Pour ceux qui ne le
sauraient pas et se demandent qu'est ce que c'est que ce nom à la
gomme que Guam, eh bien l’île fait
partie de l’archipel des Mariannes au nord de la Micronésie. Guam
fut découverte en 1521 par le navigateur portugais Ferdinand
Magellan qui la donna à l'Espagne. Elle fut cédée aux États-Unis
en 1898 après la guerre hispano-américaine. Guam est dotée du
statut de «territoire non incorporé organisé» des États-Unis et
reste l'une des principales bases aéronavales américaines (environ
12 000 soldats) du Pacifique occidental. Sa capitale est Agana
(Hagatna
en chamorro, la langue la plus parlée de Guam) et la population du
territoire est de 150 000 habitants.
Je
ne suis pas venu à Guam spécialement pour visiter l’île, c'est
plus un hub avant de partir vers d'autres destinations de Micronésie
plus réputées (si on excepte les japonais). Ce qui était mon cas
pour les vols venant de l'Australie.
Seulement le vol pour Palau est
tous les jours vers 20 heures, aussi je ne me voyais pas rester dans
un aéroport toute une journée et quitte à sortir, autant le faire
pour plusieurs jours. Ce qui explique mon séjour ici. En parlant de
Palau, si ici le temps est pour le moins changeant, il semble que là
bas ce soit pire, si j'en juge une photo satellite de la Micronésie
que j'ai eu le malheur de regarder dans le journal local distribué
sous la porte de la chambre. Remarque, il vaut mieux qu'il y pleuve
maintenant que quand j'y serai. Avec mes 9 jours en autonomie
complète avec un kayak pour seul refuge, je ne me sens pas trop
d'attaque d'entreprendre cette aventure sous la flotte. Je vais y
laisser ma santé. On verra bien...
J'ai
entrepris ce matin de faire le tour de Guam dans le sens des
aiguilles d'une montre, à la faveur du retour du soleil. Jusqu'à ce
que j'arrive dans le sud, il n'y a rien à voir, on ne peut pas dire
que ce soit joli.
Il n'y a pour ainsi dire pas de plage, juste des
bandes de sable larges d'un mètre balayées par une eau boueuse et
battues par les vents. L'intérieur n'est pas vraiment mieux, un
mélange de prairies à l'abandon avec quelques villages qui ne
ressemblent à rien, avec des maisons en béton au toit plat que l'on
retrouve dans tous les pays tropicaux. On en fait vite le tour, je ne
pensais pas que Guam était si petite et à vrai dire c'est tant
mieux, ça me change de l'Australie ! J'étais prêt à
abandonner la partie et à filer tout droit jusqu'au nord où se
trouvent les plus belles plages quand je me suis retrouvé face à
Cocos Island, une île privée avec un resort dessus prisé des
japonais et située au milieu d'un lagon. Justement un bateau en
revenait. J'ai juste eu à suivre sa direction pour trouver le
débarcadère. J'ai hésité à y aller, à 40 dollars la navette
alors que l’île est juste en face, ça refroidit. Mais comparé à
ce que je déboursais dans les excursions en Australie, je me suis
dit que c'était bien moins cher et je me suis décidé à y passer
la journée. Au moins je n’aurais pas à aller dans le nord et
j'aurais une bonne journée sur une belle île tropicale au milieu
d'un lagon.
Je
suis arrivé pile poil, il y a un bateau toutes les heures, et celui
qui vient d'arriver repart aussi sec pour Cocos Island dans 4
minutes. Juste le temps d'aller garer la voiture comme il faut.
J'étais le seul sur le bateau mais pas le seul sur l’île. Les
gens sont venus par les bus des tours opérateurs depuis la ville
pour une sortie à la journée. J'ai entrepris un petit tour de l’île
coté nord avant d'aller prendre le déjeuner servi sous forme de
buffet (non inclus dans le billet). Le resort n'est en fait qu'un
bâtiment pas mal décrépi qui ne sert plus que de base de loisirs
avec jetski, scooter des mers, parachute ascensionnel, kayaks,
masques et tubas. On ne peut pas y dormir, peut être dans le temps
car sinon je ne vois pas pourquoi ça s’appellerait resort. Pour la
plage il faut se contenter d'un endroit désigné entre des bouées
entre lesquelles on peut nager. C'est interdit partout ailleurs en
raison des sports nautiques. Pourtant on trouve de beaux bancs de
sable sur la partie proche de la côte. C'est dommage.
Après
le déjeuner, je suis parti en exploration de la partie sud, par un
chemin pas très bien dessiné, envahi par les herbes et se perdant
souvent. Par chance il est balisé par des rubans roses noués dans
les branches des arbres. Par contre la végétation est très dense
et la balade se fait au son des chants d'oiseaux, très nombreux, qui
adorent toujours ce genre d’îlot inhabité au milieu des lagons.
Les mêmes volatiles qu'à Lady Musgrave ou ailleurs, ceux qui ont
les fientes qui puent. Dans la partie sud ouest j'avais lu que cet
endroit appartient au domaine public et qu'il est possible d'y
camper. Ce devait être le cas dans un autre temps, car le ponton qui
permet d'y accoster se résume désormais à des plots, la pancarte
d'accueil est par terre, rouillée avec les inscriptions effacées.
Il y a aussi un siège en plastique de ceux qu'on trouve dans les
salles d'attente et qui épousent le cul. Il est complètement
décoloré et plein de mousses. Visiblement on n'a pas dû camper par
là depuis un certain temps ! D'une manière générale je ne
vois même pas où j'aurais pu camper sur Guam. Il n'y a pas de
chemins qui ne mènent nulle part. Ils vont tous à des maisons où
l'on se fait accueillir par des chiens aux babines retroussées.
L'épisode de stress à Cairns aura donc été bénéfique, l’hôtel
est très bien et la nuit dernière j'ai dormi 10 heures.
Le
rivage est de Cocos Island est inaccessible. Quand on arrive à se
frayer un chemin entre des buissons aux rameaux qui écorchent les
jambes, c'est pour voir une côte sur laquelle on ne peut pas
marcher. Il n'y a pas de rivage et les vagues déferlent sur des
entassements de coraux morts. Je suis donc retourné à la zone de
baignade pleine de japonais. C'était marée descendante et j'avais
de l'eau à mi cuisse. Juste quand j'ai posé le cul au fond, la
pluie s’est mise à tomber et j'ai dû regagner le rivage aussi
vite que possible pour mettre à l'abri mon sac à l'abri. On s'est
tous retrouvés sous le auvent du centre d'activité nautique, à
attendre que ça passe, sauf que ça ne passait pas et que la pluie
devenait torrentielle. Un de ces trucs qui font penser qu'on est
arrivé à la fin du monde. Les gens en ayant marre ont commencé par
se disperser en courant tandis que le centre a rangé tout ce qui
était chaises, kayaks et compagnie.
Grain tropical... |
Il n'était que 15 heures mais
vu la météo ils ont tout fermé avant l'heure. Pourtant quand je
suis retourné à l'eau pour faire passer le temps (quand il pleut on
est mieux dans l'eau le temps que ça se calme), j'ai vu que plus
loin de soleil était de retour. Du coup je me suis allongé sur la
plage, attendant le bateau de 16h30, le dernier, pendant que tous les
autres montaient dans celui de 15h30, dépités. Ils ont eu tort car
le temps est redevenu très clément, tellement que j'ai fait un
roupillon sans vraiment dormir mais en rêvant tout de même et je
n'ai pas vu le temps passer. Ce sont trois employés qui sont passés
par là et dont l'un d'entre eux est descendu de la benne du pick-up
pour me dire que le dernier bateau venait de partir. Un coup d’œil
paniqué vers le ponton et en effet le bateau avait déjà quitté le
quai. L'employé m'a montré sa montre : 16h35. Ça m'apprendra
à me mettre un peu à l'écart. La bonne nouvelle est qu'il y en a
un autre qui part tout de suite pour les employés du resort. Je suis
donc monté dans le pick-up avec eux et le bateau a largué les
amarres dès que j'ai posé le pied à bord. Heureusement qu'ils
m'ont vu, sinon j'étais bon pour passer la nuit tout seul sur l’île,
sans eau ni nourriture ni endroit où dormir. On peut dire que j'ai
eu de la chance !
Côte sud ouest |
Je
regardais les gens à bord, tous des locaux et tous en sur-poids. Je
ne sais pas si c'est génétique ou si c'est le mode de vie mais ils
sont tous bouffis et sans menton. Les hommes portent une moustache
pour masquer des lèvres trop grosses. Je pense que c'est plutôt la
nourriture, trop grasse et trop industrielle. États-Unis obligent,
c'est plein de fast-foods et je ne vois personne avec une bouteille
d'eau à la main, ils ont tous des canettes de coca cola. On ne peut
pas dire qu'on y mange très bien, ce soir j'ai essayé un autre
restaurant et je n'ai pas pu finir mon assiette, trop grasse. Un
steak gorgé de sauce épaisse pleine de sucre et sûrement aussi
gorgé d'hormones accompagné d'une purée pleine de beurre et de
fromage fondu dessus - pas le genre de bon fromage savoyard fondu,
c'est une espèce de sauce au fromage en tube dont il vaut mieux ne
pas se demander comment il est fabriqué. Tout est hyper calorique,
ça vous rendrait obèse un somalien en quelques jours !
Quand
j'ai repris la voiture, je suis monté côté passager. Ce n'est pas
la première fois que ça m'arrive. Ça recommence ! Chaque fois
que je veux mettre le clignotant je mets les essuies glaces et je
tourne alors avec des balais qui grincent. Je ne sais plus conduire.
Me voilà australien dorénavant et la conduite à gauche est devenue
instinctive.
Toute une vie d'éducation réduite à néant, j'ai
oublié comment c'était la conduite à droite. Je suis tout le temps
à me demander si je conduis sur la bonne file, réfléchissant sur
laquelle je dois d'ailleurs rouler. Et quand je ne me le demande pas,
entre deux arrêts photo, c'est le drame. Tout à l’heure j'ai
conduit quelques centaines de mètres à gauche dans un virage sur la
seule route qui fait le tour de l’île et qui est très passagère,
à l'heure des rentrées de boulot. J'ai eu très chaud de n'avoir
croisé personne et j'ai dû m’arrêter sur le bas côté quand
j'ai réalisé, pour me remettre de mes émotions.
La
côte sud ouest de Guam est bien plus jolie que de l'autre côté,
elle est vallonnée et il y a des monts tout verts tout autour qui
culminent à plus de 300 mètres d'altitude. On ne peut pas s'y
rendre. En fait seul le rivage de Guam est habité, le centre étant
inaccessible. Peut être existe-t-il des entiers qui partent vers
l'intérieur mais ils ne figurent pas sur ma carte. Plus loin en
remontant c’est une base militaire qui encercle la route de hautes
grilles garnies de barbelés sur leur dessus avec des pancartes « US
Government Property. No trespassing » pour donner la couleur.
Les gens là dedans se déplacent en voiturettes style voiture de
golf et on se demande bien ce qu'ils y traficotent. Demain aussi je
dois me rendre dans une de ces zones qui ne sont accessibles
qu'accompagné d'un militaire. Je vais essayer de trouver une feinte
en passant par le rivage, même s'il faut marcher longtemps, en
espérant ne pas tomber sur une mine antipersonnel au passage !
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