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samedi 3 mars 2012

Le tour de Camiguin


Je suis parti aujourd'hui pour faire le tour de Camiguin en moto. Mais avant j'ai demandé à Michelle les coins qu'elle me conseillait de voir le long du parcours. Carte à l'appui elle m'a dit que de l'autre côté de l’île, au sud-est, se trouvait un spot de snorkeling remarquable, à Cantaan Kabila White Beach avec des bénitiers géants et une belle plage de sable blanc, suffisamment rare sur Camiguin pour mériter un détour. Par contre il faut prévoir 200 pesos entre les droits d'accès et la visite en snorkeling qui ne peut se faire qu'avec un guide. Ensuite elle m'a dit que je pouvais poursuivre sur J&A Fishpen Restaurant à une encablure de là, où ils servent de délicieux poissons très frais. Enfin sur le retour elle m'a conseillé de prendre une route qui part du village principal, Mambajao, et part sur les hauteurs, au niveau de Phil Volcs Station, une station de surveillance du volcan d'où l'on a de superbes panoramas. L'affaire était entendue, je lui fait confiance. Par contre le temps étant incertain ce matin, j'ai préféré faire le tour dans l'autre sens, question d'avoir le panorama sous le soleil.
White Island
Il était 10 heures quand je suis parti. Je me suis dépêché car des nuages arrivaient au loin alors il fallait que j'arrive en haut avant que tout soit plongé dans le gris. Pas terrible pour un panorama. Sur la route qui monte à la station d'étude, c'est plein de petites maisons, plus des cases minuscules en feuilles de cocotiers et tôle ondulée - c'est la maison Phénix de Camiguin - desquelles s'échappent des flopées de mômes et de gens qui viennent sur le bord me faire des coucous de la main et m'accueillant avec de sonores « Hello ». A Camiguin la population est très chaleureuse et tout le monde me dit bonjour sur le passage de la moto alors que je n'ai pas le temps de leur répondre. Je me contente donc de lever la main comme le pape ! Les grandes maisons, ici ils ne connaissent pas. On va droit au minimum nécessaire. C'est comme pour Michelle elle réside dans un bungalow à côté du mien, mais en plus petit et moins bien agencé. 
Mont Hibok Hibok
Elle n'a pas la large terrasses abritée avec canapé, hamac et chaise à bascule. Pourtant c'est elle la patronne et étant là à demeure on pourrait penser qu'elle se soit réservée le meilleur lot de la propriété. Eh bien pas du tout. Le sien en plus est le plus au fond sans vue sur la mer. Quand on vient ici c'est qu'on n'est pas matérialiste. Tous les matins elle arrive toute pimpante, les cheveux toujours bien lissés et attachés comme une hôtesse de l'air, les ongles vernis (transparent, c'est pas le style de la maison!) et une grand collier autour du cou. On la voit jusqu'à 20 heures, ce qui veut dire qu'elle travaille 14 heures par jour 7 jours sur 7. Elle a du mérite, en plus en vivant seule. Elle dirige son affaire d'une main de fer. Je l'ai vu un jour réunir tout le personnel de plongée pour une réunion d'équipe. Je ne sais pas combien ils sont là dedans, mais il doit bien y avoir 4 serveuses, un gardien, 4 ou 5 personnes qui tiennent le centre de plongée sans compter les cuistots qu'on ne voit jamais. Et le gîte n'est pourtant pas très grand, il y a 4 bungalows comme le mien, un autre divisé en deux et des chambres à l'étage, au dessus du restaurant, une demie douzaine.


La route après la station continue encore pendant de longs kilomètres jusqu'à arriver au niveau d'un col, le long du mont Hibok Hibok et qui redescend ensuite, pour pas très longtemps. Ça s’arrête en cul de sac et des engins de chantier sont là mais avec personne qui travaille. Michelle m'a expliqué qu'ils envisageaient de construire une route qui passe à travers l’île mais elle n'a jamais été terminée. Il faut dire, la tâche a l'air rude, il faut couper à travers la jungle dans un terrain pas plat du tout, en creusant dans la montagne. En tout cas le paysage sur cette route est très joli et on une vue sur White Island avec son lagon autour. De ci de là des feux brûlent, les gens circulent avec des coqs dans les bras, d'autres chantent dans des espaces à karaoké au milieu de nulle part... Ils aiment bien chanter j'ai l'impression aux Philippines. Les serveuses le soir au dîner chantonnent sur les airs qui passent par la sono, très bien du reste, parfois mieux que l'original derrière.
Je trouve de temps en temps une similitude avec l'Inde. Ils partagent les mêmes épiceries qui ne vendent rien à part de gros bonbons distribués à l'unité qui pendouillent dans de longs rubans sécables, comme autant d'attrape-mouche. Ou des billets de loterie et du riz. D'ailleurs il n'y a pas d'intérieur. 
C’est une sorte de comptoir avec un trou au milieu à travers duquel quelqu'un passe la tête quand on s'approche et qu'on ne voit pas le reste du temps, restant dans sa case sans fenêtre. Contrairement à Guam, les gens ne sont pas gros du tout. Ils sont tous sveltes au point qu'on a du mal à leur donner un âge. Les adultes ne sont pas très grands et gardent une silhouette enfantine, menue. On a l'impression qu'ils vont se casser si on les touche. Par contre il y a juste un truc qui ne va pas dans leur physique. Ils ont tendance à avoir des bouches de macaque avec le bas du visage qui avance en avant. Ça leur donne parfois des airs de péruviens.
Je suis arrivé au restaurant à 12h30, sans avoir fait exprès. C'était parfait. En chemin la route qui ceinture l’île longe des rizières avec toujours au fond les montagnes toute proches que l'on voit tout le temps car elles remplissent tout le centre de l’île qui reste inhabité. Les gens se concentrent sur le rivage ou les proches hauteurs. 
Le super U du coin
Ça donne le sentiment de passer de village en village mais ils ne sont en fait pas très larges et Camiguin compte 70 000 habitants. Le restaurant est indiqué dès la route, il faut juste prendre une petite route qui longe une baie. Il est installé au fond, donnant sur la baie et pour cause. Le truc ne paye pas de mine, il n'y a pas grand monde, le personnel regarde la télé assis sur des bancs en attendant et la cuisine ressemble à une cuisine en plein air façon ce que j'avais sur les campement dans les Rock Islands, avec des trucs en fonte noircis ! La serveuse m'a tendu la carte, me demandant quel poisson je souhaitais avec que des noms qui ne disent rien, exotiques. Comme j’étais perplexe, elle m'a demandé de la suivre pour qu'elle me montre. En fait les poissons vivent là en pleine mer, dans des bassins avec des filets qui les empêche de partir. Elle m'en a désigné un, un bleu que je connais bien pour le voir souvent quant je plonge. Pas question que j'y touche ! En plus il est tout le temps dans les coraux et je pense toujours à la ciguatera. Je lui ai montré à la place un tout moche, noir, qui se confond avec l'eau, demandant le plus petit. Je ne suis pas fana du poisson mais je n'en ai pas mangé depuis longtemps et j'ai bien envie d'essayer, on ne peut pas avoir plus frais.
La serveuse s'est alors emparée d'une épuisette qui traînait, cherchant à attraper la bestiole qui ne se laissait pas faire et fuyait l'épuisette. En plus la serveuse n'était pas rapide et un peu molle. A force les poissons ont dû comprendre qu'il se passait quelque chose avec l'épuisette, qu'à chaque fois qu'ils la voyaient ils se retrouvaient moins nombreux. Alors ils la fuient comme la peste. La serveuse a demandé du renfort. Un type est arrivé et au bout de trois essais il l'avait dans son épuisette. Le poisson empêtré là dedans me regardait sans pouvoir se débattre. La prochaine fois que je l'ai revu, c'est à peine dix minutes plus tard, brûlé comme s'il avait pris la foudre et servi dans un plat avec une feuille de bananier en dessous ! J'ai chassé de mon esprit la vision d'un poisson qui batifolait dans son bassin juste avant et j'ai beaucoup apprécié sa chair. Pour un peu j'en aurais demandé un second. 
C'était servi avec un riz frit à l'ail et une assiette de concombres et tomates. Ça m'a fait un très bon déjeuner ! Entre temps des voisins de bungalow sont arrivés, des allemands. Décidément, on fait tous la même chose. Le gîte regorge d'allemands, sans doute parce que c'est une allemande qui en est propriétaire. Ça facilite les choses, j'entends tout le temps parler allemand autour de moi. Ou les coqs chanter ! Je ne vois quasiment pas de poules mais alors les coqs, ça n’arrête pas ! Il y en a partout et si je devais vivre ici ça me rendrait fou. On les voit sur les bas côtés des routes, dans des cages pour éviter qu'ils ne se fassent écraser, ou encore sur des perchoirs disposés dans les arbres ou bien juchés sur le haut d'un manche de pelle. Ce sont des équilibristes. Pourtant ça n'a pas l'air très agile.
Après manger, direction la plage de sable blanc, nichée dans une baie à la végétation luxuriante. Au fond de la baie il y a un village, partout ailleurs on penserait arriver dans un taudis, gardant la main sur le portefeuille. Ici ça ne choque pas. 
La baie de Cantaan Kabila White Beach
Les gens ont l'air propres et en bonne santé et ça surprend quand on voit là où ils vivent, tous à touche touche, dans leurs cases en palmes de cocotier qui donnent directement sur la route. Les femmes sont occupées à faire le ménage, courbées en deux à l'aide de palmes de cocotier de 50 centimètres de haut. Elles nettoient aussi la route, chassant les feuilles mortes. Une tâche de Titan, il en tombe constamment. On y trouve tous les âges, des enfants, des jeunes, des vieux. On pourrait penser que les jeunes auraient fui pour les villes, ici ils ont visiblement l'air de s'y plaire car j'en vois plein, entre eux. J'ai même vu une école polytechnique, ce qui a de quoi surprendre vue la taille de l’île, sans doute pour éviter qu'ils ne quittent Camiguin.
La plage de sable blanc en question est un peu décevante. Il ne faut pas s'attendre à ce à quoi on s'attend à l'évocation de sable blanc. Certes ils est blanc mais très grossier, plutôt du corail concassé et la plage est très étroite et pas longue du tout, plus une crique. 
Cantaan Kabila White Beach
On n'a ni envie de s'allonger dessus, ni de la visiter. Du coup je suis resté plusieurs minutes comme ça, perplexe à me demander si j'y allais ou non, surtout que le temps n'était pas merveilleux. En plus comme m'avait prévenu Michelle il faut payer. J'ai fini par me décider. Ce sont des fillettes d'une dizaine d'année qui travaillent là. Heureusement ce n'est pas un vrai travail. Il faut payer 150 pesos pour voir les bénitiers avec un guide ou 25 pour visiter la plage, la nurserie et faire du snorkeling hors des bouées où se trouvent les bénitiers. Le site est en réalité un projet non gouvernemental, une initiative locale qui s'est chargée d'élever des bénitiers pour les lâcher ensuite dans la mer. J'ai eu un speech de présentation par les filles, 3, qui se relayaient les paragraphes d'un truc appris par cœur. Elles connaissent bien l'anglais pour leur âge. Mieux que moi, ça a de quoi filer des complexes. J'ai appris qu'un bénitier change plusieurs fois de sexe dans sa vie (une douzaine d'années je crois me souvenir) et la termine hermaphrodite ! 
Il a aussi un prédateur qui ne paye pas de mine. Un coquillage en spirale de 5 ou 6 centimètres de haut à la coque très dure qui va se mettre en travers du bénitier qui malgré sa force et sa taille ne peut plus se refermer. Ensuite ce petit coquillage injecte un poison qui va dissoudre petit à petit le bénitier et qui finira par être mangé en majorité par les poissons. Quelle horreur !
J'ai regretté de ne pas avoir d'appareil photo. Jamais je n'avais vu de tels coraux. Pas des branchus mais des cornus, façon cornes de rennes, duveteuses et très larges. Il y aussi une multitude de coraux qui ressemblent à des artichauts qui auraient trop levé. Il y en a de toutes les couleurs, du vert olive en passant par le bleu, le mauve, le rose, le jaune et l'orange. C'est un vrai bouquet de fleurs sous marin. Je regardais aussi les poissons, évitant de penser que j'avais mangé l'un d'eux juste avant. 
Maison de pécheur
J'étais aux anges, virevoltant d'un massif à l'autre et examinant toutes ces particularités. Jusqu'à ce que je sois tiré de ma contemplation par une bestiole qui naviguait entre deux eaux. Un gros serpent de plus de deux mètres de long, la tête triangulaire, rayé bleu et blanc. La taille d'une murène. Quand j'ai vu ça je suis resté pétrifié, sans bouger pour ne pas l'effrayer. Mais quand je l'ai vu s'avancer vers moi en serpentant, j'ai donné de grandes brasses, au bord d'appeler à l'aide. Je me suis retourné pour voir s'il suivait, en fait il était juste remonté à la surface prendre une respiration, avant de redescendre au fond. Ce n'était donc pas moi qu'il cherchait. Alors que le stress retombait, j'en ai vu un autre, plus petit, rayé blanc et noir au fond, attendant qu'on lui marche dessus. C'en était trop, je suis sorti de là, me coupant l'envie de la baignade. Une fois de plus si j'avais eu un appareil en état de marche j'aurais pu immortaliser ces monstruosités.
Quand je suis revenu au bord il y avait deux vieux pas très alertes en train de chausser des palmes. J'ai eu envie de les prévenir. Mais comme une adulte était là pour les briefer, je lui ai dit que j'avais vu deux serpents lui demandant s'ils étaient venimeux. Elle m'a pris à part pour que les autres n'entendent pas (il ne faut pas effrayer la clientèle sinon je lui casse son business!), me demandant où je les avais vus. Et oui ils sont venimeux, et même mortels ! Mais normalement ils n'attaquent pas et ils font partie du paysage. Du parle d'un paysage ! Quand on se retrouve face à ça, on n'a pas envie de se demander ce qu'il leur passe par la tête et si on peut continuer à batifoler. L'instinct de survie fait le reste : on sort de là bien vite et le cœur battant la chamade !


Le reste du tour de l’île s'est fait de manière un peu précipitée, de peur de manquer d'essence. Comme je dois rendre la moto ce soir avec le niveau auquel je l'ai emprunté - c'est à dire à vide - je n'ai pas voulu remettre d'essence mais je ne sais pas si j'en ai suffisamment pour rentrer ! A Sagay le village est en bord de mer avec les pirogues qui montent presque jusque sur la route. Il y en a de toutes les couleurs, c'est très joli. Partout des pans entiers de route sont fermés à la circulation avec des morceaux de noix de coco rosis en train de tourner au soleil. C'est pour faire de l'huile, du coprah. C'est ce que m'a dit un habitant alors que j'étais descendu de la moto pour prendre une photo. La route de ce côté ci de l’île (côté ouest) est bien plus pittoresque que l'autre. Les montagnes sont toutes proches, donnant l'impression de se jeter dans la mer. Ça me rappelle un peu le sud-ouest de Raiatea. 
C'est aussi plus vert et moins peuplé, les maisons se cantonnant aux villages, sans déborder. C'est plus rural aussi. Mélange de rizières et de pécheurs. C'est pour ça qu'on ne trouve rien dans les épiceries. Ils ont déjà tout. Le long de la route on trouve des panneaux incongrus comme « chèvre à vendre ». Après, je ne me souviens plus trop, un orage a éclaté et ça s'est terminé torse nu sur la moto avec la pluie qui me cinglait le visage à la limite d'écorcher la peau.
Le type d'hier était là pour me louer la moto mais sans la moto. Il fallait aller la chercher plus loin et on est monté dans ces taxis collectifs qui ne sont ni plus ni moins qu'un pousse pousse motorisé qui se traîne. A destination un type attendait avec sa moto. Pas de contrat, il m ajuste laissé son numéro de téléphone sur le revers d'un emballage d'un paquet en carton, me montrant comment mettre les phares. 
Il y a deux fils dénudés qui courent à côté des freins. Il suffit de les mettre en contact pour que ça s'allume ! L'engin est en moins bon état que celui que j'avais avant. Il fallait s'y attendre. J’ai fait un essai de route pour voir. Les vitesses passent normalement et il fait un bruit normal. Ça fera l'affaire. Et puis autour du rétroviseur j'ai un chapelet et une image de Jésus qui sourit. Je suis donc entre de bonnes mains !

2 commentaires:

  1. Super le coup des serpents teb

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  2. Bonjour, ravi de découvrir votre blog et de lire votre journal sur Camiguin. Cependant, je n'ai pas compris où vous avez résidé lorsque vous parlez du bungalow à côté de Michèle...Vous dites " C'est comme pour Michelle elle réside dans un bungalow à côté du mien, mais en plus petit et moins bien agencé."

    Mont Hibok Hibok
    Elle n'a pas la large terrasses abritée avec canapé, hamac et chaise à bascule. Pourtant c'est elle la patronne et étant là à demeure on pourrait penser qu'elle se soit réservée le meilleur lot de la propriété. Eh bien pas du tout. Le sien en plus est le plus au fond sans vue sur la mer. Quand on vient ici c'est qu'on n'est pas matérialiste.
    Pour ma part je compte y aller en janvier prochain. Merci de me donner cette précision.
    Cordialement
    Mon email est :
    helen.mahinay@free.fr

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