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mardi 7 février 2012

Great Sandy National Park


Comme promis hier, j'ai pris la route ce matin pour Rainbow Beach mais en prenant le chemin officiel et non les petites routes non indiquées d'initiés. Je ne les aurai de toute façon pas retrouvées. Et je ne suis pas sûr que le raccourci d'hier le soit tant que ça quand je regarde la carte. Car je peux bénéficier de la Bruce Highway, la même qui m'avait conduit de Brisbane à la Sunshine Coast et qui roule très bien et vite. En quittant Noosa il y a une bifurcation qui invite à monter sur les hauteurs pour un point de vue qui fait partie du Mount Tinbeerwah National Park, absent de toutes les cartes tellement il est petit. Pour y arriver la route se transforme en piste l’espace d'un kilomètre ou deux. Il y a un microclimat sur la Sunshine Coast, c'est étonnant. Depuis que je suis là, il ne fait beau que sur la côte. Quelques kilomètres dans les terres et on se retrouve sous des nuages tout gris et épais. 
Ce matin j'ai même cru que la météo avait changé : peu de temps après m'être levé, le ciel s'est obscurci et il est tombé 3 gouttes. Mais dès que le soleil s'est fait plus puissant, il a chassé les nuages vers les terres. Il agit comme un parapluie. Du coup j'ai un peu peur de quitter la Sunshine Coast. Un coup d’œil depuis le point de vue m'a permis de m'apercevoir qu'au delà de la rivière de Noosa, vers le nord, tout était plongé dans la grisaille. C'est justement là que se trouve Rainbow Beach. Mais bon, avec un peu de chance j'aurai du soleil au bord de l'eau.
Finalement la route d'hier était la plus rapide, la Bruce Highway dans cette section n'a de highway que le nom. C’est une départementale, avec plein de travaux, de ralentissements, de panneaux changeant tout le temps entre 60, 80, 90 ou 100. On passe son temps à regarder son compteur au lieu de la route, c'est pénible. Ils devraient inventer un système qui contrôle la vitesse des voitures depuis les panneaux, ça faciliterait les choses. 



Je suis arrivé à Rainbow Beach vers 13 heures seulement. Il faut dire que j''étais parti de Noosa quasiment à 11 heures, occupé avec le blog et internet, à me débattre avec la connexion d'un Mac Donald d'une lenteur exaspérante. Le soleil est ressorti quelques kilomètres avant d'arriver à Rainbow Beach, comme ce que j'espérais. J'ai débarqué là dedans sur les chapeaux de roue dans une ville morte, écrasée par la chaleur, comme Lucky Luke rentrant dans un saloon. Pour ne pas perdre de temps, j'ai reporté la collecte du permis de camping à la fin de l'après midi. Pour l'heure il fallait que je trouve le chemin qui me mènerait aux fameuses dunes de sable de couleur. D'intuition elles devaient se trouver vers le sud du village puisque qu'hier on était allé au nord pour prendre la barge et que le terrain à cet endroit était complètement plat.
J'ai fini par trouver un panneau d'indication pour Carlo Sandblow, je ne sais pas ce que c'est mais il y a le mot sable alors j'ai foncé ! Seulement la rue se termine en impasse et laisse la place à un sentier de randonnée qui part en grimpant. J'ai cherché à voir s'il n'y avait pas moyen de continuer plus haut, en contournant et en passant par une autre rue, comme je voyais des maisons encore plus haut. 
Je n'ai pas arrêté de monter, je ne pensais pas que la dune serait aussi haute. Il me tardait d'avoir une vue panoramique sur la baie. Je suis arrivé au cul de sac du village, où un parking se trouvait pour se rendre à Carlo Sandblow. J'ai donc eu la chance de trouver le bon chemin, pas évident en allant au petit bonheur la chance dans un village plein de rues qui montent.
Quand j'ai mis le pied à terre, j'ai été accueilli par un énorme reptile à pattes, noir à taches jaunes et vertes, un truc que je n'avais jamais vu auparavant, avec une tête de serpent qui tire la langue tout le temps et des pattes aux griffes très acérées, qui monte dans les eucalyptus où il reste scotché comme un koala. C'est plus gros qu'un iguane, ça a une queue interminable et l'ensemble doit bien faire 1m50 de long. Au sol, ça court très vite, aussi je me maintenais à distance car à force de l'importuner, il aurait pu décider de m'attaquer, en ayant marre de fuir dans les arbres. Et avec sa langue fourchue bien pendue, je n'avais pas envie de savoir s'il était venimeux.
Un sentier de 600 mètres part du parking et mène à une plate-forme d'observation à l'orée de la dune. Comme des gens revenaient du bas de la dune en haletant comme des chiens, j'ai sauté dans le sable, pour aller voir plus au bord, la vue étant un peu restreinte depuis ce centre d'observation. 
La dune est très haute, 120 mètres, et tombe en à pic dans l'océan (bienvenue de nouveau à l’océan Pacifique!). Je ne sais pas combien de hauteur fait la dune du Pyla mais celle ci me semble plus haute, la plage en bas apparaît comme une miniature avec quelques personnes qui marchent comme des fourmis. C'est le genre d'endroit où l'on ne se rend pas compte de la hauteur en regardant une photo. Il faut y être, désolé ! Il fait une chaleur ardente dans ces dunes, heureusement il y a un petit vent qui souffle de la mer qui rend la marche sur le sable moins pénible. J'ai pu marcher pieds nus sans me brûler la plante des pieds, c'est plus pratique qu’en tongs. Par contre j'avais tout mon barda pour aller à la plage et une poche à la main avec tout mon pique-nique qui m'emmerdaient plus qu'autre chose. A chaque arrêt photo je devais tout laisser sur le sable, une salade et du fromage que je n'allais pas tarder à retrouver transformés en algues au fromage fondu. Vous pouvez toujours chercher de l'ombre sur une dune !



En arrivant près du précipice le sable change de couleur par plaques. De sable blond, on passe à des endroits couverts de sables blancs, d'autre ocres et mêmes roses. De temps en temps ils se mélangent et quand on pose le pied à terre on a des mélanges qui se font comme une glace italienne vanille/fraise en train de fondre. C’est rigolo ! Quelques rochers formés sans doute de sable compressé mais très résistants offrent des promontoires qui permettent de se pencher en avant pour regarder en contrebas. On voit toute la plage, du nord au sud avec Fraser Island juste en face. C'est magnifique ! Par contre il est impossible de descendre jusque sur la plage, la dune est trop verticale. A un endroit j'ai distingué des pas qui semblaient continuer plus bas mais il y avait toute une portion vierge avant de distinguer la reprise des traces de pas au niveau de la plage. 
J'ai essayé de m'y emmancher mais j'ai rapidement compris que si je continuais la pente serait trop abrupte pour me permettre de former comme des marches en posant le pied et que je finirais la descente sur le cul ou en tourné-boulé. Je tenais pas plus que ça à dévaler 100 mètres de haut de la sorte. Dans ces conditions je serais bien embêté pour remonter à la voiture. J'ai donc rebroussé avant qu'il ne soit trop tard et il était temps. Le sable avait tendance à se dérober déjà sous mes pas, voulant m'entraîner vers la chute.
J'ai pris le pique nique au niveau du point de vue, pour me débarrasser de tout ça. Dans le ventre, c'est mieux rangé et moins lourd à porter que dans un sac en plastique. Comme prévu, la salade n'était plus qu'un mélange de jeunes pousses virées à l'épinard bouilli et les tranches de fromage baignaient dans un jus huileux qui avait coulé partout. C'est à dégoûter de se préparer à manger ! 
Arrivé à la voiture j'ai compris pourquoi. A 15h05, il fait 36 degrés. J'ai cru au début que le thermomètre de la voiture était détraqué mais non. Elle était restée à l'ombre et après avoir mis la climatisation et roulé jusqu'en bas le thermomètre n'a pas bougé d'un pouce. En haut de la dune j’avais l'impression qu'il faisait moins chaud, mais avec l'air de la mer c'est trompeur. En revanche, sur la plage, ça cogne dur.
Je me suis garé juste à l'endroit où les 4x4 partent explorer le parc national en roulant sur la plage. J'ai tout laissé dans la voiture, habits, ordinateur et tout le bordel que je me trimbale à chaque fois. Y en a marre d'être lourd. Je suis parti en randonnée pieds nus vêtu d'un seul slip de bain, comme les ploucs, d'une casquette et d'une paire de lunettes de soleil. Même pas le temps de mettre de la crème solaire, ça prend trop de temps.
De toute façon je n'étais pas parti pour marcher très longtemps, juste un peu pour m'approcher des dunes colorées et m'extraire de la plage où il avaient mis deux piquets espacés de 10 mètres pour indiquer l'endroit où se baigner. Je n'ai plus peur de la fameuse méduse mortelle, elle ne sévit pas par ici. J'ai lu dans mon guide que c'est au nord de Gladstone qu'elles se trouvent et ça doit bien être à 300 km de là. Je suis donc tranquille, il y a juste les courants auxquels on doit faire attention mais j'ai l'habitude.
Sur la plage on a joué à celui qui marcherait le plus vite pour dépasser l'autre. Un couple dans mon dos marchait au pas de course pour me dépasser et se prendre en photo sans personne derrière. C'est raté car c'est ce que je cherchais aussi. Et estimant que j'étais le premier puisque devant eux, j'ai aussi pressé le pas. 
2 mouettes étaient censées passer au bon moment...
Ils ont fini par me dépasser, se retournant de temps en temps pour voir s'ils avaient bien pris le dessus. J'ai même cru qu'ils cherchaient à tirer un coup derrière les rochers. Ils se sont arrêtés au niveau d'un endroit photogénique que j'avais déjà repéré car on pouvait monter un peu sur les flancs de la dune et profiter d'une palette de couleur de sables. La fille était juchée sur un rocher, faisant la pin-up, la poitrine en avant, le dos cambré, la tête en arrière et les bras derrière se tenant les cheveux. Je n'allais pas attendre la fin de leur cinéma et des multiples poses, j'ai escaladé la dune. Ils auront en fond de leur photo un énergumène au slip rouge en train de crapahuter et puis c'est tout ! Ils n'avaient qu'à pas me doubler et puis Photoshop, ça existe, ils n'ont qu'à me gommer !
Je me suis arrêté finalement dans un genre de creux, offrant une belle vue dégagée vers le sud de la plage. Par contre impossible d'étendre sa serviette sur le sable, il est tout mouillé. 
De très nombreuses sources viennent surgir tout le long de la plage, perlant de la base de la dune. Certaines finissent même en mini cascades. Il faut faire attention quand on va se baigner, il y a de très nombreux passages de 4x4 qui roulent là dessus comme si c'était une route qui leur appartenait et que l'on n'entend pas arriver. J'ai passé le reste de l'après midi à batifoler dans les vagues. L'eau est si bonne ! Des vagues comme dans le Sud-Ouest mais avec de l'eau des tropiques, oui ça existe ! Et c'est en Australie, par 36 degrés dehors au mois de février. On peut dire que j'ai de la chance ! La fille de l'agence de voyages de Nouméa avait raison de me dire que j'allais me plaire en Australie. J'ai les doigts de pied en éventail que je voulais, pas d'emmerde, que de l'extase. Pourquoi s'emmerder la vie à aller ailleurs dans le Pacifique ? Quand je reviendrai ce sera seulement à deux endroits : l'Australie et la Polynésie. C'est ce que je préfère pour l'instant. L’Australie a détrôné la Nouvelle-Zélande, elle a plus à offrir et toute la palette des climats que l'on veut. Sans avoir à changer de pays et avec toujours les mêmes gens gentils pleins d'attention et contents de vous recevoir. Que demander de mieux ?
Quand je suis allé à l'office des parcs c'était fermé, je suis resté trop longtemps dans les vagues à courir, me jeter dos aux vagues et me laisser propulser comme un gosse. Il faut dire qu'ils ferment à 16 heures. Comme je ne voulais pas risquer une prune de 20 nuits de camping (c'est le tarif), j'ai juste pris un dîner à Rainbow Beach puis me suis éclipsé de la ville où j'avais remarqué avant d'y arriver des pistes de 4x4 qui partaient sur la droite pour explorer l’arrière des dunes. Je me suis emmanché là dedans, suffisamment longtemps pour ne plus trop entendre la route et j'ai planté la tente sur le sable, sur un renfoncement qu'ils avaient aménagé pour permettre aux voitures de se garer. Par contre j'ai eu très chaud. Depuis hier soir le thermomètre ne cesse de grimper, j'espère que ça ne va pas se terminer en orage. Lady Musgrave m'attend après demain...


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