A force d’être mordu
de singe, fallait bien que je finisse par être mordu ! Pour mes
amis étrangers (étrangers de quoi, on vit sur la même planète...),
je ne suis pas sûr que Google sache traduire cette subtilité de la
langue française ! Ce matin après une sieste jusqu'à 11
heures question de récupérer de mes péripéties de la veille, je
suis parti là où j'avais passé la nuit pour effectuer des travaux
de terrassement, aidé d'un bâton que j'avais trouvé là. Il a
fallu que je creuse, que je déblaie et que je tasse. Ça m'a bien
pris une demie heure mais je suis satisfait du résultat. J'ai un
endroit parfait pour dormir, plus besoin de stresser en me demandant
comment sera l’ambiance au gîte pour le soir. J'ai recouvert
l'endroit de feuilles mortes pour ne pas attirer la curiosité de
quelqu'un qui pourrait passer par là, bien qu'il n'y ait pas de
chemin pour y arriver. Mieux vaut être prudent.
Seulement ces
travaux d'Hercule en pleine chaleur (le beau temps est de retour)
m'ont valu de perdre toute l'eau avalée au petit déjeuner. J'avais
le maillot de bain mouillé à travers le bermuda. J'ai donc pris le
chemin de Pattaya Beach pour piquer une tête. J'ai trouvé un
raccourci génial qui fait y être en moins de deux. Pas besoin de
passer par ce chemin que je prenais jusqu'alors le long du Sita
Resort et qui n'en finissait plus de monter et de tourner. Pour ceux
qui iront au Bila Beach après moi, il faut aller tout au bout de
Pattaya, vers l'ouest, puis prendre à l'intérieur d'un resort. Un
chemin en béton grimpe ensuite et arrive à une bifurcation avec des
maisons. Il suffit d'aller en face en redescendant et on y est. Temps
total de la balade : moins de 5 minutes. En plus en chemin vous
aurez la joie de trouver un macaque qui fait des allers et venues le
long d'un câble auquel il est attaché.
Je m'en suis approché,
persuadé qu'il était domestiqué et il n'a montré aucun signe de
dérangement. Il est même venu à ma rencontre pour me sauter dans
les bras. Enfin, à la jambe... J'étais prêt à le caresser quand
la première chose qu'il a faite quand il a atterri sur ma cuisse
c'est de me mordre. Voilà comment on est récompensé de douces
intentions ! Quand je disais hier que les macaques sont
caractériels, en voici la démonstration. Celui là n'a même pas
émis un grognement ou un montrage de dents, rien qui aurait permis
de savoir qu'il y avait danger. J'ai dû le faire déguerpir en lui
en collant une. Il m'a mordu à travers le bermuda, Dieu soit loué,
mais comme ça me faisait mal j'ai regardé. J'ai la peau toute
mâchée avec un gros hématome comme un suçon. Un suçon de singe !
Sauf que ça saigne à un endroit, trois fois rien. Je suis allé
nettoyer ça dans la mer et j'ai pensé : et s'il avait la
rage ? Ou bien une autre maladie ? Ne dit on pas que le
sida a été transmis par les singes ? Du coup je suis un peu
inquiet. On verra bien si j'ai une réaction d'ici quelques jours,
j'espère que ce singe était sain. Un rapatriement sanitaire à deux
semaines de la faim, ce serait un comble !
Pour me remettre de mes
émotions je suis retourné au restaurant du premier jour, celui avec
sa terrasse les pieds dans l’eau où l'on mange en tailleur sur une
table basse. C'est mon endroit préféré. On le trouve au centre de
la plage, la partie la plus calme. Ensuite j'ai pris la direction de
la pointe Nord de Sunrise Beach, la partie qui courre entre le
Mountain resort et l'Andaman resort. C’est l’endroit le plus joli
mais aussi le plus préservé de l'île, les bungalows étant pour
l'un dans les rochers et pour l'autre très en retrait de la plage
avec des filaos devant qui offrent une ombre bienvenue. Le sable y
est très blanc, moins fin qu'à Pattaya mais qu'importe. Cerise sur
le gâteau, il n'y a personne dans cette partie, excentrée des
autres resorts. C'est aussi pour cela que je l'aime bien. Mais aussi
pour la vue. On a Koh Adang juste en face. Au fait, je pensais
rejoindre cette île en kayak mais vu qu'elle est dans le parc
national il faut que je paye un droit d'entrée. Du coup je me suis
ravisé, il ne fait pas croire tout ce que j'écris, ça m'arrive de
changer d'avis. Et justement j'envisage de refaire une excursion pour
le tour manquant, celui axé sur les belles plages. C’est le seul
moyen de tout voir. J'ai réalisé qu'il fallait que je vive mes
aventures à fond et pas question de me laisser emmerder, gâcher mon
plaisir ou mon envie d'exploration par des bataillons de gilets
rouges. Ils ont eu le Vietnam, ils ne m'auront pas ! Je prendrai
sur moi.
Je suis retourné à
l'agence qui s'était bien occupée de moi la dernière fois et ils
m'ont dit qu'il y avait de la place. Sauf que j'ai bien mentionné
que je voulais le tour A et pas le B, ayant déjà fait l'autre. Et
là la fille m'a expliqué que pour le tour A ils n'avaient en fait
personne d'inscrit et que ce tour est moins populaire que l'autre car
passant sur des sites où des rangers se trouvent et qui réclament
200 baths pour l'accès. Aussi tout le monde préfère aller plus
loin avec l'autre tour et passer à travers les mailles du filet.
C'est une excellente nouvelle qu'elle m'annonce là ! En
conséquence j'ai dû m’adresser à quelqu'un d'autre. J'ai cette
fois trouvé facilement. Rendez-vous demain à 9 heures pour de
nouvelles aventures avec un peu moins de monde s'il vous plaît...
Pendant que j'écris ils
se font des joints de marijuana en jouant à un truc avec des dés.
Deux filles sont arrivées et le personnel n’arrête pas de
glousser, tout content d'avoir des filles. Je m'en fous si ce monde
là ne veut pas se coucher, j'ai mon petit endroit tranquille qui
n'attend que moi ! Bien que les éclairs soient de retour, aussi
j’aimerais bien éviter autant que possible une sortie précipitée
sous des trombes d'eau, de nuit et en maillot de bain. En passant,
les orages viennent de Koh Tarutao, cette île est auréolée de
nuages qui tournicotent autour toute la journée comme les anneaux de
Saturne quand ici il fait beau. Ça promet mais ça ne va pas
m’empêcher d'y aller !
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