J'ai quitté le camp vers
9h30 ce matin pour me rendre directement à Jellyfish Lake. Sur mon
itinéraire il était écrit de tenter une approche vers midi
seulement afin de bénéficier des meilleures conditions pour visiter
le lac, sans les hordes de japonais, partis manger. Mais au fur et à
mesure que je progressais dans la baie depuis Giant Clam Beach,
chaque fois que je me retournais je ne voyais aucun bateau arriver.
Il se pourrait donc que je sois le premier. Ce serait encore mieux.
Aussi, comptant bien garder mon avance, je donnais de grands coups de
pagaie vers ce ponton que je voyais au loin mais qui restait
désespérément hors de portée. Pourtant en regardant derrière moi
la plage que je venais de quitter se réduisait de plus en plus
derrière mon sillage, preuve que j'avançais bel et bien. Le
problème avec le kayak c'est que lorsqu'on est en pleines eaux, on a
l'impression de faire du surplace, c’est un peu démotivant. Mais
au final ça trace bien comme engin, ça va plus vite que si on
marchait et j'étais bien content de faire cela en toute autonomie, à
la force de mes petits bras, sans moteur à pétrole.
En route pour Jellyfish Lake Dock |
Je me suis amarré au
ponton. Il n'y a avait qu'un seul bateau déjà à quai, un peu à
l'écart, dans la mangrove. Sans doute le bateau des gardes. Au même
moment une vedette surgissant de nul part est arrivée avec à son
bord une cargaison d'individus en gilet de sauvetage, prêts à
partir à l'assaut du lac. J'ai rassemblé mes affaires en un éclair,
le gilet de sauvetage (car la traversée du lac est longue), les
appareils photos, une bouteille d’eau et le fameux permis. J'ai été
accueilli par une flopée de gardes dont l'un d'eux s'est approché
me demandant si j'étais bien Ivan. Je suis devenu une célébrité
ou quoi ? Il avait quelque chose pour moi et j'ai tout de suite
compris de quoi il s'agissait. Il allait me remettre cela en partant,
avec la carte du permis qu'il a gardée. Puis il m'a invité à
laisser mes affaires avant de me souhaiter une bonne balade. Ils
étaient tous très gentils et très serviables. Au final Kay a dû
décider de me faire livrer ce qu'il restait de vivres par leur
entremise.
Jellyfish Lake Dock |
Pour rejoindre le lac, le
sentier passe par dessus une crête aux roches glissantes et pleines
de racines moussues. Il y a une corde pour se tenir. Chargé comme
j'étais, pas besoin. L'appareil photo normal était inutile,
j'aurais mieux fait de le laisser au poste des gardes. Il n'y a aucun
point de vue, même du sommet de la crête, que ce soit vers le lac
ou la baie. J'ai laissé mes affaires sur le ponton du lac, les
cachant comme je pouvais sous le T-shirt et plaçant le tout dans un
coin pour éviter que les autres visiteurs ne viennent shooter
dedans. Je n'étais pas tout seul dans le lac, il y avait déjà 4 ou
5 personnes qui glissaient là dedans avec le tuba hors de l'eau.
J'ai pris leur direction comme ils semblaient faire du surplace et
observer quelque chose. Le lac est célèbre pour regorger de
méduses, une espèce végétarienne et non urticante qui trouve son
énergie dans une algue enfermée dans ses cellules.
Elles sont tout
le temps à tourner dans le lac à la surface de l'eau, à la
recherche de la lumière, comme des tournesols. C'est un endroit
unique au monde. Au début j'ai commencé par croiser quelques
méduses de ci de là, pas de quoi en faire une célébrité. Des
individus maronnasses avec une croie blanche dessinée sur leur
ombrelle. C'est à peu près gros comme un pamplemousse et vue la
couleur on a du mal à se demander où loge l'algue. Les méduses ont
l'air de bien supporter leur hôte symbiotique, elles nagent comme
n'importe quelle méduse d'une autre espèce. Pour préserver leur
santé il est interdit de s'enduire de lotion solaire aussi depuis ce
matin je suis exposé au soleil sans protection. Un moment, en
m'approchant du centre du lac, les méduses se sont faites plus
nombreuses, montant des profondeurs comme des bulles d'air.
Il y en
avait à foison, qui ornementaient le paysage comme les boules d'un
sapin de Noël trop garni. C'était magnifique ! Je ne pouvais
plus les éviter à présent et shootait régulièrement avec un pied
ou une main dans l'une d'elles. Je nageais donc doucement pour ne pas
les endommager. Leur contact est un peu spécial, on ne peut pas dire
que ce soit très agréable, c’est mou et ferme à la fois, comme
si on heurtait une bouée en mousse couverte de silicone. J'en ai
caressé plusieurs malgré tout et tenu dans le creux de la main où
elles continuaient à virevolter doucement, imperturbables. C'est une
occasion unique de le faire, ce n'est pas tous les jours qu'on peut
faire ami-ami avec des méduses.
Hélas le plaisir a été
un peu gâché par le groupe du bateau qui était arrivé derrière
moi. Ils n'ont pas trouvé mieux que de nager autour, attiré par ma
position d'étoile de mer. Des rustres.
Qui se parlaient entre eux
sans discontinuer à travers le tuba dans leur langue horrible.
J'avais envie de m'approcher et de jeter un peu d'eau dans le tuba.
Ou de gueuler « Shut up ! ». Au lieu de ça, j'ai
patienté, retourné sur le dos comme une tortue, tendant mon
appareil photo hors de l'eau pour faire évacuer la buée à
l'intérieur qui se condense chaque fois que j'ai quelque chose
d'intéressant à prendre en photo. Je dois rester à attendre des
dizaines de minutes, l'objectif face au soleil. Comportement normal
selon la notice, ce n'est pas un signe que de l'eau est entrée
dedans. C'est un appareil photo de merde, c'est tout, j'ai raté
plein de clichés à des moments cruciaux à cause de ça et je perds
chaque fois un temps précieux. J'avais discuté avec un type aux
Fidji, à Oarsamn's Bay Lodge, qui avait un appareil au même look,
un Nikon, qu'il avait acheté spécialement pour l'occasion. Il en
était très satisfait, le sien ne faisant pas de buée. A mon retour
je remplacerai donc mon équipement par celui ci.
Quand enfin j'ai été en
mesure de prendre des photos en retournant voir ces chères méduses,
la buée est revenue d'un coup et j'étais bon encore pour un retour
à la position tortue échouée pendant une dizaine d'interminables
minutes. Cette fois c'en était trop, j'avais envie de le jeter vers
le fond. Heureusement que j'ai un gilet, ça flotte bien. Ça fait
drôle d'ailleurs car en nageant tout sort de l'eau et on voudrait
nager normalement avec le cul sous l'eau mais on ne peut pas !
Entre temps les japonais ont débarqué, gueulant, chantant et
s'exclamant sous l'eau. Une invasion. Il devait y en avoir plus que
de méduses et ils me fonçaient droit dessus sans regarder où ils
allaient, comme des kamikazes. A moi de les éviter. Le lac est
devenu une horreur et le soleil disparaissant sous des nuages de plus
en plus nombreux, je suis sorti de là, inquiet pour mon appareil
photo qui était resté sur le ponton.
Avec tous ces va et viens,
c'est facile de le piquer ou de donner un coup de pied dedans par
inadvertance. Car le ponton est à présent noir de monde comme une
banquise couverte de pingouins où les gens se poussent pour trouver
une place afin d'y mettre leur petits pieds le temps que les gens
devant se soient jetés à l'eau. Ça fait la queue quoi !
L'appareil était par chance encore là, j'étais soulagé, plus que
l'appareil c'est les photos à l'intérieur que j'avais peur de
perdre. Un groupe de blancs, baraqués et tatoués des pieds à la
tête m'a dégagé une percée comme une haie d'honneur. Je ne sais
pas ce qu'ont les gens depuis une dizaine d'années avec les
tatouages, c'est de pire en pire. Dès que quelqu'un est fier de son
corps, il faut qu'il se fasse tatouer croyant ainsi être plus sexy.
C'est tout le contraire qui se produit. Ça donne un air abruti de
gros dindon arrogant. Le pire c'est sur une fille.
L'une d'elles, un
peu inquiète et qui n'avait pas dû lire la notice, américaine, un
grand cheval, m'a demandé où étaient les méduses et si elles
piquaient. Je lui ai répondu pour rire que je m'étais fait piquer
mais qu'il suffit de se pisser dessus pour que ça passe. Elle ne
voulait plus aller à l'eau, passant le mot de ce que je venais de
lui dire aux autres. J'ai apaisé les esprits en leur disant « It's
a joke, they are vegetarian ! ».
Pour rejoindre le poste
des gardes j'ai dû me coltiner un groupe qui n'avait jamais dû
sortir du métro de Tokyo, se traînant comme des limaces. Un petit
vieux en déambulateur aurait fait mieux. Du coup ça avait créé un
bouchon dans les deux sens, ceux voulant gagner le lac devant
attendre que le convoi passe car on ne peut pas se croiser, c'est
trop étroit. J'attendais à l'arrière, à l’arrêt, les bars
croisés, soufflant et laissant de l'espace se dégager devant moi.
Je déteste être comme ça à piétiner, à ne pas pouvoir aller à
mon rythme.
Je ne sais pas ce qu'ils ont ces japonais mais depuis la
Nouvelle-Calédonie il y en a partout. Ils sont si nombreux que cela
dans leur pays? Ça promet, le jour où les chinois auront atteint un
niveau de vie qui leur permettra de voyager. On est trop nombreux sur
cette Terre !
Les gardes m'ont donné
un sac plastique plein de provisions et m'ont souhaité un bon
voyage. J'ai repris ma navigation après avoir tout rangé dans le
container, vers une crique toute proche, Yapese Stone Money où je
devais faire une petite randonnée dans la jungle. J'espérais
pouvoir peut être rejoindre un sommet d'où je pourrais avoir un
panorama. Au fond de la crique semblait se dessinait un sentier pas
évident à discerner. Ce ne devait être qu'une arrivée d'eau quand
il pleut car au bout de quelques mètres ça se perdait entre des
troncs morts, des rochers et de la jungle impénétrable.
Yapese Stone Money |
Tout ce que
j'ai réussi à faire c'est de déranger un des énormes lézards à
la langue fourchue comme celui que j'avais vu en Australie dans le
Great Sandy Park. Je ne sais pas où ils ont vu un chemin là dedans
et c'est un peu dépité que je suis parti, avec le sentiment
désagréable d'avoir raté quelque chose.
La traversée jusqu'à
Wonder Channel commençait à être éprouvante. J'en avais de plus
en plus plein le dos, aussi j'ai coupé par une trouée entre deux
îles, passage qui ne figurait pas sur la carte (sans doute une chute
récente de rochers qui aura fait se créer une nouvelle île). Je
n'ai donc pas fait de snorkeling à Wonder Channel comme ce qui
aurait dû être le cas. De toute façon comme son nom l'indique, ce
devait être encore un de ces endroits profonds avec plein de speeds
boats prompts à décapiter des têtes ! Et j'avais encore pas
mal de trajet à faire. Comme je n'aime pas avoir à pagayer trop
après le déjeuner, j'ai fixé le pique nique à Kingfisher Bay,
encore très loin de Wonder Channel.
Wonder Channel |
Sans doute un but un peu trop
ambitieux. J'étais parti pour visiter en route Cycad Lake et je me
souvenais qu'il fallait que j'y entre par son troisième et dernier
accès. J'ai bien regardé sur la carte et quand j'y étais, l'ayant
laissée sur les genoux, j'ai trouvé deux entrées mais pas la
dernière. De toute façon ce n'était qu'un lac de plus, j'en ai
déjà vu tellement avant. Et puis j'étais complètement crevé,
rêvant de me poser pour une fois sur une plage et profiter de
baignades prolongées et délassantes.
Mais j'étais encore sur
ce fichu canoë, comptant les criques et les caps pour me repérer.
Ça n'en finissait plus, le soleil me faisait transpirer à grosses
gouttes bien que m'aspergeant d'eau que j'allais chercher de temps en
temps d'une main. En plus, en ayant chargé le kayak au poste des
gardes j'ai dû mal équilibrer l'engin qui penche complètement du
côté droit. Il suffit de regarder le niveau de la bouteille posée
à l'avant pour s'en convaincre : il penche lui aussi.
Wonder Channel |
Du coup
j’étais obligé de m’asseoir de travers, un peu sur la gauche
pour tenter de rééquilibrer le tout. La position, pas du tout
physiologique, me procurait un inconfort au niveau de la fesse gauche
qui commençait à se crisper et s'irriter. Moi aussi du reste !
J'aurais aimé qu'on me greffe un moteur, j'en avais plein le cul !
Je ne regardais plus rien
autour, que cette arche qui devait apparaître devant moi et que
j'attendais comme une apparition de la Vierge. C'était en effet le
signe que j'étais tout proche de Kingfisher Bay, située juste
derrière. J'ai fini par la voir cette foutue arche et ça a été
une délivrance, du coup j'ai tout relâché, faisant grève de la
pagaie et me laissant pousser là où les éléments l'avaient
décidé. Je m'en fichais. Je suis passé sous l'arche sans encombre
bien qu'il y avait très peu de fond et rapidement derrière j'ai
trouvé la baie salvatrice. J'ai posé pied à terre comme une loque,
j'avais l'impression que tout tanguait autour de moi.
Natural Arch |
Il a fallu que
j'aille chercher encore d'ultimes forces pour tirer le kayak sur le
sable. Je me suis installé à l'ombre d'une grosse branche qui
courait sur le bord de la plage et que j'avais repérée de loin,
profitant du cadre. C'est une plage qui disparaît complètement à
marée haute et le niveau supérieur de la marée a laissé plein de
détritus en plastique et de cordages au fond de cette crique cul de
sac. Il y a aussi des cocotiers et les noix de coco ne pouvant
s’échapper de là ont toutes germé en bordure de jungle, formant
comme une haie de palmiers. Pas sûr qu'ils arrivent tous à l'age
adulte, la concurrence est rude et il n'y a déjà plus de place là
haut pour se frayer un chemin. Pourtant ils faisaient déjà plus
d'un mètre de haut et semblaient en bonne santé et vigoureux avec
leur dizaine de palmes vert tendre.
Assis sur un tronc j'ai observé la faune locale. Des petits bernard l'ermite par centaines qui arpentent la plage à la recherche de nourriture.
Assis sur un tronc j'ai observé la faune locale. Des petits bernard l'ermite par centaines qui arpentent la plage à la recherche de nourriture.
Kingfisher Beach |
Je ne sais pas
où ils vont chercher leur coquille, je n'en vois aucune dans l'eau,
à croire qu'ils se la fabriquent. C’est la crise de l'immobilier !
J'ai jeté une pelure de mandarine pour faire un test. C'est en fait
très con et ça doit avoir une mauvaise vue et le nez bouché car
ils ne s’arrêtent dessus qui si c'est sur leur chemin. Mais dès
qu'ils ont trouvé ma pelure, ça a été l'émeute. La présence
d'une coquille en attire une autre et tout ce petit monde s'est
trouvé à converger, déclarant des guerres pour garder à soi un
filament de peau intérieure. Ça se battait et se volait la
nourriture à tour de rôle. Plus haut dans les branches il y avait
un oiseau dont j'aime bien le chant. C'est en fait un sifflement
langoureux, on dirait que quelqu'un est assis dans les branches à
siffler un air polynésien.
J'ai jeté un coup d’œil
à la montre : 14h30. Je n'en revenais pas, j'ai même trituré
les réglages pour voir si c'était le bon mode qui s’affichait. Je
comprends mieux pourquoi j'étais si crevé.
Kingfisher Beach |
Car si je n'ai pas de
moteur à pétrole, mon carburant c'est les calories que je n'avais
plus. Mais avec ma détermination à la limite de l'obstination, ça
avait tût toute sensation contradictoire et la faim s'était
éteinte. Dans ces conditions pas de repose possible, il me restait
encore une longue traversée pour arriver à Bablomekang, le
campement de ce soir même si la plage que je pouvais voir d'ici
semblait proche. Je connais le proche vu de loin...Je ne comprends
toujours pas où est passé le temps. J’étais certain qu'il devait
être dans les 13 heures. En fait j'ai dû passer pas mal de temps à
Jellyfish Lake, probablement deux heures, occuper à chasser la buée
de la caméra. Comme il était tard, le déjeuner a été abrégé et
concentré sur l'essentiel : m'apporter de l'énergie
rapidement. Ça ne servait à rien que je m'éternise vu que le dîner
serait servi dans 3 heures. C'est le chef qui le dit ! Des
fruits secs, des graines, un yaourt , une pomme, des mandarines et
une barre aux céréales auront suffi à recharger les batteries.
Pour mieux les épuiser en croyant me rapprocher de l’île mais qui
en fait restait au même endroit comme si une petit farceur s'amusait
à l'éloigner en même temps. En plus j'ai encore été déporté au
milieu de hauts fonds alors que je tenais le bon cap. Toujours ces
fichus courants. Mais je n'ai plus peur de naviguer en haute mer,
j'ai confiance dans le kayak et je ne pense plus à des créatures
surgissant des profondeurs pour me croquer. Ce sont des fantasmes et
d'ailleurs je n'ai pas croisé l'ombre d'un aileron depuis que j'ai
commencé cette expédition.
Bablomekang |
Bablomekang |
Demain m'attend une traversée bien pire. Je dois rejoindre Ngemelis Beach, dans un groupe d’îles que j'aperçois très loin. Ça promet d’être une longue traversée. Aussi comme Bablomekang est la première d'une série de trois îles au large de Macharchar (l’île que j'ai passé la journée à contourner), et que chacune de ces îles possède un campement, j'ai eu dans l'idée de m’arrêter plutôt à la dernière, à Jackson's Beach, plus à l'ouest et qui me rapprocherait un chouilla plus pour demain. Et puis parti sur la lancée, je me sentais dorénavant assez en forme pour poursuivre encore un peu plus loin. Mais au moment où je passais devant Bablomekang, un coup d’œil en arrière le temps de prendre une photo m'a permis de constater qu'une tempête était imminente et que Kingfisher Beach était déjà sous les eaux. Ça allait donc arriver d'un moment à l'autre, le temps de couvrir ce que je venais de traverser.
Bablomekang |
Pas le choix, je me suis arrêté là aussi sec, me
dépêchant de tout décharger ce qu'il y avait dans le kayak pour le
disposer sous un abri au campement. J'ai fini les derniers transferts
sous les premières gouttes, à temps car ont suivi des trombes d'eau
pires que toute ce que j'avais connu jusque là. J'en ai profité
pour monter la tente sur une estrade, comme ce que je fais depuis
plusieurs jours maintenant. La pluie torrentielle m'a permis de
remplir une bouteille avec ce qui coulait d'une seule rainure de tôle
ondulée. Je suis devenu un as dans la récupération des eaux de
pluie. C'est l’idéal pour faire la vaisselle, bien mieux que
d’être à quatre pattes dans la mer à se faire asperger pendant
que la vaisselle dérive.
Le soleil est sorti un
peu de temps après, donnant des couleurs orangées aux rochers dodus
des alentours. J'ai même eu droit à un arc en ciel. C'est au milieu
de ce paysage féerique que je me suis octroyé une pause
bienfaisante, barbotant le long de la plage. Le site où s’inscrit
le campement est une merveille de robinsonnade. En prenant le dîner
la fatigue du jour est retombée, goûtant au calme et profitant de
la sérénité des lieux, dégagé des tensions du kayak dont me
restait quand même quelques muscles endoloris et un mal de dos
naissant. Mais pas un des ces lumbagos, juste une fatigue dorsale qui
disparaît après une bonne nuit de repos. Pour le repas ça a été
double ration de protéines : un plat cuisiné et une conserve
de pois chiches.
Bablomekang |
Ce soir on met les petits plats dans les grands !
J'arrive à un stade de l'expédition ou les efforts de la veille ne
se dissipent pas complètement après une nuit de sommeil. La perte
d'énergie me suit d'un jour l'autre et a tendance à s'accumuler.
Avec ces deux repas en un, j'espère me requinquer. Car demain ce ne
sera pas une partie de plaisir. En attendant j'ai contemplé le jour
qui déclinait, me retardant chaque fois pour me lever de table le
temps d'aller prendre une photo ou une vidéo, tentant d'immortaliser
ces moments merveilleux malgré les efforts qui font peut être mieux
apprécier ces instants. Je savais que cette expédition serait le
temps fort de mon tour du monde. Je ne m'y suis pas trompé. C'est un
périple de Robinson, une immersion totale dans la nature et face à
soi même. Dans des paysages sans doute les plus sauvages de tout ce
qui m'a été donné de voir jusqu'ici. De la nature à perte de vue,
jamais une maison à l'horizon, pas de bruit autre que des oiseaux
siffleurs, crieurs ou qui font des ululements de singe. C'est
grandiose ! Jamais je n'avais vécu si loin de la civilisation,
coupé de tout, n'ayant rien d'autre que de l'eau, de la nourriture
et un abri. Je n'ai besoin de rien d'autre au fond. J'ai le strict
minimum pour vivre et ça ne m’empêche pas d’être heureux. Et
intensément. Au bord des larmes. Ça fait forcément réfléchir sur
notre civilisation et mode de vie artificiel qui nous coupe de nos
racines, masquant l'essentiel : la pureté.
Beautiful pictures of jellyfish! Else
RépondreSupprimerYes it'as an amazing place and one of the highlight in Palau. This island has everything without crowds!
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