Manille se réveille |
L’hôtel ne s'est
endormi que vers 2 heures du matin pour se réveiller à 5 !
Bref je n'ai dormi que 3 heures aussi j'en ai profité pour concocter
les réservation des vacances d'été. Ce n'est pas parce que j'ai
pris un congé sabbatique que je ne dois pas avoir de vacances d'été.
Ça n'a rien à voir. Et des étés il n'y en a pas énorme dans une
vie, pas question de passer celui là à Paris dans la grisaille. A
la place je retourne en Crète pour la quatrième fois. C'est dommage
que les gens ne respectent pas les autres et agissent comme s'ils
étaient à la maison. Car sinon les chambres étaient bien
fonctionnelles et modernes, avec TV et internet, une serviette mise à
disposition et une brosse à dent. Mais à cause d'indélicats, ça
vous pourrirait n'importe quel hôtel.
Il était 7 heures quand
je suis arrivé en bas. J'ai rendu la clef et on m'a dit que tout
était bon alors que je n'avais payé que des arrhes, un tiers du
prix. C'est la faute à celle d'hier soir qui a mal fait son boulot.
Vu que je n'ai eu qu'un tiers de nuit, je n'ai rien dit, le prix
correspondait aux heures de sommeil ! Il a fallu que j'attende
dix minutes avant que la navette qu'ils avaient appelée n'arrive. Je
stressais un peu car je devais être à l'aéroport à 7h25 dernier
carat sinon après je ne pouvais plus m'enregistrer. Ils m'ont
demandé quelle était ma compagnie et en ont déduit que j'allais au
terminal 3. En route, alors qu'on était pris dans des bouchons et
que le stress montait d'un cran (Manille est parait il une horreur
pour ça et tous ceux que j'ai rencontrés m'ont conseillé de ne pas
y entrer sous peine de ne pas arriver à en ressortir ; sur ce
coup là j'ai eu le nez creux en choisissant un hôtel près de
l'aéroport), on est passé devant le terminal domestique mais le
chauffeur n'a pas tourné. Il avait emmené avec lui le portier de
l’hôtel. Je pensais qu'il allait prendre un raccourci mais au lieu
de cela on s’est retrouvé sur une nouvelle route embouteillée où
était fléché l'aéroport international. Je leur ai rappelé que
j'allais à Cagayan de Oro et ils m'ont dit qu'ils avaient bien
compris mais que la compagnie aérienne effectuait tous ses vols
domestiques depuis le terminal international. Ils devaient savoir ce
qu'ils disaient. A l'aéroport je suis sorti de la navette poussant
le chariot que le portier était allé chercher à vive allure. Pour
information, j'ai dû lui laisser un pourboire, c'est pour ça qu'il
était venu. A l'entrée de l'aéroport, tout ce qui rentre doit
passer aux rayonx X. Du coup ça fait la queue. Cette fois j'étais
vraiment juste pour l'enregistrement. La queue est allée plus vite
que je ne le pensais et j'ai couru au guichet, les sacs à bras
portants, ravivant la déchirure de l'avant bras que je traîne
depuis Auckland et qui va crescendo depuis le kayak à Palau.
Heureusement j'ai pu
avoir mon ticket à temps, au comptoir « last call ».
C'était moins une ! Mais avant de passer les contrôles (oui,
il y en a plusieurs : un pour l'aéroport, l'autre pour la
compagnie aérienne), ils m'ont fait peser mon sac. 9 kilos. 2 de
trop, ils n'ont rien voulu savoir, il fallait que j'aille enregistrer
le sac. Je suis donc retourné à un stand spécialisé « ajout
de bagage » (ils doivent avoir l'habitude), courant le risque
que ce que je garde toujours avec moi n'arrive pas à destination.
Avec la fatigue, je m'en fiche, ils peuvent me demander ce qu'ils
veulent, je le fais mais qu'on me laisse partir !
Pas si vite !
Nouveau guichet, toujours avec une queue : la taxe d'aéroport à
payer en espèces, même pour les vols domestiques. Je ne comprends
pas qu'ils ne l'incluent pas dans le prix du billet comme partout
ailleurs dans les pays occidentaux. Ça doit être pour sauvegarder
un emploi. Je critique la France mais là c'est bien pire. C'est le
parcours du combattant pour prendre l'avion, entre l'arrivé de hier
soir et le départ de ce matin, c'est à dégoûter de prendre
l'avion.
L'avion a fait des tours
de piste interminables, il y avait aussi bouchon sur la piste, tout
un tas d'avions était devant. Comme dans les bouchons on avançait
un peu, puis l'avion freinait avant de s’arrêter et de repartir
quelques minutes plus tard. A ce petit jeu qui n'en finissait plus,
j'ai craqué et sorti ordinateur. Avec tout ce qu'il me reste à
taper je ne peux me permettre de perdre le moindre instant. La femme
à coté de moi n’arrêtait pas d'envoyer des textos à chaque
nouvel arrêt de l'appareil, sans doute pour tenir quelqu'un informé
de l'avancement de la situation. Je vois que le téléphone portable
est greffé aux individus dans le monde entier. C'est un phénomène
universel.
Quand l'avion a décollé
j'ai été surpris de voir des grattes ciels modernes au loin.
J'imaginais une ville de bidonvilles à perpet'. Il y a eu un jeu à
bord, des passagers étaient invités à se diriger vers l'avant de
l'appareil, ils prenaient le micro de l’hôtesse et se
présentaient. Puis ils se mettaient à chanter pendant que les
autres passagers rigolaient ou applaudissaient. J'ai crû que tout
l'avion allait y passer, ça n'en finissait plus ! Ce sont des
farceurs ces philippins. Au final je ne sais pas quel était l'enjeu
de ce petit cinéma.
Dès qu'on est arrivé à
Cagayan de Oro, des rabatteurs ont couru vers nous dès qu'il ont
ouvert les portes ; j'ai dû les chasser comme une nuée de
mouches pendant que j'attendais les valises. Je ne leur répondais
même pas, ça ne me ressemble pas d’être impoli de la sorte mais
il y en avait trop et je me suis assez fait avoir en Inde dans le
passé, je connais le truc. Je voulais un taxi officiel à
l'extérieur, un truc marqué taxi et qui lui attend le client.
Malgré tout, ils ne sont peut être pas si truands que ça car un de
ces rabatteurs, alors que j'arrivais près d'un taxi, m'a demandé où
j'allais et m'a fait monter dans un vrai taxi où quelqu'un était
déjà assis. On a partagé la voiture mais pas la course. Tout bénef
pour le conducteur et en sortant j'ai compris pourquoi : il
devait s’acquitter d'une taxe pour quitter l'aéroport. Ici ils ont
bien assimilé le système des taxes. Il faut mettre la main au
portefeuille tout le temps.
Pour rejoindre Camiguin
il faut que je me rende au centre de Cagayan de Oro, au niveau du
marché Agora pour prendre un bus pour Balingoan, à 88 kilomètres
de là puis un bateau. Toute une expédition ! Avant de me
lâcher, le conducteur s'est proposé de me conduire jusqu'à
Balingoan pour 2000 pesos. Par chance dans l'avion j'avais feuilleté
le journal de la compagnie aérienne où était affiché le taux de
change peso/dollar : 450 pesos = 10 dollars. Il insistait me
disant que je serais mieux, que j'aurais l'air conditionné se qui
n'était pas le cas avec le bus. Je me suis laissé convaincre par
l'argument pendant que je faisais le calcul avec le taux de change
pour me rendre compte que c'était convenable. Surtout cela
m'éviterait d'attendre dans la poussière et le monde qu'un bus
veuille bien arriver. Dans ce genre de pays, ça doit être comme en
Nouvelle-Calédonie, j'ai donné !
J'ai bien fait d’être
resté, on a croisé des bus qui se traînaient comme pas possible.
Je suis surpris de voir comme ça grouille de monde partout. Je ne
m'attendais pas à voir du monde comme ça partout. On est passé à
une station service et le chauffeur m'a demandé de payer l'essence.
Inclus dans le prix qu'il m'avait annoncé. Alors que le pompiste
avait juste commencé à ouvrir le bouchon, le chauffeur lui a donné
mon argent et le pompiste a retiré la cane et on est parti. Je n'ai
pas compris le système, j'avais beau malgré la fatigue à triturer
le truc dans tous les sens à la recherche d'une logique, je ne
trouvais pas. J'ai fini par demander au chauffeur. Qui n'a pas
compris ce que je lui disais et que je n'ai pas compris en retour. Il
me disait que 1000 pesos font 10 litres. J'ai fait « ah »
puis j'ai chassé cette pensée en me disant que c'était son
problème !
Le trajet était
interminable, j'ai eu l'impression qu'on n'avait jamais quitté la
ville, il y avait des cases en tôle ondulée tout le long de la
route. J'ai même piqué du nez. Je me suis réveillé juste quand on
tournait pour le chemin du port, deux heures après avoir quitté
l'aéroport. Le type m'a laissé son numéro pour que je l'appelle au
retour, afin qu'il me conduise à l'aéroport pour le même tarif. Il
y avait trois guichets de trois compagnies différentes, chacun avec
leur rabatteur. Pour demander de l'aide je suis directement allé en
salle de contrôle des billets pour savoir comment ça fonctionnait.
Ils m'ont donné le nom du guichet auquel m'adresser et qui demandait
170 pesos pour prendre le bateau qui partait dans deux minutes. Il
fallait que je me presse. J'ai couru à nouveau avec les sacs malgré
ma déchirure (quand tout le monde me dit que je suis fou de voyager
avec si peu d'affaires, je trouve encore que c'est bien trop, la
preuve!) pour me trouver bloqué par un type qui me demandait de
payer une taxe, la taxe du port ! J'aurais dû y penser car le
temps de farfouiller des pièces que je n'avais pas (il me réclamait
2,25 pesos, soit 5 centimes !), en lui tendant un billet pendant
qu'il cherchait dans ses poches la monnaie, eh bien le bateau est
parti ! Il a fallu que je retourne au guichet me faire
rembourser. Heureusement l'autre compagnie réclamait le même
montant et le prochain bateau était dans une heure. J'ai attendu
dans le hall, pendant qu'un gamin passait des bras à travers les
barreaux de la fenêtre derrière moi pour me demander des choses
depuis son bidonville.
Parfois je me demande
pourquoi je me fais chier à venir dans ces pays exotiques alors que
l'Australie a tout et que je n'aurais pas à affronter : les
coqs, chiens, mendicité et taxes. Car en fait avec tous mes
déplacements je n'ai plus l'impression que je voyage, c'est comme si
j'étais toujours au même endroit mais que l'environnement ambiant
changeait comme sur un plateau tournant. Après avoir perdu la notion
du temps, j'ai perdu celle des distances !
Camiguin en vue! |
Sur le bateau ils m'ont
réclamé mon billet alors que je m'étais fait contrôler en
quittant le port. Et évidemment impossible de retrouver le ticket.
Il était au fond d'un sac, chiffonné. Un miracle que je l'ai
retrouvé ! Le bateau, un Shuttle Express ou un truc au nom
similaire n'a d'express que le nom. C'est un veau, un veau de mer !
Il a mis deux heures pour rejoindre une île toute proche qu'on a
l'impression de pouvoir rejoindre à la brasse depuis Balingoan. Le
bateau est bondé, on est tous sur des bancs sur ce cargo, là où
d'ordinaire ils doivent mettre les marchandises. Du coup on n'a
aucune vue, avec les rebords du bateau cachant l'horizon.
Dès que la passerelle
s'est baissée, les gens ont accouru de l'extérieur en se bousculant
pour nous proposer de porter les bagages, un moyen de locomotion, un
hébergement... L'avantage pour ceux qui aiment le système c'est que
dans ces pays, il n'y a pas besoin de réserver, les gens sont trop
heureux de vous assister pour proposer ce que l'on souhaite. Pour
rejoindre le resort, Action Geckos, je devais prendre un taxi. Mais
il n'y en avait pas. Un type un peu plus convaincant que les autres,
un jeune, m'a dit qu'il me proposait les prix les plus bas pour m'y
conduire. 150 pesos. Par contre ça s'est fait sur une moto. Il
tenait mon sac entre ses cuisses pendant que j'étais à l'arrière
le sac à dos aux épaules et tenant la tente d'une main contre moi
pendant que l'autre s'agrippait à un truc auquel me retenir pour
éviter d’être désarçonné au moindre nid de poule ! Et là
aussi ça n'en finissait plus. En fait Camiguin est plus grand que
sur une carte à la noix du Lonely Planet, et on a mis plus d'une
demie heure à ce régime avant d'arriver. Chemin faisant il s’est
proposé de me laisser la moto, me faisant un prix par rapport à ce
qu'Action Geckos pourrait me proposer, dégressif si je le prenais
plus d'un jour. Je lui ai demandé son numéro, ne sachant pas encore
ce que j'allais faire du séjour. Sur la route je regardais tous les
chiens qui surgissaient de partout et je craignais d’atterrir dans
un endroit qui ressemble à un chenil. Déjà que je ne peux plus me
rendre en Inde à cause de ça (des chiens errants partout qui
pourrissent les nuits), si ça trouve les Philippines pourraient être
tout pareil. Pourtant je pensais être dans une partie de culte
musulman, mais ça doit être plus à l'ouest de Cagayan de Oro, là
où ils enlèvent d'ailleurs les touristes. J'y songeais du reste et
ça a été un élément supplémentaire qui m'a fait rester dans le
taxi tout à l’heure, au moins tant que j'étais dans le taxi
j’étais en sûreté, le chauffeur ayant verrouillé les portes.
Ah un bon lit! |
J'ai un bungalow très
bien, tout en feuilles de cocotiers tressées, très grand avec des
fleurs disposés sur le lit sous la moustiquaire en guise de
bienvenue avec un mot et un guide des activités. J'étais
complètement crevé et ne pensais qu'à dormir. Il était déjà
16h30, j'ai fait quelques pas sur la plage devant le resort, une
plage de sable gris (l’île est volcanique), pris une bière, fait
un peu d'internet et me suis avancé pour le blog puis j'ai mis la
viande dans le torchon tout de suite après le dîner, à 20 heures.
Pour les impressions, il faudra attendre demain, je me refuse à
délivrer un verdict, la fatigue fausse tout jugement objectif. Toute
la journée j'ai eu l'impression de tirer la gueule. Le sourire
m'avait quitté. Mais il va revenir !
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