Seven Wells |
J'aime le scooter. On le
pose où l'on veut, il va partout, il n'y a pas à tourner en rond
pour se garer, pas de portière à ouvrir, on le pose et on est déjà
en train de marcher ! Et puis c'est économique. Tous les jours
je mets pour 3 ringgits d'essence. Ça ne vas pas me ruiner ! Si
ce n'était le trafic et le fait que je n'ai pas de garage, j'en
aurais un à Paris. Mais je ne suis pas suicidaire alors le scooter à
Paris, il vaut mieux éviter. J'ai déjà raconté ce qui était
arrivé à quelqu'un que je connais...
Ce matin, tandis que je
prenais un petit déjeuner au pied de l'hôtel, je regardais le Cable
Car avec son rideau baissé devant. Il était déjà plus de 9 heures
passées, aussi je suis allé voir de plus près ce qui se passait,
afin de connaître les heures d'ouverture pour le jour où j'irai.
Pas aujourd'hui car le sommet est dans les nuages. Pas les suivants
non plus car il est fermé du 17 au 30 avril, pour maintenance.
C'est malin ! C'est pourtant l'attraction phare de Langkawi avec
plein de trucs à faire en haut.
Le téléphérique est fermé, c'est ballot! |
Dommage pour moi, le point de vue de
là bas étant à tomber. Il paraît qu'on domine tout Langkawi et
les îles de Thaïlande au loin. J'irai me consoler avec le
parasailing pour avoir une belle vue. Maintenant je comprends
pourquoi il n'y a que quelques badauds dans le parc. Ils viennent
faire les boutiques, voir des cerfs dans un enclos juste en face de
l’hôtel, mangent une glace pendant que les gamins s'amusent sur
des toboggans puis s'en vont. Il n'y a rien d'autre à faire.
L'avantage est que je bénéficie d'un calme royal, y compris la
journée. Même si la journée je n'y suis pas.
Pendant que je prenais le
petit déjeuner, je me demandais de quel côté j'allais aller
aujourd'hui. J'avais bien envie de traverser l’île pour aller voir
la mer de l'autre côté de cette montagne mais avant, il y a une
cascade qui se trouve tout près de l'hôtel, Seven Wells, la plus
belle de l'île, où l'on peut se baigner à sa base.
J'ai un petit
guide gratuit donné quand j’étais arrivé à l'aéroport, écrit
par des malaisiens qui connaissent bien leur île avec tout ce qu'il
faut voir sur Langkawi avec des avis et un système de notes. C'est
très complet, plus détaillé que le Lonely Planet. Je l'emmène
partout avec moi, il est en papier journal aussi je le plis et le
mets dans la poche à gants du scooter. Il n'y a pas beaucoup à
marcher pour arriver à la cascade. Des marches ont été taillées
pour soit disant faciliter la visite mais je n'aime pas les marches.
Je trouve cela plus fatiguant qu'un sentier qui serpente. En général
les paliers sont toujours trop espacés ou trop rapprochés par
rapport à ma vitesse, aussi je dois marcher à une cadence qui n'est
pas la mienne. La cascade émerge d'un rocher très abrupt. Elle est
large et a beaucoup de débit qui rend la photo délicate en raison
des embruns qui n'ont de cesse de se poser sur l'objectif. Je suis
allé me baigner dessous.
Ça fait d'abord un petit bassin puis en 3
ou 4 brasses on se retrouve sous un des embranchements de la cascade.
On ne peut pas aller sous la vraie, de toute façon avec ce qui tombe
ce serait la mort assurée. J'ai trouvé un coin avec une pierre
plate sur laquelle prendre appui, de sorte qu'on peut se plaquer à
la roche et se faire masser par la cascade. C'est mieux qu'un
jacuzzi ! L'eau n'est pas froide, j'y suis resté très
longtemps. J'y ai fait la connaissance de trois français, un couple
parti faire le tour de la Thaïlande, qui va se rendre à Koh Lipe et
Koh Tarutao (je leur ai avoué ma nette préférence pour Tarutao),
et une jeune fille au lycée français de Kuala Lumpur. Étant très
intéressés par mon périple, je leur ai donné l'adresse de mon
blog. Ça tombe bien car le couple envisage de faire la
Nouvelle-Zélande en camping-car un de ces jours. Je suis sûr qu'il
trouveront plein d'idées où aller avec le blog.
Tandis que je me
baignais, un grain est arrivé, de sorte que je recevais de l'eau de
toute part. Mais comme c'était déjà le cas sous la cascade, je
n'ai pas trop vu la différence ! Et puis il faisait plus chaud
sous la cascade que dehors à attendre que la pluie passe. Par contre je guettais an amont pour éviter une crue subite qui aurait pu m'emporter. Une fois
la pluie terminée, j'ai repris mon sac pour me rendre en haut de la
cascade en reprenant le chemin plein de marches. Étant à présent
plus avancé dans la matinée, il y avait un peu plus de monde que
quand j'étais arrivé à la cascade, où j'étais le premier à part
un groupe de jeunes thaïs qui faisait les cons sous la cascade. En
haut, il y a des barrières pour interdire de s'approcher du bord.
Mais j'ai vite fait de braver l'interdit. Je n’étais pas monté là
pour rien. Car la tour d'observation qui permet d'avoir un point de
vue est elle aussi fermée pour maintenance. Voilà ce qui arrive en
voyageant en basse saison.
Du haut de Seven Wells |
Du bord de la cascade on ne voit pas le
bout de la chute car des câbles empêchent de s'aventurer au delà.
C’est une deuxième protection. De toute façon je ne suis pas fou,
avec les embruns les rochers sont tout glissants. En tout cas, la vue
depuis cet endroit est spectaculaire, embrassant la jungle, la
montagne sur la droite, pour finir dans la mer en contrebas. Mer,
montagne, jungle, cascade, tout y est ! Je ne crois pas
connaître d'autre endroit où l'on puisse voir ça en même temps.
Le sentier ne s'arrête
pas là pour autant. Il continue en fait jusqu'au sommet que l'on ne
parvient pas à apercevoir car il est plongé dans les nuages,
donnant une impression de bout du monde. Ce doit être un chemin
alternatif pour grimper là où le téléphérique est censé amener.
Comme il est en panne, j'ai décidé de poursuivre un peu pour
essayer de voir le sommet le plus près possible. Je n'avais pas pour
idée pour autant d'arriver en haut ; sur le plan, ça a l'air
très loin et je suis sûr que la balade demande d'y consacrer la
journée. Et avec le temps passé sous la cascade, il était déjà
près de midi.
Le sentier s'enfourne dans la jungle où sur le plan
ils ont dessiné des scorpions. Je ne tiens pas trop à en voir. Pas
plus que des cobras ou autres charmantes créatures qui peuplent
dit-on la jungle. Le parcours est enchanteur, il suit un des bras de
la cascade et avec la pluie tout est trempé, les arbres s’égouttent,
les mousses luisent et les feuillent brillent comme si on les avait
cirées. Et comme le soleil est de retour, avec les rayons de soleil
qui passent à travers les branches les gouttes d'eau brillent comme
autant de diamants. Et quelques nappes de brume dues à l'évaporation
envahissent la jungle. J'ai marché ainsi un bon quart d'heure
jusqu'à un abri, un chapiteau sous lequel on peut camper. Il y en a
plusieurs jusqu'au sommet, pour trouver refuge en cas de besoin.
Comme le sentier continuait à grimper dans cet espèce de vallon
envahi par la jungle, j'ai réalisé que je n’aurais aucun point de
vue si je continuais, à moins d'aller très loin.
Jamais vu une fleur pareille auparavant... |
Je connais ces
chemins qui montent dans la jungle. On croit toujours qu'on va
arriver à un faux plat d'où l'on aurait une belle vue mais la
jungle est si dense qu'on ne peut rien voir. J'ai donc décidé de
faire demi tour.
Au niveau du parking il y
a tout un tas de boutique de souvenirs qui vendent des T-shirts, sacs
et autres serviettes de plage à l'effigie de Langkawi. J'ai été
hélé par une dame très gentille qui me proposait de venir déguster
une noix de coco. Cela tombait bien, il était presque 14 heures et
j’avais aussi faim que soif. Avec la noix de coco fraîche, ça
fait les deux ! Malgré ses habits de musulmane qui la couvrait
complètement, elles est arrivée à ouvrir la noix de quelques coups
de machette, les doigts dans le nez. Ça me sidère toujours quand je
vois la rapidité à laquelle ils ouvrent une noix sans se couper un
doigt. Mais là avec une femme, c'est encore plus surprenant. En un
éclair la noix de coco était transformée en réceptacle avec une
paille au fond et une cuillère pour manger la chair ensuite. A
Langkawi, les gens sont très musulmans, un peu comme aux îles
Perhentian. Je ne croise aucune personne tête nue, à part
évidemment les touristes, dont certaines sont même seins nus sur
les plages. Ça doit leur faire drôle de voir ça. Pourtant il est
conseillé de rester pudique.
Pendant que je dégustais
ma noix de coco, j'ai senti un truc froid et gluant sur ma cheville.
Une sangsue ! Je l'ai chassée très vite au loin avant qu'elle
ne s'ancre. C'est un truc horrible qui ressemble à un ver de terre
avec un pied gluant et une tête chercheuse attirée par la chaleur.
Elles attendent ainsi, dressées sur leur pied comme un champignon, à
attendre une pauvre victime. Dès qu'elles sentent de la chaleur,
elles se mettent en mouvement, la tête tournant dans tous les sens
comme un radar pour localiser l'endroit à sucer. Puis après ça se
déplace vite. Elles jettent leur tête par terre, s'en servant comme
appui pour libérer le pied qui se déplace au niveau de la tête et
ainsi de suite. Ça avance par grandes enjambées.
La noix de coco a fait
mon repas, j'ai tout mangé cette fois de l'intérieur, raclant
jusqu'à ce qu'il ne reste plus que du bois. Et je n'avais plus faim
après. Elle m'a rendu euphorique, je suis allé m'acheter un T-shirt
Langkawi dans la boutique.
Pouvez-vous me dire combien il y en a? |
Total de la facture : 4 ringgits la
noix et 10 le T-shirt. Aboule le fric ! En France peut on
manger, boire et s'habiller pour 3,5 euros ? J'aime beaucoup
Langkawi. C’est un bon compromis entre aventure, jungle et
facilités liées à la civilisation. On peut passer d'un univers à
l'autre d'un coup de scooter, c'est pratique. Après ça, j'avais
toujours envie d'aller voir de l'autre côté, vers la baie du Datai
(un hôtel de luxe), malgré le fait que la montagne soit dans les
nuages et qu'il pleuve quelques gouttes sur ses flancs alors qu'il
fait beau plus loin, là où j'étais hier. En chemin j'ai croisé
une famille de macaques rassemblés devant ce qui ressemblait à un
déjeuner sur l'herbe. Ils étaient tous agglutinés, offrant de
beaux portraits de famille et j'ai réussi à dégainer l'appareil
avant qu'ils ne s'enfuient. Ils débordaient du cadre tellement il y
en avait !
Une fois arrivé sur la
côte nord, le temps était affreux. Tout était noir, il faisait
très frais et le ciel était bouché jusqu'à l'horizon. Il ne
faisait pas beau en Thaïlande. Aussi ça ne servait à rien que je
poursuive encore au delà pour arriver au terminus du Datai, pour
prendre des clichés gris et pourris. Je me suis donc arrêté au
niveau d'une nouvelle cascade, celle de Termurun. Elle est moins
belle et moins haute que Seven Wells mais c’est toujours agréable
d’être au pied d'une cascade. En revanche je n’avais pas
suffisamment chaud pour aller me baigner et surtout le coin était
infesté de macaques occupés à défaire les nœuds des T-shirts que
les gens avaient faits autour de la balustrade pendant qu'ils se
baignaient. Les macaques, c’est pire que les gosses, ils sont de
tous les coups foireux ! Je ne tenais pas à ce que mon sac
disparaisse à nouveau. J'ai lu tous les panneaux informatifs le long
du sentier, ceux que personne ne lit jamais.
Termurun Falls |
Il sont souvent très
instructifs et plein de poésie. J'ai noté ce que l'un d'entre eux
disait : « When you feel tired walking up to this station,
take a deep breath and enjoy the sound of nature. You may hear the
wind ripple through the trees, a wide variety of natural ambient
sounds of wild birds, mammals, insects, reptiles and amphibians and
gently bubbling streams. It sounds like a musical score where each
animal has its own niche, its own acoustic territory, much like
instruments in an orchestra. As in humans, animals use sound to
communicate. Sounds in the forest can also help to determine how
habitat destruction alters species populations. An area which had
been logged will have a drastic drop in species diversity revealed by
the lack of audio diversity. What do you hear now ? Perhaps they
all plead to you in harmony - 'Please Help to Conserve Our Natural
Symphony'».
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