Je suis parti ce matin
pour explorer quelques bras de mer de Noosa. La ville s'étend sur
des kilomètres le long de rives bordées de villas avec leur ponton
privé qui ont toutes un bateau amarré. C'est une vraie Venise
australienne version verte car ça reste très aéré et ce sont des
quartiers résidentiels perdus dans la nature. On y trouve des
cocotiers, des bougainvillées, des frangipaniers, des bananiers,
toutes les plantes tropicales possibles. On voit bien qu'on est à la
limite des tropiques car toutes ces plantes arrivent à s'épanouir
dans un endroit qui n'est pas complètement le leur. Toute cette zone
a été surnommée les Everglades australiennes et il y a des tours
opérateurs qui se sont faits la spécialité de visites en bateau
dans ces dédales et méandres où l'on a tôt fait de se perdre. En
voiture aussi. Les rues se terminent presque toutes en cul de sac et
j'ai pu profiter de zones libres de construction (pour combien de
temps encore) pour avoir accès au rivage. Les gens se déplacent là
dedans en kayak ou en zodiaque. Ça a beaucoup de charme et c'est
très calme.
Chemin faisant j'ai
croisé un pélican en pleine quête de nourriture et je crois qu'il
a trouvé son bonheur. Plus loin c'est une orchidée qui poussait le
long d'un palmier, hors d'un jardin. Quand je me suis arrêté, le
propriétaire de la maison d'en face est venu me parler, me commenter
cette orchidée « amazing » et m'a souhaité de « nice
pictures ». Je crois que j'y suis arrivé. Après je me suis
mis en recherche de koalas, en pure perte. Pourtant il y a même des
panneaux dans la ville demandant de rouler prudemment et d'appeler un
numéro si jamais on en trouvait un. Devant un marchant de journaux,
j'ai jeté un œil à la une du journal local : ils parlent
d'étendre le parc national de Noosa en raison des koalas qui se sont
installés en dehors et qui sont en danger à cause des activités
humaines. C'est donc vraiment pas de chance de ne pas avoir réussi à
en croiser un ici. Peut être demain matin, je compte faire une
randonnée dans le parc avant de partir pour Brisbane.
Après cette exploration
de Noosa, comme le soleil tapait fort (dès 9 heures du matin on est
obligé d'enlever le T-shirt) et que les bouchons commençaient à
pointer du nez, il était temps pour moi d'aller à la plage. J'ai
exploré un autre chemin d'accès via Sunshine Beach, le long de la
plage. Ça déboulait de surfeurs de tous côtés comme une colonie
de pingouins qui vont et viennent sur la banquise. J'ai compris
pourquoi ils se baladaient tous à moitié nus. C'est pour éviter
d'avoir un sac qui resterait tout seul sur la plage. Ils s'encombrent
donc juste d'un short de bain et d'une planche de surf. Rien dans les
poches. J'aimerais bien être pareil, j'ai toujours des kilos de
trucs à transporter. Parfois je craque et je déroge à la fameuse
règle « don't leave valuables in the car ». De temps en
temps je laisse l'ordinateur dans le coffre, sous le sac de voyage
pour le protéger de la chaleur. Il y a même un jour où j'ai laissé
portefeuille et passeport dans la boîte à gants, qui ferme à
clefs. Mais je n'étais pas tranquille sur la plage aussi je ne l'ai
plus refait. De toute façon, d'une manière ou d'une autre le
problème reste le même. Car à la plage, quand je suis à l'eau les
affaires restent sur le sable tout comme quand je me balade comme
cela m'arrive très souvent.
Le chemin par Sunshine
Beach est plus court mais plus éprouvant. On ne bénéficie pas de
l'ombre de l'autre itinéraire et il faut descendre sur la plage de
Sunshine Beach par un grand escalier de bois. Mais surtout le pire
est que l'on doit grimper en haut d'une colline par un sentier plein
de marches et plein sud. Les gens arrivés en hauts sont tous
liquéfiés. Par contre après, la marche est aisée, on passe à
flanc de falaise, profitant de la brise marine et des embruns des
vagues qui viennent s'écraser contre les parois en gerbes
étincelantes. Il y a plus de vagues que les autres jours, ce qui
rend la baignade plus dangereuse. J'ai essayé de m'aventurer plus
loin afin d'avoir de l'eau au delà de la taille mais j'ai été
freiné dans mon élan par une grosse vague qui a déferlé juste
devant moi. Bien qu’ayant plongé dessous, je me suis retrouvé
malmené comme dans une machine à laver, à la limite de la
dislocation.
Je suis donc retourné faire mumuse plus près du bord.
Je ne compte plus le nombre de bains que j'ai pris aujourd'hui. J'y
restais jusqu'au bord de l'évanouissement, titubant pour regagner ma
serviette. Il y a plein de creux et de bosses, aussi quand on sort de
l'eau on est toujours à la limite de la cheville foulée, donnant
une démarche godiche pas vraiment sexy. Je ne sais pas comment font
les autres, ils ont l'air d'avoir le pas plus assuré que moi.
Ce soir j'ai planté la
tente à nouveau dans le même coin, à l'entrée du parc national,
pour la cinquième nuit. J'ai toujours une petite appréhension de
croiser quelqu'un en y allant ou surtout le matin lorsqu'il fait
jour. En plus ce soir il faisait nuit noire aussi j'ai dû m'éclairer
un peu, ce que j'évite d'ordinaire pour ne pas me faire remarquer.
Il y avait aussi comme des bruits de pas dans les fourrés le long du
chemin, qui me suivaient.
Avec ma mère que j'avais eu juste avant au
téléphone et qui m'avait parlé d'histoires de serial killer qui
s'en prenait aux touristes dans les endroits reculés d'Australie, je
commençais à psychoter. Bah, cela ne devait être qu'une bête, une
grosse bête et pas un kangourou, ça marchait pas après pas.
Quelqu'un avait déplacé mon repère qui indique là où je dois
quitter le chemin pour m'enfoncer dans les fourrés. C'est une
branche très droite que j'avais disposée le long du chemin et qui y
était encore les autres nuits. Cela n'était pas pour me rassurer
davantage. Une fois dans la tente j'ai entendu des râles que j'ai
attribués à un sanglier ! Je me suis couché là dessus, ils
avaient l'air de s'engueuler mais ne bougeaient pas. Et avec mon
tapis de feuilles d'eucalyptus sèches, j'aurais tôt fait d'être
réveillé par toute intrusion. Ça fait partie des inconvénients du
camping sauvage, il faut vaincre un peu ses peurs de l'obscurité et
des bruits bizarres. Mais je préfère nettement ça à un camping.
Quand j'ai exploré Noosa ce matin, je me suis arrêté devant l'un
d'eux. Un capharnaüm dont je me demande bien comment font les gens
pour rester là dedans, les uns sur les autres. Les tentes sont à
touche touche, au milieu de caravanes et de campervans qui lorsqu'ils
ouvrent leur portière cognent contre les tentes. J'imagine l'enfer
le soir, lorsque tout cela s'anime et que les gens vont et viennent,
parlent et ne veulent pas se coucher, ou s'y apprêtent dans des
préparatifs interminables qui sont une succession de portières qui
claquent. Je préfère bien mieux être dans mes bois avec des
bestioles autour, qui n'ont pas l'air si féroces que ça !
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