Je ne suis toujours pas
remis de l'expédition en kayak. Elle continue à me hanter et à me
faire traîner des pieds. Je n'ai goût à rien, c'est comme si on
m'avait retiré la boite aux merveilles. Au moment où je voulais
sortir pour louer une voiture, un grain est arrivé et a duré toute
la journée. Décidément j'ai eu de la chance avec le périple car
ça fait maintenant trois jours qu'il fait dégueulasse. Ça m'aurait
vraiment ennuyé si j'étais dehors, m’empêchant de vivre cette
aventure comme je l'ai fait. Finalement qu'il pleuve ça m'arrange
assez, je n'étais pas très enthousiaste sur le fait d'aller
explorer l’île. Ça ne me ressemble pas mais je savais d'avance
que je n'allais pas retrouver les paysages fabuleux que j'ai vus aux
Rock Islands. Alors pourquoi s’embêter à louer une voiture en
avançant sur une île où la circulation est permanente avec des
carrefours non indiqués ? Devant l’hôtel il y a une petite route
qui en France semblerait desservir une ferme, là ça n’arrête pas
de passer. C'était un coup à se perdre et à rater l'avion. Le vol
ce soir n'est qu'après 21 heures, ça me laissait pourtant le temps
mais j'étais plus tranquille ainsi. J'ai le sentiment d'avoir bien
profité de Palau.
Au moment de régler la
note, je devais 100 dollars. N'ayant pas trouvé de distributeur en
ville qui fonctionne (j'en ai fait trois, 2 étaient hors service et
l'autre me refusait l'opération), j'ai dû régler par carte
bancaire moyennant une surcharge de 5%. Il a fallu que la
réceptionniste tape à la machine pour savoir combien faisait le
total, deux fois pour bien vérifier. Ça m'a bien fait rire. Allez,
allons y : 5% de 100 ça fait combien? C'est du niveau école
élémentaire il me semble...
A l'aéroport je devais
m'acquitter de deux taxes, une de sortie du territoire, l'autre pour
contribution environnementale. J'avais oublié que dans ce genre de
pays il faut toujours payer en partant. Évidemment j’avais pris
soin de me débarrasser de mes dollars. Il fallait payer en cash. Je
me suis donc dirigé vers le seul distributeur de l'aéroport qui a
refusé de me donner de l'argent, comme toute à l'heure, au motif
qu'il n'avait plus d'argent. Pourtant quand j'ai demandé au service
de la redevance où me procurer du cash, ils m'ont dit qu'il
fonctionnait encore il y a dix minutes, ils étaient justement allés
tirer de l'argent. Ça commençait à m'angoisser. Ma carte bancaire
est dotée d'un système de sécurité à la noix que je n'ai
absolument pas demandé qui m’envoie des alertes chaque fois qu'il
détecte une opération suspecte. Étant à l'étranger en
permanence, ça arrive forcément tout le temps. J'ai même eu la
carte bloquée comme ça en Australie pendant plusieurs jours parce
qu'ils avaient mal noté mon appel. Car à chaque fois il faut les
rappeler pour confirmer que la transaction est bonne et non
frauduleuse. Je les ai déjà contactés deux fois pour qu'ils lèvent
ce système le temps que je rentre car c'est catastrophique pour moi
mais le message n'a pas l'air de suivre. Avec ces centres d'appels,
ils n'y a jamais d'historique, il faut toujours répéter la même
chose. Et avec ces neufs jours passés hors du monde, si ça se
trouve ils m'ont bloqué la carte. Du coup je tremble chaque fois que
je dois m'en servir, me disant que c'est peut être l'opération de
trop qui va tout bloquer !J'ai bien payé par carte des
commerçants cet après midi mais ici le système est différent, on
insère sa carte dans un lecteur et on a juste à signer, sans frappe
du code donc soi ça se trouve il n'y a aucune demande
d'autorisation.
En attendant, la seule
alternative que j'avais était de m'adresser à un restaurant de
l'aéroport qui délivre du cash contre paiement par carte bleue mais
se prend 10 dollars pour le service rendu. J'en ai donc demandé 100,
question de diminuer l'impact de la commission et d'avoir des dollars
d'avance au cas où ma carte serait vraiment bloquée. Une somme de
survie en quelque sorte.
Arrivé à Manille, il a
fallu passé la douane, une horreur ! J'ai cru à un cauchemar :
au moins dix guichets mais une queue de 100 personnes devant chacun.
C'est comme si plusieurs vols étaient arrivés en même temps.
Bienvenue en Asie ! A ma grande surprise en 15 minutes je suis
passé, ça allait vite, ils ne faisaient pas leur travail
correctement, se contenant de demander quand on partait (le séjour
maximal aux Philippines est de 21 jours, après il faut un visa, ce
qui fait que je ne reste que 21 jours contre le mois auquel j'avais
pensé au début quand j'ai construit le tour du monde). Les
contrôles n'étaient pas finis pour autant, après les douanes il y
avait un autre guichet où l'on laisse une feuille donnée dans
l'avion, qui comporte les mêmes infos et qui servent normalement à
la biosécurité. Ici rien quant au matériel de plein air. Tant
mieux, ça m'évitera une inspection de la tente. Ils ont apposé un
tampon sur le formulaire qu'ils m'ont redonné. Après avoir récupéré
les bagages, avant de sortir de l'aéroport, nouveau contrôle :
il fallait donner le formulaire avec le OK tamponné dessus. Je ne
vois pas la logique et l'utilité de ces contrôles dans tous les
sens.
La première chose que
j'ai faite est de tirer de l'argent, la boule au ventre. Miracle, ça
marche ! J'ai tiré 2000 pesos sans savoir combien ça faisait,
ayant oublié de me renseigner sur les Philippines. Ensuite je me
suis mis dirigé vers un office du tourisme spécialisé dans les
réservations d’hôtel. Je voulais savoir comment rejoindre le mien
depuis l’aéroport sans me faire avoir. Ils ne connaissaient pas
l’hôtel et ont dû chercher dans un registre sans succès.
Heureusement j’avais noté les coordonnées alors ils ont eu juste
à appeler. Ils m'ont expliqué que je devais prendre un taxi et que
ça me coûterait dans les 150 pesos, l’hôtel étant tout proche
(c'est la raison pour laquelle je l'ai choisi). Pour cela j'avais le
choix entre un taxi jaune métré ou le blanc dont le prix de la
course est fixe. J'ai préféré m'adresser à un taxi blanc, afin
d'éviter les détours fantaisistes pour faire gonfler le compteur.
Par contre ils m'en réclamaient 300. Je leur ai fait remarquer que
le l'aéroport m'avait dit que c'était à côté et ne devait me
coûter que 150 pesos, question de leur faire comprendre que je ne
suis pas un pigeon de touriste. Ils ont réfléchi un temps puis
m'ont dit que je n'avais pas besoin de prendre un taxi, qu'il
suffisait de prendre une navette gratuite pour le terminal
domestique, que l’hôtel était ensuite de l'autre côté de la
route.
Par contre le bus n'est
jamais arrivé, j'ai patienté dans le bordel et l'agitation pendant
15 minutes, avec une file devant moi qui de toute façon n'aurait pas
pu entrer complètement dans un bus. Il fallait donc que j'attende le
second. Vu qu'il était quasiment minuit (avec une heure de moins par
rapport à Palau), j'étais complètement crevé et pressé de
dormir. Je suis donc retourné aux taxis, m'adressant cette fois au
taxi jaune. Une fois arrivé à destination cela m'aura coûté 95
pesos. L’hôtel est situé dans un complexe de boutiques, de
restaurants et de pubs qui passent de la musique comme dans une
discothèque en pleine air. Et merde je n'avais pas pensé à ça !
Devant moi il y avait un groupe de jeunes filles assises sur leurs
bagages, se prenant la tête entre les mains. Ça parlementait,
apparemment un problème dans les réservations. La réceptionniste
au bout d'un moment a fini par me voir et m'a demandé si j'avais une
réservation. Je lui ai tendu mon papier et elle m'a donné la clef
alors qu'il était écrit qu'on devait payer au moment du check in.
Or ma réservation ne comportait que des arrhes, je leur devais
encore deux tiers du prix de la chambre.
La chambre par chance
donne de l'autre côté, donc c'est calme, on n'entend plus les pubs.
Par contre ça grouille de monde là dedans, il y a des dortoirs,
tout le temps quelqu'un qui entre ou qui sort et ma chambre est un
truc sans fenêtre situé entre deux couloirs avec les douches qui
donnent contre la cloison. A chaque fois que quelqu'un prend une
douche il y a des bruits de canalisation qui résonnent dans ma
chambre. Malgré le fait que la chambre soit sans fenêtre, elle est
bien, moderne, avec la climatisation et une télé. Je ne demandais
pas autant, c'est juste une halte entre deux avions, demain je dois
me lever tôt, j'ai le vol pour ma prochaine destination à 8h10 et
je dois être à l'aéroport 45 minutes avant.
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