Comme promis hier, j'ai
pris la route ce matin pour Rainbow Beach mais en prenant le chemin
officiel et non les petites routes non indiquées d'initiés. Je ne
les aurai de toute façon pas retrouvées. Et je ne suis pas sûr que
le raccourci d'hier le soit tant que ça quand je regarde la carte.
Car je peux bénéficier de la Bruce Highway, la même qui m'avait
conduit de Brisbane à la Sunshine Coast et qui roule très bien et
vite. En quittant Noosa il y a une bifurcation qui invite à monter
sur les hauteurs pour un point de vue qui fait partie du Mount
Tinbeerwah National Park, absent de toutes les cartes tellement il
est petit. Pour y arriver la route se transforme en piste l’espace
d'un kilomètre ou deux. Il y a un microclimat sur la Sunshine Coast,
c'est étonnant. Depuis que je suis là, il ne fait beau que sur la
côte. Quelques kilomètres dans les terres et on se retrouve sous
des nuages tout gris et épais.
Ce matin j'ai même cru que la météo
avait changé : peu de temps après m'être levé, le ciel s'est
obscurci et il est tombé 3 gouttes. Mais dès que le soleil s'est
fait plus puissant, il a chassé les nuages vers les terres. Il agit
comme un parapluie. Du coup j'ai un peu peur de quitter la Sunshine
Coast. Un coup d’œil depuis le point de vue m'a permis de
m'apercevoir qu'au delà de la rivière de Noosa, vers le nord, tout
était plongé dans la grisaille. C'est justement là que se trouve
Rainbow Beach. Mais bon, avec un peu de chance j'aurai du soleil au
bord de l'eau.
Finalement la route
d'hier était la plus rapide, la Bruce Highway dans cette section n'a
de highway que le nom. C’est une départementale, avec plein de
travaux, de ralentissements, de panneaux changeant tout le temps
entre 60, 80, 90 ou 100. On passe son temps à regarder son compteur
au lieu de la route, c'est pénible. Ils devraient inventer un
système qui contrôle la vitesse des voitures depuis les panneaux,
ça faciliterait les choses.
Je suis arrivé à Rainbow Beach vers 13
heures seulement. Il faut dire que j''étais parti de Noosa quasiment
à 11 heures, occupé avec le blog et internet, à me débattre avec
la connexion d'un Mac Donald d'une lenteur exaspérante. Le soleil
est ressorti quelques kilomètres avant d'arriver à Rainbow Beach,
comme ce que j'espérais. J'ai débarqué là dedans sur les chapeaux de roue dans
une ville morte, écrasée par la chaleur, comme Lucky Luke rentrant
dans un saloon. Pour ne pas perdre de temps, j'ai reporté la
collecte du permis de camping à la fin de l'après midi. Pour
l'heure il fallait que je trouve le chemin qui me mènerait aux
fameuses dunes de sable de couleur. D'intuition elles devaient se
trouver vers le sud du village puisque qu'hier on était allé au
nord pour prendre la barge et que le terrain à cet endroit était
complètement plat.
J'ai fini par trouver un
panneau d'indication pour Carlo Sandblow, je ne sais pas ce que c'est
mais il y a le mot sable alors j'ai foncé ! Seulement la rue se
termine en impasse et laisse la place à un sentier de randonnée qui
part en grimpant. J'ai cherché à voir s'il n'y avait pas moyen de
continuer plus haut, en contournant et en passant par une autre rue,
comme je voyais des maisons encore plus haut.
Je n'ai pas arrêté de
monter, je ne pensais pas que la dune serait aussi haute. Il me
tardait d'avoir une vue panoramique sur la baie. Je suis arrivé au
cul de sac du village, où un parking se trouvait pour se rendre à
Carlo Sandblow. J'ai donc eu la chance de trouver le bon chemin, pas
évident en allant au petit bonheur la chance dans un village plein
de rues qui montent.
Quand j'ai mis le pied à
terre, j'ai été accueilli par un énorme reptile à pattes, noir à
taches jaunes et vertes, un truc que je n'avais jamais vu auparavant,
avec une tête de serpent qui tire la langue tout le temps et des
pattes aux griffes très acérées, qui monte dans les eucalyptus où
il reste scotché comme un koala. C'est plus gros qu'un iguane, ça a
une queue interminable et l'ensemble doit bien faire 1m50 de long. Au
sol, ça court très vite, aussi je me maintenais à distance car à
force de l'importuner, il aurait pu décider de m'attaquer, en ayant
marre de fuir dans les arbres. Et avec sa langue fourchue bien
pendue, je n'avais pas envie de savoir s'il était venimeux.
Un sentier de 600 mètres
part du parking et mène à une plate-forme d'observation à l'orée
de la dune. Comme des gens revenaient du bas de la dune en haletant
comme des chiens, j'ai sauté dans le sable, pour aller voir plus au
bord, la vue étant un peu restreinte depuis ce centre d'observation.
La dune est très haute, 120 mètres, et tombe en à pic dans l'océan
(bienvenue de nouveau à l’océan Pacifique!). Je ne sais pas
combien de hauteur fait la dune du Pyla mais celle ci me semble plus
haute, la plage en bas apparaît comme une miniature avec quelques
personnes qui marchent comme des fourmis. C'est le genre d'endroit où
l'on ne se rend pas compte de la hauteur en regardant une photo. Il
faut y être, désolé ! Il fait une chaleur ardente dans ces
dunes, heureusement il y a un petit vent qui souffle de la mer qui
rend la marche sur le sable moins pénible. J'ai pu marcher pieds nus
sans me brûler la plante des pieds, c'est plus pratique qu’en
tongs. Par contre j'avais tout mon barda pour aller à la plage et
une poche à la main avec tout mon pique-nique qui m'emmerdaient plus
qu'autre chose. A chaque arrêt photo je devais tout laisser sur le
sable, une salade et du fromage que je n'allais pas tarder à
retrouver transformés en algues au fromage fondu. Vous pouvez
toujours chercher de l'ombre sur une dune !
En arrivant près du
précipice le sable change de couleur par plaques. De sable blond, on
passe à des endroits couverts de sables blancs, d'autre ocres et
mêmes roses. De temps en temps ils se mélangent et quand on pose le
pied à terre on a des mélanges qui se font comme une glace
italienne vanille/fraise en train de fondre. C’est rigolo !
Quelques rochers formés sans doute de sable compressé mais très
résistants offrent des promontoires qui permettent de se pencher en
avant pour regarder en contrebas. On voit toute la plage, du nord au
sud avec Fraser Island juste en face. C'est magnifique ! Par
contre il est impossible de descendre jusque sur la plage, la dune
est trop verticale. A un endroit j'ai distingué des pas qui
semblaient continuer plus bas mais il y avait toute une portion
vierge avant de distinguer la reprise des traces de pas au niveau de
la plage.
J'ai essayé de m'y emmancher mais j'ai rapidement compris
que si je continuais la pente serait trop abrupte pour me permettre
de former comme des marches en posant le pied et que je finirais la
descente sur le cul ou en tourné-boulé. Je tenais pas plus que ça
à dévaler 100 mètres de haut de la sorte. Dans ces conditions je
serais bien embêté pour remonter à la voiture. J'ai donc rebroussé
avant qu'il ne soit trop tard et il était temps. Le sable avait
tendance à se dérober déjà sous mes pas, voulant m'entraîner
vers la chute.
J'ai pris le pique nique
au niveau du point de vue, pour me débarrasser de tout ça. Dans le
ventre, c'est mieux rangé et moins lourd à porter que dans un sac
en plastique. Comme prévu, la salade n'était plus qu'un mélange de
jeunes pousses virées à l'épinard bouilli et les tranches de
fromage baignaient dans un jus huileux qui avait coulé partout.
C'est à dégoûter de se préparer à manger !
Arrivé à la
voiture j'ai compris pourquoi. A 15h05, il fait 36 degrés. J'ai cru
au début que le thermomètre de la voiture était détraqué mais
non. Elle était restée à l'ombre et après avoir mis la
climatisation et roulé jusqu'en bas le thermomètre n'a pas bougé
d'un pouce. En haut de la dune j’avais l'impression qu'il faisait
moins chaud, mais avec l'air de la mer c'est trompeur. En revanche,
sur la plage, ça cogne dur.
Je me suis garé juste à
l'endroit où les 4x4 partent explorer le parc national en roulant
sur la plage. J'ai tout laissé dans la voiture, habits, ordinateur
et tout le bordel que je me trimbale à chaque fois. Y en a marre
d'être lourd. Je suis parti en randonnée pieds nus vêtu d'un seul
slip de bain, comme les ploucs, d'une casquette et d'une paire de
lunettes de soleil. Même pas le temps de mettre de la crème
solaire, ça prend trop de temps.
De toute façon je n'étais pas
parti pour marcher très longtemps, juste un peu pour m'approcher des
dunes colorées et m'extraire de la plage où il avaient mis deux
piquets espacés de 10 mètres pour indiquer l'endroit où se
baigner. Je n'ai plus peur de la fameuse méduse mortelle, elle ne
sévit pas par ici. J'ai lu dans mon guide que c'est au nord de
Gladstone qu'elles se trouvent et ça doit bien être à 300 km de
là. Je suis donc tranquille, il y a juste les courants auxquels on
doit faire attention mais j'ai l'habitude.
Sur la plage on a joué à
celui qui marcherait le plus vite pour dépasser l'autre. Un couple
dans mon dos marchait au pas de course pour me dépasser et se
prendre en photo sans personne derrière. C'est raté car c'est ce
que je cherchais aussi. Et estimant que j'étais le premier puisque
devant eux, j'ai aussi pressé le pas.
2 mouettes étaient censées passer au bon moment... |
Ils ont fini par me dépasser,
se retournant de temps en temps pour voir s'ils avaient bien pris le
dessus. J'ai même cru qu'ils cherchaient à tirer un coup derrière
les rochers. Ils se sont arrêtés au niveau d'un endroit
photogénique que j'avais déjà repéré car on pouvait monter un
peu sur les flancs de la dune et profiter d'une palette de couleur de
sables. La fille était juchée sur un rocher, faisant la pin-up, la
poitrine en avant, le dos cambré, la tête en arrière et les bras
derrière se tenant les cheveux. Je n'allais pas attendre la fin de
leur cinéma et des multiples poses, j'ai escaladé la dune. Ils
auront en fond de leur photo un énergumène au slip rouge en train
de crapahuter et puis c'est tout ! Ils n'avaient qu'à pas me
doubler et puis Photoshop, ça existe, ils n'ont qu'à me gommer !
Je me suis arrêté
finalement dans un genre de creux, offrant une belle vue dégagée
vers le sud de la plage. Par contre impossible d'étendre sa
serviette sur le sable, il est tout mouillé.
De très nombreuses
sources viennent surgir tout le long de la plage, perlant de la base
de la dune. Certaines finissent même en mini cascades. Il faut faire
attention quand on va se baigner, il y a de très nombreux passages
de 4x4 qui roulent là dessus comme si c'était une route qui leur
appartenait et que l'on n'entend pas arriver. J'ai passé le reste de
l'après midi à batifoler dans les vagues. L'eau est si bonne !
Des vagues comme dans le Sud-Ouest mais avec de l'eau des tropiques,
oui ça existe ! Et c'est en Australie, par 36 degrés dehors au
mois de février. On peut dire que j'ai de la chance ! La fille
de l'agence de voyages de Nouméa avait raison de me dire que
j'allais me plaire en Australie. J'ai les doigts de pied en éventail
que je voulais, pas d'emmerde, que de l'extase. Pourquoi s'emmerder
la vie à aller ailleurs dans le Pacifique ? Quand je reviendrai
ce sera seulement à deux endroits : l'Australie et la
Polynésie. C'est ce que je préfère pour l'instant. L’Australie a
détrôné la Nouvelle-Zélande, elle a plus à offrir et toute la
palette des climats que l'on veut. Sans avoir à changer de pays et
avec toujours les mêmes gens gentils pleins d'attention et contents
de vous recevoir. Que demander de mieux ?
Quand je suis allé à
l'office des parcs c'était fermé, je suis resté trop longtemps
dans les vagues à courir, me jeter dos aux vagues et me laisser
propulser comme un gosse. Il faut dire qu'ils ferment à 16 heures.
Comme je ne voulais pas risquer une prune de 20 nuits de camping
(c'est le tarif), j'ai juste pris un dîner à Rainbow Beach puis me
suis éclipsé de la ville où j'avais remarqué avant d'y arriver
des pistes de 4x4 qui partaient sur la droite pour explorer l’arrière
des dunes. Je me suis emmanché là dedans, suffisamment longtemps
pour ne plus trop entendre la route et j'ai planté la tente sur le
sable, sur un renfoncement qu'ils avaient aménagé pour permettre
aux voitures de se garer. Par contre j'ai eu très chaud. Depuis hier
soir le thermomètre ne cesse de grimper, j'espère que ça ne va pas
se terminer en orage. Lady Musgrave m'attend après demain...
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