Palau J0 : préparatifs

Je retrouve le réveil au chant mélodieux du coq. Depuis la Polynésie j'avais oublié. Ici chaque maison en dispose. Tout comme de chiens qui passent leur journée à aboyer mais pas la nuit. Tiens, d'habitude c'est plutôt le contraire. Avec le décalage horaire, je me suis levé tôt ce matin et j'en ai profité pour faire un premier round au supermarché. J'en suis revenu les doigts cisaillés par les sacs en plastique, en me perdant sur le chemin du retour. Une dame qui passait par là en voiture s’est proposée de me déposer. Ça m'arrangeait bien car j'étais déjà en retard pour le briefing de mon aventure qui avait lieu à 10 heures. Kay de Paddling Palau était déjà là et je me suis excusé.

A peine les courses rangées dans la chambre on a attaqué les choses sérieuses. Kay a commencé par me demander si j'étais photographe car je lui avais donné le lien vers mon blog au préalable. Elle me flatte, elle me flatte! 

Elle m'a ensuite détaillé le parcours à suivre durant les 9 jours, avec à l'appui cartes et horaires des marées. A l'énoncé du programme j'avais les yeux qui s'illuminaient d'excitation comme un sapin de Noël ! Ce qu'il faut en retenir c'est que c'est plein de méandres dont certains finissent en cul de sac si je les prends à marée basse et qui servent de nurserie aux tortues, aux requins et autres bestioles sous marines. Je ne vais cesser de passer par dessus des récifs et des bancs de sable, bien dessinés sur les cartes marines qui demandent à ce que le niveau de l'eau soit supérieur à trois pieds. La hauteur d'eau à marée basse et marée haute figure sur les horaires de marées. A moi donc de m'organiser en conséquence si je veux pouvoir passer. Les lieux où je vais camper figurent aussi sur la carte. Il y a des endroits où il est hautement conseillé de faire du snorkeling pour la richesse des fonds. 

Apparemment la tortue n'est pas protégée partout...

Il y en a un qui me fait un peu peur, le Blue Corner où l'on se jette par dessus le kayak en pleine mer, hors du lagon, à l'entrée d'une passe où requins, raies mantas, barracudas et napoléons transitent. Ce qu'il faut savoir c'est que Palau est un site hautement réputé pour la plongée, sinon le meilleur spot au monde et toute la planète accourt pour plonger dans les Rocks Islands. Je ne serai pas seul la journée, c'est plein de plongeurs qui viennent faire des sorties tout comme de bateaux qui font des excursions, sans compter des pécheurs assez cool qu'il n'est pas rare de voir venir donner un poisson. Par contre je serai seul le soir. C'est parfait ! En revanche il faut que j'évite de plonger à côté d'un pécheur car ça affole les requins. Donc s'il m'arrivait quelque chose, j'aurai des gens à qui demander de l'aide, sans compter qu'il y a des rangers à demeure sur chaque île. Pour ce qui est de mon inquiétude en cas de pluie, elle est dissipée car les lieux de camping disposent tous d'abris avec certains des sanitaires et de l'eau (de pluie). 

On voit bien qu'il pleut pas mal dans le secteur!

Je ne suis pas le premier à faire ça, Paddling Palau est rompu avec l'itinéraire, ils ont pignon sur rue sur Palau et ça fait 17 ans qu'ils organisent des safaris en kayak pour des personnes seules comme moi. Pour les personnes plus âgées, ils proposent un guide pour accompagner les gens tout du long.

Pour ce qui est de la plongée, ça se fera toujours du canoë et je devrai l'accrocher à la patte ou à une bouée pour éviter qu'il ne s'échappe avec le courant pendant que je batifole sous l'eau. Ce serait en effet fâcheux. Vu que c'est moi qui pourrait dériver en raison de courants apparemment assez puissants, je crois que je resterai toujours attaché au kayak. Il y a aussi une zone qui figure sur la carte avec une tête de mort. Rien de bien rassurant. C'est une zone de courants violents ou en kayak je me ferais emporter quoique je fasse. Il faut donc absolument que j'évite cette zone et la seule solution c'est de prendre un bateau qui fait la navette pour la poursuite du parcours. Sauf que Kay a oublié de me donner les horaires. Il faudra que j’en reparle ce soir avec un guide qui doit venir pour tout m'expliquer de façon plus approfondie. Je l'attends d'un instant à l'autre.

Sinon je ploie sous plein de cartes et il n'est pas facile de savoir laquelle succède à l'autre. Elles ne sont pas numérotées et n'ont pas de jonction commune d'une carte à l'autre. Il faut regarder à l'aide d'une carte globale pour voir ce qu'on s'attend à trouver. Pas très pratique, d'ailleurs Kay était perdue elle même. Apparemment je ne dois pas m'inquiéter, dès que je serai sur le kayak, tout va couler de source. C'est ce qu'elle me promet. En attendant il faut que je fasse bien attention avec les cartes, pas question d'en laisser échapper une par dessus bord, ce sont des cartes imperméabilisées qui valent 70 dollars l'une. Et j'en ai une flopée comme ça.

Kay voulait savoir ce qui m'avait poussé à venir et comment j'avais entendu parler de Palau. Je lui ai répondu que j'en avais eu connaissance par le biais d'internet et de livres que je possède. Je lui ai aussi parlé de Koh Lanta et elle m'a même dit le lieu où ils avaient campé, qui va justement être un endroit où je vais rester une nuit, à Ngemelis Beach dont un permis pour camper est demandé. 

C'est là dedans que je pars m'enfoncer demain

C'est chose faite, ils se sont occupés de tout, sauf du permis pour visiter le Jellyfish Lake, un lac où l'on se baigne dans une quantité impressionnante de méduses non urticantes, les seules de la famille qui soient végétariennes et qui puisent leur énergie via une algue qui est dans leur corps. J'ai du aller le faire établir au Capitol Center cet après midi.

A la vue de toute la bouffe que j'ai mais surtout de l'eau que je dois me trimbaler, y compris pour l'eau de cuisson, et du container que Kay m'a remis qui vient se clipser à l'avant ou l'arrière du canoë, on a convenu que je me fasse ravitailler une fois au milieu du séjour, au moment du bateau qui doit me faire passer par dessus la zone à tête de mort. Kay est une philippine qui a décidé de s'installer ici car elle trouve qu'on y vit beaucoup mieux qu'aux Philippines. Elle ne m'a pas fait l'article sur son pays : trop peuplé, sale, des déchets sur les plages, des gens pauvres et arriérés, une insécurité due au fait que les gens essayent d'obtenir de l'argent par tous les moyens.

Il n'y a apparemment pas tout ça sur Palau. On a discuté aussi un peu boulot et elle m'a raconté qu'un type comme moi qui travaillait en temps que chef de projet sur SAP chez Accenture est venu et n'est jamais reparti. Il est depuis devenu un moniteur de plongée et gagne en un an ce qu'il gagnait avant en un mois. Mais il faut croire qu'il vit ses rêves et qu'il y a gagné en qualité de vie. C'est ce qui compte mais ce n'est pas ce qu'on nous apprend à l'école ni dans l'éducation et le bourrage de crâne que l'on reçoit de la société.

Après toute ce briefing, il était déjà l'heure du déjeuner et Kay m'a conduit à un endroit où je pourrais me rassasier. C'est très sympa de sa part, ils sont vraiment aux petits oignons chez Paddling Palau, ça fait plaisir, on sent qu'on peut compter sur eux. Après le déjeuner j'ai fait un nouveau raid au supermarché que j'ai ramené au motel, oubliant sur le chemin d'aller demander le permis. 

J'ai le permis!

Il a fallu que j'y retourne. De toute façon il fallait que je ressorte pour acheter de l'eau à nouveau. 9 jours c'est plus de 20 litres à prévoir et c'est lourd. Ça demande donc de faire de nombreux tours. Ma chambre ressemble à un supermarché. Voici l'inventaire de ce que j'ai prévu, je pense que ce sera suffisant, de toute façon, pas le choix :

• bouteilles d'eau
• 9 petites briques de jus de fruit
• 10 tomates
• 6 poivrons
• 5 grosses pommes américaines infâmes
• 1kg36 de petites pommes gala
• 16 mandarines
• un régime de 13 bananes pas mures
• 6 conserves de soupe (asperge, champignon, céléri)

  

  Une dernière avant longtemps...

  
  
• 4 conserves de légumineuses (petit pois, haricots rouges, haricots blancs, haricots coco)
• 1 conserve de chili végétarien
• 1 sachet de riz préparé
• 5 plats cuisinés
• 1 pain de fruit
• 20 petits pains coco
• 8 flancs à la vanille
• 2 sachets de 226 g de cookies au chocolat
• 10 barres céréales/fruits
• 2 sachets de 250g de fruits secs et graines assortis
• 5 étuis de crackers
• 2 boites de pain multi grains façon cracottes

Bon maintenant assez bavasser, place à l'action. C'est quand qu'on commence ?