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mardi 13 mars 2012

Tao Expeditions J3


Dimanlot Island

Alva Island
Le vent est bien tombé dans la nuit et ce matin il fait grand beau, augurant d'une belle journée. Ça tombe bien, on a une grande traversée à effectuer aujourd'hui sans île pour nous abriter aussi ça risque de taper fort. C'est pour cela d'ailleurs que nous avons juste pris un café au campement et le reste du petit déjeuner à bord, pour gagner du temps qui serait perdu en allers et retours avec le kayak pour amener la bouffe. Au petit déjeuner nous avions une belle salade de fruits servie dans une noix de coco avec la bogue autour, un mélangé de mangues, pastèques et de spaghettis faits avec l'intérieur de la noix de coco fraîche, le tout agrémenté avec du poridge que l'on pouvait sucrer avec du « jungle honey », le miel local. C'était excellent, le petit déjeuner idéal !

Idéal pour attaquer avec notre premier arrêt snorkeling, sur les côtés d'une île où nous ne pouvions pas accoster car étant privée. Nous avons donc jeté l'ancre un peu plus au large et tous à la flotte en suivant Romi. 
Cela aura été ma seule sortie plongée aujourd'hui, je trouve que les fonds ne sont pas aussi intéressants que ce que j'ai déjà pu voir et je préférerais aller explorer des îles que de tournicoter autour du bateau pendant des heures. Car chaque arrêt s'éternise ensuite avant que l'on reprenne le chemin, le temps de ranger les affaires, remettre le bateau en route, prendre une collation. Ainsi, il était déjà midi quand nous avons repris la route pour faire un saut de puce afin de mouiller devant une île, face au vent, loin du rivage alors que tout autour il y avait de belles îles avec des plages dont l'une où Romi s'était rendu et avait vu de gros lézards. Il nous raconte toujours tout un tas de trucs qu'il a vu sur le chemin mais le plus souvent on ne s'y arrête pas. Car évidemment ça se termine toujours par un « We don't have enough time ». Du coup, je relativise quand il nous détaille le soir le programme du lendemain. Il se retrouve toujours transformé et amputé et comme je disais l'autre jour ça me frustre. En revanche pendant qu'on prenait le repas, Romi nous a annoncé qu'on reprenait ensuite le bateau pour une traversée de deux heures. 
Inapupoan Island : le rat quitte le navire!
Là j'ai commencé à tourner comme un lion en cage, en ayant assez d’être coincé sur un bateau sans pouvoir mettre le pied à terre. Ça me rappelait la croisière avec l'UCPA aux Maldives où la majeure partir du temps on restait devant des îles paradisiaques sans jamais les visiter. Le bateau ça va un moment, après je tourne comme un lion en cage. La position de l'étoile de mer sur le pont ce n'est pas trop mon truc. Comme j'en avais marre, dès la dernière bouchée avalée, j'ai sauté par dessus bord alors que tout le monde était encore à table pour rejoindre l’île à la nage. Là je me suis baladé sur le sable, un endroit qui n'avait rien de particulier mais qui me permettait de me défouler les jambes et de ne plus entendre la musique que les suédois avaient mis en connectant leur téléphone au bateau. Il n'y a que la musique que j'écoute que j'aime. Je n'ai pas envie d'entendre des airs de musique de pop anglaise conçue au fond d'un hangar glacial et humide par des gens en pulls et bonnets. Ça ne colle pas au décor. Dans ce genre d'endroit il n'y a que la musique tropicale qui me va : reggae, zouk, socca, reggaeton...
Comme j'étais à terre, j'en ai profité pour faire ce que je ne peux pas faire ailleurs, c'est à dire aller aux toilettes ! J'avais bien essayé ce matin mais dans un truc ajouré avec du monde qui attend autour ou prend sa douche derrière au baquet, ça me bloque tout. Évidemment je pense en même temps qu'il faut que je fasse vite, que dehors ça s'impatiente, et ça en rajoute une couche ! J'ai donc été obligé de tout remballer, espérant trouver un endroit dans la jungle dans la journée. Mais avec ces arrêts sans poser pied à terre, ça devenait problématique. Pour Robert c’est la même chose : il préfère aller dans la nature. Ces choses là arrivent naturellement un moment ou un autre dans la conversation, ça fait partie de l'expérience ! Il n'y a pas de tabou à avoir avec ça. Robert m'a demandé également quel âge j'avais. Ma réponse l'a laissé perplexe car il trouve que je fais plus jeune puis il a conclu que cela le réconfortait car du haut de ses 26 ans, ça lui laisse encore de belles années devant lui pour voyager en ayant la forme. Me voilà transformé en indicateur de décrépitude ! Normal que je crapahute comme un jeune, je suis toujours le même à l'intérieur et ayant une bonne hygiène de vie, le reste suit. Pour l'instant...

Araw Beach, Collion Island

Araw Beach, Collion Island
Comme j'avais disparu derrière les cocotiers, tout le monde qui me regardait faire depuis le bateau y est allé à parier sur ce que je pouvais faire : avoir trouvé une compagnie romantique ou caca ! De retour, comme ils voulaient tout savoir, j'ai annoncé la couleur, si je puis dire. En tout cas la balade m'a décrispé, j'avais besoin de me dégourdir les gambettes. La traversée qui a suivi s’est faite face au vent qui soufflait fort, créant de beaux creux qui se terminaient en gerbes balayant le pont du bateau. J'ai même cru que le navire n'allait pas résister quand j'ai entendu un grand bruit :c'était une des barres de traverses qui soutient les flotteurs qui s'était déplacée. Désormais au lieu d’être perpendiculaire au bateau, elle est de traviole. Mais on flotte toujours ! Je me suis mis un moment à l'avant avec les anglaises, pour rigoler un peu en se faisant éclabousser à chaque fois qu'on passait par dessus une vague. Pas besoin d'aller à Disneyland, les montagnes russes, je les ai ici ! Par contre quelqu'un en allant chercher un truc dans ses bagages n'avait pas pris soin de refermer la porte coulissante derrière lui, ce qui fait que de l'eau est entrée et le sac avec mes affaires de nuit (je me sers juste du sac qui contient la tente) était trempé ce soir et ce qu'il contenait également. J'ai été obligé de faire sécher les affaires unes par unes.
Collion Island
Après cette traversée, et alors que je pensais qu'on allait filer direct au camp, nous nous sommes arrêtés sur une île avec une très belle plage juste à côté d'un village de dix âmes et sûrement d'autant de coqs. J'ai écouté pendant que je me prélassais dans l'eau : un coq chantait toutes les 7 secondes, ou moins selon son humeur. Je crois que de ce côté là, la concentration de volaille bat la Polynésie. Et pour les chiens aussi. Chaque case en dispose d'au moins un. La plage était magnifique et la moitié du groupe a opté pour s'y étendre plutôt que de suivre le guide dans ce qui était le dernier tour de snorkeling de la journée. Pour ma part, je me suis retrouvé à aller explorer partout, montant sur un rocher, essayant plusieurs cadrages avec l'appareil photo. Le long de la plage il y a un très fort courant et le rivage tombe à pic. Un mètre dans l'eau et on n'a déjà plus pied. Je suis donc resté moitié assis, moitié allongé au bord de l'eau, me laissant bercer par le clapotis.

Araw Beach, Collion Island

Araw Beach, Collion Island
Je vais donner une feuille à Romi avec la liste de tous les arrêts pour qu'il mette un nom en face, j'ai envie finalement de savoir par où on est passé exactement. Surtout après avoir vu cette île, petit trésor caché quelque part entre et connue que des philippins. Alors que toutes les îles que nous avons croisées depuis qu'on a quitté El Nido sont relativement plates, garnies de simples collines du style Îles Fidji, le relief devient à présent un peu plus pentu, créant des méandres et des lagunes comme à Palau. C'est dans ce décor que nous nous sommes installés pour la nuit. A chaque virage c'était la surprise, on pensait être arrivé dans un cul de sac, mais juste en tournant un peu, un autre virage apparaissait. Carla, l'hollandaise, m'a fait remarqué que cela lui rappelait la Norvège, le froid en moins. Vraiment la Norvège sera une de mes toutes prochaines destinations. J'irai rendre visite à Else comme ça. J'ai toujours voulu y aller mais préférant jusque là aller dans des endroits plus chauds. Mais c'est en train de changer. Je ne pourrai pas y aller cette année car Juin est trop rapproché de mon retour, ça ne passerait pas au boulot de repartir à peine rentré ! On est tous des mordus de voyage sur le bateau. Chacun raconte ce qui l'a marqué, ses expériences, procurant des idées de voyages aux autres. Les anglaises ont conclu qu'il fallait absolument gagner au loto, qu'il y avait trop de chose à voir sur cette Terre. Quant à Robert qui rentre en Allemagne dans quelques jours il nous a confessé ce soir qu'il avait le bourdon de rentrer, qu'il ne pensait pas en venant aux Philippines vivre une si belle aventure, qu'il avait vu tellement de choses et rencontré tellement de gens en trois semaines que tout cela allait lui manquer au retour. Une anglaise lui a sifflé le remède : acheter un billet d'avion aussitôt rentré pour une prochaine destination, ça aide à ne pas déprimer. Je vois qu'il n'y a pas que moi à procéder ainsi. Je n'ai rien dit, j’aurais pu en rajouter une couche en disant : « Et moi, imaginez après 7 mois ! ».
Araw Beach, Collion Island
Le campement de ce soir est dans un village de 3 cases, une famille, au bord d'une mangrove. Nulle solution de repli pour la tente. Pourtant il fallait absolument que j'en trouve une, je ne me voyais pas dormir sur notre case sur pilotis au bord de l'eau - charmante au demeurant - coincée entre deux autres cases grouillant de chiens et de coqs. Je suis donc allé explorer derrière, où un sentier s'enfonçait. Je ne sais pas où il menait mais j'ai trouvé un endroit, derrière la colline, un coin pas fantastique, en pente et plein d'irrégularités de surface que je n'ai pas réussi à gommer en essayant d'aplanir avec les pieds. La terre était trop sèche, il m'aurait fallu une pioche. Mais j'ai réussi à dégager un coin suffisamment large pour le corps. C'est là où j'ai passé la nuit, dormant comme un bébé. J'écoutais les conversations au dîner, sans trop participer car un peu fatigué de parler anglais et d'essayer de comprendre tout le temps. Romi nous racontait ses expériences, comme quoi il a tout eu : Malaria, poisson pierre, box jellyfish... mais qu'il est toujours vivant. Vu qu'on parlait dangers j'ai voulu demander au sujet de la ciguatera mais je me suis abstenu, ne voulant pas gâcher le plaisir de ceux qui justement consommait du poisson acheté aujourd'hui sur l’île à un pécheur, là où il y avait la belle plage. Je ne sais pas dans ces coins si reculés s'ils font bien attention à ça et s'ils sont au courant, trop occupés à trouver de la nourriture. On ne saura donc jamais. 

Araw Beach, Collion Island

Araw Beach, Collion Island
Romi nous racontait aussi le pire groupe qu'il ait eu, des australiens qui buvaient de la bière dès 10 heures le matin et finissaient à des deux heures du matin, ivres morts, l'appelant à l'aide car ils dérivaient ayant voulu prendre un bain à poil en plein milieu de la nuit. Et tous les matins il était obligé de leur apporter du jus de coco frais au lit pour les aider à se lever. C'est un bon remède contre la gueule de bois paraît il. Heureusement que je ne suis pas tombé dans un de ces groupes, sinon j’aurais demandé à être débarqué direct! Sinon je me suis rendu compte - mais je le savais déjà - que nous français, ne somme pas beaucoup appréciés en Europe, croyant toujours être mieux que les autres et le plus beau pays au monde. Ils ont félicité le fait que je m'éclipse l'été, préférant laisser tout le monde s'agglutiner sur les plages françaises et aller voir ailleurs goûter d'autres ambiances. Il y avait lors du briefing la veille du départ un couple de français et tous les autres priaient pour ne pas se retrouver avec, simplement parce qu'ils étaient français. Nous sommes devenus les parias de l'Europe. Et à mon avis pas simplement de l'Europe. Notre réputation n'est plus à faire, le mal est fait. Et ils n'ont pas tort, ils sont fins observateurs. Pour moi c'est différent, avec mon tour du monde, j'ai un statut à part qui me permet de me détacher du lot et de me faire accepter. Ouf !

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