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Koh Khai |
Je suis triste de partir
ce matin. C'est plein de vie ici, j'ai l'impression de laisser une
part de rêve et d'innocence. Une partie aussi de sensations que je
ne retrouverai sans doute pas avant très longtemps. Elles seront
différentes. Et le jour où je reviendrai le chaton sera devenu un
chat, plus sage et plus tranquille. Le ranger qui me servait au
restaurant m'a demandé de revenir l'année prochaine et m'a dit
qu'il était content de m'avoir connu. Je pense que c'est sincère
car les gardes sont ici sous leurs gardes si j'ose dire. On les sent
en retrait. Il est vrai qu'ils voient défiler des gens qui viennent
un jour ou deux et s'en vont, sans prendre le temps de leur parler.
Certes, tous ne parlent pas anglais mais ce n'est pas une raison. Du
coup ça ne les pousse pas à être avenants. J'ai toujours un
sourire pour eux, un hello, un signe de la main ou de la tête quand
je les croise. Le langage du corps est parfois plus important que le
reste. C'est ainsi qu'on apprivoise les gens au fur et à mesure, ils
se rendent compte qu'on n'est pas méchant et qu'on les respecte. Il
n'y en avait qu'un réfractaire à cette méthode c’est le rasta du
Bila Beach. Pourtant il terminait ses mails lors de la réservation
pas des « love ». Aussi je suis tombé de haut quand je
l'ai vu.
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Ça c'est du ciel noir! |
Au moment de payer la
note il y avait aussi Anne-Laure qui réglait la sienne pendant que
je rangeais mes affaires dans le sac que j'avais laissé dans la loge
de la réception. Anne-Laure est très avenante, souriante et
rigolote et on a parlé avec le réceptionniste qui est aussi un
garde. En fait ils sont tous gardes ici, ils sont là à demeure,
même quand plus personne ne vient. En effet, de mai à octobre c'est
la mousson et les liaisons maritimes sont coupées. Mais ils restent
là pour s'occuper de l'île, des animaux, des infrastructures.
Sacrée vie ! Même si c'est chouette, je ne me vois pas vivre
ici indéfiniment. A moins d’être un vrai homme des bois. Il y a
de moins en moins de monde au camp. On est en fin de saison, Les gens
ne vont plus venir, c'est bientôt le mois de mail, il ne fait plus
bien froid dans l'hémisphère nord et avec la mousson qui pointe son
nez, ça n'incite pas à venir. C'est donc ça, ces orages
quotidiens. Ce sont les prémices de la mousson. Car je me souviens
quand j’étais venu il y a deux ans en janvier, j’avais eu un
temps radieux, soleil tous les jours pendant 15 jours. Il ne va donc
plus rester que le russe et Gimmo. Si ça se trouve, ils vont finir
par être oubliés là bas. Il sont autonomes, ils ne viennent jamais
manger quoi que ce soit au restaurant. Certes, c'est à 4 kilomètres
mais par la plage ça se fait vite. Mais ils sont mieux ainsi et je
les comprends. Ils veulent aller au bout de leur communion avec la
nature et avec Koh Tarutao.
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Koh Tarutao s'éloigne... |
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Koh Khai |
Pour la note, j'ai eu la
surprise du siècle. Je n'ai pas du tout payer 300 baths comme ce
qu'ils m'avaient annoncé en arrivant. Ça me semblait aussi
beaucoup, deux fois moins seulement qu'un bungalow alors que j'ai
tout mon matériel. Pour Anne-Laure ils lui avaient demandé 225
baths alors que la tente est fournie et déjà dressée. J’avais
donc une base de négociation. Mais je n'ai pas eu à négocier quoi
que ce soit, le garde m'a demandé d'emblée 150 baths. Sauf que
c'était le prix total. Comme je n'en revenais pas, il m'a montré sa
calculette. La nuit était donc au prix défiant toute concurrence de
30 baths la nuit soit 80 centimes d'euro ! A ce tarif, vous pouvez
venir sur une île déserte, camper sur une plage merveilleuse et
jouer aux Robinson pour 25 euros le mois. Vous n'aurez plus qu'à
rajouter le prix de l'avion et compter 800 baths par jour pour la
nourriture (20 euros les 3 repas). Il n'y a plus besoin de voyager
ailleurs. Je ne devrais pas dire cela, ça va attirer des hordes de
backpackers. Et j'aimerais tant que cette île reste comme elle est.
Mais je crois que peu de personnes sont prêtes à vivre sur une île
déserte coupée de tout avec rien à faire hormis ce que la nature
apporte. Les gens préféreront donc toujours poursuivre sur Koh lipe
et c'est tant mieux !
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Koh Khai |
Quand Anne-Laure est
partie, le réceptionniste m'a dit « you're alone, she's alone,
then... » avec un grand sourire d'un air entendu. Ils ne
pensent qu'à ça ici. D'une façon générale les asiatiques ont du
mal à concevoir que des gens voyagent seuls, ils sont toujours
surpris. Et puis surtout ils imaginent que les filles seules sont
forcément des filles en manque de sexe, donc des filles faciles.
Anne-Laure n'a pas arrêté d’être emmerdée. Il faut dire elle
est toute fraîche et n'a que 20 ans. Elle a une innocence que
d'autres voudraient bien pervertir. Je suis étonné de voir tous ces
jeunes qui voyagent et que j'ai vus dans ce tour du monde. Souvent je
suis le plus vieux où que j'aille, faisant me sentir comme un vieux
croûton. Je pense que c'est générationnel. Personne de 20 ans dans
les années 90 ne voyageait. Il faut dire internet n'existait pas,
c'était un peu plus compliqué de voyager, peut être plus
l'aventure aussi. Et puis les prix des billets d'avion étaient plus
élevés. Mais surtout je pense que les mentalités ont évolué.
Avant il fallait surtout ne pas avoir de trou dans son CV, encore
moins avant de commencer à travailler. Cette idée a l'air d'être
passée de mode car beaucoup de ceux qui voyagent viennent de
terminer leurs études et ne sont pas effrayés par un trou et une
recherche d'emploi à leur retour. Pour ma part je préfère quand
même quoi que j'en dise avoir un travail qui m'attend. Si je devais
passer des entretiens d'embauche à mon retour, écrire des lettres
de motivation et toute cette foire aux guignols, après un tour du
monde je ne suis pas sûr que je serais bien performant ! Reste
un mystère pour moi : où puisent ils l'argent pour partir ?
Car routard ou pas, ça reste un sacré budget. En tout cas c'est une
bonne chose, ça leur ouvre les yeux plus tôt, je suis sur qu'ils
auront une autre vision sur la société et le monde du travail suite
à ça.
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Koh Khai |
Sur le bateau pour Koh
lipe il y avait un américain du Tennessee, fort étonné que je
parle si bien anglais (il ne fait pas exagérer non plus). En effet
il était venu en février à Paris et personne n'arrivait à
communiquer avec lui. Il m'a demandé pourquoi j'étais différent
des autres. Je lui ai répondu que c'était peut être avec les
voyages... En même temps j’étais étonné moi même d'avoir une
conversation avec un américain, d'ordinaire je ne les comprends pas.
Peut être ai-je fait des progrès. Il faut dire que sur 7 mois j'ai
dû parler anglais 6 mois, alors ça doit bien aider un peu...
L'américain me racontait qu'aux États-Unis ils n'avaient que deux
semaines de congés. Je le savais déjà, c'est souvent montré comme
modèle par ces français qui pensent qu'on a trop de vacances et
qu'on ferait mieux de les imiter. Sauf que lui ne partage pas cet
avis du tout. Il me disait qu'avec deux semaines les gens deviennent
fous là bas, ils ne décompressent jamais. Lui il a tout quitté, il
ne sait même pas s'il reviendra un jour aux États-Unis. En
attendant il vit de petits boulots à droite à gauche. Un
alternatif. Chapeau pour un américain ! Car pour sortir du
système en étant dans un pays encore plus conditionné sur la
réussite et la matérialisme que le nôtre, c'est un exploit !
L' « american dream » en prend du plomb dans l'aile.
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Langkawi |
Quand on a quitté Koh
Tarutao, je me suis tourné face à l'île que personne ne regardait.
Et je souriais en contemplant ses côtes qui me sont désormais
familières. Quand on est passé devant la plage d'Ao Molae, j'ai eu
envie de faire un au revoir de la main, comme à un ami cher qu'on
quitte. Avec un bateau plein à ras-bord et des gens autour de moi,
je me suis abstenu. J'aurais dû laisser parler mon cœur... En
chemin on s’est arrêté à Koh Khai, un petit îlot contenu dans
le parc de Tarutao, cerné d'une plage de sable blanc avec un rocher
qui forme une arche dans un coin. On a été autorisé à poser un
pied pour faire des photos de plus près. J'ai préféré aller
piquer une tète, la chaleur sur le bateau en plein soleil étant
écrasante. Au final on aura mis deux heures pour rejoindre Koh Lipe.
Il ne me restait plus que deux heures avant le bateau que je dois
prendre pour Langkawi, celui là même où ils demandent d’être là
deux heures et demie avant.
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Langkawi |
En plus, je ne sais pas
pourquoi mais le bateau s’est arrêté à Sunrise Beach et non
Pattaya comme à l'aller. Il a donc fallu prendre un long tail boat,
ce qui a fait perdre un peu plus de temps, surtout que le mien
servait de passage aux autres passagers pour aller dans d'autres
bateaux. Le temps que tous les autres aient embarqué, on s’est
retrouvé charger de sacs de riz qu'ils sont allés déposer à
Sunrise Beach. C'était le beau bordel et les pauvres russes qui ont
quitté Tarutao avec moi doivent se demander ce qu'ils font là. A
moins qu'ils aiment ! Pour ma part j'ai attendu avec impatience
que l'on parte pour Langkawi. J'ai fait un rejet encore plus fort que
la première fois, allant à me demander comment j’avais pu rester
5 jours à Koh Lipe. Pourtant j'avoue que les plages sont très
belles. Mais avec ce monde et ce bruit, c'est un enfer, un paradis à
clebs qui adorent quand c'est le bordel. J'ai essayé d'imaginer
cette île sans rien, avant que les gîtes et le gens ne viennent. Ce
devait être très beau. Comment ont ils pu abîmer une si jolie
île ? Mais il y a des gens qui adorent Koh Lipe et qui y ont
trouvé le paradis qu'ils cherchaient, s'installant et montant des
gîtes, comme ce restaurant tenu par une anglaise. Preuve qu'il en
faut pour tous les goûts... Ceci dit, il y a pire ! Il y fait
chaud toute l'année au moins ici. Et pour quelqu'un exilé ça doit
être plus agréable que sur Tarutao. Il y a de l'animation, des
gens...
Bonjour, je suis heureux que tu ait été séduit par cette île, j'y viens presque tous les ans depuis une dizaine d'années et je ne m'en lasse pas. J'ai échoué ici en venant de Malaisie, je cherchais une île tranquille et je l'ai trouvée... Je n'ai jamais essayé les bungalows: trop civilisé! donc je campe, le plus loin possible sur la plage d'Ao Molae. Pas de full moon parties, pas de bars à putes, ni rien de ce qui attire le chaland moyen, juste la forêt magnifique, la mer tiède et les bestioles. Je me tape des journées de marche en forêt, seul dans le vert et j'ai un frisson de plaisir rien que d'y penser. Je me suis même dégotté une plage, accessible seulement par la mer ou en traversant un bout de jungle, plus tranquille, tu peux pas! Par chance, il n'y à pas non plus de spot de plongée, la plupart des gens ne restent pas plus de 3 ou 4 jours. Mais je connais un Italien, encore un fêlé, qui reste 2 mois. Pour l'instant je n'ai pas dépassé 3 semaines, mais la prochaine fois,(Janvier 2013) je pense y passer un mois et faire des bivouacs pour dormir la nuit dans la jungle (j'en suis tout excité!)Bref, je suis rassuré de voir qu'il n'est pas totalement anormal d'aimer cet endroit tout en espérant que nous resterons peu nombreux!
RépondreSupprimerSi tu as un moment, passe sur mon blog: outremeraindigo.blogspot.fr, j'y ai laissé un diaporama de mes dernières balades dans la jungle, en janvier de cette année...A plus
JIPE
Bonjour, ton message confirme ce que j'écrivais : on ne vient pas la par hasard et ceux qui y restent sont comme envoutés. Je ne sais pas ce qu'a cette ile, snas doute l'un des seuls endroits sur terre completement préservés où l'on peut vivre en Robinson sans se faire déloger. On peut y vivre comme on le souhaite et vivre au plus pres de la nature. Quand j'y repense c'est toujours avce les larmes aux yeux de bonheur. Je comprends que tu veuilles y retourner tres vite. On ne s'y ennuie jamais pourtant j'avais entendu des gens qui disaient qu'il n'y avait rien à faire, ce qui explique que les gens ne restent pas. Tant pis pour eux et tant mieux pour nous! Ca fait du bien de voir qu'on est encore quelques fous à apprécier un tel cadeau que la nature nous fait!
SupprimerHello Yvan,
RépondreSupprimerComment vas tu?
J'avais envie de voyager et comme je suis coincée chez moi dans le Nord..j'ai repensé à ton blog. Ca fait du bien de revoir ces photos, c'est vraiment un endroit magique, ça me semble presque irréel maintenant...Je me revois pourtant escalader les rochers et apercevoir Ao Molae... J'ai hâte d'y retourner, je vais peut être aller vivre en Thailande en janvier prochain pour 6 mois, je rêve en m'imaginant d'ores et déjà prendre le train pour descendre à Kho tarutao ... Je me demande si Gimmo a réussir à partir, je vais lui envoyer un mail pour savoir ce que devient l'homme des bois!
C'était vraiment chouette, je t'avoue être nostalgique! Mais mon meilleur souvenir restera le bain étoilé ou Gimmo nous enseignait le flooding! :-)
Ton projet d'un tour du monde pour 2014 avance? moi je vais me contenter de 15 jours en Turquie pour cette année, cest deja mieux que rien!
Au plaisir, ça pourrait être sympa de se remémorer ces souvenirs autour d'un verre à l'occasion! (Je déménage à Paris en juin)
Take care!
Bises
Anne-Laure
PS: si tu me réponds fait le plutot via mail : anne-laure.lecareux@edhec.com