A dix jours de la fin de
cette superbe aventure, le cœur n'y est pas vraiment. Cette fois je
n'ai plus le temps pour moi. J'essaye de garder un pied bien ancré
dans le bain, celui des good vibes, mais ma tête commence à être
ailleurs. Les couleurs se fanent devant moi comme si on orage
arrivait. J'ai l'impression d’être là, attendant que l'heure du
retour ait sonné. J'essaye de me raisonner, en me disant que dix
jours c'est encore beaucoup, je ne prends jamais d'ordinaire de
vacances plus longues. Tout au long de la journée j'évolue entre
cafard et moments de répits. Un de mes amis m'a dit :
« Prépare-toi psychologiquement à retrouver ce beau pays de
merde qu’est la France car rien n'a changé ». Pour couronner
le tout, j'ai un collègue qui m'a donné des nouvelles de la boîte
et ce n'est pas très réjouissant. Je n’arrête pas d'y songer et
ça me gâche un peu la fin du voyage.
J'essaye de relativiser en me
disant : « je suis encore à Thaïlande, si loin que rien
ne peut m'atteindre ». Ou encore : « et puis si je
veux, je peux ne pas rentrer, ils ne savent même pas d'ailleurs au
boulot s'ils vont me revoir ». Car ce qui m'attend n'est pas
fameux. Avec la crise et le modèle de développement que ma boîte a
choisi, en sous traitant les affaires au maximum en Inde, on est en
train de se faire piquer le marché par les indiens. Ils ont leur
propre société de service et prospectent désormais directement en
Europe. C'était fatal qu'ils n'allaient pas se satisfaire de rester
des sous traitants. Depuis le début je voyais bien qu'on était en
train de scier la branche sur laquelle on était assis mais ma boite,
comme toutes les autres, ne fait que dans la prospection à court
terme, tendance de l'époque oblige. Pour les conséquences
possibles, tout le monde s'en moquait, ce serait pour plus tard. Sauf
que plus tard c'est aujourd'hui !
Les indiens ont déjà
commencé par nous piquer un contrat qu'on avait. Les chefs foutent
le camp comme les rats d'un navire et se font embaucher par la boite
indienne, sentant le vent tourner. Du coup, pour ceux qui restent,
avec moins d'affaires et une pression de rentabilité accrue, des
missions en province sont désormais proposées. C'est le retour de
la gestion à la con des petites boîtes de service que j'ai connue
quand j'ai commencé à bosser et que j'ai fuit rapidement. Jusque là
j'estime avoir eu de la chance avec ma boite. Gageons qu'après 11
ans et un retour de congé sabbatique j'ai droit au même respect.
Rien n'est sûr, c'est ce qui me fait stresser... Reste que là
dedans me reste une joie. Celle d'être accueilli à l'aéroport par
une collègue devenue une amie après s’être découvert une
passion commune et un peu bête pour la même chanteuse. Elle veut me
rendre le retour moins pénible en m'épargnant la déprime du RER.
Elle viendra me chercher à 7h25 du matin alors qu'elle ne travaille
pas ce jour là et pourrait en profiter pour dormir. Son geste me
touche beaucoup. Merci au clan B. !
Sunset Beach |
Pour changer de registre
et revenir à ce tour du monde qui n'est pas fini - qu'on se le
dise ! - je suis resté aujourd'hui sur Koh Lipe, refaisant un
tour de mes endroits favoris, tout en complétant par ce que je n'ai
pas encore vu : Sunset Beach avec derrière son resort, le Porn
Resort. Non pas qu'il s'y passe de drôles de choses, porn voulant
dire « merveille » en thaïlandais. Ouf ! Au début
je comptais y échouer, l'endroit étant au calme. Ce qui m'a fait
finalement renoncé c'est la lecture de critiques assez récentes qui
disaient que l'établissement vivait sur sa réputation. Et j'ai bien
fait de ne pas y être allé. En effet, c'est assez délabré et sans
le charme rasta du Bila Beach. Qui plus est, des chiens qui vivent là
n’arrêtent pas d'aboyer, sans compter que juste à côté il y a
un truc style village de vacances à la thaïlandaise pour famille de
je-ne-sais-quoi, le truc étant censé appartenir aux poissonneries
de Koh Lipe. C'est ce qui est écrit. En revanche là dedans c'est
une vrai ruche. Un plein bateau est arrivé pendant que je me
baignais avec une flopée de gamins bruyants et de leurs parents en
goguette. Au Bila Beach depuis l'épisode de la fuite sous l'orage,
je dors bien. Plus aucun bruit, même le bateau qui vrombissait en
pleine nuit a fichu le camp. Ce soir c'est ma dernière nuit ici,
peut être que j'aurai fait les travaux de terrassement pour rien.
Mais comme on dit : mieux vaut prévenir que guérir !
Après la Sunset Beach,
j'ai décidé de retourner à mon coin préféré, au nord de
Sunshine Beach. C'est en fait la plage du Montain Resort qui peut se
vanter d'avoir la plus belle vue de tout Koh Lipe. Le restaurant est
en haut des rochers, entièrement sur pilotis, prêt à vaciller à
la première bourrasque venue. C'est l'impression qu'il donne. Pour y
arriver, il faut monter une série de marches bien raides en plein
cagnard. Normal, en général quand on déjeune c'est là où il fait
le plus chaud ! Je me suis commandé un shake à la pastèque,
c'est délicieux. J'en prend tous les jours. Curieusement c'est
sucré, on dirait presque qu'ils rajoutent du sucre. Ce qui n'est pas
le cas, les pastèques sont ici très goûtues. Elles peuvent, avec
la chaleur et le soleil qu'il y a ! Pour accompagner ça, un
curry vert au bœuf (c’est ce qui ressemble à un bol de soupe sur
la photo) avec du riz cuit à la vapeur. Tout comme en Malaise le riz
est servi sous forme de timbale, c'est plus sympa que du riz en vrac
façon cantine ! Tiens, encore un truc que je ne suis pas pressé
de retrouver : la cantine !
Koh Adang vue de l'Andaman Resort |
Tandis que je mangeais des
chinois sont arrivés rien que pour le panorama en se prenant en
photo dans différentes positions et accoutrements, avec ou sans
chapeau, bloquant le passage des gens qui montaient eux pour
manger... Ils avaient un plein sac de fringues, j'ai cru que jamais
ils n'allaient déguerpir. Une des filles qui se prenait pour un top
modèle souriant sur commande d'un adorable sourire, partait en crise
dès que l'appareil avait fini de mitrailler. J'ai été sidéré par
sa capacité de passer du coq à l'âne.
Après le repas, je suis
retourné faire une sieste sous les filaos de l'Andaman Resort,
malgré le vacarme des longs tails boats qui décident tous de
toujours passer par là. J'ai pris de longs bains en me retournant
les doigts de pieds. Ça m'a permis de penser à autre chose. Sur les
coups de 16 heures, j'ai plié bagage pour aller chercher de
l'argent, réalisant que j'étais juste pour les 5 jours sur Koh
Tarutao, d'autant plus que j'ai du mal à évaluer quelle sera la
note globale du Bila Beach ce soir. Il n'y a certes pas de
distributeur sur Koh Lipe mais il y a un agent de change qui délivre
des baths sur paiement par carte bleue moyennant une commission de
5%.
C'est lui! Il a les yeux cernés, c'est pas bon signe... |
C'est tant mieux car je suis bloqué pour tirer la moindre espèce
pendant une semaine, avec l'affaire du Bubbles. En parlant d'eux, je
n'ai reçu aucune demande complémentaire de paiement. Pourtant je
leur dois encore plus de 300 ringgits (75 euros). Dois je me
manifester ou laisser pisser ? Après tout, si leur appareil
était en panne, ce n'est pas ma faute.
En rentrant, je me suis
acheté une nouvelle paire de lunettes, les autres ayant le verre
fissuré qui fait que je n'y vois plus rien. Des Ray Ban à 150 bath
la paire, soit moins de 4 euros, je ne suis pas sûr que ce soit des
vraies ! Je vais me faire rejeter arrivé à la douane française
pour possession de contre-façon ! Je suis aussi repassé devant
le singe qui m'avait mordu. Il a encore essayé une attaque sournoise
mais cette fois il a fini en suspend au bout de sa chaîne. Je
connais désormais sa longueur, pas lui visiblement quand il me voit.
Je ne sais pas ce que je lui ai fait, ma tête ne doit pas lui
revenir. Car il y a un chiot dans les parages avec qui il s'amuse. Ça
part en bagarres et en dents de velours, pas comme avec moi ! Je
vous ai mis sa photo comme ça, si on recherche par où est arrivée
une épidémie que je vais ramener, on saura où remonter !
La douche était occupée! |
J'ai pris un dernier bain
au Bila Beach, au coucher du soleil. Un pur moment de bonheur. Le
resort est niché sous des espèces de hauts yucas aux feuilles
tranchantes comme un couteau à steak qui s'accrochent à tout. Ils
donnent des fruits qui ressemblent à un ananas, vu de loin. Mais
quand il est mûr il est tout sauf mou, ça part en morceaux en
explosant sur le sol, donnant des trucs jaune orangé durs comme du
bois. On dirait des molaires de mammouth. Enfin, j'imagine... En
réglant ma note ils m'ont demandé où j'allais ensuite. Le patron a
eu ses yeux qui se sont éclairés, ne me disant que du bien de Koh
Tarutao. Ça a commencé par « It's very very quiet, is what
you like ? ». Rien que ça, ça me plaît déjà. Après
j'ai la promesse de trouver un petit paradis, une île sauvage
peuplée de plein d'animaux, de singes et de cochons sauvages qui
attaquent. Enfin, pas sur le camp du parc... Où je vais faire Koh
Lanta. Ceci dit ce n'est pas si loin que ça de Koh Lanta. Et pour la
petite histoire, Koh Lanta devrait s'appler Koh Rok Nok, c'est là
qu'a été tournée la première saison. Deux petites îles sublimes
au sud-ouest de Koh Lanta où je m'étais rendu il y a deux ans sans
savoir qu'elles avaient été le théâtre de la saison pilote. Sur
Koh Tarutao, en revanche, rien à ma connaissance. Mais d'ici que j'y
sois, je vais bien apprendre qu'un Survivor de je ne sais quel pays y
a été tourné. Et si ce n’est pas le cas, tant mieux. Après ça
draine du monde dont je me passerais bien.
Gentil le clin d'oeil Ivan ;-)
RépondreSupprimerMais attention ! KW n'est pas une passion bête :-)))))))
Bises du clan B.
Je disais juste bête dans le sens que c'est un peu idiot qu'on ait sympathisé suite à ça. Et on verra en Octobre qui sera le plus bête! T'as intérêt à connaitre les paroles sur le bout des doigts!
SupprimerJ espere que le singe qui t a mordu n est pas mort bisou
RépondreSupprimerOn le saura jamais. En attendant il va peut être transmettre ma rage de vivre!
SupprimerOups!!! Question parole, je crois que tu es plus doué que moi :-))) je suis passée à la FNAC chercher les places! Ça y est elles sont au chaud dans mon sac... Yes!!!! j'ai hâte :-)
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