arbre pour éviter qu'il ne chaparde tout. C'est devenu la mascotte, il passait d'épaule en épaule avec une prédilection pour celles de l'allemand, Robert, qu'il ne voulait plus lâcher. Ça nous ressemble beaucoup dans les mimiques et on est étonné d'entendre un cri et pas une voix ! C'est aussi très intelligent : quand il s'entortillait autour de sa laisse, il faisait des tours de branche jusqu'à se démêler les pinceaux. Pas comme une chèvre qui à sa place se serait retrouvée ligotée par elle même. Je lui ai donné la peau de la mangue que je venais de manger pour le dessert, et il a tendu sa main pour prendre la pelure dont il s'est emparé comme on prendrait un journal. Ensuite il a tourné et retourné la peau, scrutant les moindres recoins où il y avait de la chair et quand c'était terminé, après une dernière inspection il l'a jetée au loin jugeant qu'il n'y avait plus rien à en tirer. On a demandé à notre guide si ça savait nager. Il nous a fait la démonstration en allant se baigner avec la bestiole sur l'épaule et en le poussant à l'eau. Et ça nage, avec même un sillage derrière lui !
Nat Nat Beach, Cadlao
On est un bon groupe, l'ambiance est bonne et même si les âges sont très variés, il n'y a personne qui soit venu pour faire la fête. Comme quoi être jeune n’empêche pas d’être aventurier. L'une des anglaises, celle qui travaille quand elle veut, nous a dévoilé son secret : elle est médecin, ne fait que des remplacements et ne veut surtout rien faire d'autre. Du fait de contrats de courte durée son salaire est majoré de 50% ce qui lui permet donc de voyager, se servant de la prime censée lui permettre de quoi se retourner entre chaque contrat. Elle est jeune et n’arrête pas de faire le tour du monde. Devant les airs interloqués et admiratifs de l’assistance, elle n’arrêtait pas de répéter dans un sourire : « Why not ? Why not ? ». On peut dire que son compte est bon et qu'elle est foutue pour la société ! Ainsi elle fuit l'Angleterre tous les hivers et adore les îles, surtout celles du Pacifique où elle vient chaque fois. Elle est déjà restée plus de trois mois aux Îles Cook. J’aimerais bien être comme elle, pas forcé de tout inclure dans un seul voyage, en me disant que j'y reviendrai l'année d'après, prenant non temps...


Campement sur Parm Island
Dans l'après midi, sur le trajet, ceux qui voulaient ont péché, en laissant traîner un calamar en plastique au bout d'un fil de pêche enroulé autour d'une bobine. Pas de cane à pêche. Et ça a bien marché. La première à avoir choppé, c’était une des suédoises, un long poisson tout gris. Notre guide lui a ensuite fait son affaire et est allé dégoté un manuel de reconnaissance des poissons des mers du sud-est asiatique, un livre australien, afin que l'on s'amuse à identifier de quel poisson il s'agissait. J'ai été le premier à m'emparer du pavé, que j'ai monopolisé un bon moment, oubliant le but initial de la chose et essayant de reconnaître les trouvailles que j'avais vues en snorkeling jusqu'ici auxquelles je donnais des sobriquets ridicules. Le beau poisson jaune et noir rencontré initialement à Oarsmans aux Fidji, c'est un Oriental Sweetlips. Avec son nom je comprends pourquoi je ne l'avais encore croisé nulle part avant. Pour le poisson œuvre d'art de White Island à Camiguin, c'est celui qui m'a donné le plus de fil à retordre, j'ai dû parcourir le guide 3 fois. C'est en fait un jeune Spotted Sweetlips dont j'ai trouvé par miracle le dessin en tout petit dans un coin. Car à l'âge adulte il perd ses tâches et ses ronds. Enfin la boîte à savon d'il y a trois jours, je n'étais pas loin du but : Black Boxfish (le poisson boîte). Finalement les vrais noms ne sont pas tellement éloignés de leurs caractéristiques et mes surnoms ne sont pas si débiles que ça ! En feuilletant le guide qui comportait à la fin des photos d'endroits remarquables, j'ai été attiré par une photo dont le descriptif est très alléchant, parlant de fjords mais avec des eaux tropicales : Kimberley Coast, en Australie. A inclure donc pour mon prochain voyage, quand je retournerai en Australie !
Campement sur Parm Island
Après les émotions de la pêche a suivi la pause goûter. Il sort des trucs tout le te temps et je suis sidéré quand je vois la taille du bateau, je me demande toujours où ils vont chercher tout ça. On a à disposition toute la journée du thé glacé, de l'eau douce pour se rincer en s'aspergeant après s’être baigné. On nous a servi des bananes caramélisées. Je n'avais jamais vu ça auparavant et c'était un délice. On a tous retenu la recette, désarmante de simplicité, qu'on s’est tous juré d'essayer de retour chez nous. Notre guide dont je ne me souviens toujours pas du nom - ça va venir, c'est juste que c'est un nom exotique pas facile à se rappeler - est passé parmi nous avec une fiche où étaient inscrits nos noms pour l’aider lui aussi à mémoriser qui est qui. Sur la fiche il y avait également nos âges respectifs. Ils n'avaient dû voir que notre année de naissance car je me suis retrouvé affublé du numéro « 41 ». Ça m'a fait un choc ! Je m'en fous de mon âge, une fois oublié je vis très bien avec. Je ne fais pas de crise particulière de la quarantaine. Mais de le voir écrit... Quelle horreur ! Ce 4 est très laid et ça fait un an que je le trouve tout aussi moche. D'un autre côté les chiffres qui m'attendent sont encore pire : 5, 6, 7... De grâce, ne me souhaitez plus d'anniversaire, ça m'évitera de m'en rappeler !
Un dernier bain?
Ce soir nous avons jeté l'ancre sur une plage presque déserte mais comportant 4 ou 5 maisons de pécheurs. Cela a suffit pour que 7 clebs arrivent à notre rencontre en aboyant. Je suis allé direct chercher une solution de repli au cas où. J'en ai trouvé une à une dizaine de minutes de marche, sur une autre plage, réellement déserte. Le camp pour ce soir appartient par contre à Tao Philippines, c’est dans une grande cocoteraie où ils font également pousser des légumes. Les cases ne sont en fait que des plateaux en bois sur lesquels ils nous ont mis une moustiquaire et un matelas, sous un abri bâché dont les « cloisons » sont des tiges de bambou espacées de 5 centimètres l'une de l'autre avec une autre bâche sur le devant pour couper le vent. J'ai tenté d'y dormir, mais au bout d'une heure, avec boules Quiès plus le casque de baladeur, quand j'ai vu que rien n'y faisait et que les crises de clebs se faisaient de plus en plus proches, j'ai déguerpi de là, ma tente sous le bras, pour retrouver les joies du camping sauvage que je n'avais pas expérimenté depuis Palau.
Notre premier feu de camp
Pour finir en beauté cette journée, on a eu droit à un massage inclus dans l'expédition et dispensé par des femmes du village, avant le dîner. C'était divin, allongé à se faire dorloter sur la plage, avec le clapotis de l'eau et le vent dans les cocotiers. Comme la nuit était déjà tombée on pouvait admirer les étoile ou simplement fermer les yeux. Tout y est passé, depuis le cuir chevelu jusqu'aux doigts de pieds. Elle se donnait bien du mal. Par moment j'étais surpris de sentir des nœuds. Après cinq mois de tour du monde, je ne devrais quand même plus avoir de tensions. Elle les sentait, et après 4 ou 5 passages, les nœuds avaient disparu. Par contre j'ai des zones sensibles où ça n'était pas très agréable, comme le dos, vers là où j'ai un problème, où je me raidissais chaque fois qu'elle passait dessus et le massage des tempes qui est un supplice. On a l'impression que le crâne va exploser! Le massage du cuir chevelu sur cheveux poisseux ce n'est pas non plus génial, on a l'impression de se faire scalper et j'en avais les larmes aux yeux. Quand on sort de la séance, qui a bien dû durer une heure, on ne sait plus où l'on est et on avance comme un zombie en titubant. Il faut un petit moment avant de redescendre sur terre. Maintenant que je suis en Asie, c'est comme avec la noix de coco fraîche, va falloir que je réitère l'expérience. C'est le moment où jamais !

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