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mercredi 14 mars 2012

Tao Expeditions J4


Ecole de Coring Bay, Collion Island
Romi m'a demandé où j'avais dormi la nuit dernière car il est passé dans la case où tout le monde dormait dans le courant de la nuit et ne m'a pas trouvé. Je lui ai dit la vérité : dans la jungle ! Je dois passer pour un doux dingue. Je ne peux pas lui dire que c'est pour être à l'abri des bruits du village, il ne comprendrait pas. Les philippins sont nés là dedans aussi ils n'y ont jamais fait attention. Mais pour nous citadins, on a un peu de mal, surtout moi et mon sommeil particulier. Même les anglaises qui sont gaga des chiens se sont mises à espérer le prochain campement sans chien ni coq. Il faut dire que du haut de ma colline j'entendais ce matin que ça chantait de tout côté comme un feu d'artifice. Le matin c'est aussi le moment où je m'isole pour écrire le blog. Au début j'essaye d'écrire depuis la grande table où l'on se rassemble pour les repas mais dès que les gens se lèvent, c'est là où ils se rendent pour commencer à discuter, me coupant l'inspiration. Du coup je fiche le camp dans la nature et tout le monde se demande où je suis passé.
Alva Island
Pendant que nous prenions le petit déjeuner, il y avait une case juste au dessus, pas plus grande qu'un abri de jardin à outils, qui faisait office d'école. Les cours avaient déjà commencé. Comme l'autre jour les gamins étaient assis sur des chaises miniatures et pas très attentifs. Ils regardaient au dehors, se tordaient sur leur siège en mâchouillant ce qui leur passait devant, entraient et sortaient. Sur les murs en rondins de bambou étaient affichés différentes posters, l'un sur les nombres, l'autre sur les couleurs et même un avec les poissons et leurs noms. Je n'ai pas souvenir avoir appris cela à aucun moment à l'école. Ils commencent tôt. Tout comme l'anglais. Nous les entendions chanter de petits airs. C’est une bonne méthode que de commencer ainsi, bien plus intéressant que les traditionnels cours de grammaire rébarbatifs avec lesquels on commence en France du style « My tailor is rich », des trucs qui ne servent à rien dans la vie de tous les jours.
Alva Island
Après le petit déjeuner on est sorti de notre bras de mer pour se diriger vers un village, question de prendre du poisson et de la glace. Tous les jours nous nous arrêtons acheter de la glace sur notre passage. Il y a toujours un village qui en dispose dès qu'il possède un générateur. Les gens étaient très accueillants et nous ont laissé voir tout ce qu'ils faisaient comme si on faisait partie de la famille. Juste quand on arrivait un bateau était là à décharger les poissons qu'il venait de pêcher. Le pécheur était occupé à les vider sur la plage. C'était un peu une boucherie, les poissons décapités bougeaient encore. Après nous nous somme rendus dans une case avec des balances regarder faire l'acheteur de poissons du village. Ils ont un bon système, si certains poissons sont péchés au delà d'un kilo, le prix baisse, afin d'éviter la surpêche qui serait pour eux une catastrophe vu qu'ils ne mangent que ça. Je me suis un peu éclipsé ensuite, préférant aller voir par moi même que de suivre le groupe. 
Epicerie typique, Alva Island
J'étais pieds nus là dedans et avec ma blessure au pied qui finalement m'handicape et s'infecte, je marchais un peu sur des œufs pour éviter de me chopper un truc ou un parasite de clebs, vous savez ce fameux ver qu'on choppe par la plante des pieds et qui creuse des galeries dans le corps pour mieux sortir par un œil...Les villageois me regardaient passer, j'entendais des « hello  fuser de toute part, on me souhaitait la bienvenue. Les mères sortaient avec leurs jeunes enfants et les incitaient à poser. Je leur ai montré le résultat et ils étaient très contents, tellement qu'ils voulaient la photo. Sans doute qu'ils n'avaient jamais vu un appareil photo car à moins d'avoir un polaroid... Et puis je n'allais pas leur demander leur e-mail qu'ils n'ont pas ! J'ai passé un très bon moment dans ce village rempli de sourires et de petits signes de la main. Avant de partir nous avons acheté un coq. Il ne dit plus rien le pauvre, c’est comme s'il était devenu une poule ! Il est coincé à l'arrière du bateau et doit se demander ce qu'il fait là sur l'eau. S'il savait qu'il lui restait 12 heures à vivre, il s'échapperait de là bien vite. Car demain il passe à la casserole pour le déjeuner.
Alva Island
En parlant déjeuner nous nous sommes arrêtés devant une plage et comme on avait une demie heure de libre avant le repas, j'ai demandé à disposer d'un kayak pour me rendre sur l’île. Comme il n'y a que deux kayaks, j'ai proposé d'emmener du monde. Dès que j'ai posé pied à terre je suis allé grimper direct sur tous les rochers qui traînaient par là. Les photos rendent toujours mieux depuis un point en hauteur, ça fait ressortir les couleurs de l'eau. Apparemment il n'y a que moi qui ai dû le remarquer, les autres préférant faire des photos depuis la plage. Il faut dire aussi que je cherche à chaque fois à prendre des photos parfaites, préoccupation que tout le monde n'a pas. Ainsi, de rocher en rocher, et deux sauts de cabri plus tard, je me suis rendu compte qu'une autre plage se trouvait un peu plus loin avec une pirogue sur le sable. Comme tout ça baignait dans des eaux turquoises, je suis allé voir de plus près. Quand j'ai rebroussé chemin, il n'y avait plus de kayak sur la plage. Ils étaient tous rentrés se rassasier, m’abandonnant là. Sans doute avais je dû mettre plus d'une demie heure. Quand je pars explorer comme ça je ne me rends jamais compte du temps qui passe. Mais quand ils m'ont vu m'agiter sur la plage comme un asticot, le jeune fils de Romi est venu me chercher en kayak. 
Galoc Chanel Beach
Nous avions à manger une grande marmite de légumes mijotés avec des crabes de terre ramassés ce matin dans la mangrove pendant que je m'étais éclipsé pour écrire. On avait le choix entre ça et du poisson. Du coup je n'ai mangé que du riz. L'odeur qui régnait me levait le cœur et j'étais à deux doigts de me lever de table. Ce qui n'était pas le cas des autres qui en avaient plein les doigts, se régalant à triturer des trucs maronnasses. Le crabe m'a toujours rebuté. Déjà par l'odeur mais aussi pas l'aspect. Je crois que c'est surtout à cause de ça que je fais un blocage. En général j'ai toujours droit au fameux « Tu ne sais pas ce qui est bon », mais là je n'ai eu aucune réflexion de la sorte, on me laisse tranquille. Ça donne peut être l'impression de celui qui n'apprécie pas l'expédition, ce qui n’est pas le cas. Ce n'est pas parce que je ne dis pas grand chose et que je fais des trucs particuliers que ça veut dire que j'attends avec impatience qu'on arrive au terme de l'expédition.
Galoc Chanel Beach. J'ai gardé le coquillage...
Dans l'après midi nous nous sommes arrêtés dans un endroit au large d'une île pour y faire du snorkeling pendant que le bateau suivait, en raison du fort courant qui régnait par là. C'était pour découvrir une épave et de beaux coraux. Comme le temps était couvert et venté, je ne me sentait pas trop d'humeur à me mouiller, aussi j'ai préféré prendre le kayak pour aller voir du côté de la mangrove toute proche. J'ai amené une anglaise avec moi à qui j'ai donné un cours sur les palétuviers et l'écologie de la mangrove, un si bel exemple d'adaptation de la nature à son milieu environnant. Je suis devenu expert dans ce domaine. De pagayer ainsi dans la mangrove ça me rappelait le Long Lake à Palau. Au détour d'un palétuvier on a aperçu la terre ferme, un banc de sable qui reliait deux îles avec une ou deux cases de pécheurs de part et d'autre, cachées par la végétation. Les enfants sont venus vers nous, restant à distance et nous regardant comme des bêtes curieuses. Il faut dire que je ne suis pas sûr qu'ils soient déjà sortis de leur île ou de leur mangrove. 
Galoc Chanel Beach
Et même si notre expédition passe par là régulièrement, je ne crois pas que beaucoup de gens prennent le kayak et arrivent à découvrir ce village caché, préférant aller voir l'épave. J’étais très content de ma trouvaille et j'ai regretté d'avoir laissé mon appareil photo à bord. Les habitants ont bien du mérite à vivre là, sans électricité ni rien pour se divertir, chaque jour étant comme le précédent, le paysage ne changeant jamais.
Ce soir Romi nous a réservé une belle surprise. On s'est approché d'une île paradisiaque avec du matériel de plage et des chapiteaux façon tente de mariage, entouré d'une plage de sable blanc. Tout le monde se regardait se demandant ce qu'on venait faire sur l’île d'un resort. Puis, au moment d'accoster, Romi, content de son effet, nous a annoncé que allions passer la nuit là. On n'en revenait pas, on poussait des cris de joie. Une île rien que pour nous, sans habitant. 
Galoc Chanel Beach
On était tous très excités de poser un pied à terre et les préparatifs des bagages pour la nuit qui d'ordinaire prennent du temps se sont fait en un clin d’œil et tout le monde était prêt, attendant que l'échelle soit baissée, pressé d'en découdre. On ne repart demain que sur les coups de 10 heures, aussi j'espère qu'il fera beau car ce soir je n'ai pu prendre aucun cliché de l’île en raison du temps couvert qui masquait les belles couleurs de l'eau. Il y a un escalier qui permet de monter au sommet de l’île, si je peux appeler ça un sommet (c’est juste une colline de quelques dizaines de mètres de haut). J'ai cherché à voir si je pouvais assister au coucher du soleil mais les nuages obstruaient l'horizon. On a un très beau point de vue d'en haut, avec un panorama à 360 degrés sur toute la baie. Nous sommes en fait très proche de Busuanga, l’île où se trouve Coron. Où que l'on regarde on voit la terre au loin, c'est fascinant. Les îles sont partout.
Pass Island. Cornilius, Lucinda, Helen, Carla et la rédaction
Nous avons pris notre dernier dîner sur la plage, éclairés par des torches qui brûlaient en haut de grands bâtons, comme les feux de camp de Koh Lanta. Ça faisait très joli et donnait une ambiance d'aventuriers du bout du monde, encore plus que les autres soirs. C'était un délice de manger ainsi les pieds dans le sable, face à cette baie, un verre de Pina Colada faite spécialement pour l'occasion. Romi se démène à chaque fois pour avoir cette île et l'offrir aux clients pour le dernier soir. C’est sa préférée et on comprend pourquoi. Si tous les campements avait pu être identiques ça aurait été le paradis. L'autre bateau qui est parti en même temps que nous est en fait derrière nous. Ils ont dormi la première nuit là où nous avions déjeuner le premier jour, la plage avec le singe. Et ce soir ils dorment dans la mangrove où nous étions la nuit dernière. Ils ne verront donc jamais cette île car ils arrivent comme nous à destination demain soir. On était très content de s’être retrouvé sur le bon bateau, avec le plus petit groupe et un guide qui avait obtenu les meilleurs places de campement. Ils sont bien les gens chez Tao Philippines...

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